Le Collectionneur de timbres-poste - 15 septembre 1864 - Arthur Maury

cuter des timbres-poste que nous ne tarderons
sans doute pas avoir paraître.
AMÉRIQUE. —
D'après un journal américain, le
1 c., bleu, serait prochainement remplacé par un
nouveau, de la même valeur, à l'effigie de Lincoln.
En attendant, on s'est empresse,
d émettre un
office particulier (ces deux mots deviennent passablement
élastiques), un office particulier, disons-nous,
à l'effigie du malheureux président,
misérablement assassiné il y a quelques mois. On
LINCOLN SUBSCRIPTION ,
en
lit sur cette vignette :
haut,u. s., en bas la valeur?, tiré en cinq ou six
couleurs.
MOLDO-VALACHIE. —
Nous donnerons dans notre
prochain numéro le fac-similedutimbre à l'effigie
du prince Couza, qui doit être émis prochainement,
et dont nous avons vu les essais, il y a
longtemps déjà.
MAURY.
FABRICATION DES TIMBRES-POSTEFRANÇAIS
Les timbres-poste français se fabriquent à la
Monnaie de Paris, sous la directionde M. Hulot.
Les ateliers ne sont pas visibles au public, mais
au nom de nos lecteurs, nous avons obtenu la faveur
de les visiter. M. Hulot, lui-même, a bien
voulu nous indiquer l'usage des splendides machines
qui concourent àlafabrication des timbresposte.
Commençonspar le commencement :
LA GRAVURE.
Les types des différents timbres employés en
France depuis leur création, ont été gravés en
relief, sur acier, par M. Barre, graveur de la
Monnaie.
Le premier, celui de la République, est un
chef-d'œuvre ;
l'effigie de la Liberté est remarquable
par sa froide simplicité, toute républicaine.
Le timbre de la Présidence est semblable au
précédent, l'effigie du prince L. Napoléon a remplacé
la tête de la Liberté, et 011 remarque sous la
tranche du cou, un B microscopique, initial de
l'artiste.
Pour les timbres de l'empire, on remplaça seulement
la légende REP. FRANC., par EMPIRE
FRANC.- le B. initial a disparu.
En dernier lieu, deux valeurs nouvelles ayant
été reconnues indispensables pour la taxe actuelle
des imprimés, on créa le 2 et le 4 C,
un autre type fut gravé sur un modèle nouveau
plus attrayant, la ressemblance de l'empereur est
frappante, et la couronne de lauriers sied bien à
ce front victorieux, où les fatigues d'un long
règne ont dessiné une ride.
Ce n'est pas un graveur anglais ou espagnolqui
ornerait d'une ride le front de sa gracieuse souveraine,
bien au contraire !
Les chiffres indicatifs de la valeur de ces deux
timbres sont indiqués en gros caractères, ce qui
est un progrès.
Remarquons, en passant,que la France est un
des pays où l'on a le moins changé le dessin des
timbres-poste, et cela pour une bonne raison :
le
public et les employés de la poste s'habituent tellement
à une vignette qu'ils ont sous les yeux
depuis des années, qu'une contrefaçon serait certainementreconnue
à première vue.
LES CLICHÉS.
Sur le type gravé sur acier, on laisse vide la
place que doit occuper la valeur. Les chiffres également
en acier étant placés, on tire autant de
clichés qu'il doit y avoir de timbres sur la feuille.
On obtenait autrefois ces clichés, soit par la
fonte, soit parla percussion; ce dernier procédé,
employé pour la fabrication des monnaies, donne
d'excellents cuivres très-résistants, mais il a le
désavantage de fatiguer le type.
Par parenthèse, nous avons vu, en parcourant
les ateliers, un lourd balancier qui servait il frapper
les clichés des timbres-poste français; il a été
coulé, ainsi que l'indique une légende gravée sur
le métal, avec le glorieux bronze des canons conquis
en Russie dans la campagne de Crimée.
Les clichés actuels sont obtenus au moyen de
la galvanoplastie, que M. Hulot a l'un des premiers
appliquée avec le plus grand succès.
Les feuilles se composant de 200 timbres, on
réunit 200 de ces petits carrés de cuivre par rangées
de dix, et on en forme une planche. En
haut et en bas de la planche, sur la marge,juste
au milieu, on place en outre une petite croix, qui
sera un point de repère. Le tout étant bien serré
au moyen de coins, on le porte à l'atelier d'impression.
LE
PAPIER.
Chaque feuille est légèrement teintée de la
même couleur que les timbres qui seront imprimés
dessus; cette teinte, jointe à une faible quantité
de chrome ajouté à la pâte du papier, doit
empêcher la reproduction par la photographie
(on sait que le chrome jouit de propriétés antiphotographiques
tort curieuses).
Pour empêcher aussi la contrefaçon par le dé
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calquage, les feuilles reçoivent, sous une magnitique
presse lithographique, un enduit gras
qui dégage, en séchant, une forte odeur de benzine.
On comprend que si on voulait décalquer
une gravure faite dans de telles conditions, on
n'obtiendraitqu'un placard informe.
A. MAURY
(à continuer.)
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