Le Collectionneur de timbres-poste - 15 septembre 1864 - Arthur Maury

que notre timbre-poste, amour-propre national à
part, est un des plus réussis et des mieux appropriés
à l'usage auquel il est destiné. Sans parler
de bien d'autres qualités qui le distinguent, il a
cette sévérité de stvle et celte correction de lignes
qui semblent grandir les proportions forcément si
restreintes d'une œuvre de cette espèce.
Certaines tentativesrivales se produisirent néanmoins
et quelques essais en furent la conséquence.
Mais puisque nous avons écrit le mot essai,
aussi bien, dirons-nous tout de suite qu'à notre
avis, les spécimens de ce genre, doivent, dans
toute classification dont le titre indique l'intention
de traiter cette matière, précéder les timbresposte
: la logique aussi bien que la chronologie
l'exige, car les essais sont les ainés de la ramille.
Il est bien entendu, d'un autre côté, que cette
règle n'est pas applicable à une classification où
il ne serait parlé des essais que d'une manière
incidente, sans que le titre mentionnât rien de
spécial à cet égard.
Nous diviserons ces premiers-nés dont nous allons
entretenir nos lecteurs, en trois catégories
:
1° Essais proprement dits, ou timbres et enveloppes
proposés et non adoptés.
2° Essais-épreuvesdu type officiel sans légendes
ou avec légendes non réglementaires.
3° Essais-épreuves du type officiel tirés en diverses
couleurs, avec légendes réglementaires.
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ESSAIS PROPREMENTDITS OU TIMBRES ET ENVELOPPES
PROPOSÉS ET NON ADOPTÉS.
Propositions de Timbres.
Grâce à M. de Saulcy, dont la collection française
est aussi riche que sa complaisance est inépuisable,
nous sommes à même de donner ici,
sinon la description de tous les essais existant, au
moins celle de la presque totalité de ces intéressants
spécimens.
1° Nous offrons, ci-contre la
reproduction d'un timbre proposé
par un graveur-guillocheur
de Paris, qui semble s'être inspiré
de l'effigie gravée sur la médaille
grecque de Corinlhe. Mais
le type choisi ne répond pas au
but qu'il s'était proposé ; c 'état, en eliet, selon
toute probahilité, une tête de liberté ou une
personnification de la République qu il avait 1 intention
de produire, et c'est une Minerve dont il
nous offre ici l'image.
Quoiqu'il en soit, sans nous préoccuperde cette
méprise, et parlant au point de vue de l'art, nous
reconnaissons que cette vignette n'est pas dépourvue
de certaines qualités qui permettent de
lui assigner une place honorable parmi les types
admissibles. Seulement, nous ne pouvons nous
empêcher de regretter l'effet plus que médiocre
produit par le choix des couleurs du spécimen
que nous avons sous les yeux : sur ce fond chocolat,
il était difficile, que le dessin noir de la tête
se détachât suffisamment.
Quant aux étoiles de l'entourage, elles sont traitées
avec beaucoup de délicatesse et ne nuisent
nullement à la netteté des légendes.
Cet essai gravé a deux teintes a nécessité deux
tirages successifs.
2° Voici un essai qui date de
la fin de l'année 1862, tt que
nous sommes fondés à supposer
avoir eu pour auteur un graveur
nommé Sparre, bien qu'il eût été
d'abord attribué au comte de
S....e.
Quelque soit le burin qui l'ait produit, il appartient
à un artiste qui n'est pas sans talent ;
néanmoins
qu'on nous permette encore ici de mêler
la critique à l'éloge. Nous trouvons par exemple,
que l'effigie accuse dans son ensemble une
certaine lourdeur, un modelé bouffi, qui, loin
de tendre vers l'idéal, place ce portrait au-dessous
de la ressemblance. De plus, les six abeilles qui
grimpent de chaque côté nous paraissent dotées
de proportions qui rappellent celles de certains
coléoptères. Nous avouons d'ailleurs que le sceptre
et la main de justice se croisant sous le médaillon
et dont les extrémités dépassent sa circonférence,
sont d'un bon effet et remplissent
très-heureusement les angles intérieurs. Enfin le
monogramme composé de l'initiale de Napoléon
et d'un jambage supplémentaire qui, avec ceux
de l'N forment le chiffre III, vient par cette ingénieuse
innovation, compléter un ensemble que,
tout en maintenant nos réserves, nous trouvons
encore assez satisfaisant.
Le seul spécimen connu de cet essai gravé sur
bois, a été tiré en vert.
3° Nous parlerons, sous ce numéro, d'une imitation
assez exacte du type officiel, si ce n'est que
le fond du médaillon est formé de points trèsrapprochés
et l'inscription réglementaire du bas'
du timbre, remplacée par la suivante : o. c.
Postes, o. c.
Des feuilles contenant une certaine quantité de
timbressemblables, furent présentées à l'administration
des postes par un industriel qui, grâce à.
un procédé particulier d'impression, proposait de
les fabriquer à un prix extrêment réduit, qui eût
permis de réaliser d'importantes économies. Il