Le Collectionneur de timbres-poste - 15 septembre 1864 - Arthur Maury

Elle est occupée par les Français depuis 1853.
Vers 1 860, les colons émirent pour le service postal
du pays les timbres dont nous donnons ci-joint
un fac-simile; ils sont lithographiés, gris sur papier
blanc et jamais gommés derrière.
L'artiste chargé de leur confection (un de nos
braves militaires, dit-on) s'inspira du timbre français
actuel ; mais, ignorant les procédés de report,
il copia tant bien que mal cinquante fois la même
chose pour en former une planche; c'est dire que
tous les types sont différents, aussi la feuille complète
est-elle fort recherchée des collectionneurs.
Ces timbres sont moins rares depuis quelque
temps, et voici pourquoi : une planche entière fut
vendue à Paris au prix de 1 000 fr., ce fait mérita
les honneurs de la publicité, et plusieursjournaux,
en^re autres celui de la Nouvelle-Calédonie(qui, par
parenthèse, est horriblementlithographie, comme
les timbref:), le répétèrent. Aussitôt, chacun dans
dans l'île dé s'occuperà découvrirles timbres qu'on
espérait troquer contre de bons billets de banque,
et bientôt quelques feuilles arrivèrent sur le marché,
et produisirent une baisse considérable : ils
tombèrent de 25 fr. à 10 fr., puis à 5 fr.
Nous avons vu des lettres (1860), venues de
Nouvelle-Calédonie en France; elles portent concurremment
avec le 10 c. de ce pays un timbrede
6 pence de Nouvelle-Galles du Sud. Rarement ces
deux timbres sont oblitérés et surtout le Nouvelle-
Calédonie.
Ces caricaturesn'ont servi que fort peu de temps
et ont été remplacées parles timbres à l'aigle, usités
dans toutes les coloniesfrançaises.
A. M.
LES TIMBRES FAUX.
Nous devons signaler aux amateurs, afin qu'ils
se tiennent sur leurs gardes, l'apparition d'une
quantité de timbres faux. Jusqu'à ces derniers
temps, ces messieurs de Hambourg et autres lieux
qui ont. bonne renommée se contentaient d'envoyerleurs
échantillons apocryphes en Allemagne,
en Angleterre et sans doute en Amérique, où l'on
achète tout cela parfaitement; mais à Paris c'était
plus difficile :
les quatre ou cinq marchands qui
vendent sérieusement des timbres-poste,et qui s'y
connaissent, les refusaient formellement ; c'est à
peine si de temps en temps on se montrait,comme
une curiosité, une de ces imitations, généralement
très-mal exécutées, et qui étaient bientôt
clouées comme une pièce de faux aloi.
La vente des timbres étant sévèrement interdite
à la Bourse des Tuileries (on s'y réunissait
lement seu-
pour des échanges), personne n'avait donc
intérêt a acheter à l'étranger des timbres faux
mais ;
les collectionneurs, renvoyés des Tuileries,
se donnèrent rendez-vous aux Champs-Étysées ;
là, n'étant plus surveillés, de jeunes exploiteurs
vendent par quantité et à tous les prix des imitations,
bien faites, ma foi, des timbres les plus rares
commeles plus communs,etpresquetoujours oblitérés,
ce qui, auprès des collectionneurs novices, leur
donne un grand cachet d'authenticité. Depuis les
trois grands chiffres du Brésil, les Liberia, etc.,
jusqu'aux timbres de la Guyane, les cygnes et
mêmes les offices de Hambourg, qui n'en valent
vraiment pas la peine, puisque nous les offrons
authentiques à dix centimes, tout a été contrefait.
Ces jeunes gens étendirent bientôt leur petit
commerce ; ils organisèrent des dépôts chez les
marchands de tabac,les papetiers, et nous sommes
certain qu'il y a aujourd'hui dans Paris plus de
six cents personnes qui vendent des timbres-poste
et qui n'y connaissent rien.
11 faudrait un gros volume pour décrire les
timbres faux, et à quoi cela peut-il servir ? Quand
nous aurons appris à
nos lecteurs les différences
souvent minimes qui existent entre l'original et la
copie, ils pourront être sûrs de ce qu'ils achèteront
pendant quelques jeurs.
Mais le faussaire, prévenu en même temps que
tout le monde, corrigera les imperfections signalées
et émettra un nouveau tirage; alors le collectionneur,
se croyant fort de notre description,
prendra encore sans défiance les timbres faux
pour des bons.
Le moyen de se garantir de ces fraudes est cependant
bien simple: adressez-vous toujours,surtout
pour les raretés, à des marchands bien connus,
sur l'honorabilité et l'expérience desquels
vous puissiez compter ; carles marchands de contrebande
auxquels vous avez affaire, ne connaissant
pas les timbres, sont dans l'impossibilité absolue
de vous en garantir l'authenticité.
Ces falsifications font un tort considérable à
cette charmante branche des collections, tant par
le dégoût qu'éprouvent ceux qui ont été dupés
que par la défiance qu'elles inspirent à tout le
monde pour les timbres les plus authentiques.
Il serait rationnel que la même loi qui punit
ceux qui trompent sur la qualité des marchandises
s'étendît aux timbres-poste :
les faussaires, dénoncés
par les connaisseurs, renonceraient bientôt à
leur coupable industrie.
Encore, toujours des timbres faux; chaque semaine
en voit apparaître quelques-uns. Citons es
mieux faits :
Les deux Naples 1/2 T et 1/2 G
bleus de Garibaldi ; on peut s'y tromper si on ne
les compare attentivement avec /2 1 G rose dont
la gravure doit être la même.
Le 3 lire Toscane, qui est trop jaune; les lions
du même pays, i soldo, 2 soldi et 60 cr. ; il y en