Journal ASMAC No 3 - Juin 2016
Mystères - Interprofessionnalité Adieu Rosmarie Dermatologie / Oncologie
Mystères -
Interprofessionnalité
Adieu Rosmarie
Dermatologie / Oncologie
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POLITIQUE<br />
L’essentiel en BREF<br />
Quand la contrainte est synonyme<br />
de liberté<br />
Les assureurs-maladie et les politiciens<br />
des partis bourgeois saisissent actuellement<br />
toutes les opportunités pour vanter<br />
la suppression de l’obligation de contracter<br />
comme la mesure inévitable contre l’augmentation<br />
des coûts de la santé. A première<br />
vue, l’obligation de contracter ressemble<br />
à une contrainte inutile d’antan.<br />
La liberté de contracter par contre ressemble<br />
à la libération tant espérée. Si l’on<br />
considère cependant que c’est la suppression<br />
du libre choix du médecin pour tous<br />
les assurés qui se cache là-derrière, c’est<br />
tout à fait autre chose. Cette prétendue<br />
contrainte est en réalité un mécanisme de<br />
protection. Il protège à la fois les assurés<br />
(notamment les patients parmi eux) et les<br />
fournisseurs de prestations contre un pouvoir<br />
trop unilatéral des assureurs-maladie.<br />
Rien d’étonnant donc que le libre<br />
choix du médecin soit jusqu’ici resté sacré<br />
lors de votations populaires (en dernier<br />
lors de la votation sur Managed Care).<br />
La population attache à juste titre une<br />
grande importance au libre choix du médecin.<br />
En tant que patient, je dois pouvoir<br />
faire confiance à mon médecin. Sur Internet,<br />
je trouve aujourd’hui une multitude<br />
d’informations, les nouveaux canaux<br />
médiatiques me permettent d’avoir un<br />
échange rapide avec d’autres, je peux demander<br />
un deuxième avis et bien sûr<br />
m’informer auprès de mon médecin. Mais<br />
au final, c’est le médecin qui reste le spécialiste<br />
compétent et je dois être convaincu<br />
qu’il me conseillera judicieusement et<br />
me traitera selon les règles de l’art. Cela<br />
revêt une importance particulière notamment<br />
pour des traitements plus poussés<br />
dont les coûts dépassent la franchise et qui<br />
relèvent donc de la compétence des assureurs-maladie.<br />
C’est justement pour cette<br />
raison que je veux choisir le médecin qui<br />
me convient parmi tous ceux qui disposent<br />
d’une autorisation de pratiquer des<br />
autorités. Je ne veux pas que l’assurance-maladie<br />
restreigne mon choix et<br />
me prescrive à qui je dois m’adresser. Finalement,<br />
ce n’est un secret pour personne<br />
quel «E» parmi les critères EAE 1 est prioritaire<br />
pour les assurances-maladie. Cela<br />
n’a rien d’étonnant, mais ne laisse rien<br />
présager de bon sur cette question. Je ne<br />
veux pas choisir parmi les médecins bon<br />
marché, mais parmi les bons médecins!<br />
En tant que patient, je vais aujourd’hui<br />
chez un médecin dont les traitements<br />
peuvent être décomptés par le biais de<br />
l’assurance-maladie. Inversement, cela<br />
signifie pour le médecin que de pouvoir<br />
facturer ses prestations par le biais de l’assurance-maladie<br />
est essentielle. Il y a<br />
suffisamment d’exemples qui montrent<br />
que les assurances-maladie se sont trompées<br />
en accusant les médecins de prodiguer<br />
des traitements inefficaces d’un point<br />
de vue économique. Dans le libre exercice<br />
de leur profession, les médecins ne doivent<br />
pas dépendre uniquement du bon vouloir<br />
économique des assureurs-maladie. Ne<br />
serait-ce que pour la sécurité de planification<br />
nécessaire à la mise en place et à<br />
l’exploitation d’un cabinet. Cela représenterait<br />
un obstacle supplémentaire à l’ouverture<br />
d’un cabinet, notamment pour les<br />
jeunes médecins. Ce n’est pas de cette façon<br />
que l’on augmentera le nombre de<br />
médecins de premier recours dans les<br />
cabinets.<br />
Les assureurs-maladie ont répété à plusieurs<br />
reprises dans la discussion concernant<br />
le pilotage des admissions qu’ils<br />
considéraient un médecin praticien en<br />
premier lieu comme un facteur de coûts<br />
supplémentaire. Leur calcul, moins de<br />
médecins égal à moins de coûts de la santé,<br />
est premièrement trop simpliste et<br />
montre deuxièmement à quoi conduirait<br />
la suppression du libre choix du médecin.<br />
Le fait que moins de médecins en cabinet<br />
signifierait automatiquement des temps<br />
d’attente prolongés pour les patients n’est<br />
qu’un point parmi d’autres qui est occulté<br />
dans cette équation.<br />
Simon Stettler, directeur de l’<strong>ASMAC</strong><br />
1 E(fficacité) A(déquation) E(conomicité)<br />
8 VSAO JOURNAL <strong>ASMAC</strong> N o 3 <strong>Juin</strong> <strong>2016</strong>