10.10.2017 Views

LG 203

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

52 <strong>LG</strong><br />

OCTOBRE 2017<br />

ICT<br />

Aux frontières de l’Union<br />

Les accords de Schengen remontent à 1985 et prévoyaient la<br />

suppression des frontières intérieures dans une perspective<br />

de libre circulation des biens, capitaux et personnes. 32 ans<br />

après ces accords, «l’augmentation considérable des échanges<br />

commerciaux et du nombre de voyageurs entrant et sortant de<br />

l’espace Schengen, mais également le niveau de menace terroriste<br />

jamais atteint auparavant changent la donne», nous disent Serge<br />

Hanssens et Philippe Pierre, respectivement directeur advisory<br />

et associé en charge du Secteur Public et responsable mondial<br />

Institutions européennes chez PwC Luxembourg.<br />

N’y a-t-il pas un paradoxe à vouloir des<br />

frontières fluides et ouvertes mais aussi<br />

contrôlées et sécurisées?<br />

PP: L’idée d’un espace élargi aux frontières<br />

de l’UE a été principalement pensée pour<br />

libérer les flux économiques en Europe.<br />

Cependant, les risques auxquels nous<br />

sommes confrontés aujourd’hui n’ont rien<br />

en commun avec ceux encourus il y a encore<br />

dix ans. Les différents événements ont mis<br />

en lumière un manquement en termes de<br />

sécurité mais aussi d’échange d’informations<br />

et encore davantage dans notre capacité à<br />

tirer le meilleur de ces informations. Le<br />

champ législatif européen avait besoin<br />

d’évoluer.<br />

SH: Schengen a permis de réduire les<br />

budgets nécessaires à la surveillance<br />

des frontières internes, et notamment<br />

dans un contexte de crise financière. Les<br />

économies réalisées n’ont pas pour autant<br />

été suffisamment redirigées vers une<br />

modernisation des contrôles aux frontières<br />

externes et à l’échange d’informations<br />

internes (entre Etats membres). Les attentats<br />

terroristes perpétrés sur le sol européen ont<br />

fait réapparaître, ou ont du moins accéléré<br />

les débats quant aux frontières intelligentes<br />

ou «smart borders».<br />

Est-ce que les technologies sont<br />

aujourd’hui assez abouties pour assurer<br />

la fiabilité des frontières intelligentes?<br />

PP: Douze pays européens ont testé en<br />

2016 différents dispositifs de contrôles<br />

biométriques dans leurs ports, aéroports,<br />

gares ferroviaires et frontières terrestres. Les<br />

premiers résultats sont concluants pour leur<br />

mise en place opérationnelle d’ici 2020.<br />

L’idée générale est de mieux contrôler les<br />

entrées et les sorties dans l’Union européenne<br />

et il faut pour ce faire une plateforme unique<br />

à tous les pays membres. Il sera ainsi possible<br />

pour les autorités de connaître les lieux par<br />

lesquels un voyageur non-européen est entré<br />

et sorti en Europe, son historique de voyage<br />

et la durée de son séjour.<br />

Jusqu’à présent, chaque pays élabore,<br />

compose et enrichit sa propre base de<br />

données. C’est un système qui a prouvé ses<br />

limites et notamment dans la lutte contre le<br />

terrorisme.<br />

“Savoir avec<br />

précision quelles<br />

sont les personnes<br />

et les marchandises<br />

qui rentrent et<br />

sortent de l’Union<br />

européenne”<br />

SH: Il faut éviter deux écueils: d’une part<br />

celui de la stagnation; l’obsolescence de<br />

nos méthodes et de nos installations de<br />

contrôle et d’identification ne répondent<br />

pas aux risques actuels et à venir et, d’autre<br />

part, l’action face à la menace de manière<br />

isolée. Une des clefs pour appréhender<br />

efficacement ce défi, est de croiser les<br />

données pour rendre le système intelligent,<br />

mais également d’utiliser les dernières<br />

technologies (par exemple, la biométrie et<br />

l’automatisation comme les eGates), et ce,<br />

sous le contrôle de l’œil humain.<br />

Les futurs systèmes d’entrée et sortie, de<br />

eVISA (ETIAS) ou de Passenger Name<br />

Record (PNR – les informations lors<br />

de l’achat du billet de train, du ticket<br />

d’avions, etc.) permettront de partager<br />

instantanément des informations vitales<br />

au niveau européen. Pour ce faire, chaque<br />

pays va devoir s’équiper en tenant compte<br />

des disparités géographiques de son<br />

territoire (frontières terrestres, portuaires<br />

et aéroportuaires). Cela nécessitera des<br />

efforts importants de pays qui n’en n’ont<br />

pas forcément les moyens et de nombreux<br />

acteurs du secteur privé devront investir<br />

dans leurs infrastructures.<br />

D’où le recours à la biométrie?<br />

PP: Le recours à la biométrie est l’un des<br />

éléments qui constitue le puzzle général.<br />

C’est aussi un moyen jamais égalé pour<br />

vérifier une identité grâce aux empreintes<br />

digitales, la reconnaissance faciale, vocale ou<br />

de l’iris de l’individu. Ces informations sont<br />

enregistrées dans le passeport biométrique<br />

et seront comparées aux biométries des<br />

voyageurs étrangers aux postes frontières.<br />

En comparaison, la carte plastifiée, illustrée<br />

d’un nom, d’une date de naissance et d’une<br />

photo qui parfois date d’une décennie ou<br />

plus, apparaît comme une antiquité.<br />

SH: La biométrie est aujourd’hui indispensable<br />

pour identifier avec un haut niveau<br />

de certitude et de rapidité les personnes<br />

entrant et sortant de l’espace Schengen; cela<br />

l’est aussi dans le cas de criminels ou terroristes<br />

recourant parfois à plusieurs identités.<br />

Dans d’autres cas de figures - par exemple<br />

la sécurisation d’un bâtiment où l’accès à<br />

l’information en interne -, l’utilisation de<br />

la biométrie tels que le portrait, la voix, les<br />

empreintes ou l’iris, permet d’augmenter<br />

considérablement le niveau de sécurité mais<br />

également le confort des utilisateurs, des<br />

clients, qui n’ont plus besoin, par exemple,<br />

de badges ou de mots de passe. A ce titre,<br />

l’utilisation du portrait comme biométrie<br />

pour accéder à ses informations, applications<br />

ou son espace de travail, va se généraliser très<br />

rapidement avec le déploiement de l’iPhone<br />

X et de Microsoft 10 (où ces technologies<br />

sont prévues par défaut comme moyen<br />

d’identification). PwC Luxembourg est au<br />

cœur de ces transformations en conseillant<br />

tant les autorités européennes, que nationales<br />

et les opérateurs privés à la fois sur le<br />

plan conceptuel et dans la mise en œuvre<br />

des technologies. Cette expertise unique<br />

s’exporte dans toute l’Europe et au-delà. n<br />

PwC Luxembourg<br />

2 Rue Gerhard Mercator<br />

L-1014 Luxembourg<br />

www.pwc.lu

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!