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Saint Pierre Favre, lettres et instructions. Traduites, annotées et présentées par Pierre Emonet, s.j.

À côté de son journal spirituel ou Mémorial, Pierre Favre a laissé une correspondance suivie avec ses confrères et quelques amis plus proches, et une série d’instructions sur la vie spirituelle. L’ensemble de ses lettres traduites et anno- tées permet de suivre le petit berger savoyard devenu l’homme de confiance des principaux protagonistes du grand débat qui met alors l’Europe en effervescence et divise l’Église : Italie, Allemagne, Espagne, Flandres, Portugal. Très sensible et lucide, modeste et sympathique, ouvert aux réalités spirituelles, il est particulièrement doué pour nouer des relations d’amitié et de confiance aussi bien avec les grands de ce monde qu’avec les petites gens. Il leur donne les Exercices spirituels, dont il est le meilleur accompagna- teur selon Ignace.

À côté de son journal spirituel ou Mémorial, Pierre Favre a laissé une correspondance suivie avec ses confrères et quelques amis plus proches, et une série d’instructions sur la vie spirituelle. L’ensemble de ses lettres traduites et anno- tées permet de suivre le petit berger savoyard devenu l’homme de confiance des principaux protagonistes du grand débat qui met alors l’Europe en effervescence et divise l’Église : Italie, Allemagne, Espagne, Flandres, Portugal. Très sensible et lucide, modeste et sympathique, ouvert aux réalités spirituelles, il est particulièrement doué pour nouer des relations d’amitié et de confiance aussi bien avec les grands de ce monde qu’avec les petites gens. Il leur donne les Exercices spirituels, dont il est le meilleur accompagna- teur selon Ignace.

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Introduction<br />

11<br />

gnol au P. Santa Cruz, il poursuit subitement en latin pour <strong>par</strong>ler<br />

des martyrs indiens sur un ton d’homélie (86). À Laínez,<br />

qui lui demandait des conseils pour traiter avec les hérétiques,<br />

il écrit en espagnol une l<strong>et</strong>tre farcie d’expressions latines qui<br />

sentent l’école (93). Mais il sait aussi écrire sur un ton badin à<br />

son ami Guillaume Postel, un original toujours en mouvement<br />

<strong>et</strong> incapable de se fixer, dont il se moque gentiment (71).<br />

Ignace lui demande assez vertement d’améliorer son style<br />

<strong>et</strong> d’en prendre le temps. Et qu’il ne vienne pas lui dire qu’il<br />

est très occupé <strong>et</strong> qu’il manque de temps : « Certains, bien sûr,<br />

sont occupés dans la Compagnie. Je crois volontiers que, si je<br />

ne le suis pas beaucoup, je ne le suis pas moins qu’un autre —<br />

<strong>et</strong> j’ai moins de santé 9 » ! Ce désordre dans la correspondance<br />

n’est, semble-t-il, que l’indice d’une difficulté plus générale de<br />

<strong>Favre</strong> à s’organiser dans le travail. Lui-même le reconnaît<br />

humblement : incapable de dire non, il a tendance à trop embrasser,<br />

aussi se trouve-t-il régulièrement débordé <strong>par</strong> les nombreux<br />

engagements qu’il accepte (17, 21, 43). Ce qui ne<br />

l’empêchera pas de se plaindre avec une pointe d’amertume<br />

d’être jugé négligent <strong>et</strong> maladroit (13, 15, 19).<br />

<strong>Pierre</strong> <strong>Favre</strong> utilise volontiers un langage imagé. Il affectionne<br />

les métaphores, celles tirées de la Bible (76) ou inspirées<br />

<strong>par</strong> ses origines paysannes : labourage, épierrage, semailles,<br />

moissons, récoltes, travaux des champs <strong>et</strong> de la vigne, les nav<strong>et</strong>s,<br />

les oignons <strong>et</strong> autres légumes du potager sont autant<br />

d’images qui lui perm<strong>et</strong>tent de <strong>par</strong>ler des réalités spirituelles<br />

ou de son activité apostolique (5, 7, 17, 20, 39, 46, 50, 53, 71,<br />

88, 89).<br />

9. L<strong>et</strong>tre d’Ignace de Loyola à <strong>Pierre</strong> <strong>Favre</strong> du 10 décembre 1542. Cf.<br />

Écrits, p. 669-671. Des remarques plus ou moins semblables sont adressées<br />

à d’autres compagnons : à Nicolas Bobadilla (ibid., p. 676-678), à<br />

Juan Alvarez (ibid., p. 741-742), à Robert Claysson (ibid., p. 924-925).

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