Spectrum #1 2018
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
CRITIQUE<br />
Pourquoi il est parfois bon de se rhabiller<br />
Dans la librairie, le titre attrape de suite mon<br />
regard : « légère et court-vêtue ». Il contient<br />
ce qu’il faut de provocation sans en faire trop.<br />
Passage par la quatrième de couverture oblige,<br />
ma première impression semble se confirmer, j’ai<br />
peut-être trouvé un livre qui mérite toute mon<br />
attention. C’est trépignant d’impatience que je<br />
rentre chez moi et décide que l’atmosphère est<br />
propice à la lecture (lorsqu’on aime lire, un point<br />
de chute tempéré suffit amplement et tant pis<br />
pour le risque de lumbago). Mon aventure intérieure<br />
se poursuit jusqu’au clap de fin, ce « plompf<br />
» caractéristique que l’on entend en fermant<br />
définitivement (ou non) un livre tout juste terminé.<br />
L’histoire qui avait pourtant si bien commencé<br />
me laisse un goût d’inachevé et il faut le dire,<br />
j’ai la mauvaise impression d’avoir lu un Virginie<br />
Despentes frelaté. L’auteur ne se cache d’ailleurs<br />
pas de la connaître puisqu’il s’évertue à faire allusion<br />
à son œuvre. L’histoire en bref, et si je ne<br />
vous ai pas découragé de tenter l’aventure, est<br />
celle d'une une jolie fille frivole qui rencontre un<br />
pauvre type qui la saute comme personne mais<br />
n’a rien de plus à lui offrir. Elle joue la désinvolte,<br />
il joue les gros bras tout ça pour finir l’un comme<br />
l’autre dans de sales draps. Et si comme moi en<br />
lisant le titre vous vous attendiez à un roman<br />
quelque peu libérateur pour la gente féminine,<br />
laissez tomber, vu le sort qu’il réserve aux personnages<br />
féminins, il n’a rien du pamphlet féministe.<br />
Bien sûr, tout n’est pas à jeter, le livre aborde des<br />
sujets intéressants voire difficiles (prostitution,<br />
homosexualité, extrémisme religieux, …) et<br />
s’emploie à nous faire aimer les anti-héros. Malheureusement<br />
il s’embourbe dans les clichés et<br />
à force d’en faire trop, il n’arrive qu’à nous les<br />
faire mépriser. Je ne peux pas non plus nier que<br />
mes attentes quelques peu élevées puissent être<br />
la cause d’un jugement si sévère et vous invite<br />
malgré tout à vous forger votre propre avis.<br />
Jodie Nsengimana<br />
Grand Blanc : une musique noire et hypnotique<br />
BRMC Wrong Creatures toujours les mêmes<br />
La voix envoutante de Robert Levon résonne à<br />
nouveau dans ce 9 e opus planant, mais dont le<br />
goût est tristement déjà-vu. Malgré un changement<br />
de line-up en 2008, le groupe n’a pas pour<br />
autant opéré un grand virage musical. Le rock<br />
brut qu’offrent les Américains depuis maintenant<br />
18 ans a su séduire les fans dès les premières<br />
notes. On aurait préféré entendre quelque chose<br />
de neuf sur ce nouvel album. Il restera cependant<br />
agréable aux oreilles de ceux qui ont aimé<br />
les Californiens aux blousons noirs depuis leur<br />
début. Une guitare aérienne vient surplomber<br />
les rythmiques bien tassées entre la basse et la<br />
batterie. Ambiance typique d’un power trio. La<br />
production de l’excellent Nick Launay (Arcade<br />
Les musiques de Grand Blanc respirent le froid<br />
et les fumées. Elles respirent un brouillard glacial,<br />
où se perdent des sons métalliques et industriels.<br />
Grand Blanc est un groupe d’électro punk<br />
et de rock électro français, « un des plus excitants<br />
du moment » selon les Inrocks. Leur unique album<br />
Mémoires Vives est sombre et sublime. Il y<br />
règne une ambiance disco des ténèbres, induite<br />
par un bain de synthé grave, qui prend le cœur et<br />
crée un vrai spleen électrique. Un voile nébuleux,<br />
transpercé par des éclats mélodiques. La French<br />
Cold Wave revient en force pour nous mettre en<br />
transe. Une Cold Wave empreinte de poésie. Car<br />
Benoit David (chant et guitare) a étudié la littérature<br />
à la Sorbonne. Les textes de ses chansons<br />
sont discontinus, sans trame, et font émerger des<br />
images puissantes et profondes. Pour lui, « il fallait<br />
faire de la poésie avec du béton ». Une poésie<br />
brute donc, mise en valeur par sa voix singulièrement<br />
basse, et contrastée par celle très claire et<br />
légère de Camille Delvecchio (chant et claviers).<br />
Des paroles aux multiples sens, souvent comparées<br />
à celles de Bashung, qui embrouillent les<br />
esprits, déjà bien égarés dans cette atmosphère<br />
toute vaporeuse. Coup de cœur pour les deux<br />
titres Degré zéro et Samedi la nuit. À écouter très<br />
fort dans les oreilles pour des sensations insondables.<br />
Fire, Nick Cave and the Bad Seeds) n’aura pas<br />
suffi à insuffler au disque l’élan nécessaire pour<br />
qu’il prenne les dimensions qu’on attendait de<br />
lui. Il faut dire que la plupart des titres de l’album<br />
a été composés ou repensés autour d’impros’<br />
réalisées directement en studio. La spontanéité<br />
est donc de la partie et quelques bonnes chansons<br />
en ressortent. Little Thing Gone Wild, par<br />
exemple, qui caractérise parfaitement le style<br />
des musiciens, avec une ligne vocale noire et hallucinée.<br />
Si l’ensemble du disque est plutôt bon,<br />
on reste toutefois sur sa faim. Le niveau technique<br />
des membres permettrait une plus grande<br />
prise de risque, plutôt que cuisiner à chaque fois<br />
les mêmes recettes.<br />
Légère et court-vêtue,<br />
Antoine Jaquier<br />
Type d’œuvre : Livre<br />
Nombre de pages : 232 p.<br />
Dana Sarfatis<br />
Mémoires Vives<br />
Grand Blanc, groupe de<br />
musique (et album)<br />
Date de sortie : 19 février<br />
2016.<br />
Evan Lumignon<br />
Wrong Creatures de Black<br />
Rebel Motorcycle Club<br />
Type d’œuvre : CD<br />
Date de sortie : 12 janvier<br />
<strong>2018</strong>.<br />
22 02-03.<strong>2018</strong>