INTERVIEW Gian Simmen le démontre: un Grison peut représenter brillamment l’Oberland bernois Pourquoi, vous, Grison et star du snowboard, avez-vous choisi de vivre dans l’Oberland bernois? Par amour! J’ai rencontré ma femme, qui est orig<strong>in</strong>aire de l’Oberland bernois, alors que je travaillais en Valais. Lorsque nous avons décidé de vivre ensemble, nous nous sommes <strong>in</strong>stallés à <strong>Bern</strong>e. Puis nous avons eu l’opportunité d’acheter une maison à Kratt<strong>in</strong>gen, avec vue sur le lac, tout près de mon employeur actuel. J’ai donc le beurre et l’argent du beurre! Et un magnifique doma<strong>in</strong>e skiable juste devant votre porte. Absolument. Et l’été, il me suffit de tourner mon regard vers la Jungfrau pour voir la neige. Je suis un vrai montagnard. Vous travaillez pour les chem<strong>in</strong>s de fer de la Jungfrau, dont vous êtes aussi l’ambassadeur, comment est-ce arrivé? J’ai rencontré Urs Kessler, CEO de l’entreprise, en février 2016, à la réouverture du halfpipe de Gr<strong>in</strong>delwald-First, et il m’a proposé ce job. Désormais, je suis leur ambassadeur. Je suis aussi responsable des snowparks et chef de projets pour les Evénements. Quel est votre cahier des charges? Au snowparc du Jungfraujoch, en été, je m’occupe du montage, du démontage, de l’<strong>in</strong>stallation des nouvelles attractions, et du market<strong>in</strong>g. L’hiver, je fais le lien entre les conducteurs de dameuses, le tra<strong>in</strong>, les shapers (ndlr.: les concepteurs du snowpark) et m’occupe des Evénements. Je suis aussi responsable du market<strong>in</strong>g du snowpark de Gr<strong>in</strong>delwald-First. Vous <strong>in</strong>vestissez-vous concrètement dans le snowpark ou vous occupez-vous uniquement des questions qui concernent la stratégie? Je fais les deux choses. Je donne les orientations, nos shapers construisent ensuite le parc et, pour f<strong>in</strong>ir, je teste les <strong>in</strong>stallations personnellement. Nous tenons à ce que la sécurité soit garantie à tous les niveaux. Il faut aussi savoir que nous reconstruisons les structures chaque année, car elles varient en fonction de l’enneigement. Ce sont avant tout les amateurs de half-pipe qui bénéficient de votre expérience de sportif professionnel. Pour moi, le half-pipe, s’adresse vraiment à tout le monde, même aux débutants. Contrairement aux sauts, c’est une discipl<strong>in</strong>e qui n’exige pas de s’envoler dans les aires avant d’atte<strong>in</strong>dre la zone d’atterrissage. On peut commencer par apprendre à tracer des courbes tout au fond de l’<strong>in</strong>stallation, puis monter de plus en plus haut, petit à petit. Les snowparks s’adressent-ils également aux débutants? Clairement! Celui de Gr<strong>in</strong>delwald-First comprend deux parties: la première, pour les débutants, située au télésiège d’Oberjoch. Elle propose de petits éléments de freestyle et d’autres de taille moyenne; la seconde, pour les avancés, au Bärgelegg, où se trouve le halfpipe. Elle offre également des éléments qui peuvent être utilisés quel que soit son niveau personnel. Notre but est d’attirer dans nos «Chez nous, les paysages sont vraiment uniques» montagne un maximum de monde et de leur faire vivre de magnifiques expériences, de façon à ce qu’ils en gardent un bon souvenir et nous recommandent lorsqu’ils retournent chez eux. Et qu’ils publient des selfies sur les réseaux sociaux. Evidemment! Parce que je crois pouvoir affirmer sans exagérer que chez nous, les paysages sont vraiment uniques. C’est génial d’avoir le Wetterhorn et la face nord de l’Eiger en arrière-plan quand on fait un saut! A part un paysage de carte postale, que propose de plus le snowparc de Gr<strong>in</strong>delwald-First? En plus du half-pipe, il y a des sauts, des vagues et d’autres éléments de freestyle. Chaque année, le snowpark change de configuration, car, à part le half-pipe, toutes les structures sont mobiles. On les recouvre de neige naturelle et artificielle et a<strong>in</strong>si, chaque année, l’expérience de glisse est différente. Pourquoi avoir opté pour un half-pipe à soubassement fixe? Un half-pipe, ce sont deux parois de 120 mètres de long pour une hauteur de 6,5 à 7 mètres. Sans soubassement fixe, il faudrait près de 100 000 m3 de neige pour construire une <strong>in</strong>stallation apte à accueillir des compétitions de niveau européen. Pour une Coupe du monde, l’apport de neige serait encore plus grand pour un <strong>in</strong>vestissement qui dépasserait largement le cadre de notre budget. Y avait-il déjà des snowparks lorsque vous faisiez de la compétition? Oui, mais il nous est souvent arrivé de prendre nos pelles af<strong>in</strong> de créer nous-mêmes des petits sauts ou des quarter pipes. Aujourd’hui, les méthodes d’entraînement ont totalement changé. Qu’est-ce qui a évolué? En half-pipe, par exemple, on utilise des couss<strong>in</strong>s gonflables pour tester de nouvelles figures. De mon temps, on attendait qu’il y ait de la neige fraîche, on construisait des sauts et on s’entraînait dans la poudreuse. Evidemment, c’est bien que le snowboard se professionnalise, mais d’un autre côté, on devient de plus en plus prudents. Aujourd’hui, l’apprentissage d’une figure comme le «Backside Double Cork 1080» se décompose en un double salto et trois rotations sur un axe. Chaque élément est travaillé séparément sur des couss<strong>in</strong>s gonflables, puis on assemble le tout. Quand j’étais compétiteur, on devait réfléchir à la manière de tout réaliser d’un coup et s’exercer sans se blesser. Les gens qui viennent au snowpark vous reconnaissent-ils encore? Cela arrive. Pour moi, les rencontres les plus drôles sont celles avec les plus jeunes snowboarders, ceux qui ne m’ont jamais vu rider. Parfois, mes fils me demandent de faire des sauts au half-pipe. Certa<strong>in</strong>s sont étonnés de voir ce vieux monsieur sauter plus haut que tout le monde. Je ne me suis pas amélioré depuis que j’ai mis f<strong>in</strong> à ma carrière sportive, mais je ne suis pas devenu plus mauvais non plus! ■ IN A NUTSHELL Snowboard<strong>in</strong>g like a champ Gian Simmen, multiple snowboard<strong>in</strong>g world champion and the sport’s first Olympic gold medallist, now acts as the ambassador of the Jungfrau ski region. The tra<strong>in</strong>ed market<strong>in</strong>g expert is also responsible for the snow parks. The Kle<strong>in</strong>e Scheidegg ranks among his favourite ski regions: «Here you can ride all the way to Wengen – and on the legendary Lauberhorn downhill course, no less. It’s a fabulous experience.» 22 MADE IN BERN 5/<strong>2018</strong>
LES BONS PLANS XXXXX DE GIAN SIMMEN Spots de rêve pour snowboarders Paysage de montagne grandiose, enneigement parfait, <strong>in</strong>stallations au top et hyperaccessibles: pour Gian Simmen, voilà de bonnes raisons de venir pratiquer le snowboard dans le canton de <strong>Bern</strong>e. «A tout cela s’ajoute, bien sûr, la légendaire convivialité bernoise», complète le Grison AESCHIRIED «Pour moi, c’est l’endroit parfait: lorsqu’il y a suffisamment de neige, je déchausse juste devant ma porte. Et la vue sur le lac de Thoune est absolument superbe.» ELSIGEN-METSCH «Une station idéale pour les familles, où l’on peut avoir du plaisir même quand l’enneigement est faible.» PETITE SCHEIDEGG/ MÄNNLICHEN «C’est un grand doma<strong>in</strong>e, on peut descendre jusqu’à Wengen. Après la Coupe du monde de ski, on peut emprunter la piste du Lauberhorn. Une expérience impressionnante, sur lattes comme en snowboard.» GRINDELWALD-FIRST «On y trouve le seul half-pipe entre les Grisons et le Valais. La région est ensoleillée et l’offre est adaptée à toute la famille. En plus, il y a beaucoup de restaurants.» 5/<strong>2018</strong> MADE IN BERN 23