Essais & Simulations n°139
SPECIAL ASD DAYS De la simulation pour l’aéro
SPECIAL ASD DAYS
De la simulation pour l’aéro
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ESSAIS ET MODÉLISATION
SPÉCIAL BUREAUX D’ÉTUDES
Si ces deux personnes clefs ont bien
voulu répondre à nos questions et
dévoiler leurs travaux en matière de
tests et de simulation, c’est bien parce
que chez Daher, services d’essais
et bureaux d’études travaillent et
avancent ensemble, que ce soit pour des
besoins en interne ou des prestations
industrielles, activités qui représentent
près de la moitié du chiffre d’affaires
de l’entreprise. « Avant mon arrivée
chez Daher en 2014, cela fonctionnait
déjà comme ça, d’autant que l’ancien
«couple essais-BE» était… un couple
dans la vie ! », s’amuse Jeremy Crevel.
Cet ancien doctorant a intégré
l’entreprise en tant qu’ingénieur
matériaux avant de prendre en main il
y a un peu plus d’un an les laboratoires
d’essais du groupe. « Nous possédons
quatre laboratoires dont les deux
principaux sont implantés à Tarbes et à Saint-Julien-de-
Chédon ; ils sont chargés d’une part de valider les procédés
d’usine et, d’autre part, de réaliser des essais de R&T, c’est-à-dire
des essais de qualification et de certification pour nos propres
pièces et sous-ensembles, mais aussi pour certains de nos clients.
Pour cela, nous travaillons en permanence avec le bureau
d’études ». Ce que confirme Alain Crouzet, ancien responsable
Calcul structures d’Airbus Helicopters France, arrivé chez
Daher en 2016 : « entre les deux services, nous ne sommes en
aucun cas en concurrence et nous incluons systématiquement
le service Essais dans les réunions, notamment pour déterminer
avec lui la faisabilité des essais à mener. Nous sommes avant
tout partenaires ».
LES ESSAIS, UNE ÉTAPE STRATÉGIQUE
De nombreux essais
concernent les pièces
d’avion, pour beaucoup
en matériaux composites
Il faut dire que les défis sont nombreux. Face à la croissance du
secteur aéronautique et aux montées en cadences, auxquelles
s’ajoutent les pressions sur les coûts et les délais, il est impératif
pour le bureau d’études et les laboratoires d’essais de collaborer
le plus en amont possible afin de réduire au maximum le
nombre d’essais physiques par exemple, les temps de test
de fatigue ou encore préparer les bons outillages dont la
production aura besoin… un des nerfs de cette guerre acharnée
contre les coûts de tests parfois très onéreux ; « les processus
d’essais sur les matériaux composites notamment prennent la
forme d’une pyramide avec à la base le «coupon» (les essais sur
les fibres pour obtenir les propriétés matériaux), puis l’étage
«details» avec des essais sur éprouvettes sur des éléments plus
complexes et enfin, au sommet, l’essai de l’ensemble ou du sousensemble
complet, détaille Alain Crouzet. C’est sur les deux
premiers étages de cette pyramide que nous accentuons nos
efforts pour limiter les temps d’essais. Pour cela, nous travaillons
régulièrement avec des partenaires techniques tels que les IRT
Jules Verne et Saint-Exupéry ». Pour le dernier étage de la fusée,
les essais physiques sont toujours exigés par les certifications
en vigueur, les donneurs d’ordres lorsqu’il s’agit de prestations
ou encore… la société civile.
Et si la simulation numérique joue désormais un rôle central
dans la conception et le développement d’outillages et de
sous-ensembles, les laboratoires d’essais de Tarbes et de Saint-
Julien-de-Chédon, parfaitement complémentaires, assurent
toujours de nombreux essais physiques. Ceux-ci vont des essais
dits conventionnels (traction, compression, flexion et pelage
– ces derniers visant à s’assurer de l’adhésion de la peau sur les
nids d’abeille pour les matériaux composites), aux essais de
température, physico-chimiques et de vieillissement humide
pour les composites (qui représentent 90 % des matériaux
utilisés) et de brouillard salin (notamment pour les matériaux
métalliques et les risques de corrosion), sans oublier les essais
d’impact. Un des objectifs des laboratoires d’essais : valider
les pièces – en particulier le process de cuisson des pièces en
composites thermodurcissables et les outillages employés en
production. Des essais donc toujours bien intégrés dans la
logique de qualité et d’innovation de Daher, dont la récente
acquisition de l’Américain Quest (et son célèbre avion Kodiak)
qui possède son propre laboratoire d’essais, renforce encore
davantage son savoir-faire en matière d’essais d’aéronefs et
d’ensembles complets. ●
Olivier Guillon
ESSAIS & SIMULATIONS • N°139 • novembre-décembre 2019 I25