Actuel 20
- Minna Resnick - Danièle Aron - Eddy Dumont - Engin Ensen - Éric Fourmestraux - Judith Rothchild - Julian Lemousy - Philippe Tardy - Veronica Odén - Olivia Quintin - La Gravure Originale - FIG Bilbao Print Festival - Beirut Printmaking Studio
- Minna Resnick
- Danièle Aron
- Eddy Dumont
- Engin Ensen
- Éric Fourmestraux
- Judith Rothchild
- Julian Lemousy
- Philippe Tardy
- Veronica Odén
- Olivia Quintin
- La Gravure Originale
- FIG Bilbao Print Festival
- Beirut Printmaking Studio
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Danièle Aron
Le monde a ses contraintes.
On y prend chair dans un espace étrange assujetti aux lois de la pesanteur et peuplé de corps
en mouvement, soumis à la condition humaine.
Mais toute activité humaine n’est en quelque sorte que l’expression inavouée d’une avidité
d’éternité. Cette perception ontologique ne se comprend pas par la raison, ni par les pensées,
mais par une attention permanente à la vie qui nous anime et à sa faculté créatrice.
C’est de cette consciente évidence qu’émerge l’activité artistique de Danièle Aron.
Son œuvre relève d’une évocation inattendue, comme d’une vision d’un univers inexploré
se déployant devant un regard sans prescience. Ses personnages, nés spontanément
de la virginité de l’espace, semblent étonnés du prodige de la vie, enracinés dans leur vécu,
inquiets de leur présence immatérielle, étrangers à leur propre identité.
Visages familiers cependant que l’on se persuade d’avoir déjà rencontrés,
nés de l’habileté d’une main d’artiste par d’innombrables incisions et petites balafres
dévoilant leurs multiples turbulences de l’esprit. N’y reconnaît-on pas notre propre carence ?
Ce n’est dès lors plus la curiosité d’un regard qu’on leur porte, mais celui d’une empathie
spontanée pour leur univers où tous discours, cris, silences et pleurs, rires et chuchotements
des dernières décennies vibrent encore et semblent imprégner l’air qu’ils respirent.
Mais alors que la force créatrice de la nature
reste constante, la précarité de l’existence,
la conscience de l’illusoire, de la versatilité de
tout ce qui se définit et semble évident invitent
à prendre garde, à revoir la perception de ce
monde et à s’interroger sur la conception et
l’interprétation des choses. Comme l’ombre
confirme la lumière, la vulnérabilité de toute
créature reflète une nature intérieure, une
présence à la faculté expansive, une avidité
d’expression.
C’est le leitmotiv de Danièle Aron.
L’artiste anime la nature intérieure
de ses créatures d’une jubilation explosive,
d’une félicité exubérante, d’une ode à la vie,
contrastant avec la dérision d’une nature
réfléchie.
C’est la vision du monde végétal et animal,
d’une sève ascendante qu’elle dévoile
d’une espérance d’éclosion immanente,
d’une révélation éthérée de la conscience d’être,
d’un perpétuel continuum.
C’est en s’affranchissant de l’idée de soi et
des contraintes qu’impose l’esprit qu’on prend
pleinement conscience du silence intérieur,
essentiel à toute créativité.
Quel est ce monde et qui le regarde ?
Alain Delaere
Danièle Aron est née le 28 novembre 1960.
Formée en 1983 à l’Académie royale des beaux-arts de
Bruxelles, dans l’atelier de dessin de Willy Demulder,
Lucien Massaert et Danny Vienne, Danièle Aron a poursuivi
sa formation à l’École nationale supérieure des arts visuels
de La Cambre, dans l’atelier de Pierre Lahaut.
En 2019, elle est également diplômée en gravure dans
l’atelier d’Anne Kellens, à l’École des arts d’Ixelles.
Depuis trente ans, elle enseigne à l’Académie de dessin
et des arts visuels de Molenbeek-Saint-Jean, Bruxelles.
Parallèlement à son travail d’enseignante,
elle pratique le dessin et la gravure.
Son travail interroge la relation entre l’humain, le végétal
et l’animal. Leur cohabitation engendre un dialogue étrange.
C’est la tension qui en émerge, la poésie plastique et la
puissance émotionnelle de l’image qui l’intéresse.
http://danielearon.be
Page 14 : Homo erectus, eau-forte, 24 × 14 cm, 2017
Page 16 : Sans titre (hortensia), eau-forte et aquatinte,
20,5 × 14,5 cm, 2017
Page 17 : Sans titre (casque fleuri), eau-forte et aquatinte,
29,5 × 16 cm, 2009
Page 18 : Sans titre (aigle) eau-forte et vernis mou,
24 × 14 cm, 2017
Sans titre (grimace), eau-forte, 24,5 × 16 cm, 2018
Éros, eau-forte, 24 × 26 cm, 2018
Sans titre (graminées), eau-forte et aquatinte,
27 × 16 cm 2019
Page 19 : Sans titre (tulipes), eau-forte et aquatinte,
24 × 13,5 cm, 2015
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