Actuel 20
- Minna Resnick - Danièle Aron - Eddy Dumont - Engin Ensen - Éric Fourmestraux - Judith Rothchild - Julian Lemousy - Philippe Tardy - Veronica Odén - Olivia Quintin - La Gravure Originale - FIG Bilbao Print Festival - Beirut Printmaking Studio
- Minna Resnick
- Danièle Aron
- Eddy Dumont
- Engin Ensen
- Éric Fourmestraux
- Judith Rothchild
- Julian Lemousy
- Philippe Tardy
- Veronica Odén
- Olivia Quintin
- La Gravure Originale
- FIG Bilbao Print Festival
- Beirut Printmaking Studio
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La gravure a choisi Julian Lemousy plus qu’il ne l’a choisie.
Après des études consacrées à la sculpture, la gravure
ne s’est imposée dans sa pratique qu’après la sortie de l’école.
Il y avait bien eu des signes avant-coureurs pourtant,
tel ce parpaing passé sous la presse – opération aussi
audacieuse que surprenante – qui a posteriori se conçoit comme
un geste fondateur. L’artiste, entraîné à la conception d’objets
sculpturaux, s’est soudain senti plus ému par l’image tirée
de l’objet que par l’objet lui-même. Il l’explique par la force
de l’empreinte – soit l’action même de la gravure – qui établit
un nouveau rapport, contour et couleur s’imposant aussi comme
une solution très directe pour rendre compte du réel.
Bien que transmédié par l’image et la figuration, le monde tangible
s’infiltre dans l’œuvre, et par suite, l’ancre dans le temps.
L’acquisition d’une presse à gravure en 2014 achève la transition
totale du sculpteur en graveur. Il complète sa formation initiale
obtenue à l’École supérieure des beaux-arts du Mans
au gré d’erreurs et d’expérimentations. Se tenant éloigné
d’une application stricte des règles de la gravure, il s’autorise
des possibilités beaucoup plus excitantes que celles
que la formation de l’artisan lui aurait garanties.
Très vite, sa manière personnelle s’impose : elle s’exprime
en grande taille, dans des formats tout à fait inhabituels,
strictement en gravure sur bois, par goût du travail à la fraiseuse,
de la chaleur du matériau, naturel, économique disponible
partout, et typique du bricoleur de surcroît, enfin matériau
qui autorise les repentirs. Il s’applique à travailler le dessin
par masses, sans rechercher la précision du trait.
Surtout, il met au point un processus à plusieurs couches
et plusieurs couleurs pour jouer des contrastes
et de la profondeur. Le travail préparatoire s’apparente à « coder »
l’image puisque, en fonction des effets recherchés, il grave
de une à treize matrices, comme autant de calques superposés,
chacun associé à une seule couleur. Les matrices patiemment
imprimées les unes après les autres, l’ensemble ne se découvre
qu’à la toute fin du process, au moment ultime de la révélation.
À ce jour, ses gravures s’expriment en nuances de gris,
suivant un subtil jeu sur les saturations, mais l’artiste pourrait être
tenté par d’autres couleurs. Déjà, quelques touches de rouge sont
parfois posées en contrepoint des gris, blancs et noirs.
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