Panorama de presse quotidien du 03 06 2022

VIGNERON
LA VILLA MADIE
Edition : Juin - aout 2022 P.86-99
p. 3/12
On
acoutumededirequederrièrechaque
grand homme se cache une femme. Pour
Dimitri Droisneau, cette femme s’appelle
Marielle, c’est la sienne et elle se tient à ses
côtés. Le 22 mars demier, c’est ensemble
qu’ils sont montés sur scène lors de la céré
monie de remise des étoiles du Guide Michelin. II avait le souffle
coupé par l’émotion, elle essuyait quelques larrnes d’un geste
discret. Une accolade plus tard dans les bras de l’autre « star »
du jour, Amaud Donckele (trois étoiles à La Vague d’Or à Cheval
Blanc St Tropez et désormais également à Plénitude au Cheval
Blanc Paris, ndlr), complice de longue date, Dimitri Droisneau
plonge son regard bleu azur dans la salle où l’acclament ses pairs.
Dans ses yeux, en plus des étoiles, la joie pure de celui qui réalise
son rêve de gosse. Une minute passe. Marielle prend le micro et
la parole la première le temps qu’il se recompose. II enchaînera
avec des mots justes, humbles et profondément reconnaissants.
L’une des multiples vertus de ce duo qui habite au sens propre
et figuré la Villa Madie, lui aux foumeaux, elle en salle, maîtresse
de maison et directrice mêlant grâce et expertise.
II faut dire qu’ils ont l’un comme l’autre un CV en béton
armé. Pour elle, Michel Bras, Michel Guérard et Martin Bera
« Ici ce n’est pas la Côte
d’Azur, ce n’est pas Nice,
c’est Marseille et ce n’est
pas Marseille, c’est Cassis
Ma cuisine est provençale
de mer et d’arrière-pays
et elle est délicate. »
sategui. Pour lui, Michel Canet au Grand Saint-Michel à Alen
çon, Frédéric Robert au Lucas Carton, un passage éclair par
La Tour d’Argent et ses 600 canards par semaine, Bernard
Pacaud, Éric Frechon au Bristol, retour chez Pacaud. Ils se ren
contreront en 2006 à La Réserve de Beaulieu pour ne plus se
quitter. Le Sud devient leur boussole, la Méditerranée leur
jardin, elle l’Aveyronnaise fille d’agriculteurs élevée à la ferme
qui cherchait sa place au soleil, lui le Normand dont l’enfance
a été baignée par les petits plats matemels. Le bonheur du par
tage se vit, s’apprend, se transmet. Dimitri Droisneau avait
d’abord songé à devenir chef sur les bateaux de croisière. II a
finalement atterri sur un navire solidement amarré à une crique
de rêve, vue insolente de beauté sur le cap Canaille et les pins
qui enserrent la terrasse où s’écrivent l’été les longues soirées
cassidaines.
En moins de dix ans ils ont porté leur maison au sommet,
l’une de ces 31 « adresses » françaises ayant le droit et l’honneur
d’afficher le précieux sésame, les trois macarons. En quelques
années, Droisneau a su trouver sa voix et son style, se distinguer
du voisin marseillais Passédat en son Petit Nice, d’Alexandre
Mazzia, autre élu de la cité phocéenne avec son « AM », ou
encore de Christophe Bacquié au Castellet, à quelques encablures
des vignes de Bandol. S’est-il passé quelque chose pour qu’il
monte aujourd’hui cette ultime marche? A-t-il la sensation
d’avoir franchi un cap ? Tout juste concède-t-il avoir épuré ses
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