Panorama de presse quotidien du 03 06 2022

VIGNERON
FRÉDÉRIC SAVARI - L'ACCOMPLI
Edition : Juin - aout 2022 P.72-85
p. 6/14
à la façon de travailler des tout petits
domaines bourguignons. j’ai pu goûter
les vins d’Auvenay, propriété de Lalou
Bize-Leroy, pour moi la grande réfé
rence en blanc. Quand on regarde de
près leur viticulture, il n’y a pas beau
coup de raisins par pied et elle est
conduite en biodynamie. »
Par soif de connaissances, Frédéric se jette dans la lecture,
se passionne, questionne, tout en travaillant aux côtés de ses
parents et grands-parents. La véritable mue du domaine ne sera
entaméequ’à partir de 2005. Fondée au début des années 1950
par le grand-père René et reprise en 1985 par le père Daniel,
la maison a livré pendant près de soixante ans sa récolte à la
coopérative. La famille récupérait ensuite l’équivalent sous
forme de vin jeune puis faisait la deuxième fermentation en
« On ne peut pas avoir une esthétique sans
faire évoluer sa viticulture et, si nous ne sommes
pas en bio ou biodynamie, je m’en inspire. »
ma classe, il y avait un salarié de Bollinger, un de Krug et le bouteille au domaine. Le résultat était une production annuelle
neveu d’Anselme Selosse. Trois domaines qui vinifient sous bois.
Je les ai visités tous les trois et malgré leurs visions différentes,
d’environ 30 000 bouteilles de champagne classique, vendue à
95 % en direct aux particuliers. Un fonctionnement confortable
tous m’ont interpellé. À l’époque, c’était assez nouveau et on mais incompatible avec la vision de Frédéric. Qui bientôt aligne
n’étaitpas très nombreux à apprécier le “sous bois”. Beaucoup sesdécisions sur son désir profond : travail du sol, labour, enher
trouvaient cela trop vineux. Mais c’estjustement ça qui me plai bement, arrêt des insecticides et des herbicides, sélections mas
sait. f’aimais déjà ce rapport à la vinification, aux petits conte sales, introduction de la vinification en barriques selon la
nants, à la lie. l’envisage mes cuvées de la sorte, comme du vin méthode bourguignonne, travail sur lies, prolongation des éle-
et non de la bulle. je me suis intéressé
vages... « Mon père a vu ce désir d’évolution d’un œilfavorable.
Mais quand on a vraiment commencé à changer de pratiques,
il m’a laissé la main à 100 %. C’était un passage rempli d’in
terrogations. Les rendements baissaient, les vignes nécessitaient
plus d’attention. Ce qui était fascinant, c’est qu’après Varrêt des
insecticides et des pesticides, la nature est revenue en très peu
de temps. Des sauterelles, des vers de terre, des coccinelles -alors
qu’on n’en voyait plus. » Pensif, il ajoute : « La génération de
mon père était différente, une génération qui (Suite page 82)
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