Journal asmac No 1 - février 2023

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Point de mire Entre pâleur et bronzage «... idéalement entre 11h et 13h, c’est là où le soleil vous apportera un bronzage maximal ...» Voilà un conseil qui n’est probablement plus suivi de nos jours. Notre rapport à la lumière du soleil a considérablement évolué au fil des décennies. Les bains de soleil excessifs que l’on considérait autrefois comme un bienfait révèlent aujourd’hui leurs effets dévastateurs. D r méd. Michael L. Geiges, directeur du Musée des moulages de l’Université et de l’Hôpital universitaire de Zurich, chef de clinique à la clinique dermatologique de l’Hôpital universitaire de Zurich, collaborateur scientifique de l’Institut de médecine évolutive de l’Université de Zurich Photo: Adobe Stock 24 1/23 vsao /asmac Journal
Point de mire L’exposition accrue aux UV d’une population à la peau claire a entraîné une augmentation massive des cancers de la peau. «Nous sommes en pleine épidémie de cancer de la peau!» Les connaissances sur l’augmentation massive des tumeurs cutanées directement liées à l’exposition aux UV, en particulier chez les sujets à peau claire, constituent la base pour les actions de prévention, les examens préventifs dans le cadre de la médecine du travail et la reconnaissance du cancer de la peau comme maladie professionnelle après une exposition chronique à la lumière du soleil liée au travail. Ils visent à réduire l’exposition aux UV des personnes à la peau claire par un comportement adapté et une protection renforcée par des vêtements et des produits de protection solaire chimiques et physiques dès l’adolescence. Face à cela, on trouve l’idéal d’un teint hâlé chez l’individu à la peau claire. La peau est un élément constitutif de notre apparence. Nous sommes donc classés en fonction de notre peau qui sert d’indicateur pour l’âge, l’état psychique et physique, ou l’origine ethnique. Elle renseigne aussi sur notre statut social et notre manière de vivre. Compte tenu du lien établi entre performance et conscience corporelle, le corps est aujourd’hui, à l’ère des médias, un moyen pour se présenter et se mettre en scène. Dans ce contexte, le bronzage de la peau par le soleil joue un double rôle. La fonction physiologique du bronzage de la peau est une condition biologique et un mécanisme de protection qui est transposé dans un système symbolique et soumis à l’évolution de la société. En jetant un regard sur l’histoire, on constate d’une part l’évolution de la controverse autour du bronzage. D’autre part, on se rend compte que les efforts médicaux pour mieux se protéger du soleil en raison du risque accru de cancer de la peau dépendent de facteurs culturels et économiques. Illustration et photos: màd La peau claire, symbole de beauté Les premiers écrits médicaux contenaient des recommandations et recettes pour le traitement de la peau et témoignent du souhait d’avoir une peau aussi uniformément claire que possible vers 1500 av. J.-C. et même dans l’Antiquité. Des instructions et des livres de recettes pour soigner et embellir la peau datant du Moyen Age et du début des temps modernes confirment ces efforts: les produits de blanchiment de la peau y occupent une place de prédilection. Bain d’air et de soleil. Illustration tirée de «Die Frau als Hausärztin – Ein ärztliches Nachschlagebuch für die Frau» d’Anna Fischer-Dückelmann, 600 000. Edition anniversaire, 1908 Dans la conception de la peau selon la théorie des humeurs en tant que barrière naturelle et organe d’excrétion, les taches pigmentées, voire les taches de rousseur, étaient également considérées comme l’expression de fluides corporels corrompus qui se fixaient à la surface du corps en cas d’exposition au soleil. La thérapie consistait en purgations, saignées et sudations. Pour blanchir la peau du visage, on utilisait également des poudres et des onguents à base de carbonate de plomb et de chlorure de mercure. Les descriptions dans la littérature, les contes et les représentations artistiques confirment l’importance d’une peau blanche. On citera vsao /asmac Journal 1/23 25
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