08.02.2023 Views

Journal asmac No 1 - février 2023

Fréquence - Tout passe Politique - Les hôpitaux sur la corde raide Bêtabloquants - Application en pédiatrie dermatologique Toux - Le point de vue pharmacologique

Fréquence - Tout passe
Politique - Les hôpitaux sur la corde raide
Bêtabloquants - Application en pédiatrie dermatologique
Toux - Le point de vue pharmacologique

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Point de mire<br />

principales: ce qui est achevé et ce qui ne<br />

l’est pas. Ces deux catégories se reflètent<br />

naturellement dans le langage des textes<br />

sacrés. Les textes anciens regorgent de<br />

déclarations qui s’interrogent précisément<br />

sur le rapport de l’individu ou d’un<br />

groupe aux phénomènes temporels les<br />

plus divers.<br />

Il est également clair que le temps<br />

peut être linéaire: depuis une création –<br />

plus généralement «le début du monde» –<br />

jusqu’à «la fin des temps» (fin du monde,<br />

Armageddon), un flux temporel s’étire.<br />

Celui-ci est toutefois «rythmé» par les représentations<br />

religieuses et également enrichi<br />

d’une composante cyclique. En effet,<br />

le simple fait de constater qu’il existe<br />

quelque chose comme des heures, des<br />

jours, des semaines et des années avec des<br />

temps fixes/festifs documente déjà cette<br />

rythmicité.<br />

Les fêtes comme échappatoire au<br />

quotidien<br />

La sortie du flux temporel linéaire (du berceau<br />

à la tombe) est marquée de manière<br />

décisive par les fêtes. Cela vaut pour des<br />

contextes plutôt laïques et non religieux<br />

(anniversaires, décennies, jubilés, qui<br />

sont tous récurrents et rythment la vie),<br />

mais d’autant plus pour les fêtes religieuses.<br />

Même au 21 e siècle, cela se ressent<br />

encore. Les fêtes se voient toujours attribuer<br />

un statut particulier, de sorte qu’elles<br />

sont définies comme étant des jours de<br />

repos, par exemple. Et c’est précisément<br />

cette fonction que remplissent les fêtes<br />

cycliques par rapport à la vie quotidienne:<br />

elles permettent à l’individu et à la communauté<br />

de sortir du flux linéaire du quotidien<br />

et d’entrer dans un autre monde.<br />

Le monde des jours de fête ou des jours fériés<br />

permet de prendre du recul et de tout<br />

voir d’un certain point de vue. La plupart<br />

des religions attribuent une très grande<br />

valeur à cette contemplation non laborieuse.<br />

On peut se demander si l’éloignement<br />

progressif de la religion dans les sociétés<br />

occidentales ne s’accompagne pas<br />

d’une diminution de la sensibilité à l’alternance<br />

du quotidien et des jours fériés. Il<br />

s’agirait en fin de compte d’une sensibilité<br />

décroissante pour ce qui revient de manière<br />

cyclique, ce que l’on observe aussi<br />

justement sur le plan sociologique.<br />

Mais dans tous les cas, les interruptions<br />

– et ce à une certaine fréquence –<br />

sont nécessaires et salutaires. Cette prise<br />

de conscience peut être prouvée à tous les<br />

niveaux de temporalité. Cela commence<br />

par l’alternance de l’éveil et du sommeil:<br />

seule une bonne fréquence d’activité et de<br />

repos au cours des 24 heures garantit une<br />

santé équilibrée à long terme. De même,<br />

on peut mettre en avant la structure globale<br />

de la journée, souvent rythmée par<br />

des prières dans le passé: les musulmans<br />

pieux prient cinq fois par jour afin de<br />

rythmer le déroulement de la journée et<br />

de prendre un peu de recul par rapport au<br />

tumulte du quotidien. Le judaïsme et le<br />

christianisme connaissent les sept interruptions<br />

de la journée par des prières<br />

(source: psaume 119). Tous ces phénomènes<br />

sont fondamentalement des phénomènes<br />

de fréquence.<br />

Mais la rythmicité se poursuit également<br />

aux niveaux supérieurs: notre semaine<br />

de sept jours est étroitement liée<br />

aux noms des dieux babyloniens (et plus<br />

tard gréco-romains), qui se succèdent sur<br />

sept jours. Le septième jour a une importance<br />

particulière depuis les Babyloniens:<br />

il est connu sous le nom de shabbat dans le<br />

judaïsme et de dimanche dans le christianisme.<br />

La succession linéaire des jours est<br />

rythmée par un jour de repos, une certaine<br />

fréquence est établie. Au niveau des mois<br />

(les cultures antiques avaient souvent<br />

pour base un calendrier lunaire), les cycles<br />

lunaires avec la nouvelle lune, le croissant<br />

de lune et la pleine lune jouent un rôle décisif.<br />

Ici, le rythme est permanent et la fréquence<br />

est répétitive et périodique.<br />

Repos pour le sol, liberté pour<br />

les hommes<br />

Si l’on élargit à nouveau la focalisation, on<br />

s’intéresse non seulement aux saisons,<br />

mais aussi aux années (ici, les années solaires).<br />

Vivre en harmonie avec les saisons,<br />

avec les rythmes et les fréquences de la<br />

nature a longtemps été considéré comme<br />

souhaitable. Aujourd’hui encore, de tels<br />

aspects reviennent de plus en plus souvent<br />

dans le débat sur la santé. Si l’on souhaite<br />

élargir encore la focalisation, il est<br />

intéressant de jeter un œil sur les grandes<br />

fréquences des séquences annuelles: il ne<br />

s’agit plus d’un schéma de sept jours, mais<br />

d’un schéma de sept années. Selon la<br />

conception biblique, le champ doit être<br />

mis en jachère tous les sept ans, au service<br />

de la régénération. Cette idée a d’ailleurs<br />

donné naissance au congé sabbatique,<br />

qui n’a plus rien d’agricole, mais qui est de<br />

fait destiné à la régénération, et qui est<br />

toujours présent et vécu dans les universités.<br />

Comme dans beaucoup d’autres cas,<br />

on peut démontrer ici l’origine biblique<br />

(livres de l’Exode et du Deutéronome)<br />

de pratiques actuellement vécues avec<br />

conviction. Il s’agit à nouveau d’un phénomène<br />

de rythmicité et d’établissement<br />

d’une fréquence transversale. La dernière<br />

pièce de la mosaïque de cette réflexion<br />

peut être nommée l’année du jubilé (base:<br />

livre biblique du Lévitique). Tous les sept<br />

fois sept ans, il existe une année d’affranchissement<br />

dans la tradition du judaïsme.<br />

Les dépendances en matière de propriété<br />

sont annulées. Après 50 ans, il faut donc,<br />

selon la conception religieuse, tout remettre<br />

à plat. Les hypothèques bancaires<br />

en Israël se terminent à cette date. Anciennement,<br />

l’annulation de la dette visait<br />

surtout à mettre un terme à la prolifération<br />

de la servitude pour dettes à des intervalles<br />

rythmés.<br />

Tout cela montre une chose: les<br />

concepts anciens et traditionnels de rythmicité<br />

et de création de fréquences ont<br />

traversé les siècles et les millénaires et<br />

continuent de jouer un rôle dans la vie<br />

quotidienne du 21 e siècle. Il vaut dès lors la<br />

peine de prêter attention à de telles structures<br />

temporelles rythmiques du point de<br />

vue de l’histoire culturelle et, partant, du<br />

point de vue religieux. Dans la plupart des<br />

cas, elles mènent à une approche totalement<br />

humaine ainsi qu’à un rapport équilibré<br />

avec l’environnement vivant et avec<br />

soi-même.<br />

46<br />

1/23 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!