D'HANDWIERK JUIN 2023
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MAGAZINE<br />
ÉDITO<br />
EDITORIAL<br />
PNEC : Naviguer vers<br />
une transition énergétique<br />
équilibrée.<br />
Le gouvernement luxembourgeois a récemment entrepris une<br />
mise à jour ambitieuse de son Plan National Énergie-Climat<br />
(PNEC) dans le but de répondre aux objectifs climatiques fixés<br />
pour les années à venir. Ce plan, intitulé "Energie- a Klimaplang<br />
fir Lëtzebuerg", vise à réduire de 55% les émissions de gaz à<br />
effet de serre par rapport à 2005, à atteindre 37% d'énergies<br />
renouvelables dans la consommation finale et à améliorer<br />
l'efficacité énergétique de 44% d'ici 2030.<br />
Une consultation publique biaisée<br />
Cette actualisation du PNEC repose sur les résultats des<br />
consultations citoyennes et des processus de coopération<br />
institutionnelle menés ces dernières années. Plusieurs consultations,<br />
telles que "Luxembourg in Transition" (LIT) en 2021,<br />
le "Klima-Biergerrot" (KBR) en 2022, ainsi que l'Observatoire<br />
de la politique climatique (OPC) et la Plateforme pour l'action<br />
climat et la transition énergétique, ont recueilli des avis et<br />
des propositions plaidant pour des objectifs et des mesures<br />
plus ambitieux. Cependant, il convient de souligner que ces<br />
consultations se sont principalement adressées à un public<br />
averti, voir aux activistes et ont souvent négligé les conséquences<br />
de ces mesures sur d'autres domaines tels que les<br />
finances publiques, la sécurité sociale, l'emploi et le développement<br />
économique.<br />
« La décarbonation nécessite des investissements importants,<br />
qui se situent en dehors d’une logique de productivité<br />
et de rentabilité. »<br />
A nos yeux, il n’y pas lieu de parler de consultations publiques<br />
alors que la majorité de citoyens ignorent les enjeux et avant<br />
tout l’impact des mesures envisagées. Ce dossier mériterait<br />
d’être communiqué d’une manière bien plus transparente que<br />
cela est le cas aujourd’hui.<br />
Tourisme à le pompe : Un manque à gagner de 1,5 milliards d’euros.<br />
Le plan actualisé propose concrètement 197 mesures différentes<br />
couvrant différents domaines et impliquant différents acteurs.<br />
Parmi ces mesures, on peut citer l'augmentation annuelle<br />
de la taxe CO2 de 5€/t de CO2 pour réduire les émissions liées<br />
à la vente de carburants routiers. Les recettes de cette taxe<br />
seront utilisées pour financer des mesures climatiques, investir<br />
dans la transition énergétique et mettre en place des mesures<br />
de compensation sociale.<br />
Cela résultera à un « phase-out » du tourisme à la pompe que<br />
génère à ce jour 1,5 milliards d’euros en recettes. Pour le Gouvernement<br />
cela représente un mile-stone de la décarbonation<br />
du pays, mais reste complètement muet sur l’impact que cela<br />
aura sur les finances publiques ou d’éventuels initiatives envisageables<br />
pour compenser ce manque à gagner gigantesque.<br />
La transition énergétique implique également un "phaseout"<br />
progressif du chauffage fossile, avec une première phase<br />
volontaire soutenue par des aides financières et des solutions<br />
collectives telles que la rénovation systématique des quartiers<br />
et le développement de réseaux de chaleur décarbonés. Si cette<br />
approche volontaire s'avère insuffisante, seuls les systèmes de<br />
chauffage fonctionnant avec au moins 70% d'énergies renouvelables<br />
seront autorisés à l'avenir.<br />
En plus du système de chauffage, une rénovation énergétique<br />
porte aussi sur l’enveloppe du bâtiment, ce qui fait que<br />
la facture peut allégrement dépasser 150.000 euros pour<br />
une maison unifamiliale.<br />
Le PNEC et le Gouvernement en général, restent muet sur la<br />
question de savoir comment les ménages vont supporter ce<br />
fardeau financier ?<br />
Le rôle de l’artisanat<br />
Les entreprises artisanales, par leur expertise et leur savoirfaire,<br />
occupent une position clé dans la transition énergétique.<br />
Notamment dans le domaine du génie technique et de<br />
la construction, elles sont responsables de la conception et de<br />
la mise en œuvre de solutions visant à réduire la consommation<br />
d'énergie et les émissions de carbone. Qu'il s'agisse de<br />
l'installation de systèmes d'énergie renouvelable, de l'isolation<br />
thermique des bâtiments ou de la mise en place de technologies<br />
d'efficacité énergétique, l'artisanat est un acteur clé<br />
de ces avancées.<br />
Outre leur rôle dans la transition énergétique au sens large,<br />
les entreprises artisanales doivent également négocier le<br />
virage de leur propre décarbonation. Cela implique de réduire<br />
l'empreinte carbone de leurs activités, en repensant leurs processus<br />
de production, leurs sources d'énergie, leur mobilité et<br />
/06/<strong>2023</strong><br />
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