Goldoni tra modernismo e tradizione - akira.ruc.dk
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psicologo). <strong>Goldoni</strong>, da ottimo conoscitore del suo pubblico, aveva capito che una delle<br />
poche correnti comiche non prosciugatesi nel drame larmoyant (dramma lacrimoso) era il<br />
comico basato sui fraintendimenti.<br />
La commedia fu un successo, e fu bene accolta dalla Correspondance littéraire. Madame<br />
*** (= M me d’Épinay, v. Kölving, 1984 I, p.275) dà un giudizio molto favorevole con<br />
qualche riserva però. Forse, l’ammetto, mi piace la sua recensione perché mi sembra<br />
convalidare la mia analisi:<br />
(62) 15 novembre 1771.<br />
ARTICLE DE MADAME ***.<br />
Le 4 de ce mois, on a donné sur le théâtre de la Comédie-Française la première représentation du<br />
Bourru bienfaisant, comédie en trois actes et en prose, par M. <strong>Goldoni</strong>. Cette pièce, annoncée depuis<br />
longtemps, était attendue avec impatience : elle a eu beaucoup de succès. C’est en effet un<br />
événement assez intéressant, et peut-être unique dans l’histoire des théâtres, que de voir un é<strong>tra</strong>nger<br />
donner sur un théâtre é<strong>tra</strong>nger une pièce bien écrite dans une langue qui n’est pas la sienne, et qu’il<br />
était loin de parler correctement il n’y a pas encore cinq ans. Ces circonstances seules méritaient un<br />
accueil favorable ; mais il yaeuplus de justice que d’indulgence dans les applaudissements que le<br />
public a donnés à la pièce du Bourru bienfaisant. Je ne suis cependant pas du nombre de ceux qui la<br />
trouvent sans défauts. La pièce me paraît fortement conçue, mais faiblement exécutée. Peut-être le<br />
rôle principal, celui du Bourru, est-il susceptible du reproche con<strong>tra</strong>ire; mais aussi il est trop<br />
également fort et sans nuance. L’intrigue de la pièce est simple, naturelle, bien soutenue, bien<br />
dénouée, et elle est une suite nécessaire des caractères que l’auteur a mis en supposition. Le tableau<br />
qui en résulte est neuf et piquant au théâtre, quoique très-commun dans le monde. Toute une famille<br />
d’honnêtes gens [p.390] vit ensemble dans une même maison ; ils se jugent tous injustement et à<br />
faux ; ils se jugent pourtant comme nous nous jugeons tous dans la société, et conformément aux<br />
apparences; ils n’ont pas tort: pas un d’eux n’est méchant, ni maldisant; mais à la fin de la pièce ils<br />
se sont tous trompés; de sorte que la pièce de M. <strong>Goldoni</strong> est tout à la fois une pièce de caractère,<br />
d’intrigue et de mœurs. Peut-être le spectateur devrait-il être plus dans la confidence des intentions<br />
des personnages; mais je ne voudrais pas prononcer là-dessus, car peut-être aussi une connaissance<br />
plus prompte nuirait-elle à l’intérêt. Il y a quelques répétitions dans le cours de la pièce, mais elles<br />
sont toujours accompagnées de circonstances différentes et si naturelles ou si piquantes, qu’on aurait<br />
tort de chicaner. La scène du valet blessé fait peine, ne produit rien, et est trop uniquement dans la<br />
vue de faire sortir le caractère de bienfaisance du Bourru Géronte. La lettre du procureur, apportée à<br />
Dalancour en présence de sa femme, est un petit moyen pour l’instruire de sa position; il n’était pas<br />
nécessaire, et il gâte la scène. Elle aurait été bien autrement forte, si l’aveu de Dalancour avait suivi<br />
le repentir de son caprice et de ses brusqueries; il venait tout naturellement, la scène l’exigeait. La<br />
femme aurait dit à son mari tout ce qu’elle se dit étant seule, et cette scène aurait pu être d’un grand<br />
effet. Marton serait venue également leur crier à tous deux : Que faites-vous ici? on enlève vos<br />
meubles. Ils seraient sortis tous deux de la scène, et l’acte aurait continué et fini de même. Beaucoup<br />
de gens blâment M. <strong>Goldoni</strong> d’avoir laissé le spectateur, à la fin de sa pièce, admirateur forcé du<br />
bonhomme Géronte; on confond, disent-ils, le défaut et la vertu, et l’on applaudit à l’un et à l’autre<br />
sans s’en apercevoir. Ah ! messieurs!... Mais répondre au public, j’aimerais autant entreprendre de<br />
prouver que le Misanthrope n’est pas une mauvaise pièce. Il y aurait peut-être eu une seule manière<br />
de donner une leçon au Bourru : c’eût été de faire serpenter dans toute la pièce un personnage,<br />
ancien ami de toute la famille, qu’ils auraient perdu de vue depuis longtemps, parce que le caractère<br />
de Géronte est incompatible avec le sien. Il rend pourtant justice à ses vertus. Forcé par une situation<br />
critique et pressante, il serait venu plusieurs fois pour le prier de lui rendre service; il se serait fait<br />
annoncer, mais au moment de parler à Géronte, la crainte d’en être mal reçu, de recevoir quelque<br />
rebuffade, d’être forcé de se rebrouiller avec lui, le ferait toujours s’enfuir au moment où Géronte est<br />
près de le recevoir. Mais enfin sa situation le commanderait, il arriverait au dénoûment; il serait<br />
d’autant plus mal accueilli que Géronte est tout occupé du mariage de sa nièce, et se ressouvient<br />
d’ailleurs que cet homme, qui s’est fait annoncer deux ou trois fois, a toujours disparu. Il le<br />
brusquerait, le <strong>tra</strong>iterait indignement, lui dirait même des choses dures, et finirait, comme à son<br />
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