Fortbildungen / Formations continues 2012 - IUMSP
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nière instance, à un simple calcul de rentabilité: le véritable<br />
motif de ce retrait «c’est de réduire les coûts pour<br />
maximiser les béné�ces de l’entreprise».<br />
Le CIET se réfère à un rapport de PMI, daté de 2010, qui<br />
prévoyait un plan d’économies en matière de coûts. Ce document<br />
mentionnait l’internationalisation de la fabrication<br />
des cigarettes (produites auparavant aux Etats-Unis) ainsi<br />
que la rationalisation des centres opérationnels européens<br />
et des bureaux régionaux en Asie, au Canada et en Amérique<br />
latine, y compris celle des centres de services répartis<br />
entre Cracovie (Pologne) et Buenos Aires (Argentine).<br />
Selon le CIET, il s’agit d’utiliser un thème très sensible<br />
pour le gouvernement uruguayen, comme la perte de<br />
postes de travail, pour exercer une pression dans le processus<br />
d’arbitrage en cours. Sans oublier que, au-delà de<br />
Philip Morris contre l’Uruguay: un cas emblématique<br />
SPEZIALARTIKEL<br />
la stratégie de PMI en Uruguay, il s’agit d’«adresser un<br />
avertissement» à d’autres pays en développement où sont<br />
situées des fabriques de Philip Morris, a�n que ceux-ci ne<br />
s’inspirent pas des mesures anti-tabac appliquées en Uruguay.<br />
De son côté, le gouvernement uruguayen n’a pas pris of�ciellement<br />
position après l’annonce faite par la multinationale.<br />
Toutefois, plusieurs fonctionnaires se sont chargés<br />
de souligner deux points importants, selon l’optique of�cielle:<br />
d’une part, reconnaître le préjudice objectif causé,<br />
par cette mesure surprenante, aux 60 travailleurs de la<br />
succursale, qui ont organisé une protestation et une occupation<br />
durant 3 semaines, a�n d’imposer une négociation<br />
syndicale raisonnable; d’autre part, réaf�rmer que la décision<br />
de la multinationale ne changera rien à la politique<br />
anti-tabac menée par l’Uruguay.<br />
Début 2010, Philip Morris International (PMI) – dont le siège social se trouve à Lausanne – a déposé plainte auprès<br />
d’une instance de la Banque mondiale. La plainte est libellée «FTR Holdings S.A. (Suisse) et al. Vs. República<br />
Oriental del Uruguay». Les plaignants sont la FTR Holding (Suisse), Philip Morris Products S.A. (Suisse) et Abal<br />
Hermanos S.A. (représentant de PMI en Uruguay).<br />
L’entreprise af�rme que plusieurs décrets, ordonnances et décisions du gouvernement uruguayen affectent ses intérêts<br />
en l’expropriant sans compensations de sa propriété intellectuelle. Elle n’aurait, de plus, pas été traitée de<br />
manière juste et équitable, et l’application de ces mesures aurait occasionné pour elle des pertes substantielles sur le<br />
marché. D’où l’indemnité, d’un montant de 2 milliards de dollars, réclamée par PMI.<br />
Des parlementaires suisses (aux niveaux tant cantonal que national) ont, ces derniers mois, demandé des explications<br />
aux autorités helvétiques, arguant qu’il est inadmissible d’invoquer un accord bilatéral de commerce signé par la<br />
Suisse pour intenter un procès à un autre pays en raison de sa lutte contre le tabagisme. Cela d’autant plus si l’on<br />
considère la politique anti-tabac of�cielle impulsée par le Conseil fédéral en Suisse même.<br />
L’historique du con�it remonte à 6 ans. En 2005, lors de l’entrée en fonction du docteur Tabaré Vazquez – oncologue<br />
reconnu à l’échelle internationale – comme président de l’Uruguay, ce pays s’est aligné fermement sur les politiques<br />
préconisées par l’Organisation mondiale de la santé en adhérant à l’accord-cadre sur le contrôle du tabac.<br />
Les autorités uruguayennes ont promulgué des lois et décrets destinés à combattre la consommation de cigarettes,<br />
dont les maladies associées constituaient l’une des principales causes de mortalité dans le pays: plus de 5000 personnes<br />
par an (pour 3,5 millions d’habitants). Le nombre de fumeurs dépassait alors 30% de la population.<br />
L’Uruguay a reçu l’appui explicite des principales organisations internationales et panaméricaines en matière de<br />
santé (OMS, OPS), ainsi que de nombreuses organisations de la société civile internationale et de personnalités<br />
mondialement connues, comme le maire de New York, Michael Bloomberg.<br />
Le groupe d’avocats qui conseillent l’Uruguay dans son con�it avec l’entreprise de cigarettes est étasunien (Bufet<br />
Foley Hoag LPP), avec siège à Boston.<br />
Les premières audiences se tiendront en mars <strong>2012</strong>. C’est vers octobre-novembre de cette année qu’il sera décidé<br />
de la juridiction compétente pour traiter ce litige. Le jugement �nal pourrait intervenir dans trois ou quatre ans. Il<br />
établira une jurisprudence signi�cative relativement à ce type de controverses, vu qu’il n’existe pas d’antécédents<br />
similaires au niveau mondial. (Sergio Ferrari)<br />
Schweizer Krebsbulletin � Nr. 2/<strong>2012</strong> 125