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PUB Magazine n° 3 - 2015

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Mais les agences peuvent se rassurer, ils ne<br />

comptent pas prendre (tous) leurs clients et (tous)<br />

leurs projets. « Si le client veut une petite appli<br />

mobile, est-ce qu’on est les meilleurs ? Il vaut<br />

mieux qu’ils aillent chez un petit acteur local. Si le<br />

client vend des voitures et veut un système au niveau<br />

mondial avec des sensors intégrés: ils n’iront<br />

de toute façon pas les voir. Nos clients sont internationaux<br />

: le plus souvent, ce sont des solutions<br />

déployées sur plusieurs pays. » Une situation<br />

confirmée par BMW : « Au niveau local, on n’a pas<br />

travaillé dans ce genre de configuration. »<br />

Mais même si leurs projets sont plutôt internationaux,<br />

cela représente un danger pour les agences<br />

belges, vu que les budgets marketing et décisions<br />

com’ sont parfois tranchés au niveau international.<br />

« Beejee avait dans son escarcelle Fiat »<br />

explique Philippe Gelder. « Accenture gérait déjà<br />

tous leurs process en Europe, mais elle s’occupe<br />

aussi du digital pour tous les pays et toutes les<br />

marques de Fiat. Accenture leur a vendu l’idée<br />

d’une gestion internationale et nous a piqué la<br />

gestion des sites. Les agences perdent la main<br />

car elles n’ont pas interlocuteur à ce niveau très<br />

haut. » Mais d’autres experts ne sont pas effrayés :<br />

« Avant qu’ils changent leur nature et puissent<br />

faire de l’expérience créa sur Apple TV, ils en ont<br />

pour 50 ans ! » assure Brice Le Blévennec.<br />

OUTSOURCER OU ACQUÉRIR ?<br />

Ce talon d’Achille, la créativité, ne semble pourtant<br />

pas un obstacle infranchissable, vu qu’ils ne<br />

rechignent pas à acquérir cette compétence. Mais<br />

ces acquisitions feront-elles d’eux des acteurs<br />

plus crédibles ? Selon un ancien Senior Manager<br />

McKinsey, Frédéric Pivetta, partner de Real<br />

Impact Analytics: « Pour qu’une société soit<br />

optimale, elle doit bien préciser dans sa chaîne<br />

de valeur où se trouve le début et la fin de ses<br />

activités, et elle doit construire son avantage<br />

compétitif. » Et si elle veut se doter d’une nouvelle<br />

compétence, « l’idéal est de commencer par des<br />

tests, c’est toujours comme cela qu’on procède.<br />

On outsource une partie et si ça fonctionne, alors<br />

on peut faire une prise de participation et puis on<br />

développe la compétence en interne. »<br />

Mais la première piste ne convainc pas tout le<br />

monde. « Tout le monde peut tout faire si l’on<br />

soustraite ! A la fin ça ne veut plus rien dire ! C’est<br />

plus efficace d’acheter une entreprise. » Un argument<br />

contre l’acquisition ? « Il y a une création<br />

de valeur plus importante dans les activités de<br />

« Le secteur est<br />

déjà moribond.<br />

Les agences sont<br />

affaiblies. »<br />

– Philippe Gelder<br />

conseil, » poursuit Frédéric Pivetta, « ça a peu d’intérêt d’investir<br />

dans des sociétés qui en créent moins. Sur le process, il y a de<br />

la marge, mais on ne paye pas pour les idées. »<br />

Mais même si l’acquisition est profitable, d’autres problèmes<br />

se posent, notamment au niveau des ressources humaines.<br />

« Ce n’est pas la même culture, ils ont des seniors managers,<br />

des partners, ils ont des mentalités différentes des directeurs<br />

artistiques ! Accenture, c’est 150.00 personnes, plus que WPP<br />

ou Publicis, et 90.000 sont des IT en Inde ! » s’exclame Brice<br />

Le Blévennec. Wim De Craene reconnaît que le choc culturel<br />

a eu lieu il y a un an ou deux : « Maintenant ça fonctionne bien,<br />

l’intégration est plus facile : on cultive une culture ‘entrepreneurship’.<br />

Les juniors que nous recrutons ont ce mindset, en<br />

plus d’un côté business. » Mais c’est sans tenir compte des<br />

profils plus « instables » de cette génération Y. Philippe Gelder<br />

prévient : « Dans les boîtes de pub, ce sont des freelances. Les<br />

talents d’aujourd’hui ne sont plus intéressés par des full time<br />

à long terme, ils bossent par projet : il y a une uberisation de la<br />

profession. Il faut apprendre à gérer cela ! »<br />

Bref, ces boîtes de conseil ont des défauts et des atouts mais<br />

elles prennent leur place. « Le vrai problème est dans le business<br />

model des agences de pub, elles n’évoluent pas » constate<br />

le patron de Beejee. « La pub n’existe que depuis 60 ans, mais<br />

le secteur est déjà moribond. Les agences sont affaiblies et<br />

laissent la porte ouverte aux autres. Elles ont deux possibilités :<br />

soit elles s’intègrent dans des systèmes comme Accenture,<br />

soit comme Air, Mortier, elles mettent en avant la personnalité<br />

créatrice des dirigeants. Comme dans le secteur du luxe et de la<br />

mode, où il y a deux réseaux distincts : la créa et la distribution.<br />

Il faut mettre du style sur le contenu. L’agence doit devenir<br />

comme dans les restaurants : on va la pour la cuisine d’un tel<br />

chef, pour retrouver son style. »<br />

70 <strong>PUB</strong> 10-<strong>2015</strong>

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