july-2012

« Dans les années ’80, si l’on voulait inviter Hukwe Zawose
(chanteur d’Afrique de l’Est), il fallait que l’on appelle un bureau de
poste proche de chez lui à Dar es Salaam, » rappelle Henderson.
« Quelqu’un courait alors le chercher pour qu’il vienne au téléphone.
C’est incroyable que nous ayons pu l’obtenir sur scène. »
Co-fondateur du festival, l’artiste et grand défenseur de world
music Peter Gabriel le reconnaît : l’idée d’un festival multinational,
multimédia comme le WOMAD était alors novatrice.
« Aujourd’hui, les gens savent ce que c’est, » explique-t-il à b.spirit!
« Bien que beaucoup d’autres festivals se soient appropriés certaines
des nouveautés du WOMAD – comme le mélange sans frontière de
musiques, films, danses et cuisine du monde dans une ambiance
familiale et amicale – il y a cependant quelque chose de particulier
qui se passe au WOMAD, que je n’ai jamais vu ailleurs. »
Depuis ses débuts balbutiants, le festival a grandi, attirant des
spectacles et un public des quatre coins du globe, et organisant des
événements partout, de Seattle à Abu Dhabi.
Rien que cet été, le WOMAD monte des festivals à Cáceres en
Espagne et à Palerme en Sicile, des événements en Nouvelle-Zélande
et à Adélaïde, ainsi que le WOMAD Charlton Park, incarnation actuelle
de l’événement original qui aura lieu du 27 au 29 juillet, dans la
campagne anglaise du Wiltshire, près de Bristol.
La popularité des artistes s’est développée au même rythme que le
festival. Peter Gabriel explique que beaucoup d’artistes d’Afrique et
d’ailleurs reconnaissent avoir une sorte de dette envers le WOMAD. Et
il ajoute être fier d’avoir pu donner une audience de dimension
internationale à de grands performers tels que le Pakistanais Nusrat
Fateh Ali Khan ou le Sénégalais Youssou N’Dour.
Même satisfaction du côté des artistes.
Le chanteur sénégalais Baaba Maal s’est produit à plusieurs
reprises au festival, non seulement en Europe mais au WOMADelaide
en Australie.
« J’adore le WOMAD. Je me souviens avoir vu la plus belle des
femmes à Adélaïde, » raconte ce dernier, qui s’est également produit
l’an dernier au festival de Charlton Park. « Je me rappellerai cette
expérience toute ma vie. »
Bien sûr, les relations professionnelles du WOMAD ne se sont pas
toujours faites sans heurt.
Paula Henderson évoque à quel point, dans les premières années,
de nombreux musiciens avaient des attentes irréalistes quant à la
gloire et la fortune qu’ils pourraient connaître suite à une performance
live dans un pays occidental. « C’est quelque chose qui n’arrive plus,
cependant, » explique-t-elle. « Les artistes sont tellement plus au
courant des réalités aujourd’hui. »
Certains tentent d’obtenir l’asile dans le pays-hôte, une fois le
festival terminé. « Vous leur dites au revoir à l’aéroport, » raconte
Henderson, « puis vous recevez un coup de
téléphone où l’on vous dit qu’ils n’ont
jamais quitté le pays. »
C’est particulièrement éprouvant pour
les organisateurs : le WOMAD se porte
souvent garant du visa, pour que les
artistes puissent venir dans le pays, et il
est dont légalement responsable de leur
départ du territoire.
Elle se souvient avoir renvoyé au pays
les Tambours du Burundi, à un moment où la vie
en Afrique de l’Est était moins
paisible qu’aujourd’hui.
« C’était très difficile, » dit-elle. « Nous
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brussels airlines b.spirit b.spirit! magazine jul-aug
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devions les aider à rentrer chez eux. A la fin, nous savions, eux comme
nous, qu’ils devraient prendre l’avion. »
Heureusement, les plaisirs l’emportent largement sur les peines.
Henderson parle avec enthousiasme de l’événement prévu au Teatro
di Verdura, à Palerme, du 5 au 7 juillet, avec en vedette Seun Kuti, le
fils du légendaire musicien nigérian Fela Kuti, qui s’y produira avec le
groupe de son père défunt, Egypt 80.
Paula Henderson ne tarit pas d’éloges sur bon nombre de spectacles
attendus à Charlton Park, et plus particulièrement The Manganiyar
Seduction. Cet ensemble traditionnel indien se produira sur une
scène à plusieurs étages, composée de cabines individuelles illuminées.
Elle s’extasie aussi sur Juldeh Camara – « il est incroyable, autant en
solo que dans le groupe de Robert Plant » – ainsi que sur la star du
Mali, Boubacar Traoré – « un vrai son de blues africain ; c’est la
première fois que nous obtenons sa présence à un festival ; il va être
formidable » – ou encore le joueur de kora guinéen Sekou Kouyate –
« tout simplement fantastique. »
Elle reconnaît aussi que le public a grandi avec eux, et que de
nombreux teenagers qui avaient assisté aux concerts de la première
heure continuent à venir, même s’ils ont aujourd’hui atteint l’âge mûr.
« Mais nous avons également commencé à attirer un public plus
jeune, grâce à des gens comme Damon Albarn (rock star anglaise et
défenseur de la musique malienne). Les gens semblent aussi plus
ouverts, ils voyagent davantage, ils sont beaucoup plus réceptifs à
d’autres types de musique. »
Une ouverture d’esprit que l’on peut sans doute attribuer en partie
aux programmations universelles du WOMAD.
WOMAD Charlton Park, Wiltshire (près de Bristol), Angleterre,
27–29 juillet, womad.org
Wereldconcert
Europa’s belangrijkste wereldmuziekfestival viert zijn 30 ste verjaardag
Volgens huidig artistiek directrice Paula Henderson was het allereerste
WOMAD festival “een regelrechte ramp.”
“Iedereen kwam, maar niemand kocht een ticket”. Henderson
herinnert zich hoe in 1982 een affiche met stadiumrockers en
Afrikaanse sterren een volledig publiek indringers naar een
festivalweide middenin het West-Engelse platteland bracht.
Er is veel veranderd sinds WOMAD (World of Music, Arts and Dance)
werd opgericht. Dertig jaar geleden zouden weinig Europese luisteraars
ook nog maar gehoord hebben van de weinige groepen en zangers uit
Sub-Saharisch Afrika die het maken.
“Er gingen toen veel minder mensen op vakantie naar Afrika en
uiteraard was er geen sprake van online muziek”, aldus Henderson. “Het
hele festival bracht een shock teweeg in het systeem”. Zelfs het boeken
van artiesten is opmerkelijk veranderd. “Toen we in de jaren tachtig [de
Oost-Afrikaanse muzikant] Huwke Zawose wilden, dienden we te bellen
naar een postkantoor dicht bij zijn woonplaats in Dar es Salaam”,
herinnert ze zich. “Vervolgens ging iemand hem halen en even later
hing hij aan de telefoon.”
Vandaag de dag heeft het festival zich uitgebreid en richt overal
events in, gaande van Seattle tot Abu Dhabi. Deze zomer zijn er events
gepland in Cáceres (Spanje) en Palermo (Italië) alsook in Nieuw-Zeeland
en Adelaide en een WOMAD in het Charlton Park, de huidige incarnatie
van het oorspronkelijke festival in Wiltshire, nabij Bristol.
Henderson is laaiend enthousiast over het event in het Teatro di
Verdura (Palermo) waar Seun Kuti, zoon van de legendarische
Nigeriaanse muzikant Fela Kuti, optreedt. Ze spreekt opgewonden over
de artiesten die werden geboekt voor het event in het Charlton Park,
waaronder The Manganiyar Seduction, een Indisch folk ensemble.
Ze looft Juldeh Camara – “hij doet ongelooflijke dingen, als soloartiest
maar eveneens als bandlid van Robert Plant, net zoals de Malinese ster
Boubacar Traoré – “bekend om zijn ontegensprekelijke Afrikaanse
bluessound ” en de Guineese koraspeler Sekou Kouyate – “die
gewoonweg super is.”