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Thérapeutique endodontique. Ensemble ... - Belbacha Dental

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<strong>Thérapeutique</strong> <strong>endodontique</strong>. <strong>Ensemble</strong> desmodontocémento-osseux.<br />

Désinfection et parage canalaires.<br />

J.C. Hess : Professeur<br />

E. Médioni : Assistant<br />

Recommander cet article<br />

G. Vené : Ancien Assistant<br />

Département d'odontologie conservatrice de la faculté de chirurgie dentaire de Nice France<br />

23-035-E-10 (1990)<br />

Résumé<br />

Le traitement conservateur d'une dent atteinte de gangrène pulpaire, avec ses complications<br />

desmodontales inévitables, est une intervention qui consiste dans la suppression définitive,<br />

chirurgicale et médicamenteuse, du foyer infectieux et nécrotique ; elle permet la cicatrisation du<br />

desmodonte et de l'os alvéolaire ainsi que la fermeture cémentaire de l'apex.<br />

©1990 Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS - Tous droits réservés.<br />

EMC est une marque de Elsevier SAS.<br />

Plan<br />

Historique<br />

Préambule<br />

Principes du traitement des gangrènes pulpaires<br />

Règle thérapeutique<br />

Parage canalaire proprement dit<br />

Désinfection canalaire<br />

Maintien de la désinfection. L'obturation canalaire<br />

Autres méthodes (6) de traitement des gangrènes pulpaires<br />

Interventions<br />

Evolution - Pronostic<br />

Historique<br />

Haut de page<br />

Le traitement le plus simple, le plus expéditif, le plus radical et le premier en date à avoir été pratiqué<br />

est l'extraction. L'élimination du foyer est totale, en principe, mais pas sans risques. Or, la perte d'une<br />

dent n'est plus considérée maintenant comme négligeable ni par le public ni par les praticiens. La<br />

chirurgie n'est plus seulement celle des amputations.<br />

Aussi a-t-on cherché depuis plusieurs décennies à soigner et à conserver les dents infectées. Mais le<br />

traitement s'avère toujours délicat car, en intervenant sur le foyer infectieux primaire (la gangrène), on<br />

risque à tout moment de réveiller le secondaire (la desmodontite). Pendant longtemps ce fut la<br />

hantise de nos prédécesseurs, et la lecture des ouvrages anciens montre bien cette crainte et les<br />

infinies précautions que les opérateurs prenaient vis-à-vis de telles dents.<br />

C'est l'action conjuguée du développement des pratiques aseptiques et de l'apparition de nouveaux<br />

médicaments antiseptiques, antibiotiques et anti-inflammatoires, associée à une augmentation<br />

importante des connaissances des processus physiologiques, pathologiques et cicatriciels<br />

(microbiologiques et biochimiques en particulier), qui a permis la vulgarisation des thérapeutiques<br />

conservatrices. Il y a trente ans encore, un tel traitement posait des problèmes ; aujourd'hui, on le<br />

pratique couramment.<br />

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Préambule<br />

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Il faut faire une différence entre conservation totale ou partielle du desmodonte et la conservation de<br />

la dent, bien qu'il puisse y avoir superposition, en effet :<br />

conservation totale de la dent, avec simplement ablation du tissu pulpaire infecté<br />

C'est un traitement strictement canalaire, une sorte de pulpectomie de pulpe gangrenée, et qui<br />

revient à faire un coiffage du desmodonte comparable au coiffage pulpaire ;<br />

conservation partielle de la dent<br />

Le traitement canalaire est insuffisant, ou risque de l'être ; on le complète par l'élimination chirurgicale<br />

d'une partie de la racine ou de sa totalité (si la dent est bi- ou pluriradiculée). A cela correspond le<br />

curetage apical avec résection apicale et l'amputation radiculaire (apicectomie et radicectomie) ;<br />

impossibilité de conservation de la dent<br />

C'est l'extraction.<br />

De ces quatre interventions, seulement les trois premières ont vraiment leur place dans un ouvrage<br />

d'endodontie, c'est-à-dire de traitements conservateurs ; la toute première constitue, par excellence,<br />

le traitement conservateur.<br />

Le traitement conservateur des desmodontites est en fait un traitement étiologique : il consiste dans<br />

la suppression de sa cause. La cause est une gangrène pulpaire, le traitement lésionnel d'une<br />

gangrène pulpaire constitue le traitement étiologique d'une desmodontite.<br />

C'est la loi du déterminisme proposée à l'envers : supprimer la cause supprime l'effet.<br />

Après la désinflammation du desmodonte par le traitement de la gangrène pulpaire, on assiste à une<br />

reprise de la vie normale de celui-ci, à condition que le traitement de la gangrène n'engendre pas<br />

d'irritation durable du desmodonte, une irritation passagère retardant seulement le retour à la vie<br />

normale, c'est-à-dire la cicatrisation.<br />

La cicatrisation du desmodonte permet à celui-ci de reprendre ses fonctions habituelles : la<br />

proprioception, bien sûr, mais surtout la cémentogenèse et l'ostéogenèse. S'il n'y a pas d'obstacle,<br />

l'orifice apical finit par s'oblitérer complètement par du cément, et l'os détruit par l'inflammation et par<br />

le développement du granulome se reconstruit, comblant la perte de substance.<br />

Ainsi, traiter une desmodontite revient à traiter la gangrène pulpaire, quelle que soit sa variété.<br />

Principes du traitement des gangrènes pulpaires<br />

Haut de page<br />

Le traitement conservateur des gangrènes pulpaires, et des desmodontites qui les compliquent,<br />

consiste à :<br />

- éliminer les tissus gangrenés (nécrosés et infectés) et à désinfecter toute la cavité pulpaire pour la<br />

stériliser ;<br />

- rendre impossible la vie et le développement des germes qui pourraient persister ;<br />

- rendre impossible le développement ultérieur de toute nouvelle flore microbienne dans cette cavité.<br />

Reprenons plus en détail ces trois termes du traitement.<br />

Supprimer la gangrène<br />

C'est supprimer :<br />

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- l'infection et les tissus nécrosés ;<br />

- les microbes et ce que les microbes ont engendré directement :<br />

- les toxines microbiennes ;<br />

- les enzymes ;<br />

ou indirectement, à savoir :<br />

- les résultats de l'action enzymatique sur les tissus mous et les parties organiques des tissus durs :<br />

- les sous-produits microbiens et les résultats de la glycolyse et de la protéolyse<br />

principalement ;<br />

- les tissus nécrosés :<br />

Il faut donc supprimer :<br />

- parenchyme pulpaire ;<br />

- prédentine ;<br />

- contenu des canaux secondaires et deltaïques ;<br />

- contenu des canalicules dentinaires morts : fibres de Tomes et couche immature des<br />

tubuli.<br />

- des éléments microscopiques : les microbes ;<br />

- des corps chimiques : toxines, enzymes, produits de dégradation, c'est-à-dire des molécules allant<br />

des plus complexes jusqu'aux plus simples (H 2 O, CO 2 , NH 3 ,...) ;<br />

- des tissus morts : détruits en partie (de un peu à beaucoup), ou en totalité (pulpolyse), donc une<br />

matière organique, de dimension macroscopique cette fois-ci, et cela dans un canal principal de 1 à 2<br />

millimètres de diamètre sur lequel s'ouvrent des canaux secondaires de 30 à 200 microns de<br />

diamètre et des canalicules de 1 à 3 microns de diamètre.<br />

Quels moyens pour " supprimer " ?<br />

- Pour " ôter " ce qui est macroscopique : il faut un outil, un instrument, celui-ci doit être adapté à la<br />

dimension du site de travail ; à cette fin, on dispose d'instruments dont les plus étroits ont un diamètre<br />

de 0,08 mm. C'est possible pour le canal principal ; pour les canaux secondaires, s'ils sont<br />

accessibles aux instruments et si leur diamètre est supérieur à 0,08 mm ; or il y en a de plus fins et<br />

beaucoup ne sont pas mécaniquement accessibles.<br />

- S'il y a impossibilité d'" ôter " avec des instruments, c'est-à-dire mécaniquement, il faut un autre<br />

procédé pour " supprimer " ; on fait alors appel à une action chimique qui détruit les tissus morts, à<br />

moins qu'elle ne les fixe à tout jamais. Il faut aussi que cette chimie détruise :<br />

- les microbes ;<br />

- les corps chimiques microbiens et sous-microbiens, ou mieux évite la formation de ces<br />

corps.<br />

Donc la suppression des gangrènes doit être double :<br />

- instrumentale, mécanique, c'est le curetage, le " parage canalaire " ;<br />

- chimique, c'est la " désinfection ".<br />

Parage canalaire et désinfection peuvent très bien être associés ; dans le temps, cette association<br />

peut être simultanée ou bien l'une suivra ou précédera l'autre.<br />

Rendre impossible la vie et le développement des germes qui pourraient persister<br />

Aussi parfaite que soient les actions chirurgicales et chimiques préconisées précédemment, il est<br />

possible que la perfection ne soit pas atteinte.<br />

S'il est bien exécuté la première fois, un deuxième parage n'est pas nécessaire ; mais l'action<br />

chimique peut être renouvelée si l'on pense qu'elle n'a pas bien porté dans les espaces les plus<br />

reculés, ou si l'activité chimique ne semble pas la plus totale ;<br />

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- d'où la possibilité d'une deuxième séance de désinfection ;<br />

- d'où, mieux encore, la nécessité de procédés désinfectants qui atteignent les germes partout, à<br />

l'intérieur de la cavité <strong>endodontique</strong>.<br />

Rendre impossible le développement de toute nouvelle flore<br />

Quelle nouvelle flore si la désinfection a été bien faite ?<br />

Celle qui peut provenir d'une extrémité ou de l'autre de la cavité pulpaire.<br />

Du côté apical, tout état bactériémique dans la circulation sanguine du desmodonte peut autoriser<br />

une fixation anachorétique des germes dans le canal ; pour l'éviter, une fermeture cémentaire est<br />

souhaitable, mais la cémentogenèse est lente ; elle n'est possible au mieux que quelques années<br />

après l'intervention. Faut-il encore que la cémentogenèse ne trouve pas d'obstacles !<br />

La fermeture apicale peut être obtenue rapidement, immédiatement par un artifice " prothétique " :<br />

c'est l'obturation canalaire pratiquée avec un matériau a priori quelconque. Pour obturer l'extrémité<br />

apicale du canal, l'accès à celui-ci fait que l'on est amené à obturer toute la longueur du canal.<br />

Cette obturation peut jouer un rôle de coiffage par rapport au desmodonte.<br />

Cette fermeture apicale " prothétique " ne doit gêner en rien la fermeture apicale " biologique "<br />

cémentaire ; ce n'est pas si facile !<br />

Faut-il encore que l'obturation canalaire soit parfaitement adaptée aux parois dentinaires et qu'il<br />

n'existe pas un hiatus entre le matériau et le tissu minéralisé. Dans le cas contraire, la fixation<br />

microbienne anachorétique est possible. De même, le contenu nécrosé et mal fixé des canalicules<br />

peut s'écouler par ce hiatus, du canal vers le périapex.<br />

Du côté coronaire, même problème d'herméticité de l'obturation coronaire après la canalaire. En cas<br />

d'échec, la flore microbienne buccale peut atteindre le périapex et maintenir un " microbisme latent "<br />

qui n'est plus tolérable aujourd'hui.<br />

Ainsi traitée selon cette triple exigence, la gangrène pulpaire disparaît définitivement. Le pronostic<br />

doit être bon du " court " ou " long terme ". En conséquence, la désinflammation et la cicatrisation du<br />

desmodonte sont aussi définitives. Toutefois, il faut, dès à présent, souligner quelques points.<br />

Comme pour le traitement des pulpites, celui de la gangrène pulpaire et de la desmodontite<br />

concomitante repose sur la notion de terrain et de " bilan biologique ", en tenant compte de<br />

l'étiopathogénie. En l'occurrence, ce bilan est celui de deux éléments : la pulpe gangrenée et le<br />

desmodonte enflammé.<br />

Le " bilan biologique " de la gangrène résulte de l'étude du catabolisme pulpaire et de la forme de<br />

gangrène : ouverte, fermée, etc.<br />

Le " bilan biologique " du desmodonte résulte de l'étude des diverses agressions (des germes et des<br />

produits de désintégration pulpaire, des facteurs iatrogènes...), mais aussi des réactions qu'elles<br />

déclenchent (inflammatoires, immunologiques et tissulaires).<br />

Le succès du traitement conservateur dépend de la somme d'agressions et de réactions enregistrées<br />

par le desmodonte. Il faut se souvenir que, pour les desmodontites, comme pour les pulpites,<br />

beaucoup d'agressions sont iatrogènes et beaucoup d'échecs le sont aussi ; les causes iatrogènes<br />

peuvent être souvent évitées. Il ne faut pas oublier non plus l'âge du malade et l'ancienneté de la<br />

gangrène et de la desmodontite.<br />

Il faut tenir compte aussi d'une pathologie desmodontale préexistante (parodontite, surcharge<br />

occlusale ou inocclusion).<br />

Un dernier point à préciser, mais capital : on ne peut soigner définitivement la gangrène que si la<br />

desmodontite est en évolution chronique, c'est-à-dire " à froid ".<br />

Si elle se présente " à chaud ", il faut la refroidir.<br />

La raison en est que le traitement a pour effet le plus souvent de réchauffer l'inflammation du<br />

desmodonte, et intervenir à chaud occasionnerait une réaction excessive et dangereuse avec un<br />

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desmodonte, et intervenir à chaud occasionnerait une réaction excessive et dangereuse avec un<br />

risque de diffusion septique maximale.<br />

Règle thérapeutique<br />

Haut de page<br />

La thérapeutique doit porter sur le parenchyme gangrené catabolisé ainsi que sur les microorganismes,<br />

en tenant compte des réactions immunologiques que la diffusion de l'infection au-delà<br />

de l'apex a pu ou non faire naître. Ces différentes actions sont généralement associées et peuvent se<br />

favoriser l'une l'autre.<br />

Le traitement de la gangrène pulpaire est absolument calqué dans ses principes sur la chirurgie des<br />

plaies infectées :<br />

- au nettoyage de la plaie, à son épluchage ou son curetage correspond le parage canalaire ;<br />

- la désinfection est pratiquée dans tous les cas ;<br />

- l'obturation canalaire est assimilable à la suture.<br />

Ainsi :<br />

- quand on pratique le " parage " d'une plaie infectée, on élimine chirurgicalement les tissus nécrosés<br />

et infectés jusqu'à ce que la plaie apparaisse propre ;<br />

- ensuite, on lave la plaie avec une solution désinfectante non irritante ; on l'irrigue ;<br />

- enfin, on suture la plaie, pour que les tissus sous-jacents, enflammés par la nécrose et l'infection, à<br />

nouveau isolés du milieu infectant ambiant, cicatrisent et retrouvent leurs fonctions habituelles et<br />

normales.<br />

Ces trois séquences du traitement chirurgical d'une plaie infectée se retrouvent dans le traitement<br />

chirurgical d'un canal radiculaire infecté, rempli de pulpe gangrenée.<br />

On pratique le " parage " du canal infecté. Chirurgicalement, à l'aide d'instruments divers, on élimine<br />

tous les tissus mous nécrosés et infectés jusqu'à la mise à nu complète de la surface dentinaire de la<br />

paroi canalaire, qui doit devenir dure et propre. Ce parage est d'ailleurs associé à un geste de<br />

pénétration des instruments dans toute la longueur du canal pour atteindre son extrémité, après<br />

l'avoir élargi si besoin.<br />

On lave, on irrigue le canal avec une solution désinfectante, non irritante si possible.<br />

Pour isoler le tissu enflammé du milieu extérieur infectant, c'est-à-dire pour isoler le desmodonte<br />

enflammé, on obture le canal avec une substance qui joue le rôle de suture, de coiffage du<br />

desmodonte au niveau de l'orifice apical, principalement.<br />

Ces trois séquences,<br />

pénétration + désinfection + obturation<br />

canalaires constituent le principe même de cette intervention nommée le plus souvent " parage<br />

canalaire ", du nom de l'étape chirurgicale dominante de l'intervention. Mais on pourrait autant<br />

l'appeler " désinfection canalaire ", du nom de l'étape médicale dominante de l'intervention, d'où notre<br />

choix : " désinfection et parage canalaires ".<br />

Cette triade peut être constituée d'étapes tout à fait indépendantes les unes des autres. Mais on sait<br />

déjà que les techniques de pénétration et d'obturation sont jumelées et indissociables ; de plus ces<br />

trois étapes peuvent être aussi dominées par un souci de désinfection ; on aura ainsi une pénétration<br />

désinfectante et une obturation désinfectante. Enfin, on verra que si cette désinfection constitue un<br />

dénominateur commun à l'intervention, il y a intérêt à rechercher que ce dénominateur soit bel et bien<br />

commun, c'est-à-dire homogène, constitué par le même agent désinfectant plutôt que par une série<br />

de substances qui risquent souvent d'être différentes dans leurs effets, de se neutraliser, voire de se<br />

contrarier.<br />

Parage canalaire proprement dit<br />

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Il a le double mérite de se situer là où existe la plus forte concentration de germes (fig. 1) et d'ouvrir<br />

les canalicules pour qu'une action médicamenteuse puisse porter sur les micro-organismes qui y ont<br />

pénétré, et sur les prolongements odontoblastiques nécrosés.<br />

On doit éliminer :<br />

- la pulpe gangrenée, ou ce qu'il en reste ;<br />

- la prédentine sur laquelle est tout spécialement fixée la plus forte concentration de germes du canal,<br />

de façon à obtenir une surface dentinaire dure présentant une ouverture propre et nette des orifices :<br />

- des canalicules dentinaires ;<br />

- des canaux secondaires, et tout spécialement des pulpoparodontaux ;<br />

- des canaux deltaïques de la région apicale.<br />

Sur ces points, mais dans une optique différente, le parage contient les mêmes exigences que celles<br />

que l'on a définies pour les pulpectomies (fig. 2).<br />

L'action de parage est instrumentale ; elle doit porter sur toute la longueur du canal, de son orifice<br />

caméral à l'orifice apical.<br />

L'instrumentation a des dimensions minimales pour posséder les qualités mécaniques exigées par le<br />

parage, c'est-à-dire le grattage et le ramonage des parois dentinaires du canal.<br />

Le canal a son diamètre, variable selon les niveaux, plus étroit vers l'apex, encombré de matières<br />

nécrosées, et d'un dessin qui ne possède pas toujours la rectitude de l'instrument, bien que celui-ci<br />

possède une souplesse qui lui permet de franchir des courbures et des obstacles. Donc, comme pour<br />

une pulpectomie, il faut faire la place pour l'instrument de ramonage.<br />

La pénétration du canal doit précéder son parage<br />

Cette pénétration doit, entre autres :<br />

- éviter tout refoulement de débris gangrenés dans le desmodonte ;<br />

- et toute blessure de celui-ci.<br />

Parmi les instruments à canaux, de par sa conception et sa forme, la broche convient le mieux à la<br />

pénétration.<br />

On peut ne pas attendre d'avoir pénétré et élargi entièrement le canal pour ramoner ses parois.<br />

Il est possible d'alterner les instruments de pénétration et de parage de même calibre. Ainsi, on<br />

pourra passer une broche 15 puis un racleur de Hedström 15, ensuite une broche 20 et un racleur<br />

20, et ainsi de suite... Le ramonage en retour facilite la pénétration de la broche suivante, en<br />

agrandissant la lumière canalaire, en libérant progressivement les matières organiques nécrosées qui<br />

peuvent faire bouchon.<br />

On procède ainsi jusqu'à obtenir la sensation d'agir latéralement sur des parois dures, et jusqu'à ce<br />

que l'on ne ressorte plus de tissu nécrosé.<br />

Cette action mécanique peut être accompagnée d'un début d'irrigation. La solution désinfectante, par<br />

sa composition et sa décomposition, peut entraîner la formation de gaz, de bulles qui facilitent<br />

l'élimination remontée de débris gangrenés et dentinaires vers la chambre pulpaire. Cela est un<br />

avantage, mais pas une obligation.<br />

Le parage est terminé quand, en plus de la sensation de paroi dure, le praticien constate la fin de<br />

l'élimination d'irrigant pollué. Ce test clinique demeure valable, même si à une échelle microscopique<br />

il demande à être commenté (voir plus loin).<br />

En effet, dans le sens longitudinal, les orifices de canalicules dentinaires et des canaux secondaires<br />

pulpo-parodontaux doivent être béants, séparés par de la dentine intercanalaire dure, sans<br />

prédentine.<br />

Cette béance a un double but :<br />

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Cette béance a un double but :<br />

- permettre aux substances désinfectantes de pénétrer dans les canalicules et canaux accessoires<br />

pour détruire les germes qui les ont largement envahis ;<br />

- permettre, dans un deuxième temps, à la matière obturatrice canalaire (suture du desmodonte) de<br />

les obturer hermétiquement, voire d'y constituer un microclavetage, hermétique, et rétentif au besoin ;<br />

- enfin, au niveau apical, l'estuaire ou le delta canalaire doit aussi être bien paré et mis en forme pour<br />

les mêmes raisons, mais dans le sens transversal, et non plus longitudinal.<br />

Il convient d'examiner successivement ce qui se passe à ces trois niveaux.<br />

Devenir des canalicules dentinaires<br />

Les germes infestent la dentine, ils envahissent les canalicules qui constituent des systèmes clos<br />

propices à leur développement : chaleur, humidité, existence d'un substrat organique, rareté en<br />

oxygène favorable aux anaérobies.<br />

Les enzymes microbiennes attaquent les prolongements cytoplasmiques des odontoblastes morts et<br />

la couche péricanaliculaire de dentine immature. Un phénomène nécrotique s'installe.<br />

Etant donné que, même s'ils s'anastomosent entre eux, les canalicules sont borgnes et n'ont de seul<br />

orifice que canalaire, les microbes, leurs toxines et les sous-produits du métabolisme microbien se<br />

déversent nécessairement dans le canal radiculaire.<br />

Ouvrir totalement les orifices canaliculaires permet à des substances désinfectantes, gazeuses ou<br />

détergentes (pour des liquides à basse température superficielle) de détruire la flore microbienne<br />

intracanaliculaire et d'arrêter la production des sous-produits. Il convient de s'assurer que les<br />

médicaments d'irrigation et de désinfection pénètrent bien dans la dentine.<br />

De plus, il convient de colmater hermétiquement les canalicules avec une matière obturatrice, pour<br />

arrêter tout déversement septique ultérieur dans le canal radiculaire.<br />

On aborde ainsi un problème très étudié actuellement mais pas toujours avec la méthode<br />

convenable, hélas ! En effet, beaucoup d'auteurs mélangent deux problèmes :<br />

- les procédés mécaniques de parage canalaire :<br />

- manuels,<br />

- motorisés,<br />

- soniques,<br />

- ultrasoniques,<br />

- dont l'efficacité varie de l'un à l'autre ; quel est le meilleur ? Pour pénétrer le canal ? Pour lui donner<br />

la meilleure forme ? Le meilleur dessin ? ;<br />

- les solutions chimiques servant à l'irrigation.<br />

En effet, il y a souvent simultanéité des deux actions et les résultats de l'étude en microscopie<br />

électronique à balayage de la surface de la paroi dentinaire sont souvent difficiles à interpréter.<br />

La microscopie électronique à balayage a révélé la persistance habituelle, après des résultats<br />

cliniques satisfaisants, d'une fine couche de " boue " formée de débris dentinaires et pulpaires ("<br />

smear layer "), qui obstrue en partie les orifices des canalicules et qui constitue une épaisseur qui<br />

s'interpose entre la dentine et la matière obturatrice canalaire (fig. 3).<br />

Il convient de chercher quelle technique de parage, mais aussi, par ailleurs, quelle solution d'irrigation<br />

supprimera la persistance de cette boue, pour trouver enfin quelle sera la meilleure association "<br />

procédé mécanique de préparation canalaire " - " procédé chimique d'irrigation désinfectante et<br />

détergente ".<br />

Actuellement, la combinaison EDTA - CIONa semble apporter, au moins in vitro, des résultats<br />

satisfaisants (Baumgartner et Mader, White et Goldman). L'acide perchlorique aussi (Caradonna) (fig.<br />

4).<br />

La réponse une fois connue, il sera possible alors d'envisager plus sereinement la désinfection<br />

dentinaire et l'obturation hermétique des canalicules, peut-être même avec microclavetage de la<br />

matière obturatrice (White et Goldman).<br />

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Compte tenu des connaissances actuelles sur le collage amélodentinaire pour les restaurations<br />

coronaires en résines composites, on peut penser aisément que c'est vers ces " colles " dentinaires<br />

qu'il faudra diriger les recherches pour trouver la matière obturatrice canalaire la plus idoine. En fait,<br />

que ce soit au niveau de la couronne ou de la racine, la dentine est à peu près toujours la même<br />

chose et possède la même morphologie.<br />

Il n'y a pas encore de solution définitive au problème, bien que l'on doive en être très proche.<br />

Devenir des canaux accessoires pulpo-parodontaux<br />

Les cliniciens ont fait des constations depuis longtemps.<br />

Quand, à la suite d'une gangrène, il existe à l'extrémité apicale d'une racine un granulome, ce qui est<br />

très fréquent, il est très rare de constater l'existence d'un granulome latéro-radiculaire (fig. 5A).<br />

Pourtant, de très nombreux auteurs ont montré l'existence des canaux radiculaires accessoires<br />

pulpo-parodontaux, sans parler des interradiculaires. Même si de leurs travaux on tire des<br />

conclusions très différentes sur la fréquence de ces canaux, on peut affirmer qu'au moins 15 % à 20<br />

% des racines présentent de tels canaux.<br />

Or, on est loin de trouver une telle fréquence de granulomes latéro-radiculaires (4,4 % selon Nicholls)<br />

par rapport à celle des granulomes apicaux. Il existe une grande différence ; d'où provient-elle ?<br />

Quand il existe un granulome latéro-radiculaire, il est possible de voir radiographiquement le canal<br />

accessoire auquel il est abouché. Souvent aussi on procède à l'obturation de ce canal, en agissant<br />

par pression sur la pâte obturatrice, à l'aide d'un cône de gutta bien ajusté ; la pâte fuse alors dans le<br />

canal, et même un peu au-delà ; de même pour la gutta ramollie par la chaleur (obturation<br />

tridimensionnelle de Schilder). La matière obturatrice qui comble le canal accessoire est radiovisible<br />

et le canal est alors bien mis en évidence. On constate alors que le diamètre de ce canal est<br />

important, au moins 150 à 200 microns, ce qui est un peu supérieur à la définition des films<br />

radiographiques dentaires habituels, et très gros pour un canal accessoire (fig. 5A). Après cette<br />

obturation, le granulome latéro-radiculaire disparaît ; son image radiographique met plusieurs mois à<br />

ne plus être visible, comme pour un granulome apical (fig. 5B).<br />

Tout cela signifie que le tissu contenu dans le canal secondaire était gangrené.<br />

Mais que se passe-t-il pour les autres cas, où les canaux pulpoparodontaux qui existent et que l'on<br />

ne décèle pas débouchent sur un canal principal gangrené (15 à 20 % d'un côté, 4,4 % de l'autre) ?<br />

Deux recherches personnelles apportent une réponse.<br />

Avec Culieras et Lambiable, en étudiant les orifices des canaux radiculaires à l'aide de la microscopie<br />

électronique à balayage, nous avons montré que, si ces orifices sont altérés quand ils plongent dans<br />

le tissu granulomateux (fig. 6), les orifices situés en dehors de l'insertion du granulome (donc en<br />

desmodonte sain) ne laissent pas supposer que le canal radiculaire principal puisse être gangrené<br />

(fig. 6). En effet, on note des aspects normaux ; on trouve :<br />

- aussi bien des orifices ouverts et totalement indemnes de résorption ;<br />

- que des orifices partiellement ou totalement obturés par une minéralisation cémentaire.<br />

Cela signifie qu'en dehors des canaux infectés, autour des orifices desquels s'installe le granulome,<br />

les contenus des autres canaux accessoires ne sont pas gangrenés puisque le desmodonte n'est pas<br />

enflammé à leur niveau par une éventuelle diffusion septique ; bien plus, il y a oblitération par<br />

minéralisation cémentaire.<br />

En dehors de la zone infectée, la vie est normale dans le desmodonte (fig. 6).<br />

En conclusion, en cas de gangrène pulpaire sur une même dent, sur une même racine, l'état des<br />

divers canaux accessoires est différent, il y a hybridité des états des contenus des canaux pulpoparodontaux<br />

.<br />

Une étude en histologie photonique, que nous venons de réaliser avec Auzias, Médioni, Monginot et<br />

Vené, a montré, en cas de gangrène et au-delà de la zone d'insertion du granulome, une<br />

dégénérescence plus qu'une destruction du tissu contenu dans les canaux pulpo-parodontaux, et une<br />

apposition cémentaire pariétale et orificielle (fig. 7).<br />

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apposition cémentaire pariétale et orificielle (fig. 7).<br />

Au niveau des orifices et du contenu, la gangrène ne s'étend pas dans les canaux pulpo-parodontaux<br />

(fig. 7).<br />

Par ailleurs, il faut noter que les diamètres de ces canaux non infectés sont relativement étroits, entre<br />

20 microns et 80 microns (hélas invisibles à la radiographie). La gangrène ne diffuserait donc qu'en<br />

cas de canaux larges (200 microns et plus) ; y a-t-il un facteur dimensionnel favorisant qui pourrait<br />

ressembler au phénomène de la capillarité et à l'application des lois de Jurin dans des canaux jouant<br />

le rôle de tubes capillaires ? Hypothèse troublante !<br />

Mais ce que montre la microscopie, la clinique ne le montre pas, sauf pour les deux constations<br />

énoncées au début.<br />

Cela explique :<br />

- pourquoi les traitements <strong>endodontique</strong>s ne portant que sur le tronc de l'arbre canalaire sont<br />

cliniquement couronnés de succès, après pulpectomies et surtout après des traitements de<br />

gangrènes pulpaires ;<br />

- pourquoi il est tout à fait inutile, voire dangereux de vouloir obturer à tout prix les canaux<br />

accessoires pulpo-parodontaux. On risque de détruire le tissu vivant, contenu dans le canal,<br />

susceptible d'autoriser dans le desmodonte la cémentogenèse au niveau des orifices ;<br />

- toutefois, une action médicamenteuse peut être possible, si elle n'altère pas non plus ce tissu ;<br />

- pourquoi aussi cette hybridité inconnue et invisible, associée à l'ignorance radioclinique de la<br />

fermeture cémentaire, laisse un doute sur le risque d'une éventuelle diffusion septique dans le<br />

desmodonte et dans l'organisme, d'où la discussion sur la possibilité de conserver les dents<br />

dépulpées et de traiter les gangrènes pulpaires en cas d'infection focale grave ;<br />

- pourquoi il faut à tout prix trouver les procédés, mécaniques et chimiques, qui permettront une<br />

obturation hermétique des canaux. C'est le même problème que pour les canalicules, à cela près que<br />

si ceux-ci sont borgnes, ceux-là (les canaux pulpoparodontaux) sont ouverts sur l'organisme et<br />

permettent théoriquement une diffusion septique.<br />

En attendant cela, l'endodontie a une épée de Damoclès sur la tête !<br />

Situation à l'apex<br />

A la zone d'inflammation chronique du desmodonte, simple ou granulomateuse, correspond l'orifice<br />

apical du canal radiculaire infecté, unique comme un estuaire ou en forme de delta (fig. 6B1).<br />

Dans le desmodonte, vis-à-vis de l'orifice canalaire, se trouve le maximum d'inflammation au point<br />

d'en causer une petite nécrose, certes limitée en étendue et en profondeur ; sous elle, il y a le tissu<br />

de granulation. C'est une région particulièrement infectée, l'infection est ainsi périapicale.<br />

Le parage mécanique du canal n'intervient pas au-delà de l'extrémité du canal. Beaucoup de<br />

cliniciens ont cherché jadis à désinfecter le " périapex ", par la diffusion de substances désinfectantes<br />

les plus diverses, et à stériliser définitivement cette région en y faisant déborder des matières<br />

obturatrices canalaires constituées elles-mêmes d'antiseptiques ou d'antibiotiques.<br />

- C'était remettre au seul médicament le pouvoir désinfectant.<br />

- C'était prendre le risque que ce médicament n'altère le tissu de granulation desmodontal, donc<br />

entretienne son caractère inflammatoire et gêne son potentiel cicatriciel et réparateur.<br />

- C'était oublier le rôle naturel du tissu enflammé et infecté pour lutter par ses propres moyens contre<br />

les germes, leurs sous-produits et les résidus nécrotiques.<br />

Si donc on fait confiance à la nature (et il le faut !) et aux capacités de défense de l'organisme, on<br />

peut comprendre aisément que l'infection canalaire supprimée, c'est-à-dire la cause de l'inflammation<br />

desmodontale supprimée, le " périapex se débrouille tout seul pour guérir ". Donc il n'y a pas lieu de<br />

désinfecter le périapex : aucun médicament ne doit être porté dans le desmodonte sous quelque<br />

forme que ce soit (gaz ou vapeurs, solutions ou pâtes) ; tous ont un rôle plus ou moins néfaste par<br />

rapport au tissu périapical ; ils retardent, momentanément ou à jamais, la cicatrisation du<br />

desmodonte et de l'os alvéolaire.<br />

Dans les bonnes conditions, on assiste dans le région apicale à une cicatrisation de deuxième<br />

intention par bourgeonnement : l'espace mort, redevenu stérile, est comblé par le tissu de<br />

bourgeonnement du desmodonte (fig. 8).<br />

Ce tissu peut même s'invaginer un peu dans l'orifice canalaire, sans pour autant réoccuper tout le<br />

canal vide qui par ailleurs sera in fine obturé avec un matériau.<br />

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canal vide qui par ailleurs sera in fine obturé avec un matériau.<br />

La matière obturatrice, par sa présence et sa composition, constitue, vis-à-vis du tissu de granulation<br />

et de bourgeonnement périapical, une source d'irritations, et la cicatrisation ne pourra s'obtenir à son<br />

contact (fig. 9).<br />

Non seulement cette matière ne doit pas déborder dans le desmodonte, mais plus simplement ne pas<br />

être au ras de l'apex car elle est encore une source d'irritation et d'inflammation du tissu à son<br />

contact.<br />

La cicatrisation du desmodonte et le retour de la cémentogenèse ne peuvent avoir lieu qu'en<br />

l'absence d'inflammation. Si l'on veut obtenir une cémentogenèse apicale, il faut que le contact entre<br />

la matière obturatrice et le tissu de bourgeonnement soit infra-apical, dans le canal, donc que la limite<br />

de la matière obturatrice s'arrête à une certaine distance de l'apex, 1 à 2 millimètres peut-être. A<br />

l'occasion d'une expérimentation sur l'Ocalex faite avec Cohen-Scali, nous avons montré que 4 mm<br />

n'étaient pas une gêne (fig. 17) ; après ionophorèse, la vacuité des canaux presqu'inobturés ne gêne<br />

pas la cicatrisation périapicale (fig. 14).<br />

Et que faut-il entendre par " apex " ? " l'apex anatomique ", si la gangrène et la desmodontite sont<br />

récentes (fig. 8).<br />

Mais dans le cas de lésion périapicale ancienne, des phénomènes de résorption se sont installés ; ils<br />

ont porté non seulement sur le cément, puis la dentine périapicale, mais aussi à l'intérieur du foramen<br />

là où se trouve le tissu de granulation.<br />

Alors l'orifice apical est cliniquement élargi ; il n'y a plus de rétrécissement cémentaire ; la limite<br />

cémento-dentinaire idéale pour la limite de la pulpectomie est devenue ici un mythe.<br />

L'apex radiculaire est devenu alors l'extrémité d'une racine dont la morphologie apicale est très<br />

modifiée ; c'est l'extrémité de la racine telle qu'elle est devenue, c'est un apex modifié par la<br />

pathologie, mais cela demeure une réalité clinique. C'est par rapport à cet " apex clinique " qu'il faut<br />

se comporter (fig. 10).<br />

Donc le parage canalaire sera complet en longueur, mais, compte tenu de la destruction apicale, il<br />

conviendra de reconstituer artificiellement un rétrécissement apical, en élargissant davantage le<br />

canal, en créant une butée, mais à une petite distance de l' " apex clinique " (ou radioclinique) (fig.<br />

11).<br />

Pour conclure, on énoncera les règles qui suivent.<br />

- Le parage mécanique et chimique doit permettre d'atteindre les parois dures du canal, sans laisser<br />

la moindre boue, pour obtenir des orifices canaliculaires béants.<br />

- Ne pas chercher à intervenir dans les canaux pulpo-parodontaux ; tant mieux si on intervient sur les<br />

gros qui plongent dans un foyer inflammatoire.<br />

- Chercher à obturer hermétiquement les orifices des canalicules et des canaux pulpo-parodontaux.<br />

- Chercher à désinfecter tout l'arbre canalaire sans altérer le desmodonte.<br />

- Chercher à obturer l' " estuaire " ou le " delta " apical en créant une butée qui limite l'intervention en<br />

profondeur, et la situe en deçà de l'apex radioclinique.<br />

Telles sont les règles que l'on peut tirer des connaissances actuelles en matière de " parage<br />

canalaire " pour obtenir le meilleur succès clinique et cicatriciel.<br />

La " technique du parage " comprend des procédés qui permettent d'appliquer ces règles. Cela sera<br />

traité par ailleurs. Examinons maintenant le deuxième point fort du traitement : la désinfection.<br />

Désinfection canalaire<br />

Haut de page<br />

Depuis la fin du XIX e siècle, après le développement de la méthode pasteurienne et la naissance de<br />

la microbiologie, après la prise de conscience de l'antisepsie, de la désinfection, mais aussi de<br />

l'asepsie et de la stérilisation, les auteurs confrontés au traitement de la gangrène pulpaire ont<br />

proposé diverses méthodes et procédés, et diverses substances pour la désinfection canalaire, en<br />

complément du parage mécanique. On a d'abord confié toute l'action de stérilisation aux seuls<br />

médicaments, ensuite on a compris l'intérêt de ne pas apporter des germes supplémentaires et l'on a<br />

insisté sur la nécessité de la mise en place d'un champ opératoire stérile et de l'emploi d'une<br />

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insisté sur la nécessité de la mise en place d'un champ opératoire stérile et de l'emploi d'une<br />

instrumentation stérile pour traiter une dent infectée qu'il fallait isoler d'une salive infectante puis on a<br />

admis la nécessité pour le désinfectant de ne pas léser le tissu dont on attendait une réparation<br />

cicatricielle, car c'est de lui que dépend le succès à long terme du traitement.<br />

Durant cette centaine d'années, on a présenté aux cliniciens tout ce que le marché a pu offrir de<br />

désinfectants ; certains produits sont encore utilisés, à tort ou à raison.<br />

On a utilisé des oxydants, des halogènes, des acides et des bases forts, le phénol et ses nombreux<br />

dérivés, des aldéhydes ; plus récemment des sulfamides, des antibiotiques de toutes sortes, des<br />

ammoniums quaternaires, etc.<br />

D'une manière générale, ces substances n'étaient pas sélectives des germes contenus dans une<br />

flore que par ailleurs on connaissait mal. On a cherché à tuer, à coaguler... tous les germes, mais<br />

hélas ! on tuait, coagulait aussi les cellules périapicales. Et ce n'est qu'au fur et à mesure de la<br />

connaissance de la bactériologie des gangrènes pulpaires, puis beaucoup plus tardivement des<br />

phénomènes nécrotiques, que l'on a vu se dessiner des thérapeutiques de mieux en mieux adaptées<br />

à l'infection canalaire, sélectives et atoxiques.<br />

Les désinfectants ont été utilisés à deux moments du traitement :<br />

- extemporanément, comme " irrigants ", associés au parage canalaire ;<br />

- comme " pansements " après le parage et avant l'obturation canalaire.<br />

A ces deux moments correspondent habituellement deux genres de produits. Examinons-les<br />

successivement. Toutefois, nous nous garderons de tout citer, nous resterons seulement avec les<br />

principaux médicaments encore utilisés pour développer plus en détail les moyens thérapeutiques<br />

actuels.<br />

Désinfectants " extemporanés " - Irrigants<br />

Ils sont nombreux, à commencer par l'eau chaude. Après cinq séances d'irrigation au sérum<br />

physiologique sans médicament intermédiaire, Sundqvist obtient une diminution considérable de la<br />

flore, mais sans la faire disparaître totalement.<br />

Eau oxygénée (10 volumes)<br />

Au contact des matières organiques, elle se décompose en libérant de l'oxygène O 2 , et plus<br />

spécialement de l'oxygène singulet nettement oxydant, cet oxygène est toxique pour les anaérobies.<br />

Cette production gazeuse se traduit par la formation de bulles qui aident à la remontée vers la<br />

surface, dans la chambre pulpaire, des débris provenant du parage. Le procédé est efficace mais<br />

assez lent.<br />

Hypochlorite de sodium - " Eau de Javel "<br />

Le produit est fortement alcalin et se décompose aussi au contact des matière organiques en libérant<br />

du chlore et de l'oxygène naissant. Il se produit comme précédemment des bulles qui jouent le même<br />

rôle mécanique d'évacuation des débris du parage.<br />

De plus, le produit possède une basse tension superficielle qui autorise sa diffusion rapide dans le<br />

canal et la dentine. Cela autorise à faire agir seul l'hypochlorite pendant quelques minutes, avant<br />

d'entreprendre l'action instrumentale du parage pour que celui-ci ait lieu dans un milieu déjà<br />

partiellement désinfecté, et pour qu'en cas de refoulement de débris au-delà de l'apex ils soient déjà<br />

désinfectés.<br />

Mais cette diffusibilité de l'hypochlorite, à cause de sa forte alcalinité quand il est frais (pH = 10 à 12<br />

selon la concentration de la solution utilisée), constitue une source de toxicité pour le desmodonte.<br />

Spangberg a montré que la solution de Dakin à 0,5 % d'hypochlorite de sodium donne de meilleurs<br />

résultats qu'une solution à 5 % et est moins toxique.<br />

Sundqvist obtient une stérilisation à 50 % après une deuxième séance d'irrigation sans médicament<br />

intermédiaire.<br />

Au fur et à mesure de sa décomposition, l'hypochlorite est renouvelé jusqu'à ressortir intact. Cela se<br />

pratique avec une irrigation à la seringue, ou mieux avec une pompe ; dans ce dernier cas, l'irrigation<br />

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pratique avec une irrigation à la seringue, ou mieux avec une pompe ; dans ce dernier cas, l'irrigation<br />

peut être associée a un alésage aux ultrasons (Martin : Endosonic ® , etc.).<br />

A cause de la toxicité périapicale, il faut pratiquer la neutralisation de l'hypochlorite de sodium à l'aide<br />

de l'eau oxygénée. On évite ainsi un effet prolongé de la toxicité et on fait naître une fois encore des<br />

bulles qui aident à parfaire le parage.<br />

Chloramine<br />

Elle a une action voisine de celle de l'hypochlorite, mais moins rapide. Elle est aussi moins toxique,<br />

car son pH est voisin de la neutralité (Achard). Elle peut être neutralisée avec l'eau oxygénée, mais<br />

on préfère le faire avec du peroxyde d'urée...<br />

" RC Prep " et " Canal + "<br />

Ce sont des sortes de gels d'une composition approximativement la suivante :<br />

- EDTA 15 % ;<br />

- peroxyde d'urée 10 % ;<br />

- mélange de polyéthylène-glycol à titre d'excipient.<br />

Ils se décomposent en un bouillonnement intense au contact de l'hypochlorite de sodium. Leur<br />

consistance apporte un rôle de lubrifiant intéressant pour faciliter le parage instrumental ; mais pour<br />

se débarrasser du gel, il faut une irrigation assez longue à l'hypochlorite.<br />

L'action sur la " boue " canalaire n'est pas supérieure à celle de CIONa.<br />

Les acides - ions H +<br />

Si l'on a totalement abandonné les acides forts comme l'acide chlorhydrique, l'acide sulfurique, l'acide<br />

nitrique, l'eau régale et l'eau régale inversée, car cytotoxiques et trop dangereux à manipuler, l'acide<br />

perchlorique à 70 % a connu quelques succès ; Knapp a obtenu des résultats cliniques satisfaisants ;<br />

Caradonna a montré la parfaite efficacité du produit pour éviter la persistance de la " boue " sur les<br />

parois canalaires, alors que l'hypochlorite n'y parvient pas . Toutefois, bien des auteurs ont craint une<br />

certaine diffusion périapicale et ont préféré rechercher une substance aussi efficace mais plus neutre.<br />

Les bases - ions OH -<br />

NaOH, la soude, a connu un grand succès par le passé et a longtemps été utilisée associée au<br />

parage mécanique. Elle a été rarement utilisée telle quelle, mais comme résultat de l'action d'autres<br />

substances, en particulier du bioxyde de sodium ; elle a aussi été l'effet secondaire de l'ionophorèse<br />

telle que Bernard l'avait mise au point. Voyons ces deux procédés de fabrication intracanalaire de<br />

soude.<br />

Bioxyde de sodium<br />

Son usage remonte au début du siècle, à la suite des travaux de Kirk, Zygmondy et Mainguy.<br />

C'est une base forte très avide d'eau. Cette avidité a pour effet une diffusion rapide du produit dans<br />

toute la cavité <strong>endodontique</strong>, canalicules compris.<br />

Cela a aussi pour effet l'obligation de conserver le produit en tubes scellés.<br />

Au contact de l'eau, le bioxyde de sodium (Na 2 O 2 ) donne une formation de soude accompagnée<br />

d'une forte réaction exothermique, au point que l'introduction du produit dans le canal peut faire naître<br />

une petite explosion et une flamme ! (L'adjonction à la poudre de glycérine sur une plaque de verre<br />

évite cette réaction brutale à l'entrée du canal, mais réduit considérablement la diffusibilité dans la<br />

cavité <strong>endodontique</strong>, ce qui ôte au procédé son mérite.) Donc une manipulation délicate qui exige la<br />

pose de la digue.<br />

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Le parage instrumental est ainsi pratiqué dans un milieu alcalin. La soude formée est antiseptique,<br />

protéolytique et saponifie les graisses. Elle décape fortement les parois canalaires et ouvre bien les<br />

orifices des canalicules dentinaires.<br />

Après son action, il convient de neutraliser la soude. On passe à cet effet de nombreuses mèches de<br />

teinture d'iode jusqu'à ce qu'il ressorte une mèche non décolorée.<br />

Malgré sa puissante activité, le produit présente assez d'inconvénients pour l'avoir fait abandonner :<br />

- cytotoxicité et brûlure par diffusion inévitable dans le desmodonte ;<br />

- manipulation délicate ;<br />

- conservation en tubes scellés dont l'ouverture ne convient que pour un usage unique ;<br />

- neutralisation lente avec passage de nombreuses mèches.<br />

Ionophorèse<br />

Nous ne relaterons dans ces pages que le procédé utilisant l'ion OH - parce qu'il a été le seul utilisé<br />

en France. Nous citerons pour mémoire l'ion I 3 avec la pratique duquel on faisait de l'ion OH - sans le<br />

savoir. C'est Bernard qui vulgarisa en France la pratique de l'ionophorèse par ses travaux publiés<br />

pendant 20 ans, de 1929 (date de sa thèse) à 1947 (date de l'apparition officielle de l'ion OH - ), et<br />

grâce à la présentation d'un appareillage simple et pratique.<br />

Cette méthode a connu un franc succès et est tombée fâcheusement dans l'oubli. Pour que le<br />

procédé retrouve son succès, il faut établir méthodiquement la certitude de la valeur réelle de la<br />

méthode. Quel est le mérite de l'ionophorèse ?<br />

Nous avons déjà souligné que le handicap principal des divers traitements radiculaires des dents<br />

infectées résidait dans l'incertitude des traitements vis-à-vis des canaux secondaires et des<br />

canalicules dentinaires. Bernard a estimé qu'il faut que toute la cavité <strong>endodontique</strong> soit stérilisée et<br />

qu'elle doit aussi être obturée dans sa totalité (c'est l'idée qui a poussé ultérieurement Bernard à<br />

utiliser la propriété expansive de la chaux vive - Ocalex ® ).<br />

Pour en revenir à l'ionophorèse, son mérite est d'obtenir le passage d'ions antiseptiques dans tout<br />

l'arbre canalaire.<br />

Bernard a démontré le phénomène in vitro de la façon suivante : une dent fraîchement extraite est<br />

plongée et immobilisée dans un gel contenant du chlorure de sodium et de la phénol-phtaléine ; une<br />

électrode positive plonge dans le gel, une négative dans la chambre pulpaire elle-même remplie<br />

d'une solution de chlorure de sodium ; un courant continu passe (fig. 12A).<br />

Cl - se dirige vers l'anode, tandis que Na + migre vers la cathode. Là, le sodium métallique, très avide<br />

d'eau, forme, avec l'eau de la solution de chlorure de sodium, de la soude avec dégagement<br />

d'hydrogène : Na + + H 2 O NaOH + H. Progressivement, dans la cavité pulpaire, NaOH remplace NaCl<br />

(fig. 12B). Mais l'électrolyse de NaOH donne Na + qui reforme de la soude et OH - se dirige vers l'apex<br />

et le gel périapical. L'ion OH - , qui caractérise l'alcalinité, fait virer au rouge la phénol-phtaléine. A tous<br />

les foramina apparaissent des points puis de petites boules rouges qui traduisent le passage de l'ion<br />

OH - () (fig. 12C).<br />

In vivo, les phénomènes sont tout à fait superposables puisque tous les produits canalaires<br />

contiennent une solution de chlorure de sodium, qu'il s'agisse de sérosités, de pus ou de sang.<br />

L'ionophorèse assure une pénétration complète de toute la cavité <strong>endodontique</strong>, chimique et<br />

désinfectante.<br />

Sous l'action du passage du courant électrique, il y a formation continue d'ions OH - et de soude. Les<br />

propriétés de l'action sur le parenchyme pulpaire sont les mêmes que celles obtenues avec le<br />

bioxyde de sodium (antisepsie, protéolyse, saponification des graisses) ; un collaborateur de<br />

Bernard, Noirot, a d'ailleurs superposé les modes d'action de la phorèse et de la diffusibilité par<br />

avidité d'eau du bioxyde de sodium, qu'en adepte de l'ionophorèse, il reconnaît être un médicament "<br />

intelligent " ! Mais l'expérience in vitro de Bernard affirme davantage la pénétration alcaline avec<br />

l'ionophorèse.<br />

A ces avantages, on peut associer certaines craintes, en particulier celle d'une forte cytotoxicité pour<br />

le desmodonte. En fait, les phénomènes d' " alcalose " décrits par Bernard sont rares et relèvent<br />

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le desmodonte. En fait, les phénomènes d' " alcalose " décrits par Bernard sont rares et relèvent<br />

surtout d'une dose excessive. Pour notre part, avec Victor, nous avons montré que la forte alcalinité<br />

produite dans la cavité pulpaire était instable, puisqu'une semaine après une séance d'ionophorèse,<br />

le pH de 11 environ repasse à 7,3 ou 7,4 - pH du milieu interne ; l'organisme a tamponné et<br />

rééquilibré le milieu, d'une manière qui semble se prolonger dans le temps, ce qui pourrait peut-être<br />

expliquer les succès obtenus avec l'ionophorèse sans obturation complète des canaux (fig. 13).<br />

La pénétration chimique totale de la cavité pulpaire par l'ionophorèse a été appliquée selon la<br />

tendance des auteurs ; et cela nous vaut deux méthodes différentes de son emploi, bien qu'il reste<br />

une règle commune : élimination de toute matière obturatrice métallique en contact avec la gencive et<br />

la salive qui favoriserait une dérivation du courant vers la gencive, et reconstitution des parois<br />

latérales de la cavité avec du ciment.<br />

- Pour Bernard, tout traitement de gangrène pulpaire commence par une cure d'ionophorèse, ensuite<br />

on procède au traitement traditionnel mécanique (parage canalaire). Dans tous les cas, on fait de<br />

l'ionophorèse pour modifier le milieu canalaire, technique qu'on appelle aujourd'hui écologique.<br />

- Pour les autres auteurs, et Marmasse était de ceux-là, l'ionophorèse n'est utilisée que pour<br />

compléter un traitement mécanique impossible à mener jusqu'à son terme. L'ionophorèse devient un<br />

traitement d'exception, ultime moyen de sauver une dent (fig. 14).<br />

Technique de Bernard<br />

- La dent est bien ouverte, la chambre pulpaire débarrassée de tout débris gangrené.<br />

- La digue est en place.<br />

- On ne cherche pas à pénétrer mécaniquement les canaux ; on ramone seulement leur orifice et leur<br />

début.<br />

- On place dans la partie commençante du canal un tire-nerf relié à la cathode (électrode active), le<br />

malade serrant dans la main gauche l'anode (électrode indifférente).<br />

- On fait passer le courant. L'intensité est progressivement augmentée jusqu'à l'obtention d'une<br />

sensibilité douloureuse ; on travaille au-dessous de ce seuil, c'est-à-dire sans douleur, et vers 2,5 à 3<br />

mA. Dans chaque canal doivent passer 3 décicoulombs environ.<br />

L'opérateur suit l'aiguille de l'ampèremètre, qui peut par ses variations indiquer une dérivation, par<br />

exemple.<br />

Au lieu de plusieurs séances d'ionophorèse proposées par Bernard, avec mise en place de<br />

pansements intermédiaires au citronnellol , aujourd'hui, nous pensons qu'une seule séance peut<br />

suffire ; on la complète alors d'un parage mécanique et d'une obturation canalaire dans la séance. Le<br />

parage est facilité par l'existence de la " mousse électrolytique " qui provient du dégagement<br />

d'hydrogène et par l'action protéolytique de la soude sur le parenchyme pulpaire ; mais il n'y a aucun<br />

effet décalcifiant sur les parois du canal.<br />

Technique de Marmasse<br />

- Le parage canalaire est pratiqué.<br />

- La pénétration canalaire mécanique apparaît impossible dans sa totalité.<br />

- Alors on fait intervenir l'ionophorèse pour obtenir une désinfection au-delà de la pénétration des<br />

instruments.<br />

- L'électrode active (tire-nerf) est enfoncée jusqu'à la butée, au contact de l'humidité du canal.<br />

La séance d'ionophorèse est pratiquée comme précédemment. Neutralisation de la soude à la<br />

teinture d'iode et obturation mécanique du canal jusqu'à la butée ; donc obturation canalaire partielle.<br />

Les succès sont fréquents et les images radioclaires périapicales disparaissent (fig. 14). Une fois de<br />

plus, le problème des limites de l'obturation est reposé ; la désinfection semble se maintenir.<br />

Pourquoi ? A cause de la stabilisation du pH du milieu préalablement stérilisé ? Aucune réponse<br />

totalement satisfaisante n'a encore été donnée.<br />

Par ailleurs, avec Victor, nous avons fait rétrocéder expérimentalement par une seule séance<br />

d'ionophorèse des desmodontites aiguës, dans des gangrènes fermées, en 24 heures. La forte<br />

alcalinisation, résultant de l'action des ions OH, a transformé rapidement le milieu enflammé<br />

(acidose) et infecté.<br />

Autres irrigants possibles<br />

Hormis les acides et les bases, on peut envisager l'action d'autres substances.<br />

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Hormis les acides et les bases, on peut envisager l'action d'autres substances.<br />

EDTA<br />

L'acide éthylène-diamine-tétracétique en solution à 15 % est utilisé pour détruire la " boue " canalaire<br />

résiduelle après le parage. On peut combiner son action avec celle de l'hypochlorite de sodium. La<br />

microscopie électronique à balayage montre des résultats tout à fait encourageants.<br />

Les abaisseurs de tension superficielle<br />

Le polysorbate 80 peut être additionné à l'eau distillée, à l'alcool, à l'hypochlorite de sodium et à<br />

l'EDTA. Selon Abou-Rass et Patonai, il réduit la tension superficielle de ces solutions de 15 à 20 % et<br />

facilite leur diffusion après une application de 5 minutes (d'où l'intérêt de n'entreprendre le parage<br />

mécanique que ce délai passé).<br />

Autres désinfectants<br />

Par souci d'unité médicamenteuse, nous avons créé une solution de métronidazole à basse tension<br />

superficielle et assez acide pour détruire la boue canalaire, tout en demeurant non cytotoxique.<br />

Serait-ce satisfaisant ?<br />

Pansements désinfectants<br />

Un grand nom, dans les pays de langue allemande, est à retenir ; celui de Walkoff. Cet auteur, dès<br />

1891, a vulgarisé l'emploi d'une solution antiseptique, le chlore-phénol-camphre-menthol, pour<br />

accompagner le parage canalaire et servir de pansement sous ciment occlusif, et la pâte à<br />

l'iodoforme permettant l'obturation canalaire ; le caractère résorbable de la pâte autorisait la<br />

pénétration dans les tissus périapicaux enflammés. La résorption de la pâte permettait<br />

progressivement au tissu enflammé (par les microbes et... la pâte) de cicatriser au fur et à mesure de<br />

sa phagocytose puis de reprendre la cémentogenèse.<br />

Castagnola montra histologiquement les cicatrisations apicales en superposant les résultats cliniques<br />

et radiocliniques et la guérison histologique.<br />

Mais la résorption de la pâte pouvait aller au-delà des espérances et le canal pouvait se vider en<br />

grande partie. Pour porter remède à cela, Marmasse proposait de faire l'obturation de la portion<br />

apicale du canal à la pâte de Walkoff et tout le reste avec une pâte durcissante (type eugénol-oxyde<br />

de zinc, par exemple). Cette formule a été utile, en particulier pour le traitement des dents à apex<br />

immatures.<br />

De son côté, pour réduire la résorbabilité, Maisto proposait l'adjonction d'hydroxyde de calcium à la<br />

pâte de Walkoff.<br />

En 1904, Buckley a eu le mérite d'une double proposition :<br />

- un antiseptique adapté au problème selon les connaissances du moment : le tricrésol-formol ;<br />

- une méthode thérapeutique, appelée depuis " méthode des mèches ".<br />

Buckley a justifié l'emploi du formol par son action sur la dégradation du parenchyme pulpaire infecté<br />

qui, selon lui, donnerait avec l'ammoniac engendré la formation d'un autre antiseptique : l'urotropine.<br />

Il a adjoint au formol le tricrésol, qui donnerait de son côté un autre antiseptique, le lysol, en agissant<br />

sur les lipides.<br />

La mise en place de pansements formolés sous obturation provisoire occlusive, dans la cavité<br />

pulpaire, constitue une sorte d'étuve à formol dont l'effet stérilisant est bien connu. Mais le formol a<br />

un défaut, celui de fixer des éléments qu'il faudra éliminer ultérieurement, ce qui gêne l'action<br />

d'autres substances et peut compliquer le parage mécanique. A partir du tricrésolformol, de<br />

nombreux auteurs ont proposé des formules voisines dont les succès commerciaux ne se sont pas<br />

encore démentis... Toutefois, les médicaments ont tous été critiqués depuis, soit pour leur efficacité<br />

relative sur la gangrène, soit pour leur cytotoxicité cellulaire, à l'origine de desmodontites<br />

médicamenteuses aiguës, même à faible concentration et en très petites quantités.<br />

Mais le mérite principal de Buckley réside à notre avis dans la création du pansement occlusif<br />

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Mais le mérite principal de Buckley réside à notre avis dans la création du pansement occlusif<br />

d'emblée, et de ce que l'on peut appeler la " méthode des mèches ". Après le parage canalaire, la<br />

cavité pulpaire était désinfectée grâce à la mise en place de pansements, dont le nombre pouvait<br />

varier selon les signes cliniques ou la prudence des praticiens. Cette méthode pour l'époque a été<br />

une véritable innovation, et demeure encore appliquée même quand la " mèche " imbibée d'une<br />

substance volatile a été remplacée par une " pâte ", antibiotique, par exemple.<br />

Les produits proposés par Buckley et la formule de Walkoff ont surtout servi de pansements<br />

désinfectants.<br />

Il faut mentionner aussi l'usage que l'on peut faire de l'hydroxyde de calcium comme pansement<br />

canalaire désinfectant depuis 1920, grâce à Hermann.<br />

Sundqvist et l'école suédoise sont très favorables à son emploi et la systématisent.<br />

Au bourre-pâte rotatif ou à la seringue, il est possible de déposer une pâte d'hydroxyde de calcium au<br />

contact des tissus périapicaux. L'expérience clinique a montré les mérites du médicament qui a, au<br />

contact du desmodonte, les mêmes avantages qu'il a montrés depuis longtemps aussi au contact de<br />

la pulpe ; c'est à ce point qu'après le traitement de gangrènes sur dents immatures, on assiste à des<br />

terminaisons d'édification radiculaire et à des fermetures apicales, tous les tissus de la matrice<br />

radiculaire (au niveau de la papille) (pulpe, dentine, cément) reprenant leur vie interrompue un temps<br />

par l'infection et la nécrose.<br />

La technique ocalexique de Bernard décrite plus loin, à propos d'un autre concept du traitement, peut<br />

trouver aussi sa place ici.<br />

Avec l'apparition des sulfamides et des antibiotiques , on a créé des pâtes à formules simples ou<br />

complexes et polyantibiotiques pour avoir une action la plus large possible sur la flore. On a d'abord<br />

utilisé en action locale des produits d'action générale ; puis, conscients non seulement des problèmes<br />

de sensibilité des organismes aux antibiotiques et des problèmes de création de résistance des<br />

germes, on est arrivé à ne retenir que des antibiotiques d'action locale exclusivement tels que la<br />

thyrotricine, la polymyxine, la néomycine, la framycétine et la bacitracine.<br />

Tant qu'il s'est agi de traiter des gangrènes avec desmodontites chroniques, les résultats obtenus par<br />

tous les désinfectants étaient à peu près satisfaisants. Si ce n'est que, très souvent, il apparaissait<br />

des complications inflammatoires, desmodontites postopératoires aiguës, à l'époque mal expliquées,<br />

qui pouvaient soit ne pas mettre en cause le pronostic à long terme du traitement, soit obliger à son<br />

interruption tant la réaction prenait beaucoup d'importance. C'est pour parer à ces desmodontites<br />

aiguës, réactions à la désinfection <strong>endodontique</strong> que l'on ajouta vers 1960 des corticoïdes aux<br />

antiseptiques et aux pâtes à canaux.<br />

Bien que les pâtes antibiotiques procurent moins de réactions postopératoires, les formules<br />

commercialisées ont très rapidement contenu l'adjonction de corticoïdes.<br />

L'inflammation, donc la douleur postopératoire, a de ce fait presque entièrement disparu, permettant<br />

ainsi la pratique des thérapeutiques <strong>endodontique</strong>s en toute sécurité, permettant en conséquence<br />

leur vulgarisation.<br />

Mais la corticothérapie locale n'était pas sans défaut :<br />

- il y avait inhibition de l'élaboration du collagène cicatriciel nécessaire à la réparation ostéocémentaire<br />

tant que le produit pouvait être libéré dans le desmodonte ; avec les pâtes d'obturation<br />

durcissantes, l'action était très limitée (au durcissement de la pâte) et la cicatrisation était peu<br />

retardée ;<br />

- par contre, l'assurance d'un calme postopératoire camouflait toutes les causes iatrogènes<br />

d'inflammation du desmodonte, celles des mauvais praticiens :<br />

- refoulements septiques au-delà de l'apex ;<br />

- blessures apicales par instruments (limes, lentulos) ou cônes de gutta ;<br />

- brûlures par antiseptiques mis en excès sur les mèches ;<br />

- dépassements apicaux de matière obturatrice.<br />

Les opérateurs délicats et soigneux n'avaient pratiquement pas besoin d'utiliser les corticoïdes, les<br />

malhabiles en faisaient un emploi systématique et intensif.<br />

En plus des desmodontites aiguës postopératoires, il existait une autre certitude : il était impossible<br />

de guérir une desmodontite aiguë à l'aide d'un antiseptique ; il y avait seulement des résultats<br />

aléatoires avec les diverses pâtes antibiotiques présentes sur le marché, bien qu'elles fussent<br />

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aléatoires avec les diverses pâtes antibiotiques présentes sur le marché, bien qu'elles fussent<br />

polyantibiotiques pour avoir le plus large spectre d'activité. Autrement dit, le traitement des gangrènes<br />

pulpaires, à froid, était possible, et souvent à quel prix, mais il était impossible à chaud. Parmi tous<br />

les éléments du traitement, la désinfection des canaux à l'aide de pansements était souvent<br />

incertaine. La clinique l'indiquait. Il fallait en savoir plus, d'autant que les connaissances sur les<br />

gangrènes pulpaires étaient en grand progrès.<br />

Il a donc fallu savoir :<br />

- si les substances utilisées jusqu'ici étaient bien adaptées aux connaissances actuelles sur les<br />

gangrènes pulpaires : microbiologie et biochimie ;<br />

- s'il fallait en chercher d'autres pour répondre à ces données nouvelles ;<br />

- si une substance était mise en évidence, sous quel moyen et à quel moment il fallait l'utiliser.<br />

Nous avons porté nos recherches dans ce sens.<br />

Nous avons émis les hypothèses suivantes :<br />

- le meilleur produit doit être le mieux adapté à la flore microbienne pour l'inhiber, et l'on sait<br />

maintenant le rôle considérable joué par les anaérobies Gram négatifs ;<br />

- il doit empêcher l'activité nécrotique entretenue par les enzymes microbiennes, c'est-à-dire être, luimême,<br />

ou par voie de conséquence de son activité, anticatabolique.<br />

Il faut avoir à l'esprit que la mort d'une bactérie doit impliquer nécessairement l'inaction de toutes ses<br />

enzymes. Hélas ! On s'aperçoit que cela est loin d'être le cas avec les médicaments habituels de la<br />

pharmacopée de l'endodontiste.<br />

Pour vérifier ces hypothèses nous avons repris, avec Victor, les tests que nous avions utilisés pour<br />

mieux comprendre l'écologie des gangrènes pulpaires, à savoir la mesure du pH canalaire.<br />

Nous avons étudié les variations du pH canalaire avant et après l'action des divers médicaments<br />

utilisés en endodontie, en pensant qu'avec un médicament actif sur la nécrose le pH canalaire devait<br />

devenir celui du médicament ou évoluer vers la neutralité.<br />

Avec des antiseptiques comprenant les antiseptiques traditionnellement utilisés depuis Buckley et<br />

Walkoff, nous n'avons obtenu aucun résultat favorable. Bien que ces produits soient acides (pH =<br />

4,5), les milieux canalaires sont demeurés ce qu'ils étaient avant l'action médicamenteuse, même<br />

pour des gangrènes fermées aux milieux alcalins (pH = 8,2-8,4) ; même en utilisant du formol<br />

tamponné à pH 7, nous n'avons obtenu aucune modification du pH canalaire.<br />

Un antiseptique récent comme le chlorure de déqualinium n'a pas donné de meilleurs résultats.<br />

Les pâtes antibiotiques polyvalentes comme l'Enzymycine ® , la Septomixine ® ou la Pulpomixine ® ont<br />

apporté des résultats meilleurs mais incertains. Toutefois, avec les antibiotiques il devenait possible<br />

de réussir à calmer quelques desmodontites aiguës ; mais, compte tenu de l'adjonction dans la<br />

formule de corticoïdes, on était en droit de se demander quelle part revenait aux antibiotiques, et<br />

laquelle aux corticoïdes.<br />

Les variations ou non de pH des produits correspondaient assez bien aux possibilités d'activité des<br />

produits :<br />

- risque de réchauffement d'une desmodontite chronique et impossibilité totale de faire disparaître<br />

une desmodontite aiguë avec les antiseptiques ;<br />

- presque pas de réchauffement, et seulement quelques possibilités de traitement des lésions aiguës<br />

avec les antibiotiques.<br />

- Les antibiotiques constituent un certain progrès sur les antiseptiques, mais encore insuffisant.<br />

Il a fallu chercher ailleurs.<br />

Compte tenu des connaissances sur la flore des gangrènes, nous nous sommes tournés vers les<br />

produits actifs sur les anaérobies et les Gram négatifs, à savoir les dérivés de l'imidazole, et tout<br />

particulièrement vers le métronidazole . Et nous avons mis au point une pâte d'action locale<br />

concentrée à 10 % (Grimazole ® ).<br />

Les tests par mesure du pH ont tous été favorables. Dans tous les cas, le pH des milieux canalaires<br />

est revenu près de la neutralité (qui était aussi le pH de la pâte au métronidazole : pH = 6,8).<br />

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est revenu près de la neutralité (qui était aussi le pH de la pâte au métronidazole : pH = 6,8).<br />

Pourquoi ce succès ?<br />

Le métronidazole a une très grande activité sur les anaérobies rencontrés dans les gangrènes<br />

pulpaires : anaérobies Gram négatifs, anaérobies Gram positifs, cocci anaérobies.<br />

Anaérobies Gram négatifs<br />

Guignes rapporte que Sutter et Finegold ont montré qu'une concentration de 8 g/ml inhibe 97 %<br />

des souches de Bacteroides fragilis et qu'il suffit de 4 g/ml pour inhiber 100 % des Bacteroides<br />

melaninogenicus et des Fusobacterium nucleatum.<br />

Chow et coll. avec 6,25 g/ml trouvent une inhibition de 85 % des Bacteroïdes avec un maximum de<br />

sensibilité des melaninogenicus (95 %) et des fragilis (92 %).<br />

Wust a trouvé qu'une concentration de 0,1 g/ml suffit à inhiber les Bacteroides melaninogenicus et<br />

que 1,6 g/ml suffit à les détruire ; la même concentration inhibe à 97 % et détruit à 98 % les fragilis.<br />

Whelan et Hale trouvent des concentrations minimales voisines de 0,16 pour l'inhibition et de 2,5<br />

pour la destruction des Bacteroides. Dublanchet et coll. trouvent aussi des nombres voisins.<br />

Kernbaum, pour le métronidazole et deux dérivés très proches (ornidazole et tinidazole), exprime des<br />

résultats voisins, regroupés dans un tableau que nous reproduisons (tableau I).<br />

Ces résultats d'études in vitro corroborent tout à fait les mesures de pH et les résultats cliniques<br />

obtenus grâce au métronidazole : disparition rapide des desmodontites aiguës, non-réchauffement<br />

des desmodontites chroniques.<br />

Cela s'explique d'autant mieux qu'on introduit dans un canal de 50 à 100 milligrammes de<br />

métronidazole.<br />

Anaérobies Gram positifs<br />

Dans les gangrènes pulpaires on a surtout noté la présence d'Actinomycetes, de Lactobacillus, de<br />

Clostridium, d'Eubacterium, de Propionibacterium.<br />

Chow, Whelan et Hale ont montré une activité importante de métronidazole à une très faible<br />

concentration : 1,6 g/ml pour inhiber à 100 % et détruire à 80 % Clostridium et Eubacterium.<br />

Par contre, comme Kernbaum, Dublanchet a montré une grande résistance des Actinomycetes et<br />

des Propionibacterium, puisqu'il a eu besoin d'une concentration de 128 m/ml pour obtenir une<br />

inhibition de ces germes.<br />

Noter l'inactivité sur les Actinomycetes ; cela a son importance si l'on retient que Sundqvist a<br />

remarqué que, dans les prélèvements faits sur des granulomes persistants après traitement<br />

<strong>endodontique</strong>, il retrouve toujours des Actinomycetes. Faudra-t-il alors adjoindre au métronidazole de<br />

la nystatine ?<br />

Cocci anaérobies<br />

Gram négatifs comme les Veillonella ou positifs comme les Peptostreptococcus et Peptococcus, les<br />

cocci anaérobies sont sensibles au métronidazole. Pour Watt et Jack, des doses inférieures à 5<br />

g/ml sont suffisantes.<br />

Sundqvist a montré une sensibilité des Veillonella à 0,1 g/ml et Dublanchet a montré une inhibition<br />

à partir de 0,12 g/ml.<br />

Sur tous ces germes très fréquents dans les gangrènes pulpaires, ouvertes ou fermées, le<br />

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Sur tous ces germes très fréquents dans les gangrènes pulpaires, ouvertes ou fermées, le<br />

métronidazole montre une activité très appréciable en action locale.<br />

Selon Kernbaum, le métronidazole a pour effet la destruction très rapide, en moins de 2 heures, des<br />

bactéries et de la source des enzymes. D'où la très grande et très rapide efficacité du produit pour<br />

réduire les desmodontites aiguës.<br />

Cliniquement, avec le métronidazole on obtient un succès quasi constant dans la résolution des<br />

desmodontites aiguës compliquant des gangrènes fermées, ce qui était inconnu jusqu'ici avec<br />

d'autres médicaments.<br />

Devant de tels résultats, il ne semble plus possible d'utiliser les anciens produits ; par contre, dans<br />

l'avenir, on en trouvera sûrement d'autres, encore mieux adaptés à la flore de la gangrène pulpaire.<br />

Avec le métronidazole, on possède un médicament à l'activité la plus sélective connue jusqu'ici, et,<br />

de plus, non cytotoxique et non allergisant.<br />

Vers une nouvelle conception de la thérapeutique des gangrènes pulpaires :<br />

l'écologie<br />

Les recherches précédentes nous ont conduits à des conclusions beaucoup plus vastes que celles<br />

tirées de l'usage d'un médicament.<br />

Pour mieux les saisir, il faut faire l'historique de notre expérimentation ; afin de tester l'action d'un<br />

médicament sur le pH de la pulpe gangrenée, il n'était pas question de placer celui-ci après le parage<br />

canalaire. En effet, il y aurait eu :<br />

- élimination de la masse de pulpe, alors qu'il fallait en conserver une partie pour la réexaminer après<br />

l'application médicamenteuse ;<br />

- mise en place d'une substance dans un canal nettoyé ; on n'aurait rien su sur l'activité propre au<br />

produit dans le canal, seulement peut-être sur son action sur le desmodonte.<br />

Ainsi, l'application expérimentale du médicament a eu lieu avant le parage ; d'où la possibilité de<br />

mise en place du métronidazole dans les cas de desmodontites aiguës et le succès clinique rapide<br />

obtenu (entre 4 et 24 heures).<br />

Bien entendu, nous n'avons essayé le médicament dans les formes aiguës qu'après nous être assuré<br />

du succès dans les formes chroniques : tant dans les gangrènes fermées, qu'on refermait<br />

immédiatement pour éviter toute surinfection, que dans les formes ouvertes qu'on fermait en bloquant<br />

l'effet du drainage, sans faire naître d' " explosion " (" flare-up ").<br />

Mais à la réflexion, ce traitement des cas aigus mettait en évidence que l'on traitait les desmodontites<br />

avant de faire le parage, c'est-à-dire que l'on désenflammait d'abord le desmodonte en supprimant<br />

l'effet gangreneux. On modifiait le milieu canalaire avant de traiter la dent.<br />

L'idée est alors venue que c'était sûrement la bonne règle qu'il convenait de suivre dorénavant dans<br />

tous les cas, aigus, bien sûr, mais chroniques aussi.<br />

C'est pourquoi nous avons entrepris l'expérimentation clinique du métronidazole dans tous les cas en<br />

prétraitement.<br />

Non seulement tout se passe bien, mais les suites opératoires consécutives à la désinfection et à<br />

l'obturation canalaire ont disparu.<br />

La comparaison entre deux techniques et leurs résultats, celle du prétraitement et celle du<br />

pansement après le parage, montre d'une manière patente la très grande supériorité de la première<br />

sur la seconde.<br />

Technique avec prétraitement<br />

- Entre 67 % et 71 % des douleurs de desmodontites aiguës secondaires disparaissent après 1 jour<br />

d'application de métronidazole ;<br />

- entre 33 % et 29 % disparaissent après 2 jours, et plus rarement 3 jours.<br />

Dans tous les cas, une seule application de métronidazole a suffi ; si les praticiens ont quelquefois<br />

fait deux applications, c'était par précaution et manque d'habitude de l'application de la technique.<br />

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fait deux applications, c'était par précaution et manque d'habitude de l'application de la technique.<br />

Technique du pansement après parage<br />

Dans tous les cas, il faut deux applications et deux semaines pour la disparition des douleurs de<br />

desmodontite aiguë.<br />

Avec prétraitement le parage canalaire intervient sur un desmodonte désenflammé ou en voie de<br />

désinflammation, au point de n'être plus obligé d'utiliser des pâtes à canaux avec corticoïdes, mais,<br />

au contraire, de se servir de pâtes à canaux sans anti-inflammatoires, la seule pâte oxyde de zinceugénol<br />

pouvant convenir, par exemple.<br />

C'est un autre avantage.<br />

Une thérapeutique canalaire écologique était née.<br />

Quid écologie ? Du grec ancien " oikos ", habitat, et de " logos ", science. C'est donc la science de<br />

l'habitat, au sens propre.<br />

En biologie, c'est l'étude de l'organisme vivant par rapport à son milieu. L'écologie de l'homme est<br />

l'étude de l'homme dans son milieu naturel.<br />

Un concept écologique repose donc sur la notion de milieu .<br />

Ainsi, le milieu canalaire constitue un écosystème pour la flore microbienne, dans le canal, dans une<br />

ambiance aérobie ou anaérobie, vis-à-vis d'une pulpe en voie de destruction.<br />

Une thérapeutique <strong>endodontique</strong> est écologique quand sa conception envisage non seulement la<br />

désinfection du canal, mais aussi la modification du milieu canalaire perturbé par l'infection, la<br />

nécrose et les sous-produits de l'activité enzymatique.<br />

Cette notion d'écologie fait comprendre que le principe devient le suivant :<br />

- modifier le milieu canalaire en le stérilisant et en le rendant impropre à la vie et au développement<br />

des germes, si possible définitivement ;<br />

- et, quel que soit le procédé de la technique, en obturant hermétiquement le canal (l'herméticité reste<br />

encore un espoir à ce jour).<br />

Contrôle de la désinfection<br />

L'action conjuguée de l'acte chirurgical et du médicament assure une certaine stérilisation de la<br />

dentine et de la cavité pulpaire. Comment peut-on la contrôler ? Faut-il la contrôler ?<br />

Les contrôles bactériologiques après désinfection n'ont toujours eu lieu en France qu'à titre<br />

expérimental, d'où leur nombre réduit et la pauvreté des statistiques. Par contre, aux USA, ils sont,<br />

depuis des décennies, pratiqués avant toute obturation canalaire : il faut donc examiner les<br />

publications américaines en ce domaine.<br />

En [1932Appelton] notait une plus grande fréquence de cas favorables pour les traitements dont<br />

l'obturation canalaire était faite après une culture négative plutôt qu'après une culture positive ; mais<br />

la différence était seulement de 9 %.<br />

[Buchbinderen1941] , trouve une différence de 10 % (dans le même sens). [ZeldowetIngleen1963] , relèvent<br />

16,7 % de complications après des obturations faites à la suite des cultures positives et 7,1 % après<br />

les cultures négatives.<br />

Une marge d'environ 10 % de cas favorables seulement sépare donc la valeur à donner aux cultures<br />

négatives et positives.<br />

Cette petite amélioration a servi d'argument à tous ceux qui considèrent qu'une culture positive est<br />

une contre-indication à l'obturation canalaire, au point que certains recommandent l'extraction de la<br />

dent quand la culture ne peut redevenir négative.<br />

Mais, dès 1958, lors de la II e conférence internationale d'Endodontie, le rapport du congrès indique : "<br />

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Mais, dès 1958, lors de la II conférence internationale d'Endodontie, le rapport du congrès indique : "<br />

Aucune évidence scientifique valable ne montre que les cas avec contrôle par culture offrent de<br />

meilleurs résultats que ceux sans la technique de culture bactériologique. " (Il faut reconnaître que<br />

malgré cette absence on décrit en Europe de très bons résultats.)<br />

Les tenants de la culture en tant que méthode opératoire affirment que, si la culture est négative<br />

après la stérilisation, elle est négative au moment de l'obturation. C'est inexact : Bender, Seltzer et<br />

Turkenkopf en ont apporté la preuve. Pour ces auteurs, 16,6 % des cultures négatives deviennent<br />

positives au moment de l'obturation !<br />

Bender, Seltzer et coll. ont repris une étude statistique et ont obtenu les résultats suivants :<br />

- 6 mois après le traitement :<br />

- 84,4 % de succès et 15,6 % d'échecs après cultures négatives ;<br />

- 81,8 % de succès et 18,2 % d'échecs après cultures positives.<br />

- 2 ans après le traitement :<br />

- 82,2 % de succès et 17,8 % d'échecs après cultures négatives ;<br />

- 81,9 % de succès et 18,1 % d'échecs après cultures positives.<br />

Les résultats sont à peu près équivalents et les auteurs affirment : " Nos résultats montrent que la<br />

méthode bactériologique n'influence pas la réparation des tissus périapicaux dans les dents<br />

présentant ou non des zones de raréfaction, après deux années de recul après le traitement. "<br />

Dans cette étude, Bender et Seltzer indiquent que les différences d'échecs peuvent être dues à la<br />

technique de l'opérateur, au diagnostic, etc., mais qu'elles ne reposent pas sur les résultats des<br />

cultures. Il note, par exemple, que le dépassement apical de la matière obturatrice a donné le plus<br />

mauvais pourcentage de succès (69 %) et les canaux obturés à ras donnent le meilleur résultat (87,4<br />

%). Cela est en contradiction avec ce qu'affirment Lepoivre et Bedel, pour lesquels seul le<br />

débordement apical assure la stérilité de l'apex.<br />

A la lumière des travaux de Bender et de Seltzer, il semble vraiment que le contrôle bactériologique<br />

systématique soit inutile.<br />

Par ailleurs, Matsumoto et coll. ne constatent que 3 % d'écart après deux ans, ce qui demeure<br />

proche des résultats de Bender et Seltzer.<br />

Maintien de la désinfection. L'obturation canalaire<br />

Haut de page<br />

Quelle que soit la nature de l'agent médicamenteux utilisé, et le moment de l'intervention où il<br />

intervient, il faut que la stérilisation obtenue demeure définitive.<br />

Pour obtenir un résultat durable, il est classique de convenir que la condition nécessaire et suffisante<br />

au maintien de la désinfection réside dans la suppression de la vacuité de la cavité pulpaire par son<br />

remplissage à l'aide d'un quelconque matériau, souvent médicamenteux d'ailleurs.<br />

L'obturation canalaire évite l'existence d'un espace mort où le développement des germes est facilité<br />

par une ambiance humide, chaude, en vase clos.<br />

Précédemment, nous avons relevé le problème de l'herméticité de l'obturation.<br />

Un autre point important réside dans la limite de l'obturation, au niveau de la jonction cémentodentinaire,<br />

au niveau ou au-delà de l'apex ? Nous venons de noter les contradictions existant entre<br />

Lepoivre et ses collaborateurs et Bender et Seltzer, ce qui ne facilite pas une prise de position.<br />

Assurément, une obturation nettement en deçà du foramen peut être une insuffisance, mais<br />

légèrement ne devrait pas être une entrave au succès. De même, un débordement est une erreur si<br />

la matière obturatrice n'est pas résorbable, car il constitue un corps étranger que l'organisme cherche<br />

à éliminer, ce qui peut compromettre le résultat de la thérapeutique ; le dépassement thérapeutique<br />

n'est possible qu'avec les pâtes résorbables (sans tenir compte du problème de la cytotoxicité<br />

médicamenteuse).<br />

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Sans être le résultat d'une faute opératoire (dépassement du bourre-pâte ou d'un cône), il peut se<br />

produire involontairement un débordement de pâte sous la pression d'un cône. D'une manière<br />

générale, l'obturation se situe à proximité de l'apex clinique (voir les conclusions de la rubrique "<br />

Parage canalaire " et la fig. 11).<br />

Pronostic - Valeur de la désinfection<br />

Compte tenu, dans les techniques classiques, de la non-obturation des canaux secondaires et du<br />

manque d'herméticité des matières obturatrices, on peut se demander si la stérilisation de la dent<br />

infectée demeure possible.<br />

Il peut persister des germes dans les canaux secondaires et les canalicules dentinaires ; d'autre part,<br />

dans le hiatus entre les tissus dentaires et les matériaux de reconstitution de la dent et ceux de<br />

l'obturation canalaire, des microbes peuvent largement passer.<br />

La présence de ces germes est-elle un risque de récidive ? ou pire, de diffusion dans l'organisme ?<br />

Le traitement conservateur canalaire engendre-t-il une bactériémie dangereuse ? C'est tout le<br />

problème posé par l'infection focale et la greffe bactérienne.<br />

Les avis sont très partagés. Voyons-les successivement :<br />

Avis favorables aux traitements canalaires<br />

- L'expérience clinique montre des résultats durables très fréquents. Les images de granulomes<br />

disparaissent sur les clichés radiographiques pris 6 à 8 mois après l'intervention. L'os alvéolaire, la<br />

lamina dura et le desmodonte se reconstituent et reprennent une image normale.<br />

- Les fistules se ferment spontanément dans les 4 jours qui suivent la désinfection et l'obturation<br />

canalaires.<br />

- Les traitements sont nombreux et les complications rares.<br />

- Une bonne technique opératoire n'engendre pas de bactériémie, par contre, le passage de<br />

l'instrumentation au-delà de l'apex élève considérablement le risque de bactériémie (Bender et<br />

Seltzer, Hess et Ricque).<br />

- Des travaux de Matsumya et Kitamura ont montré que la réparation apicale se produit en dépit de la<br />

présence de micro-organismes. Les auteurs ont démontré sur des coupes histologiques que les<br />

micro-organismes qui sont présents dans les lacunes de Howship, du cément résorbé dans les<br />

canaux secondaires et sur les parois des canaux meurent après le traitement et l'obturation<br />

canalaires.<br />

Les microbes sont ainsi tolérés par l'organisme dont les éléments de défense ne doivent en aucun<br />

cas être oubliés.<br />

Avis défavorables<br />

Malgré une vie ralentie, les germes peuvent devenir pathogènes si les éléments de défense viennent<br />

à faiblir, si le milieu est modifié. Ce risque n'est pas accepté par certains par crainte non seulement<br />

d'une complication locale, mais surtout d'une bactériémie et de la diffusion septique dans d'autres<br />

organes. L'extraction reste pour ceux-ci le seul traitement de l'infection canalaire.<br />

Cette position semble tout à fait excessive si on l'applique à la plupart des malades dont l'état général<br />

est satisfaisant. Il faut aussi admettre que la bactériémie qui suit une extraction est beaucoup plus<br />

importante qu'après un traitement canalaire ; Seltzer le rappelle dans son ouvrage " Endodontology ",<br />

et il écrit : " A notre connaissance, il n'y a eu aucun cas rapporté de développement d'endocardite<br />

bactérienne subaiguë à la suite d'un traitement <strong>endodontique</strong>. Aussi les procédés <strong>endodontique</strong>s sont<br />

plus sûrs que les extractions chez les patients atteints de lésion cardiaque valvulaire. Le traitement<br />

<strong>endodontique</strong>, plutôt que l'extraction des dents, serait le traitement de choix toutes les fois que c'est<br />

possible. " Il peut donc y avoir des impossibilités ; ce sont l'impossibilité de pénétration canalaire, un<br />

trop grand délabrement de la dent, etc.<br />

Mais dans l'ensemble, l'opinion de Bender et Seltzer, de Hess et Ricque est en opposition totale avec<br />

celle d'auteurs tels Lepoivre, Descrozailles, etc.<br />

En fait, le problème du foyer latent et de la greffe bactérienne n'est pas résolu et les positions<br />

relèvent à la fois d'une éthique professionnelle et des connaissances qui sont encore discutables.<br />

Mais n'oublions pas que présence de germes ne signifie pas infection. En attendant la résolution du<br />

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Mais n'oublions pas que présence de germes ne signifie pas infection. En attendant la résolution du<br />

problème de l'herméticité de l'obturation canalaire, en utilisant une technique opératoire non<br />

traumatisante, on peut s'en tenir à cette triple opinion :<br />

- Dans tous les cas où le patient présente un bon état général et possède une défense leucocytaire<br />

normale, le traitement <strong>endodontique</strong> de la gangrène pulpaire est l'indication de choix.<br />

- Si l'état général est altéré, le malade âgé, le traitement conservateur peu encore être entrepris, mais<br />

mené avec précaution, sous couverture antibiotique ; même position que pour les gangrènes sans<br />

granulome.<br />

- Quand il existe une infection focale ou un risque important de greffe bactérienne, le traitement<br />

conservateur peut être remplacé par l'extraction (sous couverture antibiotique) ; la décision résulte<br />

d'un accord entre le médecin et l'odontologiste et dépend de la gravité de la lésion secondaire. En<br />

effet, lorsque la vie d'un malade est en jeu, il vaut mieux lui faire perdre une ou plusieurs dents plutôt<br />

que la vie.<br />

Autres méthodes de traitement des gangrènes pulpaires<br />

Haut de page<br />

Au cours des pages précédentes, nous avons admis une sorte de postulat : le traitement est<br />

mécanique et médicamenteux. Nous avons repris la célèbre triade : pénétration-désinfectionobturation,<br />

où la pénétration est associée au parage canalaire. Mais cette méthode thérapeutique<br />

n'est pas la seule.<br />

Aussi, pour obtenir la conservation d'une " dent infectée ", dispose-t-on de plusieurs méthodes<br />

thérapeutiques qui représentent des concepts différents. Dans les traitements conservateurs, il y a<br />

deux options :<br />

- Le maintien définitif de la stérilisation est obtenu sans pénétration mécanique ni comblement de la<br />

cavité <strong>endodontique</strong>.<br />

- Il est obtenu par son comblement :<br />

- soit partiel ;<br />

- soit total ;<br />

sans préparation mécanique.<br />

Méthodes ne prévoyant pas d'obturation canalaire<br />

C'est un cas jugé encore paradoxal où l'obturation canalaire n'est pas nécessaire à l'obtention de la<br />

guérison. Il s'agit des techniques (anciennes) basées sur le pouvoir oligodynamique de l'argent, ainsi<br />

que de celles utilisant l'ionophorèse dans des canaux mécaniquement inaccessibles. Ce sont des<br />

méthodes purement écologiques.<br />

Nous avons dit précédemment ce qu'il fallait penser de l'ionophorèse.<br />

Action oligodynamique de l'argent<br />

L'argent possède classiquement un pouvoir oligodynamique grâce à son pouvoir d'ionisation dans<br />

l'eau ; selon Maisto, 15 millionièmes de gramme d'argent ionisé dans un litre d'eau ont une action<br />

bactéricide sur un million de germes environ par centimètre cube d'eau.<br />

C'est un procédé d'antisepsie purement physique.<br />

Méthode de Percy Howe<br />

En 1920, Percy Howe a recommandé la métallisation des racines infectées pour obtenir leur<br />

désinfection et pour éviter les manoeuvres mécaniques de pénétration, non seulement difficiles mais<br />

incomplètes et susceptibles de fermer malencontreusement les orifices de certains canaux<br />

secondaires et des canalicules dentinaires. Avec l'usage d'une solution à basse tension superficielle,<br />

la métallisation doit avoir lieu dans tout l'arbre canalaire.<br />

Percy Howe utilise une solution de nitrate d'argent ammoniacal :<br />

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Percy Howe utilise une solution de nitrate d'argent ammoniacal :<br />

- nitrate d'argent : 3 g (conservation délicate du produit) ;<br />

- eau distillée : 1 g (conservation délicate du produit) ;<br />

- ammoniaque à 20 % : 2,5 g (conservation délicate du produit), qu'il neutralise ensuite avec une<br />

solution au tiers de formol (à 40 %), ce qui entraîne la formation d'un dépôt noir d'argent métallique.<br />

Pour éviter tout effet inesthétique par noircissement, il convient de passer à l'intérieur de l'ouverture<br />

coronaire de la chambre un vernis sur la dentine.<br />

(Les canaux sont ensuite obturés dans la mesure du possible).<br />

Méthode de Schlijecher-Witsemburt : le Jetri (1932)<br />

L'esprit de la méthode est identique à celui de la précédente, mais le produit utilisé est très supérieur.<br />

Il s'agit d'une suspension colloïdale alcoolique d'argent à 19 % d'argent, nommée Jetri. Sa tension<br />

superficielle est très basse et sa diffusion presque instantanée ; il ne se produit pas de coloration<br />

dentinaire noirâtre.<br />

Il n'y a pas d'obturation canalaire ; pour l'auteur, elle est inutile.<br />

Des contrôles radiographiques et histologiques ont montré la valeur indéniable de la méthode !<br />

Le non-comblement a été progressivement abandonné parce qu'il ne satisfaisait pas l'esprit logique<br />

des confrères du moment. N'y trouverions-nous pas aujourd'hui, avec nos connaissances actuelles,<br />

des arguments impensables il y a trente ou cinquante ans ?<br />

Il faudrait réétudier le Jetri d'une manière systématique ou des produits similaires ; de même qu'il<br />

faudrait reprendre la recherche sur l'ionophorèse qui peut donner d'excellents résultats sans<br />

obturation canalaire, avons-nous vu.<br />

Il s'agit de la modification d'un milieu pour le rendre impropre à la vie et au développement des<br />

germes. L'inflammation infectieuse disparaît et le desmodonte cicatrise.<br />

Méthodes visant à l'obturation totale de la cavité <strong>endodontique</strong><br />

Avec le même esprit qui a guidé ses recherches sur la pénétration chimique et désinfectante<br />

complète des canaux et des canalicules grâce à l'ionophorèse, Bernard propose un mode<br />

d'obturation complète grâce à l'emploi d'une pâte expansive constituée par de la chaux vive<br />

(Ocalex ® ). L'obturation de toute la cavité <strong>endodontique</strong> est obtenue grâce à l'expansion que procure<br />

l'oxyde de calcium (CaO) en devenant de l'hydroxyde de calcium (Ca(OH) 2 ) au contact de l'eau. Ca<br />

(OH) 2 remplace le volume CaO et celui de H 2 O contenue dans la cavité.<br />

La réaction est très fortement exothermique, explosive ; elle est freinée en ajoutant du glycol à CaO.<br />

L'expansion ne peut être contrôlée radiographiquement, car CaO et Ca(OH) 2 ont une radio-opacité<br />

comparable à celle de la dentine, ce qui est gênant sur le plan clinique (pour obtenir une certaine<br />

radio-opacité, l'adjonction d'oxyde de zinc ralentit la diffusion du produit).<br />

In vitro, Noirot et Lenfant ont concrétisé la pénétration dans les canaux secondaires par une<br />

expérience similaire à celle destinée à montrer la pénétration des ions OH avec l'ionophorèse.<br />

Histologiquement, Hess et Cohen-Scali ont pu montrer la pénétration de la chaux dans les<br />

canalicules dentinaires (fig. 15). Cette obturation se fait sans refoulement de produits septiques dans<br />

le desmodonte.<br />

L'expansion se fait aussi au-delà d'obstacles comme des instruments casses (fig. 16).<br />

En effet, quoi qu'en pense Bernard, on n'obtient pas une obturation définitive de la dent. L'expérience<br />

a montré à divers auteurs, comme à nous-mêmes, que sans une obturation mécanique classique du<br />

canal avec une pâte durcissante on n'obtient pas la guérison recherchée (fermeture de fistules,<br />

disparition des images apicales radioclaires). Cela provient de ce que l'hydroxyde de calcium<br />

constitue une pâte à canaux résorbable, ce n'est qu'un pansement antiseptique.<br />

Par contre, avec Cohen-Scali, nous avons montré que l'obturation incomplète du canal (les 3/4 de sa<br />

longueur), avec le quart apical vide, n'empêchait pas un bon pronostic du traitement (fig. 17), ce qui<br />

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longueur), avec le quart apical vide, n'empêchait pas un bon pronostic du traitement (fig. 17), ce qui<br />

tend à prouver que, comme avec l'ionophorèse, il s'établit une modification suffisamment durable du<br />

milieu canalaire pour que la cicatrisation ostéo-cémentogène s'installe définitivement.<br />

La technique est la suivante.<br />

- Le parage canalaire est réalisé pour débarrasser au mieux la cavité pulpaire de tout débris<br />

organique. Ne pas assécher le canal ; en cas de gangrène sèche, humidifier avec une solution<br />

alcaline de préférence.<br />

- Remplir au lentulo le canal jusqu'au plancher de la chambre pulpaire. Mettre dans la chambre<br />

pulpaire une boulette de coton et la recouvrir d'un ciment dur.<br />

- La pénétration <strong>endodontique</strong> demande une semaine au maximum et le traitement est stabilisé dans<br />

un délai de quinze jours à plusieurs mois.<br />

- En principe, une seule application suffit.<br />

- Dans un second temps, il y a lieu de remplir le canal principal car la pâte se " vascuolise " (Bernard)<br />

(Ca(OH) 2 est une pâte résorbable).<br />

On reprend le parage du canal pour éliminer le maximum d'hydroxyde formé et on pratique une<br />

obturation traditionnelle à la pâte la plus neutre possible (eugénol-oxyde de zinc, si tant est).<br />

Les résultats cliniques sont satisfaisants et Rost a montré des résultats histologiques parallèles.<br />

Mais un doute pourrait persister dans l'esprit des sceptiques sur la valeur réelle du produit au niveau<br />

des canaux secondaires, d'autant plus que des résultats satisfaisants, cliniques et histologiques, ont<br />

lieu avec n'importe quelle technique d'obturation du seul canal principal. Qui prouve que ceux<br />

constatés ici ne le sont pas pour le même motif, puisque l'on finit par pratiquer l'obturation<br />

traditionnelle du canal principal ? Les contrôles histologiques ont montré la présence de l'hydroxyde<br />

de calcium dans tout l'arbre <strong>endodontique</strong> et la désinfection est massive (fig. 15).<br />

Et même, comme avec l'ionophorèse, l'expansion calcique permet le passage de l'hydroxyde au-delà<br />

d'obstacles à la pénétration mécanique du canal, naturels (calcifications) ou iatrogènes (instruments<br />

cassés, butées...) (fig. 16).<br />

Ainsi par les résultats obtenus par l'ionophorèse et l'hydroxyde de calcium, on retrouve la méthode<br />

qui permet sans pénétrer le canal et sans l'obturer même, dans un certain nombre de cas<br />

désespérés, à obtenir encore un pronostic favorable aux traitements conservateurs des gangrènes.<br />

Interventions<br />

Haut de page<br />

Avant d'entreprendre la description des interventions conservatrices, il convient de noter qu'aucune<br />

d'entre elles n'est pratiquée en période d'évolution aiguë ; ce n'est pas " à chaud " mais " à froid " que<br />

l'on intervient. De deux choses l'une : ou bien l'on se trouve en évolution chronique et l'on peut<br />

intervenir aussitôt, ou bien on est en pleine crise aiguë et il faut transformer l'évolution aiguë de la<br />

desmodontite en chronique.<br />

C'est un traitement d'urgence.<br />

Recommandation<br />

Traitement des desmodontites aiguës<br />

On rencontrera certes plusieurs éventualités selon qu'il s'agira de gangrène pulpaire fermée, de<br />

gangrène ouverte refermée ou de gangrène indirectement ouverte, de réaction postopératoire à la<br />

suite de l'obturation canalaire.<br />

Mais il est capital de savoir, par la lecture d'un cliché radiograhique (obligatoirement pris), s'il y a ou<br />

non un granulome.<br />

En l'absence de granulome, donc des éléments de défense, au périapex, de même chez des<br />

malades à l'état de santé altéré ou chez ceux pour lesquels on redoute un problème focal, il faut<br />

prescrire une couverture antibiotique par voie générale et, si besoin, prendre immédiatement l'avis du<br />

médecin traitant.<br />

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médecin traitant.<br />

Enfin, en cas de fièvre, de cellulite aiguë, etc., le traitement anti-infectieux et anti-inflammatoire<br />

général est de rigueur.<br />

Hormis cette précaution d'ordre général, il est bon de suivre le conseil suivant : sur une dent<br />

douloureuse à la pression, aux vibrations, etc., il faut procéder avec beaucoup de doigté quand une<br />

anesthésie est inefficace (ou presque) ou impossible, d'où la pratique suivante.<br />

Meulage ou fraisage de dent atteinte de desmodontite aiguë<br />

- Caler la dent douloureuse dans son alvéole, entre le pouce et l'index gauche (pour un droitier). Ce<br />

geste étant douloureux, le faire avec beaucoup de précaution ;<br />

- l'y maintenir continuellement tout le temps de l'intervention ; ainsi la mobilité douloureuse de la dent<br />

est supprimée et les vibrations du fraisage sont amorties par la pulpe des doigts ;<br />

- fraiser ou meuler avec légèreté et, si possible, sans perdre le contact avec la dent ;<br />

- l'acte opératoire terminé, relâcher la dent ; la douleur première renaît, sa disparition dépendra du<br />

succès du traitement.<br />

Gangrène pulpaire fermée<br />

C'est un cas délicat, car il faut éviter de laisser la dent ouverte dans le milieu buccal pour ne pas<br />

provoquer le phénomène de surinfection.<br />

A l'abri de la salive, avec précaution et, si possible, sous anesthésie régionale, on ouvre la chambre<br />

pulpaire puis on dégage les orifices des canaux. Il y a émission de gaz nauséabonds, de pus, de<br />

sang ; si on a affaire à des gangrènes sèches, il ne s'échappe que des gaz nauséabonds.<br />

On a drainé<br />

Que faire à partir de cet instant ?<br />

- Laisser ouvert ? Non, c'est la surinfection avec ses complications.<br />

- De préférence, après un ramonage juste suffisant et approximatif, pour éviter toute douleur<br />

excessive et tout refoulement septique apical, on introduit dans le canal une pâte à base de<br />

métronidazole à 10 %, à l'aide d'un lentulo, on place une boulette de coton dans la chambre pulpaire<br />

puis on referme avec un ciment provisoire (fig. 18).<br />

On a refermé ! On prend le risque de supprimer le drainage ; aussi suit-on le malade journellement.<br />

Ce procédé donne toute satisfaction car le métronidazole a une action très rapide. Le malade est<br />

soulagé progressivement, et, en quelques heures, il ne souffre presque plus ; les douleurs<br />

spontanées disparaissent. En trois jours tous les symptômes ont rétrocédé.<br />

Si la gangrène est sèche, mouiller le canal pour que la pâte hydrosoluble de métronidazole puisse<br />

diffuser dans le tissu gangrené et agir ; sinon il y a insuccès.<br />

Le problème se complique quand la desmodontite aiguë se produit à la suite d'un précédent<br />

traitement radiculaire avec une obturation canalaire incomplète.<br />

Le drainage ne peut avoir lieu que si le canal est désobturé :<br />

- parfois c'est facile : le canal n'est que " peint " ;<br />

- si la matière obturatrice peut redevenir molle (action du perchloréthylène sur la pâte eugénol-oxyde<br />

de zinc, de l'eucalyptol sur la gutta), on assiste seulement à une augmentation de la durée de<br />

l'intervention, douloureuse de surcroît, s'il n'y a pas d'anesthésie régionale ;<br />

- mais si la matière obturatrice est définitivement dure, on n'a plus qu'une éventualité :<br />

refroidir la desmodontite aiguë par une prescription d'antibiotiques et d'anti-inflammatoires et essayer<br />

de désobturer le canal quelques jours plus tard.<br />

En cas d'échec, on est amené à extraire la dent.<br />

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En cas de succès, c'est-à-dire d'une nouvelle possibilité de pénétration canalaire totale, on refait un<br />

traitement canalaire, à froid.<br />

Gangrène pulpaire ouverte refermée ou indirectement ouverte<br />

C'est le traitement le plus simple et le plus facile.<br />

Le traitement consiste essentiellement à drainer, à ouvrir ou réouvrir et à laisser ouvert. C'est un<br />

vieux remède, strictement symptomatique mais efficace.<br />

On trépane la chambre pulpaire à travers la dentine ramollie puisque la gangrène n'est qu'"<br />

indirectement ouverte ".<br />

On la débouche si la chambre pulpaire a été inopinément obturée (bourrage alimentaire, pansement<br />

inadéquat).<br />

Après dégagement de l'orifice des canaux, l'ouverture de la chambre pulpaire permet l'évacuation de<br />

gaz (nauséabonds), de sang, de pus, qui soulage très vite le malade, en un quart d'heure celui-ci<br />

peut retrouver le calme.<br />

L'ouverture de la chambre pulpaire est quasi indolore si on l'exécute avec les précautions des gestes<br />

indiquées précédemment. Utiliser une fraise (boule n o 2). Sans perdre le contact de la fraise avec la<br />

dentine, la fraise tourne par à-coups. Prévenir le malade de la sensation de chute de l'instrument qu'il<br />

va ressentir au moment de la pénétration de la fraise dans la chambre, pour éviter chez ce patient<br />

souvent épuisé par la douleur une inquiétude supplémentaire.<br />

Il faut maintenir le drainage ; pour ce faire, le malade doit mettre avant chaque repas une boulette de<br />

coton dans la chambre pulpaire et l'ôter après ; le bourrage alimentaire dans la chambre est ainsi<br />

rendu impossible.<br />

Le succès de ce traitement résulte d'une double action :<br />

- le drainage ;<br />

- les flores canalaire et salivaire sont relativement voisines et les deux milieux sont énergétiquement<br />

semblables. Il n'y a pas de risque de surinfection.<br />

Le succès est le retour à la chronicité de la desmodontite et à la gangrène ouverte.<br />

On prescrit :<br />

- des bains de bouche chauds ;<br />

- des antalgiques ;<br />

- de dormir la tête haute, avec deux oreillers pour éviter toute congestion céphalique inutile.<br />

Pour accélérer l'évolution, si la résolution de la desmodontite aiguë traîne, on peut mettre du<br />

métronidazole dans le canal et refermer sous obturation provisoire comme précédemment décrit pour<br />

la gangrène fermée.<br />

Réaction " biologique " après l'obturation canalaire<br />

Une pulpectomie bien conduite (sans blessure autre que la section pulpaire ni débordements<br />

apicaux) n'a normalement pas de suite douloureuse, ou si peu.<br />

La desmodontite aiguë " biologique " n'apparaît que s'il y a eu des fautes opératoires ou si une<br />

inflammation du desmodonte existait préalablement. L'exemple est caractéristique avec le<br />

granulome : la douleur reflète la rupture d'un équilibre biologique entre l'infection et la défense<br />

leucocytaire et immunitaire. On sait maintenant le rôle des IgE dans une telle réaction qui prend un<br />

caractère anaphylactique ; d'où l'intérêt de toujours désenflammer la desmodontite avant de pratiquer<br />

le parage canalaire, que l'inflammation soit aiguë, bien sûr, mais aussi chronique. Ce genre de<br />

réaction n'existe plus et l'emploi des anti-inflammatoires devient inutile si un pansement au<br />

métronidazole est placé dans le canal gangrené avant son parage mécano-chimique.<br />

Si la radiographie montre une bonne obturation canalaire, désobturer le canal ne sert à rien, sinon à<br />

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Si la radiographie montre une bonne obturation canalaire, désobturer le canal ne sert à rien, sinon à<br />

occasionner une récidive après la seconde obturation canalaire. Il faut faire patienter le malade, lui<br />

prescrire des antalgiques et des anti-inflammatoires.<br />

Les pâtes obturatrices aux corticoïdes diminuent considérablement ces réactions inflammatoires, en<br />

fréquence et en intensité, mais elles ne sont pas sans présenter des inconvénients pour la<br />

cicatrisation apicale ; elles favorisent aussi le camouflage des fautes opératoires. Les corticoïdes<br />

deviennent inutiles s'il y a une séance de prétraitement au métronidazole avant le parage.<br />

Si l'obturation canalaire est incomplète, " refroidir " la dent (antalgiques, anti-inflammatoires, etc.) et<br />

reprendre le traitement canalaire à froid.<br />

Traitement des desmodontites chroniques<br />

Intervention type : traitement d'une gangrène pulpaire ouverte avec granulome<br />

Préambule<br />

- L'opérateur possède une radiographie de la dent.<br />

- La dent ne présente aucune douleur spontanée ni aucune sensibilité provoquée par la pression et la<br />

percussion. La palpation de la région apicale est indolore.<br />

- Comme la pulpe est nécrosée et insensible, comme la desmodontite n'est que chronique, aucune<br />

douleur ne peut se produire au cours de l'intervention, on ne pratique pas d'anesthésie.<br />

- La seule sensibilité qui puisse apparaître est apicale, à la suite d'une piqûre accidentelle du<br />

desmodonte par un instrument ou du tassement de la matière obturatrice canalaire. Mais ce sont là<br />

des incidents opératoires à éviter. Cette sensibilité a le mérite de réduire ces fautes ; toutefois, il n'est<br />

pas conseillé de la rechercher pour connaître la limite de la pénétration et de l'obturation canalaires.<br />

- Tous les actes opératoires relatifs aux pulpectomies se retrouvent ici, ils ne présentent pas de<br />

caractéristiques bien particulières : ouverture de la chambre pulpaire, pénétration radiculaire<br />

(repérage de l'orifice des canaux et leur cathétérisme, détermination de leur longueur, élargissement,<br />

alésage), obturation canalaire.<br />

Il suffit de se reporter à ces rubriques pour en connaître les principes et les techniques.<br />

Nous présenterons une technique très classique, la plus répandue peut-être, puis nous envisagerons<br />

les modifications que l'on peut lui faire subir en tenant compte des états pathologiques rencontrés et<br />

des méthodes de procédés particuliers.<br />

Il s'agit en principe d'une technique en une séance pendant laquelle l'opérateur élimine les amas<br />

pulpaires putrides, désinfecte la dent et obture le ou les canaux.<br />

Toutefois, elle doit être précédée d'une séance de prétraitement au métronidazole pour<br />

désenflammer d'abord le desmodonte.<br />

En réalité on aura deux séances :<br />

- prétraitement ;<br />

- parage.<br />

L'intervention est schématiquement consignée dans le tableau II.<br />

Séance de prétraitement<br />

La séance de prétraitement consiste à :<br />

- mettre la dent à l'abri de la salive (champ opératoire digue) ;<br />

- curetage de la dentine ;<br />

- déposer le métronidazole ;<br />

- obturer provisoirement la dent.<br />

Champ opératoire<br />

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A partir de cet instant, tout apport nouveau de germes est proscrit. On associera des techniques<br />

aseptiques (pour l'instrumentation) à des techniques antiseptiques (pour désinfection du champ et de<br />

la dent).<br />

La digue est mise en place.<br />

On aspire l'eau et la salive contenues dans la dent, on sèche la dent à l'air comprimé, on désinfecte<br />

le champ opératoire et la dent.<br />

Curetage dentinaire<br />

Qui dit curetage dentinaire sous-entend carie ; or la carie est toujours à l'origine d'une gangrène<br />

ouverte, ou indirectement ouverte. Faire un curetage de la dentine, digue en place, offre toujours des<br />

difficultés : la fraise peut déraper à tout moment, percer la feuille de caoutchouc et entraîner le<br />

passage de la salive sur le champ opératoire, l'élimination des débris a lieu par lavage avec<br />

aspiration. On pratique avec précaution de la manière suivante :<br />

- avant la pose de la digue : suppression de l'émail non soutenu à la turbine à l'aide d'une pointe<br />

flamme diamantée ;<br />

- puis la digue posée : curetage total jusqu'à obturation du cri dentinaire.<br />

Ouverture de la chambre pulpaire<br />

Il faut laver largement la cavité, ce qui facilite l'élimination de la dentine curetée et du magma pulpaire<br />

caméral ; on pratique un curetage de la chambre pulpaire avec des excavateurs à tige longue. On<br />

aspire les débris.<br />

Repérage de l'orifice des canaux et de leur direction première<br />

Il faut faire le repérage des orifices des canaux et leur direction première, à l'aide d'une sonde de<br />

Rhein n o 3, puis de fines sondes à canaux.<br />

Ramonage partiel des canaux<br />

Partiel pour éviter tout risque de refoulement septique apical. Le ramonage est fait à sec avec un<br />

racleur de Heström, sans chercher à atteindre l'apex ; il a pour but d'éliminer le plus possible de<br />

pulpe gangrenée. On arrête la pénétration à la première difficulté (coudure...). Ainsi le ramonage est<br />

réalisé sur les 2/3 de la longueur canalaire environ.<br />

Mise en place du pansement<br />

Au bourre-pâte, combler les parties de canaux libérées par ce ramonage avec de la pâte au<br />

métronidazole. Déposer une boulette de coton dans la chambre pulpaire, placer ensuite un ciment<br />

provisoire occlusif.<br />

Durée du pansement<br />

3 à 7 jours : 3 jours au minimum, temps nécessaire au début de la désinflammation du desmodonte.<br />

Séance de traitement proprement dit<br />

- Pose de la digue ;<br />

- dépose du ciment et de la boulette de coton - essuyage de la chambre ;<br />

- mise en place de la solution antiseptique d'irrigation.<br />

Quelle solution ? Une solution détergente au métronidazole serait préférable à toute autre pour avoir<br />

un suivi médicamenteux et éviter des contradictions médicamenteuses. En attendant sa<br />

vulgarisation, on se sert généralement de ClONa. Laisser agir plusieurs minutes avant d'entreprendre<br />

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vulgarisation, on se sert généralement de ClONa. Laisser agir plusieurs minutes avant d'entreprendre<br />

le parage.<br />

" Parage canalaire " proprement dit<br />

Passé ce délai, on commence le cathétérisme puis on prend la mesure réelle des canaux ; ensuite on<br />

commence la pénétration des canaux pour le succès de laquelle un élargissement peut être<br />

nécessaire, ultérieurement un alésage peut être entrepris avec création d'une butée apicale.<br />

La pénétration canalaire s'exécute dans le milieu antiseptique choisi. Ce milieu s'épuise ; il faut<br />

fréquemment le renouveler. Pour cela on absorbe avec du coton ou l'on aspire la solution usagée et<br />

on la remplace par de la fraîche.<br />

Toutes les techniques de pénétration et de parage sont possibles, manuellement, motorisées,<br />

soniques ou ultrasoniques... Nous conservons les manuelles comme exemple. De même, tous les<br />

procédés d'irrigation sont utilisables, de la seringue à la pompe électrique.<br />

L'action des broches est très importante dans la pénétration des canaux infectés, le raclage des<br />

parois doit être efficace, aussi conseille-t-on l'emploi des instruments de Hesdröm (et non celui des<br />

tire-nerfs, peu efficaces et dont les pointes acérées peuvent se fracturer et rester fichées dans la<br />

dentine). On passe alternativement broche et racleur du même numéro avant de passer au numéro<br />

suivant.<br />

En effet, non seulement il faut élargir la lumière du canal, mais il convient en outre de gratter<br />

fortement les parois.<br />

C'est un véritable ramonage du canal qu'il convient d'exécuter.<br />

Les bulles formées par la décomposition des irrigants, s'évacuant vers la chambre, ont le mérite d'y<br />

entraîner les débris du ramonage ; on les y aspire.<br />

L'action simultanée du ramonage et de l'irrigant est totalement arrêtée quand les bulles ou débris qui<br />

remontent dans la chambre pulpaire deviennent propres, puis quand il n'y en a plus.<br />

On peut terminer la désinfection avec les mêmes solutions en pratiquant de grands lavages des<br />

canaux. Il faut éviter que l'aiguille sertisse l'orifice du canal ; le liquide infecté doit ressortir sans force,<br />

le calibre de l'aiguille doit être inférieur à celui du canal élargi.<br />

Séchage<br />

On pratique d'abord l'absorption de la plus grande partie du liquide avec des boulettes de coton.<br />

L'assèchement du canal est fait ensuite avec des pointes de papier ou avec des mèches de coton<br />

montées sur une sonde équarrissoir et préparées à l'avance (plus rigides). Mais il est possible que<br />

ces pointes étalent la boue sur les parois canalaires.<br />

Le séchage d'un canal est arrêté quand une mèche ressort parfaitement nette, sèche et propre. On le<br />

parfait avec une légère insufflation d'air. Il peut arriver que l'apex ait été lésé. Le tissu de granulation<br />

qui s'y trouve donne lieu à un saignement difficile à tarir ; il faut procéder à un tamponnement apical<br />

avec une mèche montée pendant 5 minutes. Mais il vaut mieux éviter cet incident à tout prix, car il<br />

allonge considérablement la durée de l'intervention et retarde la cicatrisation.<br />

Obturation canalaire définitive<br />

On ne la pratique que lorsque le canal est bien sec et qu'il n'existe aucun suintement apical, séreux,<br />

sanguin ou, raison de plus, purulent ; sinon il faut envisager une deuxième séance séparée de la<br />

précédente par un pansement anti-infectieux (métronidazole).<br />

La pâte utilisée n'a pas besoin d'être spécialement antiseptique et anti-inflammatoire, un " eugénate "<br />

suffit. (Il faudra trouver la pâte véritablement neutre).<br />

Contrôle radiographique de l'obturation canalaire<br />

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Une radiographie de contrôle de profil est systématiquement exécutée ; elle est développée sur-lechamp.<br />

On ne considère l'intervention terminée que si l'obturation canalaire est satisfaisante.<br />

Reconstitution provisoire de la dent<br />

Variantes à l'intervention type<br />

Selon l'état pathologique de la gangrène et de ses complications<br />

La description précédente peut servir de base de référence à toutes les variétés de traitements<br />

canalaires des dents infectées. Elle peut subir un certain nombre de modifications selon la forme<br />

clinique de l'infection et ses conséquences pathologiques.<br />

Absence de granulome<br />

L'exemple que nous avons choisi pour l'intervention type est celui d'une gangrène, ouverte,<br />

accompagnée d'un granulome.<br />

La présence d'un granulome assure une limitation du processus infectieux, justifiée par l'existence de<br />

phénomènes immunologiques.<br />

C'est parce qu'il existe un granulome que l'on peut traiter la dent en une fois ; sinon, en cas<br />

d'absence de granulome, l'inoculation septique occasionnée par l'intervention pourrait diffuser dans<br />

les tissus voisins, et même dans le torrent circulatoire par absence de défense immunitaire,<br />

aggravant l'état bactériémique certain consécutif à cette forme de desmodontie.<br />

Quand il n'y a pas de granulome à l'apex d'une dent infectée, il ne faut pas obturer définitivement le<br />

canal dans la séance du " parage ", mais procéder à une désinfection supplémentaire. Le résultat<br />

éloigné est encore satisfaisant (fig. 19).<br />

L'intervention est alors pratiquée avec une deuxième séance de désinfection complémentaire. Le tout<br />

est pratiqué sous couverture antibiotique.<br />

- La séance de prétraitement au métronidazole avant le parage est maintenue.<br />

- Au lieu de pratiquer l'obturation définitive du canal après le parage et une désinfection<br />

extemporanée, on procède à une désinfection prolongée de façon à obtenir une action antimicrobienne<br />

plus poussée. On introduit dans le canal séché de la pâte au métronidazole selon la<br />

technique du prétraitement. C'est une deuxième séance de métronidazole, mais cette fois-ci après le<br />

parage, entre le parage et l'obturation canalaire.<br />

- Le pansement est laissé plusieurs jours : 3 à 7 jours.<br />

- Le débordement apical est sans danger : la pâte est hydrosoluble et non cytotoxique.<br />

- Après l'action de la pâte désinfectante, la deuxième séance de traitement a lieu :<br />

- pose du champ opératoire (digue) ;<br />

- élimination du ciment provisoire ;<br />

- élimination de la boulette de coton située dans la chambre pulpaire ;<br />

- élimination de la pâte pratiquée à l'aide de mèches ;<br />

- lavage du canal au sérum physiologique pour éliminer la pâte désinfectante ;<br />

- séchage du canal, s'assurer de l'absence de tout suintement apical, c'est la règle. Si<br />

exceptionnellement un suintement existe, il faut faire une séance supplémentaire de<br />

désinfection (c'est exceptionnel !) ;<br />

- obturation définitive du canal ;<br />

- contrôle radiographique de l'obturation canalaire ;<br />

- reconstitution provisoire de la dent.<br />

Tout le traitement se fait sous une couverture antibiotique qui dure une semaine.<br />

Fistule<br />

La présence d'une fistule doit rassurer le praticien. Le traitement d'une dent fistulisée a lieu en une<br />

séance, selon les modalités de l'intervention type (il s'agit d'une gangrène ouverte) (fig. 20).<br />

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séance, selon les modalités de l'intervention type (il s'agit d'une gangrène ouverte) (fig. 20).<br />

Si le traitement canalaire fait naître une réaction inflammatoire au niveau du desmodonte les<br />

exsudats peuvent s'éliminer par le trajet fistuleux ; c'est un drainage naturel qui évite toute réaction<br />

aiguë et douloureuse.<br />

La fistule joue le rôle de soupape de sûreté.<br />

On ne pratique plus, comme par le passé, le " traitement d'une fistule " ; c'était une intervention<br />

délicate (lavage du trajet fistuleux à cause de l'antiseptique cytotoxique utilisé) et inutile puisque,<br />

spontanément, quelques jours après l'obturation canalaire, la fistule disparaît. La suppression de la<br />

cause entraîne celle de l'effet.<br />

Il n'y a donc pas de " traitement des fistules ".<br />

Ou bien on supprime la séance de prétraitement au métronidazole, en pensant que la fistule évitera<br />

la poussée aiguë postopératoire qui se traduira par une courte suppuration au niveau de l'orifice<br />

fistuleux, ou bien on souhaite être plus doux et l'on maintiendra la séance de prétraitement et la<br />

fermeture de la fistule au 4 e jour aura lieu plus discrètement. La fermeture de la fistule est le témoin<br />

du succès du traitement canalaire.<br />

Gangrène fermée<br />

L'important est d'éviter à tout prix le contact du contenu canalaire avec la salive pour supprimer le<br />

risque de surinfection.<br />

Le premier temps opératoire est donc impérativement la pose du champ opératoire.<br />

Les temps suivants sont :<br />

- curetage dentinaire, si récidive de carie sous une obturation ;<br />

- trépanation au point d'élection et ouverture de la chambre pulpaire... ;<br />

- la suite comme pour l'intervention type, avec la même variante en cas d'absence de réaction apicale<br />

radiovisible.<br />

Il faut assimiler au traitement des gangrènes fermées les cas où une " reprise du traitement " s'avère<br />

nécessaire. Les modalités opératoires seront les mêmes ; s'ajouteront seulement des actes propres à<br />

retrouver la cavité pulpaire débarrassée de toute trace du traitement précédent (désobturation du<br />

canal, extirpation d'instrument cassé, etc.).<br />

Infection focale<br />

Si dans l'élimination des foyers infectieux susceptibles d'engendrer une infection à distance, et plus<br />

spécialement des foyers dentaires, un traitement conservateur est envisagé, il doit être mené avec<br />

beaucoup de prudence.<br />

Quand ce foyer est une infection canalaire, non seulement il faut le pratiquer avec une séance<br />

intermédiaire de désinfection pour obtenir une stérilisation canalaire prolongée, mais il convient de<br />

faire tout le traitement sous une couverture antibiotique dont la prescription est laissée à la<br />

responsabilité du médecin traitant.<br />

Etat général altéré<br />

Le malade peut être un vieillard, un convalescent, un tuberculeux, un diabétique, etc. Il faut pratiquer<br />

le traitement canalaire comme dans le cas précédent, avec beaucoup de précautions, si besoin après<br />

avis médical.<br />

Evolution - Pronostic<br />

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Contrôle clinique<br />

Il convient d'envisager des conséquences cliniques immédiates qui surviennent dans les jours qui<br />

suivent l'intervention.<br />

Desmodontite aiguë postopératoire<br />

Il faut considérer dorénavant le seul traitement de la gangrène à l'aide de métronidazole placé<br />

directement dans la dent.<br />

Avec le procédé de prétraitement au métronidazole, il n'y a plus de desmodontite, plus ou moins<br />

aiguë, consécutive au traitement.<br />

La desmodontite aiguë postopératoire est le résultat de la rupture de l'équilibre immunologique du<br />

granulome. Il existe un excès d'anticorps, localement et dans le torrent circulatoire, alors que les<br />

antigènes disparaissent brutalement. Le rôle des IgE est important dans ce réveil inflammatoire qui<br />

entraîne un passage de classe IV en classe III de Gell et Coombs.<br />

Avant la pratique d'un prétraitement au métronidazole, cette desmodontite aiguë existait.<br />

Cette desmodontite était très gênante pour le malade, même si le praticien prenait la précaution de<br />

l'informer de l'évolution. Par ailleurs, le patient s'étonnait toujours qu'une dent insensible devînt<br />

douloureuse après le traitement, au risque de le voir perdre confiance en son praticien. Il faut<br />

remarquer aussi que cette réaction postopératoire ne modifiait en rien l'avenir de la guérison. Pour y<br />

remédier on a utilisé des corticoïdes dans les pâtes à canaux.<br />

Les corticoïdes ont des effets divers, favorables ou non :<br />

- inhibition des phénomènes inflammatoires, en particulier l'exsudation en empêchant la diapédèse et<br />

la perméabilité vasculaire ;<br />

- diminution de la fonction phagocytaire ;<br />

- inhibition de la multiplication des cellules lymphocytaires (lymphocytes, macrophages...) ; en<br />

diminuant le taux des lymphocytes, il y a perturbation de la transmission de ce que l'on appelle<br />

l'information antigénique et diminution importante de la formation des anticorps (défense<br />

immunitaire) ;<br />

- inhibition de la formation du collagène, stade capital de la minéralisation (cicatrisation apicale).<br />

- Pour parer à certains inconvénients, on est contraint à certaines obligations :<br />

- nécessité d'adjoindre au corticoïde un agent antimicrobien ;<br />

- nécessité de ne pas utiliser cette médication pendant une période de minéralisation qui deviendrait<br />

alors impossible.<br />

Aujourd'hui, avec le prétraitement au métronidazole, laissé en place de 3 à 7 jours, la<br />

désinflammation des tissus périapicaux, même en évolution chronique, a le temps d'avoir lieu avant<br />

le traitement et l'obturation canalaire définitifs. Les éléments de la défense immunitaire du granulome,<br />

en particulier les IgE, responsables de la réaction postopératoire, disparaissent dans ce délai. Ainsi,<br />

l'emploi des anti-inflammatoires dans les médicaments canalaires ou les pâtes à canaux est devenu<br />

inutile. On peut obturer le canal avec le plus simple eugénate, sans n'avoir plus de réaction de<br />

desmodontite aiguë.<br />

A partir de cette donnée, il faut aussi savoir que l'on ne soigne pas dans une même bouche plusieurs<br />

gangrènes à la fois ou dans des intervalles de temps très brefs. Il faut attendre une à deux semaines<br />

entre chaque traitement pour éviter que les déséquilibres immunologiques ne s'additionnent et ne<br />

créent ainsi des complications aiguës graves par sommation locale et systémique des IgE.<br />

Fermeture de fistule<br />

La fistule joue un rôle de soupape de sûreté pour cette desmodontite postopératoire. Elle constitue<br />

un drainage permanent. Une fois la réaction postopératoire évitée ou terminée, la fistule commence à<br />

se fermer (à partir du 4 e jour), puis à disparaître progressivement.<br />

L'opérateur est témoin du succès du traitement. C'est le bon cas.<br />

Contrôle radiologique<br />

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Passé la semaine qui suit l'intervention, la dent demeure " muette ". Le seul élément qui permette de<br />

s'assurer du succès du traitement est une radiographie prise au moins six mois après l'obturation<br />

canalaire, et qui montre à nouveau une image normale de la région périapicale. L'expérience nous a<br />

appris que, lorsqu'un contrôle radiographique pratiqué le jour même de l'obturation canalaire assure<br />

d'un traitement satisfaisant et d'un foyer peu volumineux (moins de 5 mm de diamètre), il est inutile<br />

d'attendre un semestre ou plus pour reconstituer définitivement la dent ou la prendre comme pilier de<br />

bridge, parce que, dans ce cas, le succès est constant, à quelques rarissimes exceptions près.<br />

De la même manière aucune récidive n'est à craindre.<br />

Par ailleurs, lorsqu'il existe un dépassement important de la matière obturatrice dans le desmodonte<br />

ou dans l'os, un tissu inflammatoire et de résorption persiste, peut-être stérile, mais qui ne permet<br />

plus d'être certain d'un plein succès et qui reste un point d'appel pour une nouvelle infection. Seule la<br />

disparition totale de l'image radiographique assure le pronostic.<br />

Enfin, si l'obturation n'a pas atteint la limite suffisante, même si l'on a pratiqué une séance<br />

d'ionophorèse ou d'Ocalex ® , là aussi le contrôle radiographique à long terme assure du succès<br />

définitif du traitement. Il faut savoir attendre et faire attendre le malade pour restaurer définitivement<br />

la dent ou la prendre comme pilier de bridge.<br />

Ne pas oublier que de nombreux facteurs peuvent réduire le pronostic favorable du traitement :<br />

poches parodontales, surcharges occlusales, isolement de la dent, etc., tous facteurs qui doivent être<br />

traités selon les cas avant ou après le traitement canalaire.<br />

Le contrôle radiographique de la guérison périapicale demande plusieurs mois (en moyenne 6) pour<br />

être affirmatif.<br />

Il est difficile d'affirmer le pronostic pour une desmodontite chronique simple, tant est aussi difficile le<br />

diagnostic radiographique d'une telle desmodontite. Le retour à la normale de la lamina dura sur toute<br />

sa continuité atteste de la disparition de l'inflammation du desmodonte ; mais quand on sait ce qu'est<br />

l'image de la lamina dura, il est difficile d'être très affirmatif.<br />

Par contre, quand il y a granulome, la guérison radiographique est très nette. S'il est vrai que 2<br />

semaines sont nécessaires au retour de la restructuration de l'os alvéolaire et de sa reminéralisation,<br />

il faut que cette reconstruction soit totale dans sa masse pour que toute trace d'image radioclaire<br />

disparaisse.<br />

La rapidité du retour à une image normale dépend :<br />

- de l'âge du malade et de l'ancienneté du granulome, avec ou non présence de sclérose osseuse ;<br />

- des traumatismes opératoires ;<br />

- du débordement de la matière obturatrice canalaire et de sa composition, du durcissement de celleci<br />

;<br />

- du caractère cytotoxique ou non des désinfectants utilisés.<br />

Un délai de 6 mois est une moyenne.<br />

Mais rappelons que la guérison clinique et biologique est beaucoup plus précoce (2 semaines) mais<br />

est asymptomatique.<br />

Contrôle histologique<br />

L'infection du périapex a pour effet de faire naître aux dépens du desmodonte et de l'os alvéolaire un<br />

tissu de granulation, tissu toujours réversible comme l'on sait, dans la mesure où la cause qui l'a<br />

engendré (ici l'infection canalaire) disparaît et n'est pas remplacée par d'autres facteurs<br />

(traumatismes opératoires, débordement de l'obturation canalaire). Le tissu inflammatoire est<br />

accompagné de nombreux vaisseaux néoformés et de cellules inflammatoires : polynucléaires,<br />

lymphocytes, plasmocytes et macrophages.<br />

Le processus cicatriciel a lieu sous l'influence des leucocytes neutrophiles qui ont une action<br />

bactéricide et phagocytaire ; les lysosomes sont des " sacs à enzymes " qui inhibent les produits<br />

toxiques provenant de la mort des cellules ; les macrophages phagocytent les corps étrangers et<br />

possèdent un matériel enzymatique actif qui détruit les germes et les cellules nécrosées ; les petits<br />

lymphocytes qui, en plus de leur action enzymatique, contiennent de l'acide ribonucléique (ARN) et<br />

qui peuvent donner naissance aux plasmocytes, eux-mêmes générateurs d'anticorps et d'ARN.<br />

Durant la guérison, on assiste à la disparition progressive des phénomènes inflammatoires, de<br />

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Durant la guérison, on assiste à la disparition progressive des phénomènes inflammatoires, de<br />

l'oedème et des néovaisseaux. Les fibroblastes s'associent en dehors des cellules pour former des<br />

fibres collagènes ; la fibrose est le résultat de la guérison. En même temps, du cément est déposé au<br />

niveau des zones radiculaires résorbées, il comble les lacunes puis a tendance à obturer l'orifice<br />

apical. A la périphérie du foyer, les ostéoblastes réapparaissent et élaborent une matière osseuse.<br />

L'os alvéolaire est régénère. Le desmodonte retrouve sa structure normale. Cette réparation<br />

demande environ 6 mois pour être radiovisible (fig. 20). Cette évolution favorable peut rencontrer<br />

certaines difficultés. Dans le cas d'épithéliogranulomes, dont le diagnostic est impossible à faire<br />

cliniquement, il peut se produire une évolution kystique après le traitement. Selon Matsumoto et coll.,<br />

il y a seulement 38,5 % de succès pour des images radioclaires dont le diamètre est supérieur à 5<br />

mm. Dans les cas favorables, les cellules épithéliales subissent l'action des macrophages. Un<br />

débordement de la matière obturatrice engendre le maintien du tissu inflammatoire et interdit la<br />

cicatrisation (fig. 9).<br />

L'existence d'une hémorragie et la formation d'un caillot apical retardent la cicatrisation, car ils<br />

doivent être résorbés pour que la cicatrisation soit complète. Toutefois, Nygaard-Ostby cherchait<br />

toujours à les faire naître à l'intérieur de la portion apicale du canal : en effet, selon lui, le caillot<br />

constitue une trame tissulaire qui favorise la cicatrisation et la cémentogenèse à l'intérieur du canal.<br />

C'est la recherche d'un tissu, d'une trame cellulaire entre la matière obturatrice et le tissu en voie de<br />

cicatrisation.<br />

Les schémas de la figure 21 montrent le principe général de la cicatrisation du tissu conjonctif, qu'il<br />

soit desmodontal ou pulpaire.<br />

L'étendue de la destruction intervient dans le processus réparateur ; un foyer peut persister (fig. 22)<br />

ou ne jamais disparaître complètement ; il peut être aussi la qualité de la réponse immunitaire (fig.<br />

23).<br />

Un certain nombre de facteurs généraux interviennent dans la cicatrisation. Seltzer a montré que les<br />

succès sont plus nombreux chez les jeunes (87,8 % à 20 ans) que chez les patients âgés (81,3 %).<br />

L'" âge " du granulome intervient aussi. L'image d'un granulome ancien, bordé de sclérose osseuse,<br />

est plus longue à disparaître.<br />

Chez les tuberculeux, le processus fibreux est retardé.<br />

Chez les diabétiques, il existe toujours un risque d'infection. Le traitement conservateur peut échouer<br />

et l'extraction devient le seul traitement. Un bon équilibre hormonal et la présence de vitamines sont<br />

nécessaires à la cicatrisation (vitamines C pour la formation du collagène, D pour la calcification).<br />

Le traitement de la gangrène pulpaire est dorénavant une intervention très courante. Toutefois,<br />

mettant en cause les réactions profondes de l'organisme, elle doit être pratiquée avec beaucoup de<br />

précautions car elle peut être à l'origine de complications infectieuses très graves.<br />

Parmi tous les procédés thérapeutiques proposés actuellement, il semble que l'évolution se fasse de<br />

plus en plus vers des formules plus biologiques que mécaniques, vers une désinfection plus<br />

spécifique qu'aveugle.<br />

©1990 Éditions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS - Tous droits réservés.<br />

EMC est une marque de Elsevier SAS.<br />

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