Le Tibet et ses habitants - Chine ancienne
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<strong>Le</strong> <strong>Tib<strong>et</strong></strong> <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>habitants</strong><br />
employé à pensionner Dé-poung, Sé-ra <strong>et</strong> Ga-ldan. En dernière analyse<br />
ce sont ces trois couvents qui, en raison du nombre de leurs moines<br />
(20.000) 1 , de leur richesse, de la multitude de leurs serviteurs, de leur<br />
voisinage p.430 de la capitale, de la quantité considérable de prieurés<br />
placés dans l'obédience de leurs abbés, de leurs relations avec les plus<br />
grandes familles du pays qui toutes y comptent quelques-uns de leurs<br />
membres, sont les vrais maîtres de l'État. Il en résulte entre eux<br />
d'ardentes rivalités où les intrigues, le poison <strong>et</strong> l'émeute jouent tour à<br />
tour leur rôle ; ce n'est pas à des moyens plus louables que Sé-ra doit<br />
sa prééminence présente 2 . Dans les provinces, le gouvernement est<br />
limité par les seigneurs terriens qui ont sur leurs serfs certains droits de<br />
justice, de corvée <strong>et</strong> de taxation, surtout par les premiers d'entre eux,<br />
à savoir les grands monastères tels que Di-koung, Min-dol-ling, Tsa-ri,<br />
Gyang-tsé, Ting-gé, Lha-ri. De plus, il se borne lui-même en<br />
abandonnant tout ou partie de <strong>ses</strong> droits sur des portions de territoire<br />
au profit de <strong>ses</strong> fonctionnaires ou des couvents, à charge pour eux de<br />
pourvoir à leur administration <strong>et</strong> de tenir un registre spécial des<br />
rec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> des dépen<strong>ses</strong> qui y sont relatives.<br />
Nous voyons maintenant la complication de la situation politique qui<br />
se cache sous une apparente homogénéité : deux aristocraties, une<br />
laïque, affaiblie <strong>et</strong> subordonnée, mais subsistant néanmoins ; une autre<br />
religieuse, elle-même divisée en une vingtaine d'ordres monastiques<br />
indépendants, dont quatre ou cinq considérables. Dans le premier de<br />
ces ordres deux personnages égaux religieusement, inégaux<br />
politiquement ; dans la clientèle du premier de ces personnages trois<br />
couvents se disputant l'influence. C'est ce qui fait comprendre comment<br />
le gouvernement chinois peut maintenir son autorité au <strong>Tib<strong>et</strong></strong> avec vingt<br />
<strong>et</strong> un fonctionnaires <strong>et</strong> moins de 1.500 soldats. C'est lui qui a placé le<br />
de sa cour, 180.000 francs pris sur l'impôt ; il n'est pas tenu compte des bénéfices<br />
particuliers du Talé lama qui sont beaucoup plus considérables.<br />
1 On dit 9.000 à Dé-poung, 8.000 à Séra, 5.000 à Ga-ldan. Ces chiffres sont<br />
probablement un peu exagérés, mais pas de beaucoup. Il y a dans la plaine de Lha-sa<br />
30.000 moines, qui tous voient en se levant les premiers rayons du soleil briller sur le<br />
toit d'or du Po-ta-la.<br />
2 V. t. I, p. 262.<br />
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