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Le Tibet et ses habitants - Chine ancienne

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<strong>Le</strong> <strong>Tib<strong>et</strong></strong> <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>habitants</strong><br />

qui tiennent ostensiblement de p<strong>et</strong>its commerces <strong>et</strong> particulièrement<br />

des bars, mais l'eau-de-vie <strong>et</strong> la bière sont les moindres cho<strong>ses</strong> qu'elles<br />

vendent. Lha-sa n'est pas moins renommé pour la multitude de <strong>ses</strong><br />

filles de plaisir que pour la multitude de <strong>ses</strong> moines <strong>et</strong> un Tibétain, qui<br />

savait mal farder la vérité, m'avoua un jour qu'à l'exemple de la plupart<br />

de <strong>ses</strong> compatriotes il y allait en pèlerinage plus pour le premier motif<br />

que pour le second. En somme les Tibétains ont à notre point de vue de<br />

très mauvai<strong>ses</strong> mœurs <strong>et</strong> ils sont trop grossiers pour y attacher une<br />

importance sérieuse.<br />

Aux yeux du voyageur qui passe, l'intérieur des familles tibétaines<br />

semble dépourvu de lumière <strong>et</strong> de joie, tant l'apparence des cho<strong>ses</strong> est<br />

misérable ; au dehors, un froid glacial sévit, la bourrasque de neige<br />

tourbillonne, au dedans un pauvre feu flambe fumeux <strong>et</strong> puant, presque<br />

inutile, la tente ou la maison est sale, peu commode, froide <strong>et</strong> nue avec<br />

des feutres trop usés pour amortir la rudesse du sol, les vêtements sont<br />

négligés <strong>et</strong> pleins de vermine, la nourriture fade <strong>et</strong> monotone, les<br />

taches rudes ou abjectes. Pourtant nul n'aime autant que le Tibétain sa<br />

patrie <strong>et</strong> son foyer ; pour lui son pays morose <strong>et</strong> rebelle est le plus<br />

beau du monde, pour lui hors de sa maison délabrée, p.357 hors de sa<br />

tente déchiqu<strong>et</strong>ée <strong>et</strong> secouée par le vent, il n'y a ni paix, ni joie. Il<br />

trouve moyen d'être gai plus souvent que triste ; il se donne du bon<br />

temps <strong>et</strong> se divertit à peu de frais. Une tasse de thé beurré ou un pot<br />

de bière avec une bonne pipe de tabac, une causerie bruyante, relevée<br />

de plaisanteries au gros sel, une partie animée de dés ou d'ossel<strong>et</strong>s,<br />

cela suffit au bonheur d'un Tibétain. Je n'ai pas remarqué que leurs<br />

divertissements fussent très variés ; qu'importe, s'ils y trouvent<br />

toujours un plaisir nouveau ? A ce propos je relèverai une erreur<br />

commise par M. Rockhill, d'ordinaire observateur si sûr ; il prétend que<br />

les Tibétains pratiquent peu les jeux de hasard <strong>et</strong> que notamment le jeu<br />

de dés leur est inconnu. Or, il n'existe point de peuple plus épris de la<br />

passion du jeu que les Tibétains, ils dament le pion (qu'on me perm<strong>et</strong>te<br />

l'expression) aux Chinois eux-mêmes <strong>et</strong> gageraient jusqu'à leur<br />

chemise s'ils en avaient. <strong>Le</strong> jeu le plus communément usité parmi eux<br />

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