Le Tibet et ses habitants - Chine ancienne
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<strong>Le</strong> <strong>Tib<strong>et</strong></strong> <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>habitants</strong><br />
brèves <strong>et</strong> même, si l'on considère comme points d'aboutissement les<br />
véritables centres commerciaux, à savoir : Lan-tcheou <strong>et</strong> Tch'ing-tou, on<br />
trouve que le premier est moins éloigné que le second de Lha-sa (2.100<br />
<strong>et</strong> 1.940 kilomètres au lieu de 2.170 <strong>et</strong> 2.000). Mais les pays qu'on<br />
traverse pour se rendre à Ta-tsien-lou sont plus peuplés ; tandis que le<br />
Kan-sou est pauvre, la province de Seu-tchouen est une des plus riches<br />
<strong>et</strong> des plus populeu<strong>ses</strong> de la <strong>Chine</strong> <strong>et</strong> produit à peu près tout ce que<br />
produit la <strong>Chine</strong> ; le <strong>Tib<strong>et</strong></strong> dépend politiquement du Seu-tchouen <strong>et</strong> Ta-<br />
tsien-lou a le monopole du commerce du thé avec le <strong>Tib<strong>et</strong></strong> comme Si-ning<br />
a le monopole du même commerce avec la Mongolie <strong>et</strong> le Turkestan. Or<br />
le thé est de beaucoup l'article qui se vend le plus <strong>et</strong> avec le plus de<br />
bénéfice au <strong>Tib<strong>et</strong></strong>. D'après les comptes officiels du li-kin, Ta-tsien-lou<br />
vend chaque année à sa clientèle tibétaine 6 millions de kilogrammes de<br />
thé, valant, selon la qualité, de 0 fr. 85 à 1,25 l'un à Ta-tsien-lou <strong>et</strong> de<br />
2,25 à 4 francs à Lha-sa. Il faut ajouter à ce chiffre déjà respectable tout<br />
ce qui passe en contrebande, principalement par Soung-p'an. Ce trafic<br />
est une source de gros bénéfices pour les maisons chinoi<strong>ses</strong> de Si-ngan,<br />
qui ont obtenu de leur compatriote le vice-roi du Seu-tchouen le privilège<br />
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exclusif de vendre du thé sur le marché tibétain. Elles profitent du<br />
manque de concurrence pour faire payer très cher de très mauvaise<br />
marchandise. Ce thé d'exportation contient dans les briques de qualité<br />
inférieure plus de bois que de feuilles ; il est souvent avarié <strong>et</strong> le meilleur<br />
n'a pas de quoi flatter notre goût européen. Mais les Tibétains y sont<br />
habitués <strong>et</strong> s'en déclarent satisfaits. C'est un préjugé profondément ancré<br />
dans leur esprit que tout autre thé n'est que du thé falsifié <strong>et</strong> dangereux.<br />
Même dans le La-dag, soumis à l'autorité britannique, où ils peuvent se<br />
procurer du thé de l'Inde de meilleure qualité <strong>et</strong> à plus bas prix, ils<br />
s'obstinent à user de c<strong>et</strong> affreux thé de Ta-tsien-lou, affirmant que celui<br />
des Anglais est un poison capable de donner toute espèce de maladie.<br />
Marchands, gouvernement <strong>et</strong> lamas, qui souvent d'ailleurs ne font qu'un,<br />
ont également intérêt à encourager ce préjugé populaire, les marchands<br />
à cause du profit matériel qu'ils en r<strong>et</strong>irent, le gouvernement <strong>et</strong> les lamas<br />
pour empêcher autant que possible les relations commerciales avec les<br />
Anglais.<br />
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