Le Tibet et ses habitants - Chine ancienne
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<strong>Le</strong> <strong>Tib<strong>et</strong></strong> <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>habitants</strong><br />
On pourrait écrire un curieux chapitre sur l'influence du préjugé en<br />
matière commerciale. On vient de voir à propos du commerce du thé<br />
que le préjugé peut être plus fort que l'intérêt. <strong>Le</strong> commerce du safran<br />
est un exemple non moins singulier du même fait. La <strong>Chine</strong> tire son<br />
safran du <strong>Tib<strong>et</strong></strong>, qui lui-même est obligé de l'ach<strong>et</strong>er à l'Inde. La route<br />
est mauvaise <strong>et</strong> longue, le transport coûteux. Pour remédier à<br />
l'enchérissement qui en résulte on falsifie la marchandise, <strong>et</strong> les Chinois<br />
achètent sous le nom de safran un mélange aussi ingénieux que<br />
détestable. Il serait évidemment plus avantageux de faire venir c<strong>et</strong><br />
article directement de l'Inde par voie maritime ; on l'aurait ainsi à<br />
meilleur compte <strong>et</strong> de meilleure qualité. Mais les Chinois sont persuadés<br />
que le safran du <strong>Tib<strong>et</strong></strong> est le meilleur des safrans, ils sont contents de<br />
leur erreur <strong>et</strong> ils ne veulent pas changer leur persuasion pour la vérité.<br />
Outre le thé, Ta-tsien-lou exporte au <strong>Tib<strong>et</strong></strong> des cotonnades en p<strong>et</strong>ite<br />
quantité, des tentes de coton, des soieries pour une valeur assez<br />
importante, du brocart, des k'a-tag (k'a-btags), sortes d'écharpes en<br />
soie p.383 grossière <strong>et</strong> transparente que les Tibétains offrent aux<br />
personnes qu'ils veulent honorer <strong>et</strong> qui font l'office de nos cartes de<br />
visite, des fourrures de luxe, du cuir, des selles, de la porcelaine, des<br />
turquoi<strong>ses</strong> plus fines que celles du <strong>Tib<strong>et</strong></strong>, des fusils, de la quincaillerie,<br />
des drogues, du tabac, des allum<strong>et</strong>tes japonai<strong>ses</strong> partout usitées dans<br />
le <strong>Tib<strong>et</strong></strong>, de la farine de blé, du riz, du sucre noir, du vinaigre <strong>et</strong> des<br />
conserves alimentaires pour les fonctionnaires <strong>et</strong> les officiers chinois.<br />
<strong>Le</strong>s Tibétains donnent en échange des étoffes <strong>et</strong> des couvertures de<br />
laine, des peaux <strong>et</strong> fourrures, du musc, des bâtons odorants, de la<br />
poudre d'or, des cornes d'antilope, de la rhubarbe, du borax <strong>et</strong> des<br />
marchandi<strong>ses</strong> de l'Inde. Ils achètent beaucoup plus qu'ils ne vendent <strong>et</strong><br />
ils paient la différence en roupies, qu'ils se procurent dans leur<br />
commerce avec l'Inde, où ils vendent plus qu'ils n'achètent.<br />
<strong>Le</strong> marché de Li-kiang fou semble avoir été important avant la<br />
révolte des musulmans du Yun-nan. Mais, à la suite de la guerre qui<br />
bouleversa ce pays entre 1855 <strong>et</strong> 1873, Li-kiang fut ruiné <strong>et</strong> depuis ne<br />
s'est relevé qu'imparfaitement. C<strong>et</strong>te ville est le centre du commerce<br />
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