été tiré, en effet, moins d'exemplaires sur peau de ... - Livre Rare Book

158. DELAUNAY (Sonia) & DELTEIL (Joseph). Correspondance inédite de onze lettres
adressées par le peintre à l’écrivain (1947-1964).
Onze lettres autographes signées « Sonia », toutes avec enveloppe timbrée.
Détail sur demande. 10 000 €
Magnifi que correspondance entre deux artistes que lie une longue et profonde amitié, et le souvenir
d’un cher disparu, Robert Delaunay, mari de Sonia et ami intime de Joseph Delteil. « Il avait du soleil
en lui comme vous » écrit-elle à son propos (lettre du 29-3-48).
Cette correspondance est celle d’une femme lucide et d’une artiste exigeante, ayant foi en son travail,
sans concession vis-à-vis de la société artistique parisienne, et fi dèle en amitié. Elle témoigne de la dureté
de la vie à Paris durant l’après-guerre : « L’atmosphère n’est pas belle ici, c’est plus pourri que jamais – dans
tous les domaines – c’est pourquoi je dis être pur, propre et honnête avec soi-même c’est un grand luxe qu’on
fi ni par vous envier. » ; de ses diffi cultés fi nancières : « Les aff aires sont très dures et on se fait du soucis [sic] »
(lettre du 3.1.48). Elle évoque souvent la Tuilerie de Massane, domaine viticole dans lequel réside le
couple Delteil : « J’aime bien la Tuilerie, le ciel est si haut par là, on rêve si en profondeur sur le petit chemin
vers Montpellier – la nature vous pénètre et vous purifi e. J’aime ce coin du monde. » ou bien encore « Écrivez
moi, parlez moi de vos vignes et de vos chevaux de labour – de vos travaux – j’ai le paysage de la Tuilerie dans
les yeux – c’est grand et c’est beau » (lettre du 29-3-48).
Elle soutient le moral de son ami écrivain, alors en plein doute après l’accueil peu enthousiaste réservé
à Jésus II (1947) : « Je crois que votre œuvre prendra son poids et sa valeur avec le temps, elle est belle et
riche » (lettre du 3-1-48) et encore « Je ne comprends pas que les gens ne crient pas de plaisir en lisant Jésus
II » (lettre du 29-348). Elle évoque la mainmise des communistes sur le milieu artistique : « Depuis
4 ans j’ai demandé au Musée d’Art Moderne de faire une grande rétrospective de Robert [Delaunay] mais
ils n’osent pas. C’est trop pur (et puis la peur du parti communiste qui veut la peinture au service de la
politique). Comme appartenir à ce parti donne pas mal d’avantages ils y sont tous et se chantent des louanges
réciproquement et avec une publicité plutôt tapageuse. » ; et stigmatise le comportement de ses pairs : « Je
vis chez moi le plus possible, car ce que je vois dehors m’attire peu, les artistes veulent ressembler à des vedettes
de cinéma et se font photographier du matin au soir dans des costumes, ou plutôt absence de costumes les plus
divers – c’est vraiment très loin de la création et de l’œuvre de l’esprit, seule chose qui compte et qui reste. »
(Lettre du 30-10-49).
On apprend également dans la lettre du 12-3-47 qu’il existait un projet de livre de Delteil illustré par
Sonia, mais ce livre ne verra pas le jour : « […] j’aimerais si c’est possible faire exécuter le tout en litho et en
couleur – ma composition et votre texte que je vois comme une continuation de ma composition. ».
Exceptionnel ensemble, totalement inédit.
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