été tiré, en effet, moins d'exemplaires sur peau de ... - Livre Rare Book

Hésitant entre l’album pour enfants et la caricature historique et politique, ces Impressions de voyages
aériennes et maritimes de Monsieur Trouillard se situent dans la première partie de la carrière de Cham,
et sont probablement le premier jet d’un album dont l’exécution définitive n’a jamais été menée à bien.
Leur composition, comme le laisse supposer la page de titre, date bien des années 1847-48 ; en effet,
outre le parallèle entre la situation politique de la France à l’époque et les aventures de notre héros
chez les « sauvages », la légende d’une case de l’histoire : « Les sauvages manifestent leur mécontentement
par des banquets réformistes » ne laisse pas de place au doute ; la mémorable « campagne des banquets
réformistes », organisée pour la promotion du suffrage universel, fut en effet organisée en France en
1847 jusqu’au début de 1848. À cette époque, Cham se consacre alors exclusivement à sa carrière de
dessinateur de presse, entamée dès 1843 dans le Charivari et L’Illustration, ce qui explique peut-être en
partie l’inachèvement de cette œuvre en album.
Tête-bêche, la seconde partie du carnet de dessins est composée d’une suite hétéroclite de croquis à
la mine de plomb ou à la plume, composée de 43 feuillets. Fort intéressante, elle témoigne de l’intense
activité créatrice de Cham et de ses différents pôles d’intérêt : on découvre pêle-mêle un couple
d’espagnols dansant, un beau portrait d’homme d’une trentaine d’années, un Don Quichotte en pied
et des janissaires (très beaux dessins à pleine page), un poème autographe daté « 18 nov. Minuit !! »,
plusieurs croquis de chats, quelques exercices de mathématiques dont on sait que Cham, tout comme
Gavarni, était friand, des dessins de cerfs, des croquis de tableaux (Cham avait inauguré en avril 1845
un genre dont il restera tout à la fois l’un des pionniers et le maître incontesté : la caricature des salons),
des esquisses de scènes théâtrales (belle double page) et des acteurs, dont l’un avec descriptif détaillé
du costume (Cham avait un goût prononcé pour le théâtre et il a dessiné plusieurs costumes pour des
pièces), etc. Enfin une liste de noms sur deux pages, dont on n’a pu déceler la signification, et parmi
laquelle on reconnaît entre autres les noms de G.[ustave] Doré, [Léon] Gérôme, Champfleury, Louis
Mesnard, Huet, Préault, Guillaume, Jules Barbier, M. et Mme Murger à Marlotte [résidence d’Henry
Murger], etc.
Ce carnet de dessins du père de la bande-dessinée en France et de celui qui fut, selon les termes de
David Kunzle « le caricaturiste le plus en vogue d’une époque que la postérité a désigné comme
celle de Daumier », est une exceptionnelle « relique », tant par l’intérêt de son contenu que par
son caractère totalement inédit.
Félix Ribeyre, Cham, sa vie et son œuvre. Préface d’Alexandre Dumas fils. (Plon, 1884). – David Kunzle, The History
of the comic strip, II, the comic strip in the nineteenth century.
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