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été tiré, en effet, moins d'exemplaires sur peau de ... - Livre Rare Book

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L’histoire : Alexandre-Achille-Napoléon Trouillard, épicier, est fasciné par les ballons <strong>de</strong>puis son plus<br />

jeune âge. Il construit un ballon gonflé à l’hydrogène, part <strong>en</strong> voyage malgré les pleurs <strong>de</strong> sa femme.<br />

Il fait naufrage et abor<strong>de</strong> une terre où il fait la connaissance d’indigènes. Il est sacré roi et t<strong>en</strong>te <strong>de</strong> les<br />

initier à la « civilisation » : allumettes chimiques, habillem<strong>en</strong>t, cours <strong>de</strong> français, création d’industries,<br />

banques, chemins <strong>de</strong> fer à vapeur, usage <strong>de</strong> l’éther, opéra, organisation d’une gar<strong>de</strong> nationale, etc.<br />

Mais les sauvages manifest<strong>en</strong>t leur mécont<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t : banquets réformistes, refus <strong>de</strong>s factions, ce qui<br />

occasionne <strong>de</strong>s arrestations (hôtel <strong>de</strong>s Haricots). Le peuple s’in<strong>sur</strong>ge alors violemm<strong>en</strong>t et M. Trouillard<br />

doit fuir. Il repart <strong>en</strong> ballon et atterrit chez le bey <strong>de</strong> Tunis, qui l’attache à son service. Maltraité,<br />

il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> fuir à nouveau <strong>en</strong> compagnie d’un compatriote cuisinier. Après <strong>de</strong>ux ans d’abs<strong>en</strong>ce sa<br />

femme part à sa recherche. Trouillard est séparé <strong>de</strong> son compagnon durant la fuite. Capturé par <strong>de</strong>s<br />

pêcheurs, il <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t une attraction <strong>en</strong> tant qu’ « homme poisson ». Le cuisinier, <strong>de</strong> son côté, <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t<br />

l’esclave d’un singe : ils r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t la femme <strong>de</strong> M. Trouillard. Elle lui appr<strong>en</strong>d <strong>de</strong> qui elle est l’épouse :<br />

reconnaissance et joie. Ils se mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble à la recherche <strong>de</strong> M. Trouillard. Ils assist<strong>en</strong>t au spectacle<br />

<strong>de</strong> l’ « homme poisson » ; ce <strong>de</strong>rnier reconnaît son épouse dans l’assistance et t<strong>en</strong>te <strong>de</strong> la rejoindre mais<br />

celle-ci s’<strong>en</strong>fuit effrayée. Elle déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> France avec le cuisinier. Le couple se croise lors du<br />

départ, se reconnaiss<strong>en</strong>t mais sont séparés. La femme reste à quai, l’homme part <strong>en</strong> mer avec le cuisinier.<br />

Ils font naufrage et sont recueillis par <strong>de</strong>s pirates. Le capitaine leur annonce qu’ils seront p<strong>en</strong>dus. Le<br />

bateau est attaqué par d’autres forbans [à partir <strong>de</strong> ce mom<strong>en</strong>t l’histoire est esquissée à la mine <strong>de</strong><br />

plomb] : les pirates sont vaincus et p<strong>en</strong>dus. Trouillard et son ami se cach<strong>en</strong>t dans un tonneau, s’<strong>en</strong>fui<strong>en</strong>t<br />

à bord d’une chaloupe qui fait naufrage.<br />

Ce récit, qui joue <strong>de</strong> la multiplication <strong>de</strong>s péripéties, s’inscrit ainsi dans la thématique qui aura<br />

dominé toute la production du XIX e siècle : celle du voyage.<br />

Particulièrem<strong>en</strong>t soignée et aboutie, la rédaction <strong>de</strong> cette histoire est malheureusem<strong>en</strong>t inachevée : les<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières pages sont restées à l’état d’ébauche, les cases et <strong>de</strong>ssins étant seulem<strong>en</strong>t esquissés à la<br />

mine <strong>de</strong> plomb. Le naufrage du héros, à l’antépénultième case, laisse présager une issue dramatique à ces<br />

av<strong>en</strong>tures, mais on <strong>de</strong>vine à la <strong>de</strong>rnière case l’esquisse d’une maison : serait-ce le retour <strong>de</strong> notre héros<br />

sain et sauf à son domicile ?<br />

Les tribulations du héros, Monsieur Alexandre-Achille-Napoléon Trouillard, « épicier » souv<strong>en</strong>t<br />

ridicule, rappelle les précéd<strong>en</strong>tes histoires <strong>en</strong> album <strong>de</strong> Cham : Monsieur Lajaunisse, malheurs d’un<br />

beau garçon (1839), M. Lamélasse, épicier et capitaine <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> nationale à cheval (1839) et Histoire <strong>de</strong><br />

M. Jobard (1840).<br />

Non signée, il ne fait aucun doute que cette fantaisie humoristique, passablem<strong>en</strong>t extravagante, est<br />

l’œuvre du comte Amédée <strong>de</strong> Noé, dit Cham.<br />

Le trait du <strong>de</strong>ssin, tout d’abord, est facilem<strong>en</strong>t reconnaissable, d’autant plus qu’à cette époque Cham<br />

a trouvé son style. L’écriture qui lég<strong>en</strong><strong>de</strong> chaque <strong>de</strong>ssin ne fait elle aussi aucun doute, avec notamm<strong>en</strong>t<br />

la lettre « D », id<strong>en</strong>tifiable <strong>en</strong> ce qu’elle est toujours écrite <strong>en</strong> majuscule, même à l’intérieur d’un<br />

mot. Enfin une multitu<strong>de</strong> d’indices nous conduis<strong>en</strong>t à confier à Cham la paternité <strong>de</strong> cette histoire ;<br />

on reti<strong>en</strong>dra particulièrem<strong>en</strong>t les trois suivants : la première vignette où apparaît le héros <strong>de</strong> l’histoire,<br />

Monsieur Alexandre-Achille-Napoléon Trouillard, rappelle la physionomie <strong>de</strong> son créateur. Or on<br />

sait que Cham aimait à glisser sa silhouette ou celle <strong>de</strong> ses proches dans ses <strong>de</strong>ssins. La femme <strong>de</strong><br />

Trouillard, qui apparaît, elle, dans la troisième vignette, est égalem<strong>en</strong>t un indice parlant : « ma<strong>de</strong>moiselle<br />

Cléopâtre, Arthémise Céleste Chalumeau », dont la ron<strong>de</strong>ur manifeste le « goût fort prononcé » <strong>de</strong> monsieur<br />

Trouillard pour les ballons, est une grosse matrone, d’aspect vulgaire. Or on sait que l’épouse <strong>de</strong> Cham,<br />

Jeanne Leroy avant qu’elle ne <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>ne une « <strong>de</strong> Noé », était une « grosse femme, d’appar<strong>en</strong>ce commune,<br />

ignorante, mal élevée, honteusem<strong>en</strong>t avare et sans aucun esprit » (Alexandre Dumas fils). Enfin dans l’angle<br />

du <strong>de</strong>rnier feuillet on trouve au crayon la m<strong>en</strong>tion : « Rue du Bac ». C’est dans cette rue que se trouvait<br />

l’hôtel particulier dans lequel Cham résidât sa vie durant.<br />

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