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Le café-concert: Archéologie d'une industrie ... - Marc Angenot

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de parolier attitré, n'ont guère rapports avec le Bureau de Censure. Il s'agit là des véritables<br />

"beuglants" de quartier, salles point toujours sûres pour le bourgeois de passage. En<br />

descendant plus bas encore on va vers les "bouis-bouis" ouvertement liés à la basse prostitution.<br />

(Il est vrai que l'"amour vénal" est présent dans toutes les salles, avec les "cocottes" des<br />

Champs-Élysées et les "horizontales" des Boulevards). Ici le chroniqueur renonce à détailler:<br />

Je ne passerai pas en revue les salles de... quinzième ordre qui<br />

pullulent à Paris (...) ni [les <strong>café</strong>s-<strong>concert</strong>s] de Belleville, de<br />

Grenelle, où viennent se divertir et s'approvisionner un tas de<br />

malandrins, de filous, d'escarpes, de repris de justice, et leurs<br />

abominables compagnes: mégères ou luronnes en cheveux, au<br />

milieu desquels il est dangereux de s'aventurer. (Chadourne,<br />

1889)<br />

Aucun chroniqueur ne confond le caf'conc' -- qu'il soit beuglant ou bonbonnière -- avec<br />

les salles de bal pourvues d'attractions à heure dite, c'est-à- dire le "Moulin Rouge", qui s'ouvre<br />

le 5 octobre 1889 Place Blanche, ou les "Folies-Bergère", lesquelles cependant passent en<br />

spectacle des chanteurs fameux du caf'conc'. De même, la chanson de caf'conc' connaît une<br />

diffusion dans d'autres lieux publics, au premier chef les guinguettes de banlieue à Bougival,<br />

Asnières ou Robinson.<br />

La Province et l'étranger<br />

<strong>Le</strong> <strong>café</strong>-<strong>concert</strong> s'est installé dans les chefs-lieux de départements dès la fin des années<br />

1860. À l'étranger, il s'est développé "à l'instar de Paris": Bruxelles compte une douzaine de<br />

<strong>café</strong>s-<strong>concert</strong>s où repassent les succès parisiens, -- étagés selon leur distinction encore, de<br />

"l'Alcazar" (près des Galeries Saint-Hubert) et de "la Scala" jusqu'aux "putrides beuglants"<br />

assiégés par les publics les plus bariolés, et où les appointements des artistes varient de 2 à 7<br />

t<br />

francs par jour (L'Indépendance belge, 5.5.1889, suppl .).<br />

Certaines grandes villes de la province française possèdent des salles prestigieuses,<br />

surtout dans le Midi, ainsi "l'Alcazar" de Marseille (1880 - 1966) et le "Casino" de Toulon. Il<br />

semble en fait qu'il y ait désormais un ou plusieurs <strong>café</strong>s-<strong>concert</strong>s dans la moindre souspréfecture,<br />

plusieurs à coup sûr si elle est ville de garnison. Et ce qui s'offre est l'ersatz<br />

minable des succès parisiens:<br />

DJELMA: COMIQUE EXCENTRIQUE ET GOMMEUSE HIGH-LIFE<br />

BERTHE: GENRE DICTION<br />

RIVOIRE: GENRE AMIATI...<br />

Un roman des moeurs provinciales de 1889, Justice humaine de Chaperon, présente le beuglant<br />

de sous-préfecture comme un lieu relativement digne, sinon compassé du moins honorable<br />

où on peut voir trôner dans les loges les notables de l'endroit.(3) Ce n'est pas l'image que l'on<br />

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