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Phénomènes d'actance dans des langues caucasiques.

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artxibo-00610768, version 1 - 24 Jul 2011<br />

2 Structures ergatives<br />

Nous allons commencer par étudier plus en détail les structures ergatives <strong>des</strong><br />

<strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong>. Ce qu’il y a de très dépaysant <strong>dans</strong> ces <strong>langues</strong> est en effet<br />

que le « patient » n’est pas traité comme <strong>dans</strong> les <strong>langues</strong> accusatives par un marquage<br />

spécial. C’est l’agent qui a un traitement différent. De plus, il existe plusieurs<br />

structures selon la sémantique <strong>des</strong> verbes. La « construction bi-actancielle<br />

majeure » est donc quelque chose qui est moins prégnant en caucasique que par<br />

exemple en français. Lazard (1994, 2001) appelle « Construction bi-actancielle majeure<br />

» (« CBM ») la structure prototypique <strong>des</strong> verbes d’action, du type « tuer »,<br />

qui décrit une action d’un agent sur un patient en affectant totalement le patient.<br />

Certains verbes au sémantisme très différent, comme « voir » (ex. 11), peuvent se<br />

ranger <strong>dans</strong> cette construction. Mais <strong>dans</strong> les <strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong>, la sémantique<br />

du verbe est sensible au niveau de la construction de l’énoncé. Alors qu’en français<br />

les verbes “aimer”, “aider” et “tuer” ont les mêmes propriétés syntaxiques (verbes<br />

transitifs), en géorgien nous aurons trois constructions différentes. Dans les trois<br />

énoncés ci-<strong>des</strong>sous, l’actant « agent » et l’actant « patient » sont à <strong>des</strong> cas différents.<br />

(Creissels 1977: 61):<br />

(17) P’et’re-m Irine mok’la « PierreERG a tué IrèneABS. »<br />

(18) P’et’re Irine-s miexmara « PierreABS a aidé IrèneDAT. »<br />

(19) P’et’re-s Irine seuq’varda « PierreDAT a aimé IrèneABS. »<br />

Ces trois énoncés contiennent <strong>des</strong> verbes régissant <strong>des</strong> structures syntaxiques différentes.<br />

À partir de ces verbes, on peut définir plusieurs classes de verbes, au<br />

comportement syntaxique identique à l’un de ces trois énoncés. Ces classes correspondent<br />

également à un classement sémantique. Ainsi, la classe 1 regroupe les<br />

verbes transitifs (du prototypique au plus figuré). La classe 2 regroupe essentiellement<br />

<strong>des</strong> verbes intransitifs. Ce peuvent être <strong>des</strong> formes différentes <strong>des</strong> verbes de<br />

classe 1, ou <strong>des</strong> verbes de sens passif.<br />

Pour former <strong>des</strong> formes passives, autrement dit pour passer de classe 1 en classe<br />

2, voici comment le géorgien procède. Nous nous référons à Tuite (1998: 17-18).<br />

Le premier tableau comporte <strong>des</strong> énoncés à la voix active, afin de les comparer<br />

plus facilement à ce qui se passe <strong>dans</strong> le deuxième tableau, qui contient <strong>des</strong><br />

formes passives. Le géorgien connaissant trois structures selon la série de TAM,<br />

nous donnerons à chaque fois un exemple au présent, un à l’aoriste et un au parfait.<br />

Au présent actif, <strong>dans</strong> cet énoncé trivalent, le verbe coréférencie l’agent au moyen<br />

d’une terminaison et le bénéficiaire au moyen d’une voyelle intercalée entre le préverbe<br />

et le radical.<br />

Au présent passif, l’agent a disparu. Le bénéficiaire est coréférencé <strong>dans</strong> la forme<br />

verbale, maintenant par e et non plus par u comme à l’actif. À l’aoriste actif,<br />

l’agent change de cas par rapport au présent, mais les explications fournies sur le<br />

présent sont les mêmes.<br />

En revanche, tout change au parfait. On a ce qu’on appelle une structure inverse:<br />

le patient devient traité comme auparavant l’agent (il est à l’absolutif) et l’agent<br />

est traité comme moins central, comme le bénéficiaire du procès. Le 1 er tableau<br />

montre les formes actives, le deuxième les formes passives. Nous sommes ici toujours<br />

en géorgien:<br />

G. Frank, Actance en <strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong>, 22 / 90.

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