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Phénomènes d'actance dans des langues caucasiques.

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artxibo-00610768, version 1 - 24 Jul 2011<br />

structures selon la série de TAM à laquelle on conjugue le verbe.<br />

En CNE, l’avar ne connaît pas de cas spécifiquement ergatif. C’est l’instrumental<br />

qui en tient lieu. Tchekhoff (1979: 70) précise que ce qu’on appelle « sujet » en<br />

grammaire traditionnelle est une notion qui n’a pas de réalité en avar. Il y a en effet<br />

plusieurs cas possibles pour marquer les rôles spécifiques d’agent [+animé,<br />

+contrôle, +volonté], d’auteur [+animé, –contrôle, –volonté] et d’expérient [+animé,<br />

–contrôle, +volonté]: le superessif (28), (36); l’instrumental (26), (32); le datif<br />

(27), (109).<br />

En avar, (26) est une phrase d’action, à construction bi-actancielle canonique; (27)<br />

et (28) ont d’autres constructions (Charachidzé 1981: 154 et 160). Nous considérerons<br />

ici ces structures comme canoniques également, <strong>dans</strong> la mesure où elles sont<br />

régulières et productives.<br />

(26) Verbes d’action<br />

A<br />

di-cca<br />

P1-INSTR<br />

P<br />

l‘uri<br />

rocher(CL.NT):ABS<br />

p<br />

b<br />

CL.NT<br />

« Je soulevai le rocher. »<br />

(27) Verba sentiendi<br />

EXP<br />

di-ye<br />

P1-DAT<br />

STIM<br />

yas<br />

fille(CL.FEM):ABS<br />

stim<br />

y<br />

CL.FEM<br />

« J’aime la jeune fille. »<br />

(28) Verba percepiendi<br />

EXP<br />

di-da<br />

P1-SUP<br />

co un<br />

STIM<br />

č‘e g érl’i<br />

silhouette(CL.NT)<br />

- orx -ana<br />

soulever AOR<br />

- ol‘ -ula<br />

aimer PRS<br />

stim<br />

b<br />

CL.NT<br />

- íħ -ana<br />

voir AOR<br />

(Avar)<br />

(Avar)<br />

(Avar)<br />

« Je vis une silhouette. »<br />

Chacun de ces trois énoncé comprend un terme à l’absolutif, qui régit l’accord du<br />

verbe et est donc traité comme le « patient prototypique », mais le cas de l’autre<br />

terme varie selon la sémantique du verbe employé. En conclusion, Tchekhoff écrit:<br />

« Nous avons donc vu <strong>des</strong> deuxièmes déterminants à <strong>des</strong> cas divers: instrumental,<br />

superessif, datif, mais toujours le cas du deuxième participant<br />

est entraîné automatiquement par le verbe. Il n’y a donc pas choix,<br />

pas d’opposition pertinente » (1979: 73).<br />

2.1 Accord avec le patient: exemple de l’avar (CNE)<br />

Certaines <strong>langues</strong> coréférencient <strong>des</strong> actants <strong>dans</strong> la forme verbale. C’est ce qu’on<br />

appelle l’ « accord » du verbe avec les participants. En français (à l’écrit) ou en latin,<br />

on accorde le verbe avec l’agent, en avar avec le patient. À chaque fois, un seul<br />

actant est coréférencé <strong>dans</strong> la forme verbale.<br />

Les mécanismes de coréférence sont différents selon les <strong>langues</strong>.<br />

Un premier système est l’ accord en « classe nominale ». Certaines <strong>langues</strong>, notamment<br />

CNE, connaissent une classification <strong>des</strong> noms selon différentes classes,<br />

qui correspondent au genre <strong>des</strong> <strong>langues</strong> indo-européennes ou de plus près aux<br />

classificateurs <strong>des</strong> <strong>langues</strong> africaines. Le nominal porte ou non lui-même un indice<br />

de classe. Dans les <strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong>, il n’en porte pas (ce qui différencie ces<br />

<strong>langues</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> africaines). C’est le verbe (à condition qu’il soit à initiale vocalique)<br />

qui porte les indices de coréférence, ainsi que parfois plusieurs autres éléments,<br />

ainsi en avar:<br />

Le nom « či » appartient à la classe I, celle <strong>des</strong> masculins. En conséquence, tous<br />

les autres éléments de la chaîne (adjectifs, participes, formes verbales) s’accordent<br />

avec lui, comme <strong>dans</strong> l’exemple (29).<br />

(29) a-w<br />

ce<br />

hit`ín.a-w<br />

petit<br />

či<br />

homme<br />

w-áqara.w<br />

monté<br />

rosnó-w-e<br />

en.barque<br />

w-ússana<br />

retourna<br />

roq`ó-w-e<br />

à.la.maison<br />

(Avar)<br />

« Ce petit homme monté en barque retourna à la maison. » (Charachidzé<br />

G. Frank, Actance en <strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong>, 24 / 90.

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