Phénomènes d'actance dans des langues caucasiques.
Phénomènes d'actance dans des langues caucasiques.
Phénomènes d'actance dans des langues caucasiques.
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
artxibo-00610768, version 1 - 24 Jul 2011<br />
En avar, l’accord se fait avec un seul actant: le patient. En tabasaran, l’accord se<br />
fait aussi avec l’agent, uniquement s’il est de 1 e personne. Et en lak, encore une<br />
langue CNE, l’accord se fait avec les deux: en classe avec le patient, et en personne<br />
avec l’agent.<br />
2.3 Accord avec le patient et l’agent: le lak<br />
Lazard (1994: 199) évoque le cas de figure où les variations actancielles<br />
concernent la personne de l’agent. Ce phénomène apparaît <strong>dans</strong> <strong>des</strong> <strong>langues</strong> du<br />
Caucase du Nord-Est, par exemple en lak (Žirkov 1955). En lak, le verbe s’accorde<br />
en classe avec le patient, au moyen d’un préfixe placé sur la forme verbale. De<br />
plus, le verbe s’accorde avec l’agent, au moyen d’un suffixe également placé sur le<br />
verbe. La variation concerne le cas de l’agent. Quand c’est un nominal de 3 e personne,<br />
il est au génitif. Quant aux pronoms personnels de P1 et P2, il sont à l’absolutif.<br />
On observe qu’en avar et en lak, le cas de l’agent est différent: génitif en lak,<br />
instrumental en avar.<br />
(42)<br />
A p<br />
a<br />
b-axxa-ay<br />
(43)<br />
buttal<br />
père.GEN<br />
CL3-vendre-P3<br />
P (Lak)<br />
čvu<br />
cheval(CL3).ABS<br />
« Le père vend le cheval. » (Lazard 1978: 60)<br />
A<br />
na<br />
P1.ABS<br />
p<br />
a<br />
b-axx-ara<br />
CL3-vendre-P1/2<br />
P (Lak)<br />
čvu<br />
« Je vends le cheval. » (Lazard 1978: 60)<br />
À la 3 e personne, on a le schéma A GEN P 0 V ap , où un actant est marqué, un autre<br />
ne l’est pas, mais les deux sont coréférencés <strong>dans</strong> la forme verbale.<br />
À la 1 e personne, les deux actants sont coréférencés <strong>dans</strong> le verbe, mais le pronom<br />
de P1 n’est pas marqué, il est à l’absolutif, on a donc le schéma: A 0 P 0 V ap .<br />
Grâce aux exemples suivants, on peut montrer également avec quel actant et comment<br />
la coréférence s’établit. Si on oppose (42) à (44), on constate que le préfixe<br />
verbal est respectivement b- et d-. La variation concerne le patient, puisque l’agent<br />
est le même et la terminaison ne change pas.<br />
(44)<br />
A<br />
buttal<br />
p<br />
a<br />
d -axx-ay<br />
P (Lak) « Le père vend la selle »<br />
(45)<br />
A<br />
na<br />
p<br />
d<br />
k’ili<br />
CL-vendre-P3 selle<br />
a P<br />
-axx- ara<br />
CL-vendre-P1/2<br />
k’ili<br />
(Lak) « Je vends la selle » (Lazard 1978: 60)<br />
En revanche, entre (43), (45) et (47), à la 1e personne, et (42), (44), (46), à la 3e personne, on constate une variation selon la personne en finale du verbe.<br />
A P p a<br />
(46)<br />
(Lak) « Il l’amène. »<br />
ganal ga ∅-uc-<br />
ay<br />
(47)<br />
P3.GEN P3.ABS CL-amener-P3<br />
A P<br />
a<br />
na ga<br />
P3.ABS<br />
uc-ara<br />
(Lak) « Je l’amène » (Lazard 1978: 60).<br />
Bien sûr, il est toujours gênant de postuler un zéro en guise de forme appartenant<br />
à un paradigme. On constate en tout cas que le patient humain masculin n’a pas de<br />
morphème physiquement réalisé à l’initiale de la forme verbale. Il s’agit d’une<br />
forme de base, non-marquée, prototypique.<br />
2.4 Accord avec l’agent et le bénéficiaire: exemples<br />
kartvéliens<br />
Le laze, de la même famille que le géorgien, connaît <strong>des</strong> verbes transitifs et <strong>des</strong><br />
verbes intransitifs.<br />
A<br />
Vap<br />
P (48)<br />
(Laze)<br />
hemuk dido k’ai mč’ums mč’k’udi<br />
P3.ERG très bien il_le_cuire_SerI pain_de_maïs:ABS<br />
« Il prépare très bien le pain de maïs » (Chikobava 1936, II: 62, 5-6) (Harris<br />
1985: 20 [1]).<br />
G. Frank, Actance en <strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong>, 28 / 90.