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Phénomènes d'actance dans des langues caucasiques.

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artxibo-00610768, version 1 - 24 Jul 2011<br />

(33) (a) či<br />

homme.ABS<br />

(b) či-yas<br />

homme.INSTR<br />

kvanala<br />

manger<br />

kvanala<br />

manger<br />

« L’homme mange. »<br />

« L’homme le mange. » (Tchekhoff 1979: 75)<br />

Ces énoncés appellent deux remarques:<br />

– En (33a), l’homme ne peut être celui qui subit, et ce pour <strong>des</strong> raisons de<br />

vraisemblance sémantique.<br />

– En (33b), le « patient » (ici la nourriture) est virtuellement présent, même<br />

s’il n’est pas exprimé. Il peut s’agir du rappel d’une chose exprimé auparavant,<br />

seul le contexte peut l’indiquer. L’indice de classe « non-raisonnable »<br />

n’est pas présent car le verbe kvanala ne commence pas par une voyelle, et<br />

l’on sait que les indices ne peuvent se préfixer qu’aux racines vocaliques.<br />

Pour résumer, en avar (Lazard 1978: 66 citant Černy (1971: 48)), l’actant unique<br />

du verbe intransitif est à l’absolutif et il est coréférencé <strong>dans</strong> le verbe au moyen<br />

d’un indice de classe (34). En cas d’énoncé biactanciel (35), l’actant agent est à<br />

l’instrumental et c’est l’actant à l’absolutif, en rôle patient, qui est coréférencé<br />

<strong>dans</strong> le verbe. Il s’agit ici d’un cas d’ergativité puisque l’actant unique d’un verbe<br />

intransitif et le patient d’un verbe transitif ont le même traitement. L’avar obéit<br />

donc au schéma actanciel « S0 Vs »: le sujet est au cas zéro, l’accord se fait entre le<br />

sujet et le verbe.<br />

S<br />

s<br />

(34) hobol w-ač’-ana<br />

(Avar)<br />

hôte:ABS CL-venir-PAS<br />

« L’hôte est venu » (Lazard 1978: 66)<br />

En énoncé biactanciel, l’agent est à l’instrumental, qui sert d’ergatif pour les animés.<br />

Le patient est à l’absolutif et l’actant coréférencé <strong>dans</strong> le verbe est P, selon le<br />

schéma: AINSTR P0 Vp: l’agent est à l’instrumental, le patient est au cas zéro, il y accord<br />

entre le patient et le verbe.<br />

(35)<br />

A<br />

inssucca<br />

père.INSTR<br />

P<br />

hobol<br />

hôte<br />

p (Avar)<br />

w -ač’-ana<br />

CL-venir-PAS<br />

« Le père a amené un hôte » (Lazard 1978: 66)<br />

L’agent est à un cas marqué et le patient à un cas non marqué.<br />

Les verbes de perception comme « voir » ont un actant siège de la perception<br />

également au superessif (36).<br />

(36)<br />

di -da P1 SUPES<br />

EXP<br />

y-as fille(CL2)<br />

STIM stim<br />

y<br />

- iχ -ula<br />

CL2 voir PST<br />

« Je vois la jeune fille. » « C’est moi qui vois la jeune fille » (litt. « En moi il y<br />

a vision ») (Tchekhoff 1979: 71).<br />

En avar, nous avons donc vu que l’actant à l’absolutif conditionne l’accord verbal si<br />

le verbe est à initiale vocalique. Il y a donc coréférence. Le cas de l’actant non-absolutif<br />

dépend du sens du verbe. Les cas sont donc en distribution complémentaire,<br />

il n’y a pas de choix possible.<br />

En tabasaran, une autre langue CNE, il existe aussi l’accord avec le patient, ainsi<br />

qu’avec P1.<br />

2.2 Accord avec le patient et P1: le tabasaran (CNE)<br />

Voyons ce qui se passe en tabasaran. Ce qui est intéressant <strong>dans</strong> cette langue ainsi<br />

que <strong>dans</strong> d’autres <strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong> du nord-est, c’est que les participants du<br />

discours (« Speech Act Participants » = P1 et P2) ont développé d’autres paradigmes.<br />

Il y a donc à la première personne un accord de la forme verbale à la fois<br />

avec l’agent et avec le patient.<br />

(37)<br />

A<br />

izu<br />

P1<br />

p<br />

a<br />

b-insu-<br />

za<br />

CL-attraper-P1<br />

P (Tabasaran)<br />

djaq’a<br />

oiseau.ABS<br />

« J’ai attrapé l’oiseau » (scribe.org)<br />

Ici, le verbe porte deux marques: il s’accorde en personne avec l’agent et en classe<br />

avec le patient. Il est à noter que ce phénomène ne fonctionne qu’à la 1 e personne.<br />

G. Frank, Actance en <strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong>, 26 / 90.

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