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Phénomènes d'actance dans des langues caucasiques.

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artxibo-00610768, version 1 - 24 Jul 2011<br />

quemment le cas pour les <strong>langues</strong> head-marking (c’est-à-dire les <strong>langues</strong> où les<br />

marques de fonction sont portées par les noms et les verbes et non par les éléments<br />

subordonnés comme les adjectifs ou les compléments).<br />

Jusqu’à quatre actants peuvent être coréférencés <strong>dans</strong> le verbe, « causateur – causataire<br />

– patient – bénéficiaire » cf. (60) (Abaza):<br />

CSTAIRE<br />

CSTEUR<br />

P<br />

B p cstaire csteur<br />

b<br />

(60)<br />

al ́ə gaζʷ ácʸkʷəncʷakʷa llá aphʷ ́əpa y - gʸ - y - z - d - m - l - r - ətxd<br />

garçons<br />

vieil.homme chien fille 3S NEG 3P POT 3S.HUM NEG 3S.FEM CAUS donner.PAS<br />

« Le vieil homme ne parvint pas à faire les garçons rendre son chien à la<br />

fille », en anglais « The old man couldn’t make the boys give the girl her<br />

dog back » (Hallen 1956: 139, adapté par Whaley 1997: 165 [20]).<br />

Concernant l’ordre <strong>des</strong> actants, on constate que le patient est à l’initiale de la<br />

forme verbale et que le bénéficiaire est le plus près de la racine verbale (dont il est<br />

séparé par un morphème causatif).<br />

Paris range les verbes tcherkesses en quatre classes.<br />

La classe A représente les verbes uniactanciels. L’actant unique est coréférencé<br />

<strong>dans</strong> le lexème verbal:<br />

(61) Classe A<br />

S<br />

λ’ə-r<br />

homme.DIRDEF<br />

s<br />

∅<br />

il<br />

-k°’e<br />

aller<br />

- ̌z ə-<br />

γe<br />

IR D PAS<br />

(Tcherkesse)<br />

« L’homme est parti » Paris (1987: 17 [4]).<br />

(IRD = suffixe « itératif-réparatif-définitif », dont la valeur I, R ou D est soulignée)<br />

(62) Classe B, verbes de visée<br />

A<br />

λ’ə-r<br />

homme.DIRDEF<br />

P<br />

s°əzə-m<br />

femme-OBL<br />

a<br />

∅ il<br />

p<br />

- ye<br />

à.elle<br />

- pλə - γ<br />

regarder PAS<br />

(Tcherkesse)<br />

« L’homme a regardé la femme » (Paris 1987: 17 [3]).<br />

On remarque ici que la structure est différente de ce qu’on a examiné jusqu’à présent:<br />

au lieu d’être coréférencés <strong>dans</strong> l’ordre inverse de leur apparition <strong>dans</strong> le<br />

champ initial de l’énoncé, les actants sont ici coréférencés <strong>dans</strong> le même ordre,<br />

<strong>dans</strong> une structure « à saute-mouton » (Allen, 1956). (On y reviendra <strong>dans</strong> le partie<br />

consacrée aux verbes de visée, § 4.5.)<br />

En (62) et (63), deux actants sont coréférencés <strong>dans</strong> la forme verbale, les deux que<br />

comporte l’énoncé.<br />

(63) Classe C, verbes d’expérience<br />

EXP<br />

λ’ə-m<br />

homme-OBL<br />

STIM<br />

s°əzə-r<br />

femme-DIRDEF<br />

stim exp<br />

∅ -yə<br />

la il<br />

-λeγ°ə - γ<br />

voir PAS<br />

(Tcherkesse)<br />

« L’homme a vu la femme » (Paris 1987: 17 [2]).<br />

Un circonstant peut également être coréférencé <strong>dans</strong> le verbe. Le relateur 18 intégré<br />

est accompagné d’un indice en coréférence avec le terme nominal, qui est mis<br />

au cas oblique. En (64), -ya- est coréférent du nom qui précède:<br />

(64)<br />

C<br />

a/s c<br />

(Tcherkesse)<br />

∅ -ya -de-k°’aγ<br />

ˀ´ale-χe-me<br />

garçon-PL-OBL<br />

il-eux-avec-est_allé<br />

« Il est allé avec les garçons » (Paris 1991: 48) (Lazard 1994: 5 [8]).<br />

Le tcherkesse est une langue omniprédicative au sens où tout lexème peut se trouver<br />

en tant que prédicat. Paris glose (65a) « J’étais ton vu », à rapprocher de (65b).<br />

Ici aussi, deux actants sont coréférencés, et la différence n’apparaît qu’à cause de<br />

la traduction française.<br />

(65) (a) sə - p -λeγ˚ə - γ<br />

1SGI 2SGIII voir PAS<br />

« Tu m’as vu » (« J’étais ton vu! ») (Paris 1991: 29) (Lazard 1994: 19<br />

[28a]).<br />

18 Un relateur est un morphème exprimant les relations entre deux participants à un procès.<br />

Ici, il s’agit de comitativité.<br />

G. Frank, Actance en <strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong>, 32 / 90.

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