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Phénomènes d'actance dans des langues caucasiques.

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artxibo-00610768, version 1 - 24 Jul 2011<br />

« Je vois la montagne » (Lazard 1987: 64 [110]).<br />

EXP STIM stim<br />

(96)<br />

(Avar)<br />

dir me ger b -ugo<br />

P1:GEN pâturage CL-être<br />

« J’ai un pâturage » (Lazard 1987: 64 [111]).<br />

Les verbes prototypiques qui gouvernent une structure « inverse » sont les verbes<br />

« affectifs », de classe 4. Ces verbes sont biactanciels. Il s’agit de verbes indiquant<br />

<strong>des</strong> sentiments. Quelle que soit la série à laquelle on les conjugue, ils ne<br />

connaissent pas les variations étudiées ci-<strong>des</strong>sus pour les verbes <strong>des</strong> classes 1 et 2.<br />

Ils ont donc un expérient au datif et un stimulus à l’absolutif. 28 Lazard résume les<br />

choses d’une manière très limpide, que nous citons in extenso:<br />

« La sphère sémantique <strong>des</strong> verbes de la classe 4 n’est pas difficile à<br />

cerner. Ils désignent <strong>des</strong> états physiques ou mentaux ou <strong>des</strong> situations<br />

qui s’imposent au participant impliqué. On relève, par exemple, <strong>dans</strong> la<br />

liste ‘typique’ de Harris (1981: 267) <strong>des</strong> verbes dénotant:<br />

– <strong>des</strong> sensations: avoir faim, avoir froid, avoir soif, avoir sommeil, avoir<br />

envie de <strong>dans</strong>er, avoir envie de chanter, sentir (une odeur, un goût);<br />

– <strong>des</strong> états psychiques, affectifs ou intellectuels: aimer, haïr, craindre, –<br />

avoir besoin, désirer, regretter, – se rappeler, oublier, comprendre;<br />

– <strong>des</strong> situations objectives: pouvoir, trouver nécessaire, trouver difficile,<br />

trouver embarrassant, – avoir.<br />

Le trait commun de tous ces procès ou plutôt états, est que le participant,<br />

normalement humain, n’a pas pouvoir sur eux, il les subit. On<br />

comprend dès lors la construction. Le participant étant un patient, l’actant<br />

qui le représente ne peut être traité grammaticalement comme celui<br />

qui représente un agent. Mais l’autre actant, s’il y en a un, n’est pas<br />

non plus un agent. La construction transitive (celle de la classe 1) est<br />

donc exclue. Dans la construction “inverse”, le participant humain est<br />

traité simplement comme intéressé; l’autre actant l’est comme celui<br />

d’un verbe intransitif, et s’il n’y a pas d’autre actant, la construction est<br />

impersonnelle » (Lazard 2001: 260).<br />

Passons maintenant à <strong>des</strong> exemples, en faisant un inventaire <strong>dans</strong> les <strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong><br />

pour les structures dégagées par Lazard. Nous commencerons par les<br />

verbes exprimant <strong>des</strong> sentiments (§3.3.1). La structure inverse sert également à indiquer<br />

le contrôle moindre de l’ « agent » sur l’action (§3.3.2) ou l’idée de potentialité,<br />

de capacité à faire quelque chose (§3.3.3). Nous reviendrons sur la manière<br />

d’exprimer la possession (§3.3.4).<br />

3.3.1 Verbes de sensation et de sentiment<br />

En géorgien, on a les structures suivantes (Joppen-Hellwig 2001: 106 [91a-c]):<br />

(97) (a)<br />

EXP<br />

šen<br />

P2[.DAT]<br />

STIM<br />

megobar-i<br />

ami-ABS<br />

exp<br />

stim<br />

g -e - nat’r -eb - a<br />

P2III V manquer TH PRS.P3I « L’ami te manque / tu regrettes l’ami. »<br />

(b)<br />

EXP<br />

šen<br />

STIM<br />

megobar-i<br />

exp<br />

mo-<br />

g -e- nat’r -<br />

stim<br />

a<br />

PVB P2III V manquer AOR.P3 I<br />

« L’ami te manqua / tu regrettas l’ami. »<br />

(c)<br />

EXP<br />

šen<br />

STIM<br />

megobar-i<br />

exp<br />

mo-<br />

g - nat’r -<br />

stim<br />

ebia<br />

PVB P2III manquer TH.PFT.P3I « L’ami t’a manqué, paraît-il / tu as regretté l’ami, paraît-il. »<br />

Les verbes d’affect sont le plus souvent bivalents. Cependant certains sont monovalents<br />

(98) ou bivalents avec un actant au génitif (99).<br />

28 On préférera la formulation retenue ici, « expérient » plutôt qu’ « agent » et « stimulus »<br />

(ou « source » plutôt que « patient »), car sémantiquement on ne peut pas reconnaître<br />

d’action d’un auteur sur objet affecté.<br />

G. Frank, Actance en <strong>langues</strong> <strong>caucasiques</strong>, 44 / 90.

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