L'abhidharmakosa. Traduit et annoté par Louis de la Vallée Poussin

XXVI INTRODUCTION
H. Ui, dans u Philosophical Journal of the Impérial University,
Tokyo », n° 411, 1921 (ou 1922 ?) a fait valoir des arguments, déve-
loppés depuis dans ses " Studies of Indian Philosophy », i, 359,
résumés dans Mélanges Lanman.
Ils m'ont paru légers et, pour dire toute ma pensée, inexistants
(Note bouddhique, xvi, Maitreya et Asanga, Ac. royale de Belgique,
janvier 1930). Je ne pense pas qu'ils tirent quelque force des obser-
vations de G. Tucci (On some aspects of the doctrines of Maitreya-
[nâtha] and Asanga, Calcutta Lectures, 1930). La tradition de l'école
Vijnaptimâtratâ établit, ainsi que l'observe G. Tucci, la chaîne
Maitreyanâtha-Asanga-Vasubandhu ; mais Maitreyanâtha n'est pas
un nom d'homme : " Qui a pour protecteur Maitreya » ; nàtha est
synonyme de buddha ou plus exactement de bhagavat l
. Le commen-
taire de rAbhisamayâlamkâra (p. 73 de l'éd. de Tucci) donne à
Maitreya le titre de bhagavat à un endroit où il explique comment
" Asanga, malgré son érudition scripturale et son " insight » (labdhà-
dhigamo 'pi, Kosa, viii, p. 220), ne comprenait pas la Prajnàpàramitâ
et se désespérait. Alors le Bhagavat Maitreya, à son intention (tam
uddisya) expliqua la Prajnàpàramitâ et fit le traité qu'on nomme
Abhisamayàlamkârakàrikà. » C'est sous le titre de Maitreyanâtha que
Sântideva désigne le saint qui, dans le Gandavyûha, explique au
pérégrinant Sudhana les vertus de la " pensée de Bodhi » (Bodhica-
ryâvatâra, i, 14, Ràjendralàl Mitra, Buddhist Nepalese Literature,
92). — Si l'école tient pour sacré, pour àryâ desanà, les traités
d' Asanga, c'est parce que le Bhagavat Maitreya les a révélés. Que la
tradition tibéto-chinoise varie dans les attributions, nommant pour
auteur tantôt le dieu révélateur, tantôt le docteur inspiré, cela ne
fait pas difficulté.
La biographie de Vasubandhu (Paramârtha) ne va pas sans diffi-
cultés. — Le Kosa souleva les critiques de Samghabhadra qui, dans
le corpulent Nyàyânusâra, releva les innombrables hérésies de carac-
\. Voir Kosa, i, 1. - Obermiller, pré!, de lu trad. de l'Uttaralantra (Asia Major,
Ml), écarte la thèse de H. Ui.