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Portrait, en buste de marbre blanc,
de Mathias Corvin, par G. ChI'.
Romano; vers 1490.
Portrait de la reine de Hongrie,
Béatrice d'Aragon, par G. ChI'. Romano;
vers 1490.
Après la mort de Ladislas V en 1457, un court interrègne survient. Fiancé à la fille du roi de
Bohême, Mâtyas parvient à se libérer et, malgré l'opposition des barons qui n'osent cependant
pas affronter la faveur populaire dont jouit le jeune Hunyadi, la Diète place, en 1458, Mathias
1" Corvin (1458-1490) sur le trône de Hongrie. Il a quinze ans et devra supporter quelque
temps la régence.
Le règne de Mathias Corvin sera l'un des plus brillants de l'histoire de la Hongrie qui devient
une véritable puissance européenne. Nous n'en donnerons ici qu'un résumé puisque le cha-
pitre suivant lui sera entièrement consacré. Dès le début, il s'attache à réprimer rébellions et
complots suscités par une noblesse pro-habsbourgeoise; il élargit la représentativité de la Diète
pour l'ouvrir aux représentants des villes, renforce l'armée au moyen de mercenaires étrangers,
soumet les foyers hussites et parvient ainsi à s'attirer les bonnes grâces de l'Eglise. En politique
extérieure, il fera la guerre à la Pologne, mais ne parviendra pas à récupérer le trône de
Bohême, confié à un Jagellon. Mathias garde cependant la Moravie et la Silésie. Il s'attaque à
l'Autriche, favorable aux Jagellon et s'empare de Vienne et de toute la partie orientale de
l'Autriche. Mais le véritable danger est turc: Mathias reprend la Bosnie, la Moldavie et la
Valachie et il apparaît de plus en plus, à ses contemporains et à l'Eglise, comme le rempart
indispensable de la Chrétienté.
Fin lettré, il cultive le goût des arts et des lettres, attire à sa cour des artistes italiens, crée, en
1465, l'Université de Buda, achète pour sa bibliothèque des manuscrits grecs et latins, fonde
un atelier de copistes, se fait construire un somptueux palais sur les hauteurs de Buda, face au
Danube. En 1476, il épouse la fille du roi de Naples Ferdinand 1 er , Béatrice d'Aragon, dont
l'action culturelle renforcera et complétera celle entreprise par Mathias.
Une fois encore - et cela semble une constante de l'histoire de la Hongrie - les successeurs du
grand roi de la Renaissance ne seront pas à la hauteur des circonstances. Par leur faiblesse vis-
à-vis des grands propriétaires terriens, Vladislas II Jagellon (1490-1516) et son fils Louis II
(1516-1526) vont ruiner l'œuvre de Mathias. L'un et l'autre règnent en Bohême, laissant les
nobles gouverner un pays menacé à la fois par le danger turc à l'extérieur et par la révolte
populaire due à l'aggravation de la condition paysanne à l'intérieur. En 1514, sous la conduite