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Folio 347: Le corbeau emblématique de
Mathias Corvin.
les bonnes grâces de l'Eglise tout autant que la reconnaissance des membres du clergé à qui il
confie souvent de hautes responsabilités.
Dans son souci permanent de créer un Etat moderne centralisé, il aura à lutter contre la réac-
tion de l'aristocratie. Des révoltes, des complots, des conspirations le trouvèrent intransigeant.
Ainsi lors d'une tentative de conspiration des barons, à laquelle s'était joint le régent son oncle,
il le fit arrêter puis l'envoya combattre contre les Turcs où Mihaly Szilagyi mourut héroïque-
ment. Il en fut de même du complot de certains de ses conseillers, parmi lesquels son maître
Janos Vitéz, qu'il avait élevé à la dignité d'archevêque d'Esztergom et de primat de Hongrie et
qui, avec son neveu, le lettré Janus Pannonius, reprochait à Mathias la réquisition des revenus
ecclésiastiques et l'abandon de la guerre contre les Turcs. Dans le même esprit, Mathias élargit
la représentativité de la Diète en y admettant des délégués des villes et en accordant à certaines
villes dites libres une autonomie relative à l'égard des barons; mais, tendant à un absolutisme
de fait, il ne réunit plus la Diète après 1470 Il s'efforça de détruire les liens féodaux de vassali-
té qui liaient la petite noblesse hongroise aux grands barons; il interdit à ceux-ci le recrute-
ment de milices privées, alors qu'il renforçait l'armée, au moyen de mercenaires étrangers qui
constituèrent son Armée noire. Afin de financer ces compagnies de métier, Mathias Corvin
s'efforça de réaliser une perception plus directe de l'impôt, mais économiquement le pays souf-
frait de maux endémiques: classe servile exploitée au-delà de toute mesure par de grands pro-
priétaires terriens qui constituaient un danger pour le pouvoir, crise de la paysannerie,
insuffisance numérique d'une bourgeoisie argentée pour faire contrepoids au pouvoir des
barons et créer des investissements économiques rentables. Certes, le règne de Mathias vit se
développer l'industrie minière du cuivre, mais ces progrès ne permettaient pas des rentrées fis-
cales suffisantes.
Mathias Corvin entreprit donc une politique extérieure de conquête et d'annexion des pays
limitrophes de la Hongrie. Tout d'abord, après l'excommunication du roi de Bohême, Georges
Podiébrad, il réussit, en 1469, avec l'appui des catholiques de Moravie et de Silésie, à se faire
élire roi de Bohême. Cependant, en 1471, une autre Diète tchèque lui préféra bientôt Ladislas
Jagellon, fils du roi de Pologne, soutenu par Frédéric III de Habsbourg. La guerre contre les
armées tchèques et polonaises ne se termina que sept ans plus tard par la paix d'Olomouc