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Comme Vitéz, Pannonius, en divergence de vue avec Mathias Corvin, participa à une
conspiration contre le roi. Celle-ci échoua et l'évêque de Pécs, mourut en fuite à Medvegrad en
1472; il avait 38 ans. Comme Vitéz, il s'était constitué une importante bibliothèque, la premiè-
re en Hongrie à posséder des ouvrages grecs. Comme son oncle Vitéz, il avait été conseiller du
roi et, en 1465, il avait été envoyé en ambassade à Rome pour obtenir du pape, le même Paul
Il, l'aide du Vatican contre les Turcs. Pannonius avait reçu la confirmation de Vitéz comme
archevêque d'Eztergom, ainsi que l'autorisation de fonder une université à Bratislava
(Presbourg), inaugurée en 1467. En Italie, il avait acquis des ouvrages en toutes sciences, grecs
et latins, à destination de la Corvina, répondant ainsi au souhait du roi, soucieux de créer une
bibliothèque aussi complète que possible, où l'on rassemblerait les productions essentielles du
savoir humain.
La bibliothèque de Mathias Corvin sera plus et mieux qu'une collection précieuse de manus-
crits enluminés: le roi et ses conseillers la voudront gardienne des connaissances et susceptible
d'encourager les progrès de l'humanisme en Europe centrale. Certes, cette bibliothèque ne se
créa pas d'un coup de baguette magique, pas plus qu'elle n'inaugura l'esprit de la Renaissance
en Hongrie. Entre autres, elle a été précédée par les bibliothèques privées des dignitaires de
l'Eglise et de la chancellerie hongroises, mais aussi par des bibliothèques monastiques: celle de
l'abbaye bénédictine de Pannonhalma en étant un exemple remarquable.
La Bibliothèque corvinienne n'émane donc pas d'un décret royal; elle est le résultat d'une
lente évolution et il semble impossible de fournir à son propos une date précise de création.
Elle a hérité de manuscrits des prédécesseurs de Mathias Corvin sur le trône de Hongrie,
d'ouvrages rassemblés par Janos Hunyadi, de livres qui furent envoyés d'Italie par les corres-
pondants successifs de Mathias. Dès 1464, des œuvres littéraires lui furent dédiées, l'invitant à
ne pas omettre de célébrer les Muses. En 1467, un chartreux d'origine hongroise, installé à
Ferrare, Andreas Pannonius, compose à son intention un ouvrage sur les vertus des rois, mais
c'est de 1471 que l'on possède le témoignage le plus ancien à propos de la bibliothèque. Cette
année-là, le roi lui-même, dans une lettre à Pomponius Laetus, fournit des renseignements
intéressants sur l'enrichissement et l'utilité de la bibliothèque royale. Il y indique qu'il lisait
effectivement les ouvrages qui entraient dans ses collections, mais également qu'il fait acheter