ALEXANDRE LANGLADE 1820-1900 Poésies Languedociennes ...
ALEXANDRE LANGLADE 1820-1900 Poésies Languedociennes ...
ALEXANDRE LANGLADE 1820-1900 Poésies Languedociennes ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
En 1839 l'aventure outre-mer passe aussi par l'Algérie. Après la campagne des Portes de Fer, l'invasion<br />
de la Mitidja par l'émir Abd-el-Kader, l'armée, recrute et en particulier le 2° régiment d'Infanterie légère<br />
caserné à Draguignan. Rêve d'Afrique, patriotisme juvénile habilement exploités par la réclame des<br />
sergents spécialisés, Langlade signa un engagement pour 7 ans à la mairie de Marseille, le 28<br />
novembre 1839, non sans avoir sollicité de son père les autorisations nécessaires car il est mineur. Il<br />
est incorporé à Draguignan le 3 décembre de la même année (23).<br />
La campagne d'Afrique<br />
Langlade fit les campagnes de 1840 et de 1841, sur une durée de 18 mois réglementaires (24). Il reçut<br />
le baptême du feu le 12 mai 1840 au col de Mouzaïa et il guerroya dans la région de Médéa sous les<br />
ordres du colonel Changarnier. Aussi bien par son courage que par sa forte tête Langlade, se fit, dit-on,<br />
remarquer de ce chef pittoresque (25). Un certain nombre d'anecdotes rapportées par des tiers donnent<br />
de cette période l’image bigarrée d'un soldat tour à tour héroïque et facétieux (26), toutes laissent<br />
cependant entrevoir la dureté de ces campagnes d'Afrique dont il dira quelques mots dans la viradona<br />
sa première œuvre lyrique importante.<br />
Lion deter ai vist la tempesta<br />
Ai trementit jot son esfort<br />
De la fam oumbrenco e mourruda<br />
Ai sentit la rusta mourduda<br />
Ai sentit l'alen de la mort<br />
En trevant la sabla mouventa<br />
Dels deserts de l'Africa ardenta<br />
Te sies moustrada fossa fes (27).<br />
Il mène une carrière militaire en dents de scie. Nommé caporal en 1840, cassé quelques mois après,<br />
rétabli dans son grade en 1841 pour être cassé à nouveau et rétabli et promu et rétrogradé plusieurs<br />
fois (28). Roque-Ferrier fait part des désenchantements de Langlade qui avouait avoir souffert au delà<br />
de toute expression en voyant de ses propres yeux que la mission d'Afrique était faite d'égorgements,<br />
d'exactions et de pillages, que le viol des femmes et le meurtre des enfants y avaient leur place, que les<br />
arabes enfumés comme des renards au fond des grottes, où leur patriotisme vaincu s'était réfugié,<br />
mettait de tristes taches au front de la civilisation française... (29)<br />
Ce n'est donc pas un héros, fier de ses exploits, qui reviendra d'Afrique en cette fin d'année 1842 mais<br />
un soldat déjà las de son engagement et peu enclin à faire carrière militaire.<br />
Retour en France.<br />
Le 2° léger à son retour d'Algérie fut caserné à Montpellier et cette garnison proche de Lansargues<br />
permit à Langlade de renouer avec sa famille. Il fut reçu dans la maison paternelle en enfant prodigue<br />
et, sans souci des règlements, il y séjourna à l’envie au risque d'être plusieurs fois porté déserteur.<br />
L'indiscipline au retour d'Afrique était d'ailleurs chose commune chez ses compagnons d'arme et pour<br />
Langlade les sourires d'une proche jeune cousine un attrait supplémentaire (30).<br />
Après son séjour languedocien le 2° léger fut déplacé sur Paris. Après 30 jours de marche Langlade se<br />
trouva logé à l'Ecole Militaire où il partagea la vie de garnison jusqu'au 11 octobre 1844 (31).<br />
Les longs loisirs que lui laissera son service lui permettront d'améliorer sa formation intellectuelle. Il<br />
passera le plus clair de son temps à la Bibliothèque Nationale, dans les musées, à suivre divers<br />
enseignements, des conférences, avide de connaissances (32).<br />
Dans sa correspondance avec sa famille il exprime cependant le désir de rentrer à Lansargues, et de<br />
s'établir à la terre, imaginant toute sorte de moyens pour contourner les obligations de son engagement<br />
de 7 ans. Cet engagement devra cependant (faute de motif valable) être intégralement<br />
honoré et Langlade suivra son régiment de Paris à Phalsbourg, (octobre 1844) et à Metz (octobre<br />
1845).<br />
Ses lettres de France marquent encore de profondes désillusions sur l'état militaire (33). Langlade ne<br />
cherche cependant pas à heurter les opinions légitimistes des siens, même s'il émet des réserves ou s'il<br />
ironise sur certaines pratiques de casernement. A Metz l'armée chargée du maintien de l'ordre va le<br />
mettre en face de la misère et de la révolte populaire. Dans une lettre du 2 août 1846 il semble avoir