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Conclusion
Au nom de l’argument selon lequel le paternalisme d’entreprise constituerait une forme
d’ingérence dans la vie privée des salarié(e)s relevant d’une ère dépassée, un certain
nombre d’entreprises s’est soustrait aux activités périphériques à leur propre production,
en laissant seuls les salarié(e)s supporter des coûts dits “sociaux”. Il en va ainsi de l’absence
de contribution d’un grand nombre d’établissements aux frais de transports, de déjeuner
des salarié(e)s et plus encore aux frais générés par les modes de garde de leurs enfants,
considérant la question de l’accueil des enfants comme ne relevant pas de leurs prérogatives.
A l’extrême, cette même logique est invoquée pour un désengagement financier
des entreprises quant aux temps de non travail, du fait de la maladie, de l’âge…
Or, l’examen de la problématique de conciliation des temps familiaux et professionnels
met en exergue le fait que les limites entre sphère de travail et sphère privée sont particulièrement
floues et qu’il existe une véritable interaction entre ces deux ensembles.
Dans ce contexte, les temps des enfants sont fortement contraints par les temps professionnels
de leurs parents, et les temps des parents sont à leur tour, marqués par la prégnance
des préoccupations relatives aux enfants, comme le révèlent les difficultés auxquelles
sont confrontées les agents de la RATP s’agissant de l’organisation des modes de garde
de leurs enfants. Cette interdépendance des temps est d’autant plus importante que
sous la diffusion du concept de flexibilité, l’ensemble des salarié(e)s est aujourd’hui soumis
aux phénomènes de variabilité, de discontinuité et de développement des amplitudes
horaires. Ces derniers constituent autant de leviers d’ajustement des politiques économiques,
en termes de rémunération, de nombre et également de volume et de répartition des heures
de travail, induisant un glissement progressif de la responsabilité économique des entreprises
aux salarié(e)s.
Dès lors, le défaut de prise en compte par les entreprises des aménagements inévitables
des temps sociaux contribue à une véritable désynchronisation des temps et à une indisponibilité
partielle ou permanente des salarié(e)s tant dans la sphère privée que dans la
sphère professionnelle. Cette situation n’est pas sans effet sur la santé mentale et physique
des travailleurs et sur les conditions de vie et d’épanouissement de leurs enfants, générant
en retour des coûts dits “sociaux” dont la prise en charge revient encore souvent aux
seuls salarié(e)s et à leurs familles.
C’est aussi, en ce sens, et parce qu’il émane d’une réflexion de l’ensemble des acteurs
de l’entreprise, représentants des salarié(e)s et des organisations syndicales d’une part,
et des directions d’entreprise d’autre part, que l’Espace Pimprenelle constitue un projet
innovant. Il dispose de manière tout à fait explicite que la conciliation des temps ne peut
plus être le seul fait des femmes, tout en œuvrant pour une véritable transformation des
mentalités en faveur de l’égalité hommes/femmes dans la sphère privée comme dans la
sphère professionnelle. Plus largement, l’examen de ces modalités de conciliation des
temps suggère, de manière plus implicite, qu’au delà des missions dites d’intérêt général,
l’évolution de l’offre des services publics doit aussi être maîtrisée au regard d’une analyse
des besoins véritables des usagers, d’une part, tout en se limitant au respect de la vie
des salarié(e)s et de leurs enfants, d’autre part. Enfin, parce que l’allocation d’aide
aux frais de garde des enfants attribuée par la Régie aux enfants représente
aussi une forme originale de répartition des richesses crées par les travailleurs,
cette étude constitue aussi une voie de réflexion quant à la possibilité pour
l’ensemble des salarié(e)s, leurs représentants et les organisations syndicales
de mettre en œuvre des politiques économiques alternatives aux pratiques de
gestion en vigueur.
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