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La famille tire son existence et sa cohésion du partage de volume et de qualité
de temps, toute la difficulté étant dès lors de faire coexister et d’harmoniser
une multiplicité de temps, les temps des enfants et ceux des parents.
2.1 Les temps des parents
Les parents se trouvent soumis à des conflits entre la nécessité de travailler, en particulier
avant d’avoir des enfants et pour assurer le bien-être de ceux-ci – l’emploi est ainsi envisagé
comme un préalable nécessaire à l’arrivée d’un enfant pour 82% des femmes et 79% des
hommes 1 - et le désir d’accompagner au mieux les enfants dans leurs activités. Cette tension
est d’autant plus prégnante que les salariés sont soumis à des évolutions sensibles des pratiques
de gestion, souvent préjudiciables à l’équilibre des temps sociaux dans un contexte
socioculturel où émerge la préoccupation relative aux temps parentaux et qui s’impose plus
particulièrement pour des raisons culturelles aux mères actives.
a- L’évolution des temps des salariés : des modifications de
stratégies des entreprises françaises et des politiques
de logement fragilisant l’équilibre des temps sociaux.
Sous l’influence de nouvelles formes de concurrence symbolisées par les “zéros” : zéro
défaut, zéro stock, zéro temps, initiés au Japon, les entreprises françaises fondent dans
les années 80, leurs stratégies industrielles sur deux principes majeurs : le renforcement
de la standardisation des composants d’une part, et la différenciation des produits
finaux, d’autre part. On parle alors “d’automatisation flexible 2 ” , tandis que le concept
de flexibilité s’étend à l’ensemble des secteurs, y compris aux services et à différents
domaines : flexibilité organisationnelle, flexibilité technologique… Or, ce concept s’impose
aussi à l’ensemble des salarié(e)s dans des pratiques de gestion des ressources humaines
renouvelées autour de :
- l’intensification du travail avec une recherche de productivité accrue sans investissement
technologique particulier;
- la polyvalence des salariés;
- une mobilisation plus subjective de la main d’œuvre : les tâches directement productives
régressent et l'on demande aux salariés une implication plus subjective dépassant de
loin la prescription telle que l'on pouvait l'envisager dans un système taylorien.
Les salariés doivent interpréter des situations, prendre des initiatives, anticiper
les éventuels dysfonctionnements au sein d'une organisation du travail où la responsabilité,
la réactivité et l'adaptabilité des travailleurs sont sollicitées;
- une tentative d’occuper l’outil de production et une part de la main d’œuvre
afférente au-delà de la plage horaire 8h00-19h00 et de la semaine traditionnelle des
cinq jours, y compris pendant les périodes estivales…
Si ces pratiques s’inscrivent plus particulièrement dans le cadre de concepts et modes de
gestion renouvelés, elles font aussi écho aux travaux d’économistes du XIX e siècle qui se
sont penchés sur la valeur des marchandises, non en terme de valeur d’usage ou
d’utilité, mais bien plus en terme de valeur du travail (au sens des classiques et de Marx,
voir encadré), selon lesquels la valeur des biens serait à rechercher dans le
travail. Dans la lignée des travaux d’Adam Smith 3 , elles visent ainsi à accroître la productivité
du travail par une nouvelle division du temps de travail.
1- Devetter F.X. (2003), Approche socio-économique des relations entre temps de travail et temps des enfants, Dares.
2- Santilli G., Du Tertre C. (1992), Automatisation et travail, Paris, PUF, Economie en Liberté.
3- Smith A. (2002), Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, livre I et II, Economica.
9
1
Enjeux : la conciliation des temps professionnels
et familiaux, un enjeu de société
2
Etat des lieux :
temps des enfants, temps des parents
3
L’espace Pimprenelle comme élément
de conciliation des temps familiaux