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CHIRURGIE DE L'APPAREIL LOCOMOTEUR CHAPITRE VII ...

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<strong>CHIRURGIE</strong> <strong>DE</strong> L’APPAREIL <strong>LOCOMOTEUR</strong><br />

Volume 2<br />

Professeur J.J. ROMBOUTS et<br />

Professeur Ch. <strong>DE</strong>LLOYE<br />

<strong>CHAPITRE</strong> <strong>VII</strong> : PATHOLOGIE PAR REGION<br />

I. Ceinture scapulaire et humérus<br />

Plan<br />

A. Rappel physiologique<br />

1. Anatomie fonctionnelle de l'épaule<br />

2. Mouvements de l'épaule<br />

B. Pathologie traumatique<br />

1. Fracture de la clavicule<br />

2. Luxation acromio-claviculaire<br />

3. Fracture de l'extrémité supérieure de l'humérus<br />

Fracture du col chirurgical<br />

Fracture du col anatomique<br />

4. Fracture de la diaphyse humérale<br />

5. La luxation traumatique de l'épaule<br />

Luxation antérieure<br />

Luxation antérieure récidivante<br />

Luxation postérieure<br />

C. Pathologie non traumatique de l'épaule<br />

1. Tendinopathie de la coiffe des rotateurs<br />

La calcification<br />

La tendinite<br />

La rupture<br />

2. L'épaule gelée ou la capsulite rétractile<br />

1


A. Rappel physiologique<br />

1. Anatomie fonctionnelle de l'épaule<br />

La ceinture scapulaire est une chaîne articulaire qui arrime le membre supérieur au corps. L'épaule en<br />

est le principal complexe articulaire. C'est la plus mobile des articulations du corps. C'est aussi la<br />

plus exposée à l'instabilité car les pièces osseuses comme telles sont peu congruentes et la stabilité<br />

repose essentiellement sur les ligaments et les tendons. Ce sont les tendons dits de la coiffe des<br />

rotateurs qui sont les plus menacés par l'usure car ils assurent un rôle de coapteurs càd qu'ils<br />

maintiennent la tête humérale contre la glène durant toute l'élévation. Une élévation harmonieuse et,<br />

si nécessaire avec force, requiert un deltoïde normal et une coiffe saine.<br />

Les mouvements complexes de l'épaules sont assurés par l'articulations gléno-humérale, l'acromio-<br />

claviculaire , la sterno-claviculaire et deux plans de glissement que sont la bourse séreuse acromio-<br />

deltoïdienne et la scapulo-thoracique. Cette dernière assure le glissement de l’omoplate sur la paroi<br />

thoracique. Lors de l'élévation, l'omoplate bascule au fur et à mesure de l'élévation du bras. Dans les<br />

180° d'élévation, 120° sont réalisés dans la gléno-humérale et 60° dans la bascule de l’omoplate.<br />

L'épaule est donc une articulation complexe, requérant une synergie articulaire et musculaire. Elle est<br />

donc fragile, menacée à la fois par l'instabilité et l'enraidissement.<br />

2. Mouvements de l'épaule<br />

Abduction-adduction<br />

L'abduction est l'élévation du bras dans le plan frontal (c'est une élévation latérale). Elle est due à la<br />

contraction simultanée du deltoïde et du supra-épineux. Ce dernier "plaque" la tête contre la glène,<br />

évitant l'ascension de la tête humérale. L'amplitude maximale est de 180° (verticale) et résulte de la<br />

mobilisation combinée de la gléno-humérale et scapulo-thoracique, cette dernière fournissant le tiers<br />

de l'amplitude totale (120° + 60°).<br />

L'adduction se fait grâce aux muscles rhomboïde, grand rond, grand dorsal et grand pectoral. Elle est<br />

de 60° maximum.<br />

Antéflexion-extension<br />

L'antéflexion ou élévation antérieure (ou encore antépulsion!) nécessite les muscles deltoïde, coraco-<br />

brachial et grand pectoral puis le trapèze et grand dentelé pour atteindre 180°.<br />

2


L'extension est réalisée par les muscles petit et grand ronds, deltoïde (faisceau postérieur) et grand<br />

dorsal.<br />

Rotations interne et externe<br />

La rotation interne a une course de 60° lorsque la main est placée devant le tronc et de 120°, la main<br />

derrière le tronc. Elle résulte de l'action des muscles grand dorsal, grand rond, sous-scapulaire et<br />

grand pectoral. Elle peut être évaluée par la position de la main par rapport à une vertèbre (par ex.<br />

RI = D7).<br />

La rotation externe atteint 60° environ et est due aux muscles infra-épineux et petit rond.<br />

Autres mouvements<br />

L'élévation antérolatérale (ou élévation tout court !) est une référence internationale fort utilisée.<br />

C'est une abduction dans le plan de l'omoplate càd une abduction située entre l’abduction pure et<br />

l'antéflexion. Elle est beaucoup utilisée car la plupart du temps, sa valeur représente la valeur<br />

moyenne de l'antéflexion et l'abduction.<br />

La circumduction est un mouvement complexe combinant tous les mouvements élémentaires de<br />

l'épaule et qui permet au bras de faire 360°. On ne le mesure pas en pratique mais on parle de<br />

mouvement complet ou incomplet.<br />

B. Pathologie traumatique de l’épaule<br />

1. Fracture de la clavicule<br />

Généralités<br />

Il s'agit d'une fracture fréquente chez l'enfant (chute à vélo). Elle se situe la plupart du temps au<br />

tiers moyen. Le déplacement est constant, le fragment interne étant attiré par le sterno-cléido-<br />

mastoïdien.<br />

Examens<br />

Une radiographie de face est suffisante pour affirmer le diagnostic.<br />

Lésions associées<br />

Le pédicule vasculaire sous-clavier, le plexus brachial et la plèvre peuvent être concernés par le<br />

traumatisme ou par un des fragments osseux. Par ailleurs, la clavicule étant sous-cutanée,<br />

l'ouverture de la peau reste possible.<br />

Traitement<br />

3


Il est conservateur dans la très grande majorité des cas. Bandage en anneaux ou en 8 ou Dujarrier.<br />

Chez l'enfant, il sera gardé 15 à 21 jours et chez l'adulte 4 à 6 semaines. Une ostéosynthèse par<br />

plaque et vis peut être discutée lorsqu'il y a souffrance de la peau ou irritation du plexus sous-jacent<br />

ou encore en cas d'incompatibilité avec une longue immobilisation (ex : indépendant).<br />

2. La luxation acromio-claviculaire<br />

Généralités<br />

Cette luxation résulte souvent d'un accident de sport. On distingue 3 stades d'intensité croissante.<br />

Anatomopathologie et traitement<br />

On distingue les trois stades classiques d'une entorse.<br />

I : entorse du ligament acromio-claviculaire. Ce ligament est un renforcement de la capsule<br />

supérieure. A ce stade, il a été distendu. Douleurs localisées. Bras en écharpe à titre antalgique<br />

pour 8 jours.<br />

II : subluxation. Déchirure du ligament acromio-claviculaire. Petit diastasis de l'interligne et décalage<br />

des surfaces articulaires. Saillie modérée ou absente. Même traitement.<br />

III : véritable luxation articulaire avec déchirure du ligament acromio-claviculaire mais aussi des<br />

ligaments coraco-claviculaires qui relient solidement la clavicule à l’omoplate par l'apophyse<br />

coracoïde. La couverture musculaire peut parfois être également atteinte. Radiologiquement, la<br />

luxation est évidente. Cliniquement, la saillie de la clavicule sous la peau peut être importante. Une<br />

pression au doigt de l'extrémité distale de la clavicule efface cette saillie : c'est la classique "touche de<br />

piano". En cas de doute, des clichés dynamiques peuvent quantifier le déplacement.<br />

Le traitement du grade III est soit conservateur soit chirurgical. La préférence est actuellement<br />

donnée au traitement conservateur car les études prospectives ont montré une normalisation plus<br />

rapide avec le traitement conservateur. Appareil de Dujarrier pour 15-21 jours. Le patient doit être<br />

averti de la persistance de la saillie cutanée dans ce cas.<br />

Le traitement chirurgical s'adresse plus volontiers aux séquelles (douleurs) et une stabilisation<br />

secondaire peut être proposée dans ces cas.<br />

3. Fracture de l’extrémité supérieure de l’humérus<br />

4


a) Fracture du col chirurgical<br />

Le trait de fracture passe en dessous des tubérosités. Elle est soit engrenée soit non engrenée. Elle<br />

résulte d'une chute directe ou plus souvent, sur le coude ou la main. L'ostéoporose est un facteur<br />

favorisant. Une luxation peut être associée plus rarement.<br />

Clinique<br />

Le patient tient son avant-bras avec la main du côté valide et la tronc incliné du côté invalide.<br />

L'impotence est totale. Une ecchymose brachio-thoracique (dite de Hennequin) est un signe de<br />

confirmation mais tardif.<br />

Imagerie<br />

Un cliché de face et au moins un cliché avec le profil de l'omoplate et si possible un dernier avec un<br />

profil axillaire. Ceci afin de ne pas méconnaître une luxation-fracture. L'imagerie permettra de<br />

classer la fracture soit selon le mécanisme lésionnel (fracture par abduction ou adduction soit suivant<br />

le nombre de fragments).<br />

Traitement<br />

80 % de ces fractures sont peu ou pas déplacées et ne demandent qu'une immobilisation limitée à<br />

15-21 jours dans un bandage de Dujarrier. Ce temps court est observé pour éviter un<br />

enraidissement de l'épaule chez les personnes de plus de 40 ans. En effet, laisser l’épaule<br />

immobilisée plus longtemps provoquerait une raideur importante qui serait très gênante longtemps.<br />

Chez les enfants, le temps d'immobilisation sera de 6 semaines avec la plupart du temps, une<br />

immobilisation par plâtre thoraco-brachial.<br />

En cas de déplacement (20 %), une réduction avec ou sans ostéosynthèse percutanée sera réalisée.<br />

Complications<br />

• Lésions associées du plexus brachial.<br />

• Nécrose céphalique (rare si pas de luxation associée).<br />

• Capsulite rétractile (enraidissement).<br />

b) Fracture du col anatomique<br />

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La fracture passe sous le cartilage articulaire, isolant ainsi la calotte épiphysaire. L'impaction peut<br />

encore enfoncer cette calotte en valgus ou en varus et isoler le trochin ou le trochiter. Un refend<br />

articulaire est également possible.<br />

4. Fracture de la diaphyse humérale<br />

Ces fractures sont caractérisées par la possibilité de survenue d'une paralysie radiale qui est<br />

observée dans environ 15 % des cas. Le nerf radial passe en effet dans la gouttière de torsion qui est<br />

médiodiaphysaire. La récupération de cette paralysie est la règle dans 95 % des cas et endéans les<br />

3-4 mois. Cette fracture peut être traitée par une plâtre ou par embrochage de plusieurs broches qui<br />

occupent la cavité médullaire (embrochage dit de Hacketal) ou encore par un clou ou enfin et plus<br />

rarement, par plaque (notamment lorsqu’il faut aller explorer le nerf).<br />

5. La luxation traumatique de l’épaule<br />

La luxation de l'épaule est la perte des rapports anatomiques de la cavité gléno-humérale. Cette<br />

luxation est dans la grande majorité des cas d'origine traumatique. Elle est antérieure dans 95 % des<br />

cas et s'observe alors entre 15 et 30 ans la plupart du temps. L'épisode de luxation entraîne une<br />

lésion du plan capsulo-ligamentaire et du bourrelet. Celui-ci est une structure fibrocartilagineuse qui<br />

permet l'insertion du ligament à l'os. La désinsertion traumatique du bourrelet antéro-inférieur dans<br />

la luxation traumatique entraînera automatiquement celui du ligament gléno-huméral inférieur.<br />

Outre la douleur importante et l'impotence totale, on recherchera des signes cliniques évocateurs.<br />

a) La luxation antérieure<br />

Elle résulte d'un mouvement forcé en abduction, rotation externe et rétropulsion.<br />

- signe de l'épaulette: saillie de l'acromion<br />

- coup de hache dans le deltoïde<br />

- bras en rotation externe<br />

- vacuité de la glène et saillie de la tête dans le grand pectoral.<br />

Radiologie<br />

Le diagnostic ne pose pas de problème lorsque l'épaule est luxée.<br />

Si il n'y a pas eu de radiographies lors de l'épisode, il faut rechercher les signes indirects de la<br />

luxation : impaction osseuse de la zone postérosupérieure de la tête par la glène et dite encoche de<br />

6


Malgaigne ou de Hill-Sachs, arrachement du rebord antéro-inférieur de la glène. Ces signes<br />

s'apprécient sur des clichés en incidence de face et de profil d'omoplate ou de glène (incidence dite<br />

de Bernageau, du nom du radiologue qui l'a codifiée).<br />

Complications<br />

• Fracture du trochiter.<br />

• Lésion du plexus brachial ou du nerf circonflexe (n. mixte : sensibilité du moignon de l'épaule qui<br />

sera recherchée systématiquement et innervation du muscle deltoïde).<br />

• Rupture de la coiffe après 40 ans (y penser chez une personne de plus de 40 ans dont l'épaule<br />

n'évolue pas bien en rééducation).<br />

• Récidive de la luxation.<br />

Réduction<br />

Celle-ci sera d'autant plus facile que le délai est court. En effet, après 5 minutes, une contracture<br />

musculaire puissante s'installe, rendant la réduction plus difficile.<br />

Procédés<br />

1. décubitus dorsal<br />

• Traction douce sur l'avant-bras et en abduction progressive. Une contre-traction se fait sur le<br />

thorax tandis qu'une autre personne appuie sur la tête.<br />

• Patient couché, tête sur un oreiller. Traction douce sur coude fléchi en rotation externe et la main<br />

en supination se place sous la tête. Une fois l'épaule réduite, le bras est placé le long du corps.<br />

2. décubitus ventral<br />

Patient sur un brancard ou table. La réduction s'obtient en laissant pendre le bras et en tirant au<br />

besoin sur l'avant-bras.<br />

Immobilisation : Dujarrier 21 jours. Chez la personne âgée de > 30 ans, l'épaule ne sera immobilisée<br />

que 15 jours maximum.<br />

b) Luxation antérieure récidivante<br />

7


La survenue d'un épisode de luxation traumatique de l'épaule expose à la récidive. Cette récidive est<br />

d'autant plus fréquente que l'âge de la première luxation est jeune.<br />

Si le premier épisode remonte avant l'âge de 20 ans, le risque de récidive est d'environ 55 %. Entre<br />

les épisodes, l'intervalle est asymptomatique ou le patient peut présenter une appréhension. Celle-<br />

ci traduit la peur de se luxer à nouveau. Le patient peut avoir renoncé à des activités sportives par<br />

exemple.<br />

Cette appréhension, pathognomonique de la luxation antérieure récidivante, est reproduite par<br />

l'armé du bras càd le bras en rotation externe et abduction au-delà de 90°.<br />

En cas d'appréhension importante et après 3 épisodes de luxation, on recommande la cure<br />

chirurgicale. La technique la plus utilisée est l'opération de Bankart qui réinsère le ligament gléno-<br />

huméral antérieur détendu sur la glène. Cette technique donne d'excellents résultats dans 95 % des<br />

cas. Il y a 5 % de récidive. Une autre opération consiste à mettre une butée osseuse prélevée au<br />

dépens de la pointe de la coracoïde et munie de ses insertions tendineuses. Cette butée resangle et<br />

renforce le point faible du ligament détendu. Au passif de cette méthode, le sacrifice d'une anatomie<br />

normale et une arthrose potentielle.<br />

c) Luxation postérieure<br />

Elle résulte d'un mouvement forcé en rotation interne, antéflexion.<br />

Celle-ci est beaucoup plus rare (< 5 %) mais reste trop souvent méconnue. Elle est causée par des<br />

contractions violentes (épilepsie, alcool, électrocution) des rotateurs internes de l'épaule (latissimus<br />

dorsi, pectoralis maior).<br />

Clinique<br />

Bras en rotation interne.<br />

Suppression ou limitation passive de la rotation externe.<br />

Radiologie<br />

Même luxée, le diagnostic d'une épaule luxée derrière n'est pas évident !<br />

Incidences de face, de profil d'omoplate et axillaire (Jacobson)<br />

Réduction<br />

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Traction simple en s'aidant d'une pression manuelle sur la tête. Immobilisation dans une attelle<br />

mettant le bras en légère rotation externe pour 21 jours.<br />

Si la luxation date de plus de 3 semaines, il est probable que la réduction sera chirurgicale.<br />

C. Pathologie non traumatique de l’épaule<br />

1. Tendinopathie de la coiffe des rotateurs<br />

Ce groupe de pathologie est responsable de la grande majorité des motifs de consultation après la<br />

cinquantaine. Après les lombalgies, la douleur à l'épaule est le 2e motif de consultation du médecin<br />

généraliste ( Bergenudd et Nilsson, Clin. Orthop. 308, 264, 1994).<br />

Anatomie<br />

La coiffe des rotateurs de l'épaule est classiquement constituée de l'insertion terminale de 4 tendons :<br />

• au sommet : tendon du muscle supraépineux (m. supraspinatus);<br />

• devant, celui du muscle sous-scapulaire (m. subscapularis);<br />

• derrière, celui du muscle infraépineux (m. infraspinatus) et du petit rond (m. teres minor).<br />

• On y rattache le tendon du long chef du biceps (caput longum biceps brachii).<br />

Les 4 tendons forment une coiffe tendineuse sur la tête de l'humérus. Entre le subscapulaire et le<br />

supraépineux, existe un intervalle constitué uniquement du plan capsulaire. Le long chef du biceps<br />

est intraarticulaire et s'insère sur le sommet de la glène.<br />

Fonction<br />

La coiffe maintient la tête humérale centrée sur la glène, elle coapte activement la tête. Elle évite<br />

l'ascension de la tête lors de la contraction du deltoïde.<br />

Pathogénie<br />

Le tendon du supraépineux se trouve dans un défilé ostéofibreux constitué par la partie antérieure de<br />

l'acromion et le ligament acromio-coracoïdien. Lors de l'élévation, si il y a ascension de la tête (et<br />

donc du tendon), un conflit apparaît. Ce conflit peut aussi s'observer si le contenu augmente de<br />

volume comme en cas de calcification. La pathologie de la coiffe peut être assimiler à une pathologie<br />

de conflit canalaire.<br />

Synonyme<br />

9


Périarthrite scapulo-humérale ou PSH. Ce vocable, créé au 19e siècle ne signifie pas grand chose et<br />

est un vocable "fourre tout". Il était (est) donné à toute pathologie dégénérative de l'épaule sans<br />

atteinte radiologique de la gléno-humérale.<br />

Clinique<br />

Toute pathologie de la coiffe entraîne douleur et impotence variable.<br />

La douleur est le premier symptôme. Celle causée par l'épaule a les caractères suivants:<br />

• L'épicentre est le moignon de l'épaule (le patient empaume l'épaule pour situer la douleur).<br />

• Elle irradie fréquemment vers le bras (V deltoïdien ou la face antérieure du bras) et vers<br />

l'épicondyle (ne pas infiltrer !) et plus rarement vers la main.<br />

• L'irradiation dans le trapèze ou l'omoplate est fréquente (il faut exclure alors une cervicalgie<br />

primaire).<br />

• Le réveil nocturne est constant en phase aiguë et l'appui sur le côté impossible.<br />

L'impotence est variable, allant d'une gêne à l'impossibilité d'exécuter un mouvement (épaule<br />

pseudo-paralytique). Une cervicalgie secondaire peut également s'installer suite au mouvement de<br />

compensation de l'épaule.<br />

L'examen clinique d'une épaule passe d'abord par celui de la colonne cervicale. La ceinture scapulaire<br />

est ensuite examinée en notant une éventuelle atrophie musculaire. Après, on recherche les<br />

mobilités avant de réaliser quelques manoeuvres spécifiques.<br />

• Présence d'une arc douloureux entre 60-120° lors de l'abduction active.<br />

• Douleur provoquée par la contraction contre résistance du tendon enflammé et mesure de la<br />

force.<br />

Supra-épineux: écartement du bras contre résistance, coude au corps.<br />

Infra-épineux: rotation externe contrariée de l'avant-bras, coude au corps et fléchi à 90°.<br />

Sous-scapulaire : rotation interne contrariée de l'avant-bras, coude au corps et fléchi à 90°.<br />

Sémiologie spécifique<br />

• Manoeuvre de Jobe : les bras sont mis en abduction de 90° avec une antéflexion de 30° (=<br />

élévation dans le plan de l'omoplate). Les pouces sont dirigés en bas. L'examinateur tente alors<br />

10


d'abaisser les bras. Si la résistance est indolore, le test est négatif. Si le patient ne peut résister, il<br />

y a rupture très probable du supra-épineux.<br />

• Manoeuvre de Neer : le clinicien placé derrière le patient, élève passivement le bras du patient<br />

tout en bloquant l'omoplate. Il y a un conflit entre le trochiter et la partie antérieure de<br />

l'acromion et le ligament acromio-coracoïdien (conflit antéro-supérieur). Ce geste le reproduit.<br />

• Manoeuvre de Hawkins : on imprime une rotation interne au bras qui est antéfléchi à 90° et<br />

coude à 90°, en abaissant l'avant-bras. Même signification que le test précédent.<br />

• Manoeuvre de Gilchrist ou appelée encore palm-up de Speed : élévation antérieure du bras<br />

contre résistance, coude tendu et paume de la main vers le haut (supination). Ce test explore le<br />

long biceps et la partie antérieure du supraépineux. Test assez peu spécifique.<br />

• Manoeuvre de Yergason : coude fléchi à 90°, on demande de faire une supination contrariée de<br />

l'avant-bras.<br />

• Manoeuvre de Gerber (appelée aussi lift-off test) : le patient place la main derrière, sur la<br />

fesse. On lui demande d'éloigner la main de la fesse. La manoeuvre est impossible en cas de<br />

rupture complète du sous-scapulaire (rare). Elle est douloureuse en cas de rupture partielle<br />

(moins rare).<br />

Imagerie<br />

La radiographie standard reste le moyen le plus simple de dépistage d'une rupture du supra-épineux.<br />

Sur une radiographie de face de l'épaule, la distance entre l'acromion et le sommet de la tête doit être<br />

égale ou supérieure à 9 mm. Cette distance permet d'éliminer une rupture. Elle sera suspectée en<br />

cas de distance inférieure. Une distance inférieure à 7 mm permet d'affirmer la rupture du supra-<br />

épineux. La même radiographie de face mais avec une abduction contrariée de +/- 20° (Manoeuvre<br />

de Leclercq) sensibilise le test.<br />

En effet en cas de rupture, l'espace sera encore plus diminué (> 30 %) avec la contraction du<br />

deltoïde.<br />

L'échographie, l'arthroscanner et la résonance sont des examens complémentaires qui ne seront<br />

demandés qu'en seconde intention.<br />

a) La tendinite du supra-épineux (supraspinatus)<br />

11


Douleur plus ou moins vive et à la contraction contrariée du supraspinatus orienteront vers ce<br />

diagnostic clinique. Chez le jeune sportif, il faut incriminer un problème d’entraînement (non<br />

respect de palier dans l'effort, absence d'étirements musculaires avant l'effort).<br />

L'examen clinique ne montre pas de perte de force et la radiographie ne montre pas de pincement de<br />

l'espace acromio-huméral ou de calcification.<br />

Le traitement est le repos, l'évitement momentané du mouvement causal, la prescription d’anti-<br />

inflammatoires si nécessaire.<br />

b) La tendinopathie calcifiante<br />

La calcification d'un tendon de la coiffe est une pathologie fréquente. C'est à l'épaule que le tendon<br />

est le plus souvent le siège de cette minéralisation. C'est à nouveau le supraépineux qui est le plus<br />

fréquemment atteint, suivi de l'infraépineux et plus rarement du sous-scapulaire. La prédominance<br />

féminine est nette, 2 fois plus que chez l'homme et survient entre 30 et 65 ans. La pathogénie reste<br />

obscure: un fibrocartilage apparaît dans le tendon par métaplasie locale. Celui-ci se minéralise de<br />

façon indolore. La calcification est enchâssée dans le tendon. Elle est la plupart du temps indolore<br />

et ce, pendant de longues années. Elle peut aussi devenir douloureuse à la suite d'un effort ou d'un<br />

mouvement répétitif. C'est la dissolution de la masse calcique vers la bourse sous-acromio-<br />

deltoïdienne qui serait à l'origine de la douleur. Tantôt sourde, tantôt violente. Dans ce cas, la crise<br />

hyperalgique survient la nuit, empêche les gens de dormir et parfois de rester couché. Cette phase<br />

hyperalgique est synonyme de disparition progressive de la calcification.<br />

Une calcification finit toujours par disparaître (avec ou sans crise hyperalgique) et ne revient en<br />

principe jamais dans le même tendon. On ne peut malheureusement pas prédire cette disparition<br />

spontanée. Le délai peut aller jusqu'à 10 ans...<br />

Le traitement est symptomatique : anti-inflammatoires, infiltration sous-acromiale si nécessaire. En<br />

plus, pendant une crise : application de glace. En cas de douleur rebelle, on pourra considérer une<br />

arthroscopie pour réaliser soit l'ablation de la calcification soit une acromioplastie qui permet une<br />

course plus aisée du tendon dans le défilé sous-acromial.<br />

c) Les ruptures de la coiffe des rotateurs<br />

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La rupture représente le point final de l'accumulation de microlésions intratendineuses qui finissent<br />

par rompre le tendon. Elle survient en général après 50 ans. Le mode de début est tantôt brutal,<br />

posttraumatique, tantôt insidieux. On peut considérer que dans 95 % des cas, le point de départ de<br />

la rupture est le supraépineux et que cette déchirure peut s'étendre soit vers l'arrière dans<br />

l'infraépineux soit vers l'avant, dans le biceps ou le sous-scapulaire.<br />

Une rupture de tendon de la coiffe ne guérit jamais. En cas de rupture importante, le muscle du<br />

tendon rompu s'atrophie progressivement et d'une façon irréversible. Le tendon déchiré peut aussi<br />

se rétracter.<br />

Cette rupture peut ne jamais être symptomatique ou elle peut redevenir asymptomatique (c'est le<br />

but du traitement conservateur). Enfin, dans d'autres cas, elle reste symptomatique et invalidante.<br />

Cliniquement, à la douleur peut aussi s'ajouter une perte de la mobilité active (pas nécessaire au<br />

diagnostic) et une perte de la force si la douleur est très importante.<br />

Le traitement est chirurgical dans les formes récentes chez des personnes actives (+/- < 70 ans). En<br />

effet, ce traitement est le seul capable d'assurer la réparation du tendon et l'indolence à long terme.<br />

Le cas échéant, une arthroscopie avec acromioplastie (sans réparation tendineuse) peut être efficace<br />

sur les symptômes mais ne met pas à l'abri d'une récidive de la douleur. Enfin, le traitement médical<br />

(et la kinésithérapie) est lui aussi capable de rendre une épaule indolente (AINS, infiltrations) mais<br />

expose à la récidive chez un patient actif.<br />

(On admet que trois injections intraarticulaires est le maximum autorisé pour éviter les effets<br />

néfastes de la cortisone in loco. Il faut éviter à tout prix l'injection intratendineuse qui provoque<br />

douleur et surtout nécrose.)<br />

2. L’épaule gelée ou la capsulite rétractile<br />

Définition<br />

Raideur douloureuse de l'épaule, d'apparition insidieuse et qui diminue la mobilité PASSIVE (et<br />

donc active). C'est l'élévation (= abduction dans le plan de l'omoplate càd entre l'abduction classique<br />

et l'antéflexion) et la rotation externe qui sont les plus limitées.<br />

Ce diagnostic peut être posé devant une élévation passive limitée à moins de 100° et une rotation<br />

externe diminuée de plus de 50 % par rapport à l'autre côté.<br />

Etiologie<br />

13


Elle reste inconnue. L'affection se localise au début dans la partie supéroantérieure de la capsule<br />

(intervalle dit "des rotateurs" c-à-d celui situé entre le tendon du supraépineux et le sous-scapulaire).<br />

Il y a un épaississement inflammatoire qui rétrécit la capsule (présence de myofibroblastes dans la<br />

capsule comme dans la maladie de Dupuytren) (Bunker and Anthony: J. Bone Joint Surg., 77B,<br />

677, 1995).<br />

L'épaule gelée est tantôt primitive (idiopathique), tantôt secondaire à une pathologie de l'épaule<br />

(rupture de coiffe, calcification etc.) ou à une pathologie associée (diabète, maladie de la thyroïde,<br />

infarctus du myocarde, cancer pulmonaire, prise de phénobarbital etc.). Une hyperlipidémie<br />

(cholestérol et triglycérides) est observée contrairement à la population contrôle (J. Bone Joint Surg.<br />

77B, 684, 1995).<br />

L'affection touche avec une nette prédominance les femmes et de préférence vers la cinquantaine.<br />

Evolution<br />

Elle est classiquement divisée en trois phases :<br />

• phase douloureuse : apparition insidieuse d'une douleur qui devient vite bruyante à<br />

prédominance nocturne. Elle dure environ 6 mois. Apparition progressive d'une raideur.<br />

• phase de raideur (phase d'état) : elle est dominée par la raideur qui handicape la personne. La<br />

douleur est devenue tolérable si elle n'est pas oubliée. Durée: +/- 1-1,5 ans.<br />

• phase de résolution : récupération progressive de la raideur. La récupération peut ne pas être<br />

complète. Le cycle peut durer 2 ans. Cette longue durée doit être expliquée au patient sous<br />

peine d'une déprime profonde.<br />

Diagnostic<br />

Aucun test de laboratoire n'est spécifique. Le diagnostic est clinique. La scintigraphie montre une<br />

captation modérée par l'épaule. La capsulite peut également faire partie d'une algodystrophie avec<br />

apparition de symptômes à la main. La radiographie ne montre qu'un aspect moucheté de<br />

l'épiphyse humérale, en plus de signes associés d'autres pathologies de l'épaule si il s'agit d'une<br />

capsulite secondaire (calcifications etc.).<br />

Traitement<br />

14


La physiothérapie, la kinésithérapie sont des moyens précieux pour éviter une aggravation de la<br />

raideur. Elles permettent, semble-t-il, de récupérer plus vite une meilleure mobilité. Les<br />

infiltrations de cortisone n'ont pas fait la preuve de leur efficacité mais sont prescrites classiquement<br />

dans cette pathologie tant elle est douloureuse et invalidante.<br />

Enfin, les manipulations sous narcose peuvent accélérer le regain de mobilité et faire diminuer la<br />

douleur. Une capsulotomie sous arthroscopie semble également efficace et peut être proposée en<br />

dernier lieu.<br />

II. Pathologie du coude<br />

A. Traumatologie<br />

1. Fractures de l’extrémité inférieure de l’humérus<br />

• Fractures instables intéressant souvent la surface articulaire.<br />

• Possibilité de lésion du nerf cubital et de l’artère humérale.<br />

• Indications chirurgicales en cas de fracture articulaire déplacée de l’adulte.<br />

• Problématique de la fracture supracondylienne de l’enfant (voir vol. 1) : risque de cubitus<br />

varus.<br />

2. Luxation du coude<br />

• Possibilité d’instabilité articulaire.<br />

3. Fracture de l’olécrane<br />

• Indication chirurgicale (hauban) systématique en cas de fracture déplacée, sauf chez le grand<br />

vieillard.<br />

4. Fracture de la tête radiale<br />

• La tête radiale stabilise le coude et transmet les forces de la main à l’humérus.<br />

• La fracture de la tête radiale est souvent associée à des lésions ligamentaires du coude ou de la<br />

membrane interosseuse (lésion d’Essex Lopresti).<br />

• Une fracture non déplacée est traitée conservativement.<br />

• Les fractures déplacées qui sont synthésables doivent l’être.<br />

15


• La résection de la cupule radiale peut entraîner une déformation du coude en valgus et une<br />

instabilité. Il peut être indiqué de remplacer la tête radiale « éclatée » par un implant<br />

prothétique temporaire ou définitif.<br />

5. Luxation de la tête radiale<br />

• Fracture de Monteggia = association d’une fracture du cubitus à une luxation de la tête radiale.<br />

• La luxation isolée existe chez l’enfant. Elle peut être apparemment isolée, mais effectivement<br />

associée à une incurvation plastique du cubitus (voir vol. 1).<br />

B. Pathologie orthopédique du coude<br />

1. Epicondylite ou « Tennis elbow » : c’est une enthésopathie de surcharge.<br />

2. Epitrochléite ou « Golfer elbow ».<br />

3. Corps étranger intraarticulaire : « Souris »<br />

• ostoéchondromatose synoviale<br />

• ostéochondrite disséquante<br />

• fracture ostéochondrale.<br />

Symptômes : blocages.<br />

Traitement : exérèse arthroscopique si le nombre de corps étrangers le permet.<br />

4. Neuropathie du nerf cubital du coude<br />

• Syndrome du tunnel cubital.<br />

• Beaucoup plus fréquent que la compression au niveau du poignet dans le canal de Guyon.<br />

• Distinguer<br />

− les nerfs cubitaux hypermobiles<br />

− les nerfs cubitaux fixes<br />

− les compressions extrinsèques suite à une pathologie du coude<br />

− les conséquences des déviations axiales et des instabilités posttraumatiques.<br />

• Traitement chirurgical à proposer en cas d’atteinte évolutive<br />

16


− neurolyse simple<br />

− épitrochléectomie<br />

− translocation du nerf cubital (profonde ou semi-profonde).<br />

III. Pathologie de l’avant-bras<br />

Rappel : le mouvement de prosupination concerne les articulations radiocubitales supérieures et<br />

inférieures et la membrane interosseuse. Il est permis grâce à la forme particulière du radius qui a<br />

deux courbures (manivelle radiale). Les pathologies radiocubitales et les modifications<br />

morphologiques du rachis sont susceptibles d’interférer avec ce mouvement.<br />

A. Fracture diaphysaire des deux os de l’avant-bras<br />

Ce sont des fractures instables.<br />

L’ostéosynthèse est généralement nécessaire. Elle se fait classiquement par plaque vissée, mais il<br />

y a une tendance à utiliser les moyens de stabilisation souples centromédullaires.<br />

La consolidation est lente (3 à 4 mois).<br />

En cas de traumatisme des tissus mous, et en particulier de contusion musculaire, risque de<br />

syndrome de loge ou de Volkman (voir vol. 1).<br />

La synostose radiocubitale est une complication rare, qui entraîne un blocage de la prosupination.<br />

B. Fracture diaphysaire d’un os de l’avant-bras<br />

MONTEGGIA = fracture du cubitus + luxation radiale proximale.<br />

GALEAZZI = fracture du radius + luxation radiocubitale inférieure.<br />

IV. Pathologie du poignet<br />

A. Traumatologie<br />

1. Fracture de l’extrémité inférieure du radius<br />

• C’est la fracture la plus fréquente.<br />

• Classification :<br />

17


− extraarticulaire<br />

− articulaire<br />

◊ en extension = Pouteau-Colles<br />

◊ en flexion = Goyrand-Smith<br />

◊ partielle = marginale antérieure ou Barton<br />

cunéenne interne (Die Punch)<br />

cunéenne externe<br />

◊ complète = fracture en T ou en Y - fracture comminutive du sujet jeune.<br />

• Ces fractures sont instables car il y a souvent une comminution métaphysaire.<br />

• Chez le sujet jeune, on ne peut accepter une réduction approximative.<br />

• Traitement :<br />

− réduction par manoeuvres externes sous anesthésie de plexus brachial<br />

− stabilisation :<br />

◊ plâtre<br />

◊ broches percutanées<br />

◊ fixateur externe<br />

− ostéosynthèse des fractures articulaires, en particulier des fractures marginales<br />

• Complications<br />

antérieures de Barton (plaque vissée « en console »).<br />

− déplacement secondaire<br />

− cal vicieux<br />

− incongruence radiocubitale<br />

− algodystrophie (Sudeck)<br />

− syndrome du canal carpien<br />

− rupture du long extenseur du pouce.<br />

2. Lésions traumatiques du carpe<br />

Grande variété de lésions passant souvent inaperçues dans les conditions de la médecine<br />

d’urgence →<br />

• nécessité d’examens itératifs<br />

• incidences radiologiques spécifiques<br />

18


• épreuves dynamiques<br />

• et même scintigraphie.<br />

Il s’agit principalement<br />

• de fracture du scaphoïde carpien<br />

• des luxations dont la périlunaire et le transscaphopérilunaire du carpe<br />

• des lésions ligamentaires (entorses graves) menant aux instabilités du carpe.<br />

a) Fracture du scaphoïde carpien<br />

• Lésion du sujet jeune.<br />

• Diagnostic difficile : outre les incidences classiques de face et de profil, nécessité de<br />

radiographies de _ pour dérouler le petit os dans son plan d’élection.<br />

• Consolidation lente.<br />

• Vascularisation « terminale » (risque d’ostéonécrose).<br />

• Risque élevé de pseudarthrose.<br />

• Celles-ci se compliquent de « collapsus du carpe » à long terme.<br />

Traitement<br />

• Fractures stables non déplacées : simple immobilisation plâtrée pendant 8 à 16 semaines.<br />

Pour immobiliser le scaphoïde, il est nécessaire d’immobiliser la colonne du pouce et<br />

d’entraver la prosupination.<br />

• Fractures instables ou très déplacées : ostéosynthèse (vis AO, vis de Herbert, double<br />

brochage).<br />

• Pseudarthrose<br />

− évidement-greffe : Matti-Russe<br />

− ostéosynthèse-greffe : Herbert-Fisk.<br />

b) Les luxations du carpe<br />

• Les luxations les moins rares sont les luxations rétrolunaires du carpe et la luxation<br />

transscaphorétrolunaire. La classique luxation isolée du semi-lunaire (énucléation en avant)<br />

est très rare.<br />

• Clinique : poignet douloureux « cloué ».<br />

19


• RX : bien vérifier chacun des interlignes du carpe.<br />

• Traitement :<br />

− la réduction orthopédique est généralement possible, mais le carpe reste souvent<br />

instable → nécessité de stabiliser la réduction par brochage(s) percutané(s)<br />

− en cas de luxation transscaphoïdienne, il est nécessaire d’ostéosynthéser la fracture du<br />

scaphoïde.<br />

• N.B. Les luxations anciennes, négligées parce que non reconnues, entraînent des séquelles<br />

majeures difficiles à traiter.<br />

c) L’instabilité du carpe<br />

L’instabilité du carpe est de reconnaissance récente. Le système ligamentaire est complexe. La<br />

lésion la plus caractéristique est le diastasis scapholunaire, qui se manifeste par un<br />

élargissement de l’espace entre le scaphoïde et le semi-lunaire, principalement en inclinaison<br />

cubitale du poignet.<br />

Le semi-lunaire déstabilisé peut basculer ventralement (V.I.S.I. = Ventral Intercalated Segment<br />

Instability) ou dorsalement (D.I.S.I. = Dorsal Intercalated Segment Instability) en fonction des<br />

lésions associées.<br />

Ces instabilités du carpe peuvent être la conséquence d’un traumatisme unique, de traumatismes<br />

itératifs, ou encore être la conséquence du déséquilibre entraîné par une modification anatomique.<br />

Le collapsus du scaphoïde en cas de pseudarthrose ancienne peut entraîner une désorganisation<br />

du carpe.<br />

Un cal vicieux du radius avec modification de la pente articulaire peut entraîner ce que l’on<br />

appelle une « instabilité d’adaptation ».<br />

Traitement<br />

• le traitement des lésions fraîches utilise les broches de stabilisation et des sutures<br />

ligamentaires (ancres Mitek)<br />

• le traitement des lésions anciennes est difficile : ligamentoplasties, capsulodèses, arthrodèses<br />

localisées.<br />

Evolution<br />

20


L’évolution des instabilités scapholunaires invétérées se fait vers la décompensation arthrosique.<br />

Ce type particulier de dégénérescence s’appelle en anglais le SLAC-WRIST (Scapho-Lunate-<br />

Advanced-Collapse).<br />

B. Affections non traumatiques du poignet<br />

1. Arthrose<br />

• Incongruence posttraumatique après fracture articulaire du radius.<br />

• Instabilité du carpe.<br />

• Poignet sénile.<br />

2. Nécrose aseptique : la maladie de Kienböck du semi-lunaire<br />

V. Pathologie de la main<br />

A. Traumatologie<br />

1. Les fractures du métacarpe et des phalanges<br />

• Base du premier métacarpien<br />

− extraarticulaire<br />

− Bennett : petit fragment interne permettant la subluxation trapézométacarpienne<br />

− Rolando : fracture en Y.<br />

• Diaphyse des métacarpiens II à V Attention à la rotation !<br />

• Col du 5e métacarpien<br />

− fracture du boxeur<br />

− bascule palmaire jusqu’à 30° bien tolérée<br />

− technique du brochage « en faisceau ».<br />

• Phalanges proximales et médianes<br />

− indications opératoires fréquentes en cas d’atteinte articulaire (fracture-luxation)<br />

− problématique de la rotation en cas de fracture spiroïde<br />

− consolidation rapide des fractures diaphysaires (immobilisation d’une durée rarement<br />

supérieure à 3 semaines).<br />

21


2. Les entorses et luxations des doigts<br />

• Articulation métacarpophalangienne du pouce - le pouce du skieur - le problème de<br />

l’interposition de la dossière.<br />

• Articulation I.P.P. : mauvais pronostic des luxations traumatiques - nécessité fréquente d’une<br />

stabilisation chirurgicale.<br />

3. Les plaies de la main<br />

La main est un organe exposé aux lésions traumatiques, et en particulier aux plaies. Du fait de la<br />

structure anatomique de la main, les lésions tendineuses ou nerveuses sont fréquentes.<br />

Quelques principes<br />

• au niveau de la main, plaie minime ne signifie pas plaie bénigne;<br />

• toute plaie de la main impose un examen complet de la sensibilité et de la motricité;<br />

• la plaie d’un seul tendon fléchisseur a peu de signes cliniques;<br />

• il n’y a pas de signe clinique de l’atteinte articulaire;<br />

• l’atteinte partielle d’un nerf sensitif est difficile à reconnaître;<br />

• dans des conditions d’urgence, l’atteinte de la branche motrice du nerf médian ou même du<br />

nerf cubital est souvent méconnue sur base de l’examen clinique.<br />

Recommandations<br />

• toute plaie de la main qui dépasse le tissu graisseux sous-cutané doit être explorée dans des<br />

conditions « chirurgicales »;<br />

• un examen radiographique sera demandé systématiquement en cas de plaie profonde ou de<br />

lésion contuse.<br />

4. Les lésions des tendons de la main<br />

La découverte d’une lésion du tendon fléchisseur justifie l’anesthésie locorégionale ou<br />

l’anesthésie générale avec hémostase préventive par garrot pneumatique.<br />

La plupart des plaies des tendons extenseurs peuvent par contre être réparées sous anesthésie<br />

locale.<br />

22


KLEINERT<br />

Suture d’un tendon fléchisseur<br />

Point en cadre ou laçage intratendineux<br />

suture du péritendon<br />

Mobilisation passive assistée selon Kleinert<br />

Attelle de STACK<br />

Attelle de CALBERG<br />

a) Les lésions des tendons extenseurs<br />

• Au niveau de l’IPD<br />

Plaie tendineuse<br />

• lésion avec ouverture de l’articulation<br />

• risque de blessure de la matrice de l’ongle<br />

• nécessité d’appuyer la suture par un appareillage d’extension (broche ou attelle)<br />

• technique de la ténodermodèse en cas de plaie nette.<br />

Rupture tendineuse (sous-cutanée)<br />

• doigt en maillet (Mallet Finger)<br />

• distinguer les<br />

− formes complètes (avec rupture de l’appareil rétinaculaire)<br />

− formes incomplètes (chute du P3 sur P2 inférieure à 60°)<br />

• dans les formes incomplètes : appareillage suivant Stack ou Abouna en permanence, jusqu’à la<br />

fin de la 6e semaine, de façon intermittente pendant 2 autres semaines<br />

• dans les formes complètes : il vaut mieux stabiliser l’articulation par brochage (broche fine) en<br />

extension (et non en hyperextension) pendant les 3 premières semaines.<br />

• Le traitement sera ultérieurement poursuivi de la même façon.<br />

• Au voisinage de l’IPP (syndrome de la boutonnière)<br />

Section tendineuse<br />

Le problème est dominé par l’état des téguments et les possibilités de couverture cutanée.<br />

Lorsque les conditions locales sont favorables, le tendon sera réparé.<br />

23


→ la bandelette centrale sera suturée (points en U) ou réimplantée (laçage + point transosseux) à<br />

la base de la deuxième phalange;<br />

→ les extensions latérales réparées (petits points en U) seront laissées dans leur position<br />

normale latérodorsale.<br />

L’IPP est maintenue en extension par brochage jusqu’à guérison cutanée (2 à 3 semaines). Le<br />

doigt est ensuite placé dans un appareil type Bunnel-Calberg jusqu’à la fin du deuxième mois.<br />

En cas de perte de substance cutanée, la réparation tendineuse sera conseillée si la couverture<br />

peut être obtenue primairement par un lambeau de rotation.<br />

Schéma de l’ultrastructure du nerf périphérique expliquant l’organisation du réseau vasculaire<br />

SUTURES NERVEUSES<br />

24<br />

1. Interfasciculaire<br />

2. Epineurale<br />

3. Périneurale<br />

4. Epi-périneurale<br />

En cas de plaie contuse, irrégulière, avec perte de substance cutanée et tendineuse, la réparation<br />

comportera le recouvrement de l’articulation par un plan cutané (lambeau local). L’IPP est<br />

immobilisée en extension.<br />

Rupture sous-cutanée<br />

• lésions fraîches et lésions récentes (vues dans les 3 premiers mois) : l’appareillage suivant<br />

Bunnel-Calberg pendant 2 mois permet d’obtenir d’excellents résultats;<br />

• lésions anciennes : corriger la déformation par appareillage, ensuite réparation secondaire si<br />

encore nécessaire après appareillage. Si lésion fixée non correctible par appareillage,<br />

l’arthrodèse sera souvent la moins mauvaise solution.<br />

• Au niveau de l’articulation MP


éparer le tendon et l’appareil rétinaculaire (lamina transversa) par des points en U monofil 000,<br />

lentement résorbable (PDS, monocril);<br />

en cas de lésion contuse ou de lésion ancienne, le Barber wire de Jenning est utile;<br />

S.P.O. : immobiliser le poignet en extension et le doigt en position de protection pendant 3<br />

semaines.<br />

• Au dos de la main<br />

Ces lésions sont facilement réparées par suture. Le pronostic est favorable.<br />

5. Les lésions des nerfs<br />

La réparation des nerfs peut se faire par suture primaire ou greffe secondaire.<br />

a) Suture primaire<br />

• formellement conseillée :<br />

− nerfs sensitifs de la main<br />

− section nerveuse incomplète<br />

• à considérer :<br />

• technique :<br />

− plaie nette du tronc nerveux (sans contusion), associée à des lésions tendineuses (qui<br />

rendront l’exploration secondaire laborieuse), surtout chez les enfants.<br />

− utilisation du microscope opératoire<br />

− suture par groupes fasciculaires (= épipérineurale) (sans dissection intrafasciculaire)<br />

− utilisation du fil fin : (par exemple : Ethilon 9/0 ou Dermalon 10/0)<br />

• suture primaire déconseillée<br />

− si contusion des extrémités nerveuses<br />

− si le rapprochement nécessite une « tension » importante<br />

− si plaie souillée avec perte de substance.<br />

Dans ces cas : repérer les 2 extrémités nerveuses et les amarrer l’une à l’autre avec un fil de nylon<br />

laissé long.<br />

Moment ?<br />

b) Greffe nerveuse secondaire à proposer<br />

25


Idéalement après cicatrisation cutanée, disparition des manifestations trophiques et récupération<br />

fonctionnelle.<br />

Néanmoins, il vaut mieux intervenir sans délai excessif (les résultats deviennent médiocres après<br />

9 mois. Les récupérations sont mauvaises après 18 mois, sauf chez l’enfant).<br />

En pratique, la greffe secondaire se situera généralement entre la 4e et la 6e semaine en cas de<br />

lésion nerveuse isolée. Au 3e mois, en cas de lésion tendineuse associée.<br />

c) La récupération nerveuse<br />

Elle peut être suivie grâce au signe de Tinel (1916) : la récupération du tronc nerveux entraîne une<br />

sensation « électrique » dans le territoire cutané innervé par le nerf en question. L’endroit de<br />

sensibilité à la percussion se déplace vers l’extrémité distale du membre au fur et à mesure de la<br />

récupération.<br />

La vitesse de récupération nerveuse est de l’ordre de 1 mm/j dans les cas favorables, et pendant<br />

les premiers mois; le « passage » de la suture prend plusieurs jours.<br />

La percussion se fait en allant de l’extrémité distale vers l’extrémité proximale pour éviter des<br />

douleurs parasites.<br />

6. Les mutilations de la main<br />

Principes<br />

• 2 étapes :<br />

− la chirurgie d’urgence<br />

− la chirurgie réparatrice secondaire<br />

• en urgence, distinguer :<br />

− les amputations nettes « en guillotine », qui font discuter la réimplantation digitale<br />

− les mains « déchiquetées », qui posent un problème de couverture cutanée<br />

− les plaies complexes ou multiples<br />

• but : la chirurgie d’urgence - le traitement initial doit :<br />

− conserver le maximum<br />

− résoudre de façon définitive les problèmes qui peuvent l’être<br />

− prévenir les complications liées à la conservation de fragments nécrosés.<br />

L’attitude variera donc suivant les conditions de travail<br />

26


• en milieu spécialisé, attitude très conservatrice, surveillance en hospitalisation<br />

• en pays en voie de développement : éviter l’infection - débridement.<br />

7. Les amputations traumatiques<br />

L’amélioration des techniques chirurgicales et les progrès de l’anesthésie et de la réanimation ont<br />

permis la réussite de replantations de segments de membres complètement amputés.<br />

a) Historique<br />

L’étude expérimentale des replantations de membres a été entreprise dès le début de ce siècle<br />

chez l’animal (Carrel & Guthrie, 1906).<br />

La première réimplantation d’un bras humain amputé a été effectuée à Boston le 23 mai 1962 par<br />

l’équipe de Malt (Malt & McKhann, 1964). Peu après, Chung-Wei Chien réimplantait un avant-<br />

bras à Shangaï le 2 janvier 1963 (Chen & al., 1963).<br />

Au cours des vingt dernières années, plus d’une centaine de cas de réimplantations de bras et<br />

d’avant-bras ont été publiés.<br />

b) Classification<br />

Il faut distinguer les amputations proximales qui posent des problèmes généraux (la<br />

revascularisation d’un membre ischémique crée un risque sérieux de complications générales) des<br />

amputations distales (doigts), qui posent des problèmes techniques particuliers (microchirurgie).<br />

• Les amputations proximales<br />

La légitimité de la réimplantation d’un membre amputé à un niveau proximal reste discutable. Il<br />

faut prendre en considération le bénéfice fonctionnel possible et les risques liés au geste<br />

chirurgical, qui est grevé d’une morbidité et d’un risque vital significatifs.<br />

L’évaluation à long terme de réimplantations réussies démontrent que l’on peut espérer obtenir<br />

un résultat fonctionnel satisfaisant, particulièrement chez l’enfant.<br />

Les chances de réussite de la réimplantation sont dans des conditions normales de l’ordre de 50 à<br />

60 %. La morbidité est liée à la durée de l’anesthésie, à l’importance des pertes sanguines, à la<br />

revascularisation de tissus ischémiques et à la longueur du traitement postopératoire, qui<br />

nécessitera généralement des interventions itératives.<br />

27


Les complications sont fréquentes. Certaines compromettent la viabilité (thromboses) ou la<br />

fonction du membre (retard de consolidation osseuse, raideurs articulaires). Les plus graves<br />

(hémorragies, embolies, syndrome de revascularisation, nécrose tubulaire rénale, infections)<br />

entraînent un risque vital. Compte tenu de ces éléments, nous pensons que la réimplantation<br />

proximale d’un membre supérieur n’est légitime que dans des conditions optimales (patient<br />

jeune, en bon état général sans lésion traumatique associée, conservation du membre dans de<br />

bonnes conditions et délai de revascularisation raisonnable).<br />

• Les amputations distales<br />

La réimplantation d’un doigt amputé est une intervention techniquement difficile, qui nécessite<br />

une expérience de la microchirurgie. Dans de bonnes conditions (amputation nette), les équipes<br />

entraînées ont un taux de succès élevé. La qualité des résultats est cependant souvent imparfaite,<br />

du fait d’une revascularisation précaire (syndrome d’intolérance au froid), d’un déficit de<br />

mobilité (raideur articulaire et adhérences tendineuses) et d’une récupération sensitive<br />

incomplète.<br />

La replantation doit être tentée en cas d’amputation du pouce ou en cas d’amputation de<br />

plusieurs doigts longs. Quand un seul doigt long est amputé, le bénéfice de la réimplantation<br />

serait surtout esthétique, si bien que l’indication est discutable.<br />

c) Conditions de réimplantation<br />

• Le segment amputé doit être conservé dans de bonnes conditions, c’est-à-dire :<br />

Eviter donc :<br />

− mettre le segment amputé dans un linge propre sec<br />

− l’introduire dans un sac en plastique, qui sera laissé ouvert<br />

− déposer ce sac sur de la glace fondante.<br />

de plonger le segment à replanter dans du liquide<br />

de « congeler » le segment à replanter.<br />

• Le moignon doit permettre la réimplantation.<br />

Eviter donc : les hémostases avec des pinces traumatisantes. Un pansement compressif assurera<br />

généralement une hémostase suffisante.<br />

28


• Le patient doit être en bon état général et son système vasculaire indemne de lésions évoluées<br />

d’artériosclérose (sujet jeune).<br />

• L’équipe chirurgicale doit être entraînée à ce type de chirurgie.<br />

B. Pathologie non traumatique de la main<br />

1. Affections congénitales cfr. Volume 1.<br />

2. Affections tumorales<br />

Des tumeurs peuvent se développer au niveau de tous les tissus de la main. Parmi les tumeurs<br />

des tissus mous, la plus banale est le kyste synovial. Citons aussi la tumeur à cellules géantes<br />

des gaines tendineuses. La tumeur glomique sous-unguéale a une symptomatologie douloureuse<br />

caractéristique.<br />

Parmi les tumeurs osseuses, l’enchondrome a sa localisation préférentielle au niveau de la main.<br />

Toutes les autres tumeurs osseuses peuvent se rencontrer, mais il s’agit d’une localisation rare,<br />

particulièrement pour les tumeurs malignes qui sont exceptionnelles.<br />

a) Kyste synovial (en anglais « ganglion »)<br />

Il s’agit d’une tumeur mésenchymateuse kystique, contenant du liquide mucoïde. Ces kystes se<br />

rencontrent avec prédilection au niveau du poignet. Ils peuvent communiquer avec l’articulation<br />

ou en être indépendants. On considérait classiquement qu’ils étaient formés au départ d’une<br />

hernie synoviale, la plupart des auteurs considèrent actuellement qu’il s’agit d’une tumeur<br />

indépendante de l’articulation.<br />

Les kystes synoviaux peuvent disparaître spontanément. On a proposé de les traiter par<br />

écrasement ou injection intracavitaire d’hydrocortisone. Il peut être nécessaire d’en pratiquer<br />

l’exérèse chirurgicale. Les récidives sont fréquentes et ne pourront être évitées que si<br />

l’intervention est menée dans des conditions parfaites d’anesthésie et d’hémostase, permettant<br />

de pratiquer l’ablation complète de la tumeur et de la structure qui lui a donné naissance. La<br />

tendance actuelle est de les traiter par simple aspiration s’ils sont situés à un endroit aisément<br />

accessible.<br />

b) Chondrome<br />

29


L’enchondrome isolé ou multiple (mal d’Ollier) est une tumeur d’origine cartilagineuse, qui se<br />

rencontre avec prédilection au niveau des phalanges proximales et des métacarpiens.<br />

Cette tumeur peu symptomatique est souvent découverte à l’occasion d’une fracture<br />

pathologique.<br />

Radiologiquement, l’os est « soufflé » par une tumeur radiotransparente. La corticale amincie<br />

n’est pas dépassée. C’est généralement à l’occasion d’une fracture pathologique qu’on est amené<br />

à traiter des tumeurs. Il faut cureter tout le tissu cartilagineux, bourrer la cavité ainsi créée par de<br />

l’os spongieux, éventuellement de l’os de banque lyophilisé ou de la poudre d’os de banque, et<br />

immobiliser la fracture.<br />

3. Affections abarticulaires<br />

a) Maladie de Dupuytren<br />

La maladie de Dupuytren consiste en un épaississement et une rétraction fibreuse primaire de la<br />

main et des doigts, pouvant aboutir à la flexion irréductible d’un ou de plusieurs doigts. Les 4e et<br />

5e doigts sont généralement les premiers atteints.<br />

L’étiologie de cette affection n’est pas connue, elle se voit surtout chez les hommes au-dessus de<br />

40 ans. Une prédisposition génétique existe : la maladie ne s’observe quasi que chez les sujets de<br />

race blanche et d’origine nordique. L’épilepsie traitée par les barbituriques est un facteur<br />

favorisant. Elle se rencontre aussi dans le cadre du syndrome épaule-main des coronariens. Elle<br />

est parfois associée à la maladie de Ledderhose (rétraction de l’aponévrose plantaire) et à la<br />

maladie de la Peyronie (sclérose des corps caverneux).<br />

Anatomie pathologique<br />

Classiquement, il s’agit d’une rétraction de l’aponévrose palmaire moyenne. En fait, la maladie<br />

débute entre peau et aponévrose où apparaît du tissu fibreux néoformé.<br />

Microscopiquement, on observe deux types de tissu pathologique qu’il est tentant de considérer<br />

comme deux stades évolutifs de la maladie :<br />

du tissu fibroblastique disposé régulièrement en tourbillon, avec mitoses cellulaires,<br />

du collagène dense, orienté en fibres parallèles formant les brides rétractiles.<br />

30


Traitement<br />

Le traitement médical comportant l’injection locale de corticoïdes associée au redressement forcé<br />

des doigts est décevant et inutilement douloureux.<br />

La fasciotomie enzymatique est restée au stade expérimental (Bassot 1965, Hueston 1971).<br />

L’intervention chirurgicale sera proposée dès que la rétraction des doigts est fixée. Par des<br />

incisions permettant de gagner de la peau palmaire par plastie en Z, on pratique l’incision des<br />

tissus fibreux rétractés (aponévrectomie à la demande).<br />

L’aponévrectomie totale élargie à visée préventive n’améliore pas significativement le pronostic,<br />

compte tenu d’un taux plus élevé de complications. Les aponévrotomies à l’aveugle sont<br />

dangereuses. Elles ne sont plus guère utilisées que comme temps préparatoire à<br />

l’aponévrectomie dans des rétractions ultimes ou chez des patients ne pouvant supporter une<br />

intervention chirurgicale de plus longue durée.<br />

Récemment, le mode de l’aponévrotomie à l’aiguille a été relancée. Il s’agit d’une aponévrotomie<br />

à l’aveugle, qui peut également se complique de lésion pédiculaire.<br />

b) Ténosynovite de Quervain (1895)<br />

Il s’agit d’une sténose douloureuse de la gaine des tendons du long abducteur et du court<br />

extenseur du pouce, à l’endroit où ces tendons passent sur la styloïdoradiale.<br />

Le traitement médical (infiltration locale de cortisone - immobilisation temporaire) vient<br />

généralement à bout des symptômes. Il est rare que la section chirurgicale de la gaine fibreuse<br />

soit nécessaire (prendre garde à ne pas léser la branche cutanée sensitive du nerf radial).<br />

c) Syndrome du canal carpien<br />

Il répond à une souffrance fonctionnelle sensitivomotrice du nerf médian au niveau de la loge<br />

interne du canal carpien.<br />

Physiopathologie<br />

Si le contenu du canal augmente (synovite spécifique, aspécifique, tumeur, cal tendineux) ou si le<br />

canal est trop étroit (luxation antérieure du semi-lunaire, cal vicieux du poignet), le nerf médian<br />

peut être comprimé.<br />

Symptômes<br />

31


• Troubles sensitifs subjectifs : acroparesthésie dans le territoire du médian pouvant devenir de<br />

vraies douleurs irradiant en amont et en aval; aggravées la nuit par les efforts et les<br />

mouvements extrêmes du poignet; par contre, soulagées par massage léger.<br />

• Troubles moteurs : manque de stabilité du pouce par parésie des muscles thénariens externes.<br />

• Troubles trophiques.<br />

L’examen objective les anomalies décrites ci-dessus. Le diagnostic peut être confirmé par<br />

− le test de Möberg<br />

− l’électromyographie et la mesure de vitesse de conduction du nerf médian.<br />

Une radiographie du poignet est utile.<br />

Traitement<br />

• Médical : l’injection locale d’un corticoïde-retard dans la synoviale des fléchisseurs guérit la<br />

majorité des formes légères.<br />

• Chirurgical : la chirurgie est réservée aux cas résistants. Il s’agira de l’ouverture du canal à ciel<br />

ouvert ou avec contrôle endoscopique par section du ligament carpien. La plastie ou l’exérèse<br />

du ligament ainsi que la neurolyse fasciculaire ne sont plus guère pratiquées.<br />

Syndrome canal de Guyon<br />

L’affection est plus rare que le syndrome du canal carpien : elle consiste en une compression du<br />

nerf cubital au niveau du poignet. Elle ne s’observe quasi qu’en cas de lésion anatomique de la<br />

région sous forme d’un kyste synovial ou d’une thrombose de l’artère cubitale (syndrome<br />

hypothénarien du « marteau »). Le syndrome du canal de Guyon idiopathique n’existe<br />

probablement pas. L’endroit de prédilection de compression du nerf cubital est le tunnel<br />

épitrochléen (cfr. p. 26).<br />

4. Ostéonécroses<br />

a) Maladie de Kienböck<br />

C’est l’ostéonécrose aseptique du semi-lunaire. Kienböck parlait d’ostéomalacie<br />

posttraumatique (1910). L’origine traumatique n’est pas la règle. Il s’agit d’une affection<br />

idiopathique qui se rencontrerait surtout en cas de dysharmonie de longueur des deux os de<br />

l’avant-bras par insuffisance du cubitus (variante en moins de Hulten).<br />

32


Le Kienböck s’observe chez des adultes jeunes.<br />

Cette maladie se manifeste par des douleurs à la mobilisation du poignet. C’est l’examen<br />

radiographique qui permet de poser le diagnostic : à la phase d’état, le semi-lunaire est déformé,<br />

légèrement aplati, sa trabéculation est disparue et l’os a un aspect hétérogène. Rapidement, des<br />

signes d’arthrose secondaire apparaissent.<br />

Le traitement conservateur comporte l’immobilisation du poignet pendant la phase douloureuse<br />

(attelle amovible).<br />

Plusieurs interventions ont été proposées. L’extirpation pure et simple du semi-lunaire laisse<br />

des séquelles, c’est pourquoi on a prôné son remplacement par une prothèse en Silastic<br />

(Swanson) ou par un lambeau capsulaire (Flap arthroplasty).<br />

L’allongement du cubitus proposé par Personn, Desenfants & Verbrugge a une base<br />

physiopathogénique.<br />

Au stade d’arthrose évoluée, l’arthrodèse périlunarienne du carpe, parfois l’arthrodèse<br />

radiocarpienne resteront les seules solutions.<br />

Des études récentes discutent le bien fondé de la chirurgie de Kienböck et il y a une tendance à<br />

privilégier le traitement conservateur.<br />

b) Maladie de Thieman<br />

C’est l’ostéochondrite juvénile de l’épiphyse basale des phalanges, affection bénigne guérissant<br />

spontanément sans séquelles.<br />

5. Affections dégénératives des articulations<br />

a) Nodosités d’Heberden et nodosités de Bouchard<br />

L’arthrose des articulations interphalangiennes distales (nodosités d’Heberden) et l’arthrose des<br />

articulations interphalangiennes proximales (nodosités de Bouchard) sont justifiables d’un<br />

traitement physiothérapique en période douloureuse. C’est ici que la mobilisation sous paraffine<br />

chaude trouve sa meilleure indication.<br />

b) Rhizarthrose<br />

On appelle rhizarthrose du pouce l’arthrose de l’articulation trapézométacarpienne. La<br />

dégénérescence arthrosique de cette petite articulation remarquablement mobile se rencontre<br />

surtout chez la femme d’âge mûr.<br />

33


Elle se manifeste par des douleurs d’apparition progressive à la base du pouce. Ces douleurs ont<br />

un caractère nettement mécanique (accentuées par les mouvements et soulagées par le repos).<br />

Tardivement, la mobilité du pouce en opposition, en antépulsion et en abduction est limitée,<br />

particulièrement si le métacarpien est subluxé en dehors.<br />

Le traitement médical (antiinflammatoires, immobilisation temporaire, infiltration locale de<br />

corticoïdes) suffit généralement à soulager les patients.<br />

Chez des patients actifs et particulièrement chez ceux qui exercent une activité manuelle, la<br />

persistance de la douleur et la gêne fonctionnelle peuvent justifier une solution chirurgicale.<br />

La technique chirurgicale la plus utilisée est la trapézectomie avec interposition du petit palmaire<br />

(« anchois ») et « suspension » du 1er métacarpien. Les arthroplasties totales et les arthrodèses<br />

trapézométacarpiennes ne sont plus guère pratiquées (cfr. volume 1, p 129).<br />

6. Pathologie infectieuse<br />

a) La tuberculose<br />

La main était le siège de prédilection de l’inoculation directe cutanée.<br />

L’arthrite tuberculeuse du poignet (tumeur blanche du poignet) est une forme classique de<br />

tuberculose ostéoarticulaire.<br />

Au niveau de la main, l’infection des phalanges et des métacarpiens a un aspect caractérisé :<br />

atteinte centromédullaire avec élargissement de l’os et atteinte secondaire de l’articulation (spina<br />

ventosa).<br />

La ténosynovite tuberculeuse est difficile à diagnostiquer. Il s’agit d’une synovite riziforme avec<br />

crépitation. Il faut faire le diagnostic différentiel avec la synovite rhumatoïde.<br />

b) Infections banales = panaris (en anglais « felon »)<br />

Ces infections sont très fréquentes et graves. En l’absence d’un traitement correct et précoce, les<br />

séquelles peuvent être très importantes.<br />

La porte d’entrée est généralement une plaie, une piqûre, une écharde. Le germe en cause est<br />

dans la majorité des cas un staphylocoque doré coagulase + (80 %); vient ensuite le streptocoque<br />

hémolytique (10 %). Des germes variés peuvent se rencontrer dans des conditions étiologiques<br />

particulières (piqûres anatomiques et morsures).<br />

34


Le diagnostic doit être fait précocement, qu’il s’agisse d’un panaris des doigts ou d’un phlegmon<br />

de la main. L’infection se manifeste par :<br />

• une douleur spontanée lancinante, pulsable, spontanée mais soulagée par la surélévation;<br />

• de l’oedème et de la rougeur (la douleur exquise signe une suppuration débutante).<br />

Anatomie pathologique : 4 stades<br />

1. Cellulite<br />

2. Suppuration<br />

3. Diffusion à éviter à tout prix par un traitement correct et précoce.<br />

4. Nécrose superficielle<br />

Le traitement doit être entrepris dès le stade de la cellulite. Il comprendra :<br />

• l’immobilisation,<br />

• l’administration d’antibiotiques actifs (c’est-à-dire généralement antistaphylococciques) par<br />

voie générale à forte dose,<br />

• la prévention antitétanique,<br />

• le traitement chirurgical réglé (« there is no place for plunging the knife blindly into an abcess<br />

in a struggling patient ») se fera sous anesthésie générale, avec champs exsangue et<br />

instruments adaptés, et respectera les principes généraux de la chirurgie de la main, en<br />

particulier pour ce qui concerne les voies d’abord.<br />

Le chirurgien pratiquera suivant le stade évolutif et la localisation l’excision suture (Scott &<br />

Vilain), l’incision simple ou l’incision drainage. Dans tous les cas, on demandera une culture et<br />

un antibiogramme.<br />

Formes cliniques<br />

Panaris : c’est l’infection aiguë de l’une quelconque des parties constituantes du doigt.<br />

On distingue :<br />

• panaris superficiels situés dans une des couches de la peau;<br />

• panaris phlycténoïde, collection purulente ayant décollé l’épiderme du derme. Il est bénin. Il<br />

faut le distinguer du panaris profond qui se fistulise;<br />

• panaris péri-unguéaux ou tourniole;<br />

• panaris sous-unguéaux;<br />

• panaris anthracoïdes : c’est le furoncle du dos de la première phalange;<br />

35


• panaris cellulaires sous-cutanés : ce sont les cellulites des doigts. Ils sont toujours graves et<br />

susceptibles de se propager.<br />

− Le panaris de la pulpe est le plus fréquent. Il se complique fréquemment d’ostéite;<br />

− le panaris de la deuxième phalange : il se propage vers la peau palmaire et s’il n’est pas<br />

traité à temps, il entraîne une nécrose cutanée qui nécessitera après guérison de<br />

l’infection, une couverture par lambeau cutané;<br />

− le panaris de la première phalange, qui succède à un traumatisme ou à un durillon forcé,<br />

il fuse généralement vers la commissure;<br />

• panaris profond compliqué : le panaris des gaines est redoutable, il expose au phlegmon<br />

profond de la main. Il succède à une blessure de la gaine tendineuse souvent suite au<br />

traitement incorrect d’un panaris pulpaire (inoculation opératoire de la gaine);<br />

• phlegmon de la main : l’aponévrose superficielle permet de distinguer les phlegmons<br />

superficiels des phlegmons profonds.<br />

Phlegmons superficiels :<br />

• phlegmon érythémateux bénin,<br />

• phlegmon phlycténulaire ou ampullaire, durillon forcé, couvercle épidermique a enlever sans<br />

attendre la fusée commissurale,<br />

• phlegmon anthracoïde : furoncle du dos de la main, évolution bénigne.<br />

Profonds sous-aponévrotiques (dramatiques)<br />

• des espaces cellulaires,<br />

• des gaines digitocarpiennes devenues rares, car les panaris sont soignés.<br />

Traitement des phlegmons<br />

• traiter le panaris originel,<br />

• inciser le cul-de-sac supérieur,<br />

• laver la gaine.<br />

7. La main rhumatismale<br />

La polyarthrite chronique évolutive entraîne au niveau des mains des déformations complexes.<br />

Les lésions initiales sont dues à la prolifération de la synoviale articulaire et tendineuse. La<br />

synovite articulaire distend et désorganise l’appareil capsulo-ligamentaire complexe des doigts.<br />

A un stade plus évolué, le cartilage et l’os sont érodés.<br />

La problématique de la main rhumatoïde est développée au chapitre IVI (volume 1, p136-150)<br />

36


VI. Pathologie du bassin<br />

A. Les fractures du bassin<br />

1. Classification<br />

• Fractures stables sans atteinte de l’articulation coxofémorale :<br />

− fracture du cadre obturateur,<br />

− fracture isolée de l’aile iliaque.<br />

• Fractures partiellement stables ou instables sans atteinte de l’articulation coxofémorale :<br />

− fracture de l’anneau pelvien,<br />

− fracture de Malgaigne,<br />

− classification de Tile,<br />

− intérêt du CT Scan pour rechercher les lésions sacrées.<br />

• Fractures du cotyle :<br />

− fracture articulaire → risque d’arthrose,<br />

− colonne antérieure ou postérieure,<br />

− fractures transversales.<br />

2. Lésions associées<br />

• Hémorragie des plexus veineux sacrés, en particulier en cas de diastasis pubien (« open<br />

book »). Intérêt de la stabilisation en urgence par fixateur externe. Indication occasionnelle<br />

d’artériographie et d’embolisation (en cas par exemple de lésion de l’artère fessière ou d’une<br />

de ses branches).<br />

• Lésions du plexus lombosacré.<br />

• Rupture urétrale.<br />

• Rupture vésicale.<br />

• Plaies périnéales (rectum, vagin).<br />

3. Traitement<br />

• Fractures stables extraarticulaires :<br />

37


− simple repos au lit,<br />

− ! prévention antithromboembolique.<br />

• Fractures instables extraarticulaires :<br />

− fixateur externe,<br />

− vissage sacro-iliaque,<br />

− ostéosynthèse du pubis.<br />

• Fracture du cotyle :<br />

− non ou peu déplacée : traction-suspension 3 semaines,<br />

− déplacées :<br />

B. Orthopédie du bassin<br />

◊ évaluer par _ / CT Scan,<br />

◊ indications chirurgicales fréquentes.<br />

Le bassin est un des sièges d’élection du chondrosarcome.<br />

<strong>VII</strong>. Pathologie de la hanche<br />

A. La luxation traumatique de hanche<br />

• nécessite un traumatisme important<br />

• plusieurs variétés : postérieure, antérieure, inférieure<br />

• fréquence des fractures associées : rebord cotyloïdien, tête fémorale (PIPKIN)<br />

• attitude de la « baigneuse surprise » en cas de luxation postérieure<br />

Complications<br />

• étirement du nerf sciatique<br />

• nécrose aseptique de la tête fémorale : survient principalement en cas de réduction tardive<br />

Traitement : réduction orthopédique précoce (urgence 1) sous anesthésie générale.<br />

38


Surveillance<br />

• intérêt du CT Scan après réduction pour s’assurer de l’absence de fragment ostéochondral<br />

intraarticulaire<br />

• IRM pour dépister une rare nécrose aseptique.<br />

B. Fracture de l’extrémité supérieure du fémur<br />

• fréquent chez la personne âgée (ostéoporose)<br />

• met en jeu le pronostic vital (par l’intermédiaire des complications : décubitus, encombrement<br />

pulmonaire, désorientation, désordres électrolytiques, complications thromboemboliques)<br />

chez le vieillard fragile<br />

• problème de santé publique : prévention primaire et secondaire.<br />

1. Fractures du col du fémur<br />

Classification<br />

Classification anatomique : sous-capitales<br />

transcervicales<br />

basicervicales<br />

Classification radiologique : GAR<strong>DE</strong>N<br />

Classification biomécanique : PAUWELS.<br />

Complications<br />

Risque majeur de nécrose aseptique posttraumatique (> 30 % en cas de Garden IV) et de<br />

pseudarthrose (Pauwels III = trait vertical).<br />

Traitement<br />

chez le jeune : ostéosynthèse d’urgence (triple vissage)<br />

chez la personne âgée :<br />

ostéosynthèse des fractures engrenées<br />

arthroplastie céphalique des fractures déplacées<br />

39


entre 55 et 70 ans (?) : discuter l’arthroplastie totale de hanche en cas de fracture déplacée ou de<br />

lésions arthrosiques associées.<br />

2. Fractures pertrochantériennes<br />

Généralités<br />

• fracture extraarticulaire en zone spongieuse<br />

• localisation privilégiée des métastases (fractures pathologiques).<br />

Classification<br />

• multiples classifications<br />

• distinguer les fractures stables des fractures instables (fragment isolant le petit trochanter).<br />

Traitement : ces fractures doivent être opérées<br />

• anciennement : ostéosynthèse par clou-plaque<br />

• actuellement, deux techniques ayant leurs indications respectives :<br />

− ostéosynthèse par vis-plaque,<br />

− enclouage centromédullaire proximal avec vissage « verrouillé » du col (clou de Zickel,<br />

clou GAMMA, PFN).<br />

C. La hanche non traumatique<br />

Plan<br />

1. La maladie luxante de la hanche<br />

2. La hanche douloureuse de l’enfant<br />

3. L’épiphysiolyse fémorale supérieure<br />

4. La coxarthrose<br />

5. La nécrose aseptique de la tête du fémur.<br />

1. La maladie luxante de la hanche<br />

2. La hanche douloureuse de l’enfant<br />

40


Introduction<br />

Une multitude de pathologies de l’enfant peuvent avoir comme premier symptôme un refus de<br />

marcher, une boiterie ou une douleur dans la région de la hanche.<br />

La cause la plus fréquente de boiterie ou de douleurs de hanche chez l’enfant de 3 à 8 ans est la<br />

coxite transitoire, encore appelée synovite bénigne ou « rhume de la hanche ». La nature même<br />

de cette affection bénigne reste mal connue. Il s’agit en fait d’un diagnostic d’exclusion qui ne<br />

peut être retenu qu’après avoir éliminé toute autre pathologie.<br />

Clinique<br />

• L’enfant qui refuse de marcher ou de prendre appui sur un membre sans autre plainte<br />

présente parfois une pathologie de hanche, mais il faut avant tout rechercher une raideur<br />

rachidienne car cela peut être le premier signe d’une spondylodiscite bénigne du petit enfant<br />

et rechercher une douleur provoquée qui nous orienterait par exemple vers une fracture de<br />

jambe sans déplacement ou vers une lésion du pied.<br />

• La coxite transitoire se manifeste souvent par une boiterie indolore ou peu douloureuse,<br />

apparaissant subitement chez un enfant par ailleurs en parfaite santé. A l’examen clinique, le<br />

seul signe pourra être une discrète limitation de l’abduction ou des rotations de hanche.<br />

• Lorsque la douleur domine le tableau, il faut d’abord s’assurer qu’il s’agit d’une douleur de<br />

hanche. Dans ce cas, les mouvements extrêmes sont toujours douloureux. L’existence d’une<br />

douleur provoquée par la mobilisation de la hanche permettra de reconnaître une douleur<br />

d’origine coxofémorale d’une douleur d’origine abdominale, rachidienne ou neurologique.<br />

Une attitude antalgique du membre inférieur peut s’observer en cas de pathologie appendiculaire<br />

(appendicite) par le mécanisme d’une contracture réflexe du psoas (psoïtis). Une hanche très<br />

douloureuse à la mobilisation doit avant tout faire évoquer le diagnostic d’arthrite septique,<br />

affection redoutable dont le diagnostic précoce est capital.<br />

Dans une série récente de 60 enfants de moins de 5 ans hospitalisés pour mise au point d’une<br />

douleur de hanche ou d’un refus de marcher, 14 (25 %) présentaient une pathologie infectieuse<br />

(arthrite septique, ostéomyélite, abcès des tissus mous ou spondylodiscite). Il s’agit en fait des<br />

principaux diagnostics à ne pas « manquer » chez le jeune enfant.<br />

41


Diagnostic différentiel<br />

Le tableau I reprend en fonction de l’âge les causes de douleur de hanche chez l’enfant. Les<br />

affections reprises dans la partie gauche du tableau s’observent en l’absence de toute altération<br />

de l’état général. Les pathologies notées du côté droit s’accompagnent « en principe » de<br />

manifestations générales ou d’une majoration des paramètres biologiques d’inflammation.<br />

Tableau I<br />

Le diagnostic de ces pathologies peut être difficile. Ehrlich & Zaleske ont retrouvé dans les<br />

archives du Mas’General à Boston 38 cas de douleurs ostéoarticulaires sans explication initiale.<br />

Une pathologie caractérisée fut finalement identifiée dans presque tous les cas, mais avec un délai<br />

allant de 3 mois à 7 ans (moyenne de 11.4 mois). Il s’agissait d’affections aussi diverses que<br />

l’algodystrophie ou ostéoporose transitoire, une fracture de stress ou encore une maladie<br />

d’Addison ou une leucose.<br />

La coxite transitoire<br />

La coxite transitoire s’observe principalement chez l’enfant entre 4 et 10 ans. Les symptômes<br />

peuvent être mineurs (discrète boiterie) ou bruyants (refus de marcher). Il peut y avoir un peu<br />

de température, une discrète élévation de la VS et de la leucocytose. Les radiographies ne<br />

montrent pas d’anomalie osseuse, ni de pincement articulaire. Il peut y avoir un épanchement<br />

articulaire perceptible à l’échographie (+/- 40 % des cas selon McGoldrick & al.). La<br />

scintigraphie peut être positive (50 % des cas selon Haueisen & al.).<br />

On ne connaît pas l’étiologie de la coxite transitoire.<br />

L’affection guérit spontanément en quelques jours, mais il existe des formes traînantes. Les<br />

récidives sont rares, mais il existe des formes récurrentes.<br />

Elle n’entraîne pas de séquelle significative, mais on a décrit des accélérations de la croissance du<br />

côté atteint (coxa-magna, discrète inégalité de longueur des membres inférieurs).<br />

L’arthrite septique<br />

42


L’arthrite infectieuse de la hanche reste, à l’ère des antibiotiques, une affection grave dont le<br />

pronostic ne peut être amélioré que par un diagnostic très précoce et la mise en route immédiate<br />

d’un traitement efficace.<br />

En quelques heures, la nécrose purulente de la synoviale et la chondrolyse articulaire peuvent<br />

entraîner des lésions irréversibles alors qu’au stade tout à fait initial, l’affection répond bien à une<br />

antibiothérapie adéquate par voie générale.<br />

Les germes les plus souvent en cause sont le staphylocoque doré chez le grand enfant et<br />

l’haemophilus influenzae chez le petit enfant.<br />

Les manifestations générales d’infection peuvent être larvées au début.<br />

Le diagnostic est posé sur base de l’examen du liquide articulaire. L’examen bactériologique doit<br />

comporter un examen direct au Gram, une mise en culture et l’étude de la sensibilité des germes<br />

isolés. L’examen cytologique permettra le diagnostic de certitude s’il y a plus de 100.000<br />

leucocytes par microlitre, mais au début, le comptage peut ne pas dépasser 20 à 30.000 éléments.<br />

L’ostéochondrite fémorale supérieure<br />

L’ostéochondrite primitive de la hanche (O.P.H.) ou maladie de Legg-Calvé-Perthès est une<br />

affection de l’épiphyse fémorale qui suit un ou des épisodes ischémiques d’étiologie inconnue et<br />

se caractérise par une résorption de l’os nécrosé parallèlement à une reconstruction<br />

ostéocartilagineuse. Au cours de la phase d’évolution, l’épiphyse est susceptible de se déformer.<br />

Il en résulterait une altération de la mécanique articulaire que le traitement tente d’éviter. Il faut<br />

distinguer la maladie de Legg-Calvé-Perthès de la dysplasie de Meyer, qui guérit sans séquelle<br />

significative dans les formes caractéristiques. La limite entre les deux affections est cependant<br />

peu précise, d’autant plus que Meyer lui-même estimait que 20 % des cas évoluaient vers la<br />

maladie de Legg-Calvé-Perthes.<br />

Coxite transitoire et ostéochondrite<br />

Il a été postulé que la synovite transitoire pouvait entraîner un gonflement articulaire susceptible<br />

d’occasionner une obstruction vasculaire produisant ultérieurement une ostéochondrite. Cette<br />

hypothèse n’a pas été démontrée, mais les séries récentes suggèrent une relation entre les deux<br />

affections dans 0.6 à 6 % des cas.<br />

43


Il importe donc de prévenir les parents des enfants atteints de coxite transitoire de cette<br />

éventualité rare et leur recommander de faire pratiquer un examen radiologique de contrôle si le<br />

moindre symptôme apparaît dans les mois qui suivent.<br />

Conduite à tenir<br />

Lorsqu’un enfant présente une douleur de hanche ou une boiterie d’apparition récente, il faut<br />

pratiquer outre l’examen clinique et la prise de la température, une radiographie du bassin, une<br />

biologie inflammatoire, un examen hématologique complet et une échographie de hanche. Si la<br />

hanche est très douloureuse, si l’enfant est fébrile, si sa biologie révèle un syndrome<br />

inflammatoire, une hyperleucocytose ou une neutrophilie, il faut ponctionner la hanche, si<br />

l’échographie a révélé un épanchement articulaire. L’objectif est de ne pas ignorer une arthrite<br />

septique.<br />

La radiographie standard permettra parfois de poser d’emblée le diagnostic en cas<br />

d’ostéochondrite avérée par exemple.<br />

L’échographie est devenue une étape importante de la mise au point de la hanche douloureuse de<br />

l’enfant. Elle permet de dépister les épanchements articulaires importants justifiant une<br />

ponction à titre de diagnostic ou de thérapeutique. Dans la coxite transitoire, il y a un<br />

épanchement articulaire modéré dans près de la moitié des cas. Cet épanchement peut entraîner<br />

un élargissement de l’interligne articulaire analogue à celui que l’on observe au stade tout à fait<br />

initial de la maladie de Legg-Calvé-Perthes. Dans la coxite transitoire, l’élargissement est dû à<br />

l’épanchement. En cas d’ostéochondrite, il est dû à un épaississement cartilagineux.<br />

L’échographie permet donc d’orienter le diagnostic entre ces deux affections au stade tout à fait<br />

initial.<br />

La scintigraphie osseuse au méthylène diphosphonate de technétium 99 est un examen sensible,<br />

mais peu spécifique. Elle est surtout utile dans les hanches douloureuses atypiques pour<br />

éliminer les pathologies squelettiques qui peuvent mimer la coxite transitoire (cfr. tableau I).<br />

Pour distinguer la simple synovite de l’ostéochondrite au stade initial, il faut avoir recours à des<br />

clichés tardifs réalisés avec un collimateur à points (pin-hole). La technique en est délicate.<br />

La résonance magnétique nucléaire (IRM) est une excellente technique pour rechercher une<br />

nécrose osseuse. Chez l’enfant, cette technique pose un problème du fait de la longueur du<br />

44


temps de pose qui impose l’anesthésie. Elle est peut-être utile pour confirmer le diagnostic<br />

d’une maladie de Legg-Calvé-Perthes au stade débutant. La sensibilité de la méthode doit encore<br />

être démontrée.<br />

En pratique La figure I reprend sous forme d’un « arbre de décision » l’attitude à avoir face à<br />

une douleur de hanche ou une boiterie d’apparition récente chez le jeune enfant.<br />

Résumé<br />

Chez l’enfant, face à une douleur de hanche, une boiterie d’apparition récente ou un refus de<br />

marcher, les diagnostics à évoquer d’abord sont la coxite transitoire, l’arthrite septique de hanche<br />

et l’ostéochondrite fémorale supérieure (Legg-Calvé-Perthes).<br />

D’autres affections peuvent plus rarement être en cause. Il faut donc rester vigilant surtout si<br />

l’enfant présente une altération de l’état général ou des douleurs importantes.<br />

La coxite transitoire est une affection bénigne spontanément résolutive en quelques jours.<br />

L’arthrite septique évolue rapidement, elle peut détruire l’articulation en quelques jours; son<br />

pronostic ne peut être amélioré que par un diagnostic très précoce et la mise en route immédiate<br />

d’un traitement antibiotique efficace en hospitalisation. La maladie de Legg-Calvé-Perthès qui se<br />

caractérise par une résorption de l’os nécrosé, parallèlement à une reconstruction<br />

ostéocartilagineuse, devra faire l’objet en temps utile d’une consultation spécialisée.<br />

Les indications des examens complémentaires (biologie, ponction articulaire, échographie,<br />

radiographie, scintigraphie, résonance magnétique) sont discutées sur base des publications les<br />

plus récentes et la conduite à suivre à la fois sur le plan du diagnostic et du traitement est<br />

présentée sous forme d’un arbre de décision.<br />

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3. L’ostéochondrite fémorale supérieure ou maladie de Legg Calve Perthes<br />

• C'est une maladie bénigne, entraînant des douleurs, habituellement discrètes, ainsi q'une<br />

boiterie. (Mais attention, toute boiterie n'est pas synonyme d'ostéochondrite; elle est<br />

fréquente chez le petit enfant).<br />

• Elle atteint les enfants de 3 à 8 ans environ, surtout les garçons (huit fois sur dix).<br />

Habituellement, une seule hanche est atteinte. Dans quelques cas, l'autre peut être aussi,<br />

avec léger décalage dans le temps.<br />

• L'origine de la maladie est d'ordre "vasculaire": l'artère qui nourrit la tête fémorale se<br />

bouche (pour une raison inconnue), provoquant une destruction (nécrose) de la tête.<br />

L'ostéochondrite n'est donc ni contagieuse ni héréditaire. Cette tête devient alors<br />

fragile, se fragmente et peut s'aplatir. Elle se réparera d'elle-même progressivement, dans<br />

tous les cas, mais l'intérêt du traitement est de conserver à la tête sa sphéricité pendant<br />

ce stade de fragilité. Toutes les méthodes concourent à ce' but. En outre, la chirurgie peut<br />

accélérer ce cycle évolutif.<br />

• La guérison s'obtient en un an environ, et cette période représente un handicap<br />

temporaire. Certaines formes (très bénignes) ne nécessitent même pas de traitement<br />

mais une simple surveillance.<br />

Le traitement<br />

• Il est destiné à éviter autant que possible la déformation de la t^te fémorale et donc la<br />

survenue d'une arthrose à l'âge adulte.<br />

• Il vise à placer la tête fémorale dans une position de recentrage dans le cotyle, qui joue<br />

le rôle d'un moule.<br />

• Il est jalonné par des consultations à intervalles réguliers auprès du chirurgien (et<br />

éventuellement de l'appareilleur-prothésiste), avec des radiographies de la hanche. Le<br />

kinésithérapeute a un rôle important tout au long des étapes.<br />

• Dans certains cas, il peut être utile de recourir à d'autres examens radiologiques<br />

(scintigraphie, arthrographie, résonance magnétique nucléaire…) pour apprécier le stade<br />

d'évolution de la maladie ou pour aider le chirurgien dans le choix d'un traitement.<br />

47


4. L’épiphysiolyse fémorale supérieure<br />

Synonyme : coxavara de l’adolescent.<br />

Description<br />

Lors de la poussée de croissance prépubertaire, peu avant la fermeture des cartilages de<br />

croissance, il y a un moment de fragilité du cartilage épiphysaire sous-capital du fémur. Celui-ci<br />

cède par cisaillement, ce qui permet un déplacement en bas et en arrière de l’épiphyse (coxavara<br />

retorsa).<br />

Il existe des formes aiguës et des formes chroniques.<br />

Elle se voit surtout chez des adolescents obèses (on parlait jadis de syndrome adiposo-génital).<br />

L’ostéodystrophie rénale est également un facteur favorisant.<br />

Signes cliniques<br />

• Il faut y penser chaque fois qu’un adolescent se plaint d’une douleur de hanche. Il ne faut pas<br />

oublier que l’adolescence est plus précoce chez les jeunes d’origine méditerranéenne (l’EPFS<br />

se voit dans ces populations dès l’âge de 9-10 ans).<br />

• « Le » signe clinique appelé signe DREHMANS se voit à un stade tardif : il s’agit d’une<br />

rotation externe obligée lors de la flexion de la hanche.<br />

Examens<br />

Un examen radiographique du bassin avec une incidence de Lavenstein (profil vrai) s’impose en<br />

cas de douleur de hanche, de boiterie ou d’impotence fonctionnelle de l’adolescent. L’examen<br />

radiographique doit être répété si les symptômes persistent après un premier examen négatif.<br />

Le CT Scan est utile pour évaluer l’importance du déplacement et planifier le traitement<br />

chirurgical.<br />

Traitement<br />

Il est impératif de fixer l’épiphyse par vissage, avant que le déplacement ne progresse donc à un<br />

stade précoce.<br />

En cas d’épiphysiolyse aiguë à grand déplacement, on peut mettre une traction continue<br />

prudente et laisser « revenir » l’épiphyse.<br />

48


Il est très dangereux de réduire sous anesthésie générale.<br />

Des opérations complexes (opération de Dunn) ont été décrites pour corriger les grands<br />

déplacements. Elles sont grevées d’un risque de complication significatif.<br />

Complications<br />

Les complications peuvent être très graves et laissent des séquelles majeures.<br />

• Nécrose aseptique de l’épiphyse : l’épiphyse basculée en arrière est vascularisée par une lame<br />

vasculaire postérieure peu élastique, qui peut être détruite par des manoeuvres intempestives<br />

de réduction.<br />

• Coxite laminaire ou chondrolyse ou nécrose aseptique du cartilage articulaire : il s’agit d’une<br />

complication redoutable avec disparition progressive de cartilage articulaire. On retrouve des<br />

lésions inflammatoires et des lésions ischémiques. La hanche s’enraidit. Le traitement est la<br />

traction au lit par bande collée et la décharge articulaire pendant une période très prolongée,<br />

mais il est rare que l’interligne se reconstitue.<br />

• Coxavara retorsa : les grands déplacements perturbent la mécanique de la hanche, entraînant<br />

boiterie, raccourcissement, attitude vicieuse en rotation externe et ultérieurement, une<br />

coxarthrose.<br />

! L’épiphysiolyse n’est pas fréquente, mais un diagnostic retardé est gravement<br />

5. La coxarthrose<br />

Se référer au chapitre général sur l’arthrose.<br />

6. Nécrose aseptique de la tête du fémur<br />

préjudiciable pour l’adolescent.<br />

49


Il est classique de séparer les nécroses aseptiques de la tête fémorale de cause connue, des<br />

nécroses aseptiques primitives ou idiopathiques.<br />

Les principales étiologies connues de la nécrose aseptique de la tête fémorale sont les radiations<br />

ionisantes, les fractures du col fémoral, les luxations traumatiques de la hanche, la maladie des<br />

caissons et la drépanocytose.<br />

Dans le groupe des nécroses aseptiques primitives ou idiopathiques, plusieurs facteurs<br />

étiologiques ont été mis en évidence.<br />

L’hypercorticisme est actuellement une cause reconnue de la nécrose de la tête fémorale qui était<br />

particulièrement fréquente chez les patients ayant subi une transplantation rénale avant<br />

l’introduction de la cyclosporine. Il semble que l’hypercorticisme thérapeutique puisse<br />

également être en cause dans les cas de nécrose qui compliquent certaines maladies du collagène,<br />

comme le lupus érythémateux disséminé. Il est proposé de classer les nécroses<br />

« postcortisoniques » dans le groupe des nécroses de cause connue, bien que le mécanisme<br />

pathogénique liant l’hypercorticisme à la nécrose épiphysaire reste mal compris.<br />

L’hyperuricémie, la pancréatite chronique et l’éthylisme chronique sont les causes « supposées »<br />

de la nécrose aseptique de la tête fémorale.<br />

L’hypercorticisme, la diathèse goutteuse, la pancréatite chronique et l’éthylisme ont comme<br />

point commun de s’accompagner de perturbations du métabolisme des lipides pouvant expliquer<br />

une perturbation de la circulation épiphysaire fémorale par des micro-embolies graisseuses.<br />

Introduction<br />

Les facteurs étiologiques de la nécrose aseptique de la tête fémorale sont multiples. On peut<br />

considérer que la cause de la nécrose osseuse est connue quand elle est induite par des radiations<br />

ionisantes, un traumatisme, la maladie des caissons, la drépanocytose ou anémie à cellules<br />

falciformes et la maladie de Gaucher.<br />

Depuis les années 70 (Smyth & Leidholt, 1973; Catto, 1976), l’hypercorticisme exogène est<br />

considéré comme une étiologie connue et non plus supposée de la nécrose de la tête fémorale,<br />

bien que la pathogénie en reste très controversée.<br />

Etiologies connues<br />

• Radiations ionisantes<br />

50


Les nécroses aseptiques induites par les radiations ionisantes sont liées à la mort cellulaire de l’os<br />

et du tissu hématopoïétique. La nécrose osseuse peut résulter d’une irradiation externe,<br />

thérapeutique par exemple, ou de l’absorption accidentelle de radio-isotopes à tropisme osseux.<br />

L’irradiation thérapeutique à haut kilovoltage est susceptible d’entraîner une ostéonécrose à<br />

partir d’une dose de 3 à 4.000 centigrays (Woodard & Coley, 1947). Une dose supérieure à<br />

5.000 centigrays crée régulièrement des lésions osseuses. La dose entraînant des lésions radiques<br />

est plus élevée chez l’enfant, tandis que l’os du vieillard est plus sensible (Woodard & Coley,<br />

1947; Woodard, 1957). Pour ce qui concerne la hanche, c’est le traitement des cancers pelviens<br />

par radiothérapie externe et curiethérapie endocavitaire qui risquent d’entraîner des lésions<br />

d’ostéonécrose. Les radiolésions de la hanche n’intéressent que rarement la tête fémorale<br />

isolément. Elles comportent des lésions du cotyle et du col fémoral (Duparc & al., 1974). Une<br />

complication sérieuse de l’irradiation de l’extrémité supérieure du fémur est la fracture du col du<br />

fémur (Woodard, 1957; Jeffery 1962; Duparc & Frot, 1971).<br />

L’absorption de radio-isotopes à dose suffisante pour entraîner des lésions d’ostéonécrose ne<br />

peut relever que de situations exceptionnelles. Un exemple classique est l’ostéonécrose<br />

maxillaire observée autrefois chez des ouvriers peignant des cadrans lumineux avec des<br />

substances radioactives (de Sèze et Ryckewaert, 1971). Les isotopes utilisés dans les réacteurs<br />

nucléaires ont été étudiés expérimentalement : le plutonium comme l’yttrium et l’americium, se<br />

localisent dans la moelle osseuse et les cellules endothéliales, tandis que le radium est incorporé à<br />

l’hydroxyapatite (Catto, 1976).<br />

• Nécrose post-traumatique<br />

Les nécroses compliquant les fractures du col du fémur et les luxations de la hanche sont liées à<br />

l’interruption de la circulation épiphysaire. L’anatomie rend compte de la vulnérabilité de la<br />

circulation céphalique dans son trajet intrasynovial (Trueta & Harrison, 1953).<br />

Les artères épiphysaires latérales, qui assurent la vascularisation des 2/3 supérieurs de la tête du<br />

fémur, circulent sur la face supérieure du col fémoral et pénètrent dans l’os à proximité de la<br />

jonction entre le col et la tête recouverte de cartilage. Cette situation anatomique a pour<br />

conséquence que ces vaisseaux sont interrompus dans presque toutes les fractures déplacées du<br />

col fémoral. Les artères métaphysaires inférieures vascularisent le reste de la tête fémorale.<br />

Lorsque ces deux groupes vasculaires sont interrompus, la vascularisation n’est assurée que par<br />

l’artère du ligament rond, qui est inconstante chez le sujet âgé, et n’assure chez l’adulte la<br />

51


vascularisation que d’une très petite partie « fovéale » de la tête du fémur. D’après Trueta &<br />

Harrison (1953), il existe des anastomoses entre les différents systèmes vasculaires irriguant la<br />

tête du fémur, tandis que leur existence est niée par d’autres auteurs (Sevitt & Thompson, 1965).<br />

L’artère du ligament rond, qui est peu importante dans des conditions normales, pourrait avoir<br />

un rôle dans la revascularisation de la tête du fémur après fracture du col (Barnes, 1967).<br />

Les fractures déplacées du col du fémur se compliquent de nécrose dans un pourcentage élevé des<br />

cas, quel que soit le traitement. L’incidence clinique et radiologique est de l’ordre de 20 à 30 %<br />

(Fielding & al., 1962; 33 %, Banks, 1962; 39 %, Linton, 1944). L’étude histologique des têtes<br />

fémorales réséquées après fracture déplacée du col du fémur permet de constater des lésions<br />

d’ostéonécroses localisées ou étendues dans 60 à 80 % des cas (84 %, Sevitt, 1964, 66, Catto,<br />

1965).<br />

Après luxation traumatique de la hanche, le risque de nécrose de la tête fémorale est déterminé<br />

par la gravité des lésions traumatiques locales et par le délai entre l’accident et la réduction<br />

(Trojan, 1959; Merle d’Aubigné, 1959; Brav, 1962). Le pronostic des luxations simples réduites<br />

précocement est favorable, avec une incidence de nécrose inférieure à 10 % (Trojan, 1959;<br />

Creyssel & al., 1959; Hunter, 1969). L’association d’une fracture du cotyle ou de la tête<br />

fémorale sont des facteurs péjoratifs. Un délai supérieur à 12 heures entre le moment du<br />

traumatisme et celui de la réduction double le risque de complication ischémique de la tête<br />

fémorale (Brav, 1962). Les lésions radiologiques de nécrose avasculaire peuvent apparaître<br />

tardivement, jusqu’à 2 ans après le traumatisme (Nicoll, 1952).<br />

En dehors des fractures et des luxations, le rôle d’un traumatisme dans la genèse d’une nécrose<br />

aseptique de la tête fémorale reste controversé. Il semble cependant indéniable dans certaines<br />

observations rapportées dans la littérature (Arlet & al., 1973). Il est possible que des<br />

mouvements forcés de l’articulation coxofémorale entraînent des lésions capsulaires intéressant<br />

les vaisseaux épiphysaires avant leur pénétration dans l’os. La tendance actuelle est donc<br />

d’admettre l’imputabilité d’une nécrose qui se déclencherait dans les suites d’un traumatisme de<br />

ce type.<br />

• Nécroses dysbariques<br />

Les nécroses de la maladie des caissons sont de 2 types. Il faut distinguer les nécroses<br />

médullaires diaphysaires qui se localisent préférentiellement à l’extrémité inférieure du fémur, et<br />

à l’extrémité supérieure du tibia, des lésions juxta-articulaires, qui sont plus fréquentes à<br />

52


l’extrémité supérieure de l’humérus qu’au niveau de la tête fémorale (McCallum & al., 1966;<br />

Ohta & Matsunaga, 1974; Catto, 1976).<br />

Il est communément admis que c’est la libération, sous forme de bulles, des gaz inertes dissous<br />

dans les tissus et le sang qui produit une obstruction mécanique des vaisseaux terminaux.<br />

Actuellement, d’autres mécanismes pathogéniques sont pris en considération, tels que<br />

l’altération des protéines et des lipides plasmatiques qui adhèrent aux interfaces sang/gaz. En<br />

outre, des agrégats plaquettaires peuvent devenir circulants et libérer leurs constituants<br />

(Chryssanthou, 1978). La maladie des caissons concerne des groupes de patients exerçant une<br />

profession les exposant à des pressions élevées, principalement les plongeurs et les travailleurs<br />

des constructions sous-marines. L’incidence des lésions osseuses chez les travailleurs en<br />

hyperbarisme est de l’ordre de 10 à 20 % en Grande Bretagne (Trowbridge, 1977). Au Japon,<br />

près de 60 % des plongeurs professionnels examinés par l’équipe de Kawashima (1978)<br />

présentaient des lésions d’ostéonécrose. Des antécédents d’accident de décompression sont<br />

signalés avec une fréquence très variable : 15,8 % pour Kindwall (1974), 53,3 % pour<br />

Kawashima & al. (1978).<br />

• La drépanocytose<br />

La drépanocytose est une anémie hémolytique, chronique et héréditaire, caractérisée par la<br />

présence dans le sang d’hématies falciformes contenant une hémoglobine anormale, l’hémoglobine<br />

S. Il s’agit d’une maladie moléculaire où la substitution d’un seul acide aminé (la valine<br />

remplaçant l’acide glutamique dans la région amino-terminale de la chaîne α est responsable de la<br />

cristallisation de la désoxyhémoglobine S sous faible pression d’oxygène (Dean & Schechter,<br />

1978). Lors des crises aiguës de déglobulisation, les hématies falciformes provoquent des<br />

thromboses et des embolies vasculaires responsables des nécroses tissulaires, médullaires et<br />

osseuses. Les homozygotes sont gravement atteints bien qu’avec des variations individuelles<br />

notables. Des décès par embolie graisseuse ont été décrits dans des cas de nécroses médullaires<br />

et osseuses très étendues (Shelley & Curtis, 1958).<br />

Dans la drépanocytose, le mécanisme élémentaire de la nécrose osseuse est donc une obstruction<br />

des vaisseaux par des agglomérats de globules rouges.<br />

• Maladie de Gaucher<br />

53


La maladie de Gaucher est une maladie héréditaire et métabolique, caractérisée par un déficit<br />

enzymatique en -5-glucosidase au niveau des lysosomes. Il en résulte une accumulation de<br />

glucocérébrosides au niveau des lysosomes des macrophages et des cellules réticuloendothéliales<br />

de la rate, du foie, du poumon et de la moelle osseuse (Hers & Van Hoof, 1973).<br />

Décrite par Gaucher en 1882, ce sont Cushing & Stout (1926) qui ont rapporté le premier cas<br />

avec atteinte osseuse, en l’occurrence l’articulation coxofémorale. Pour certains auteurs<br />

(Moseley, 1973; Jaffe, 1972), c’est la prolifération des cellules de Gaucher au niveau de la moelle<br />

qui provoquerait à la longue une ischémie vasculaire responsable des lésions de nécrose<br />

diaphysaire et épiphysaire. Comme dans la drépanocytose, les nécroses médullaires étendues<br />

peuvent entraîner la mort par embolie graisseuse (Smith & al., 1978).<br />

• Hypercorticisme thérapeutique<br />

Les nécroses cortisoniques de la tête fémorale ont d’abord été incluses dans les séries de nécroses<br />

idiopathiques. Comme d’autres auteurs (Smyth & Leidholt, 1973; Catto, 1976), nous pensons<br />

qu’actuellement elles sortent de ce cadre et qu’il s’agit d’une étiologie bien établie. A l’examen<br />

des séries dites historiques des nécroses idiopathiques de la tête fémorale, il ressort que<br />

l’hypercorticisme thérapeutique se retrouve dans les antécédents avec une fréquence non<br />

négligeable. Pour les cas traités à l’hôpital Cochin (Massias & al., 1962; Merle d’Aubigné & al.,<br />

1965), les fréquences respectives sont 36 et 34 %.<br />

La série anglo-saxonne la plus importante est celle de Patterson & al. (1964), qui publie les cas de<br />

nécrose idiopathique de la tête fémorale rencontrés à la Mayo Clinic de 1935 à 1960.<br />

L’hypercorticisme thérapeutique est signalé dans 9,6 % des cas.<br />

L’essor de la transplantation rénale a fourni des groupes homogènes de patients traités par des<br />

corticostéroïdes. Les premiers cas de nécrose aseptique de la tête fémorale chez des transplantés<br />

rénaux ont été publiés par Starlz & al. (1964).<br />

Dans la littérature, la fréquence de l’ostéonécrose de la tête fémorale après transplantation varie<br />

de 3 % (Kinnaert & al., 1972) à 37 % (Cruess & al., 1968) (tableau 1). Harrington & al. (1971)<br />

ont modifié l’incidence de l’ostéonécrose après greffe rénale en raccourcissant la durée du<br />

traitement initial aux corticostéroïdes, mais ceci n’a pas été confirmé par d’autres auteurs. Dans<br />

l’état actuel des publications, il reste difficile de se faire une idée précise de la fréquence de<br />

l’ostéonécrose comme complication de la greffe rénale, étant donné que certains auteurs insèrent<br />

dans leur série des échecs précoces qui n’ont pas reçu de corticostéroïdes pendant une période<br />

54


prolongée, et que d’autres ne retiennent que les transplantés soumis au traitement<br />

immunodépresseur pendant plus de 6 mois. Pour les services de néphrologie et de<br />

transplantation des Cliniques Universitaires St-Luc, 14,4 % des patients transplantés et traités<br />

aux immunodépresseurs pendant plus de 3 mois ont développé une nécrose de la tête fémorale<br />

(Rombouts & al., 1972); cette fréquence a diminué dramatiquement avec l’introduction de la<br />

cyclosporine à partir de 1983.<br />

Le rôle prépondérant des corticostéroïdes dans l’apparition des nécroses épiphysaires et<br />

métaphysaires après transplantation est admis par la plupart des auteurs, mais le mécanisme<br />

pathogénique en reste très controversé.<br />

Les corticostéroïdes ont un effet analgésique très marqué. Il en résulte que l’ostéoporose, qu’ils<br />

induisent, évolue insidieusement. La réduction du volume absolu osseux favorise l’apparition de<br />

tassements vertébraux et de fractures périphériques (Nagant de Deuxchaisnes & al., 1973).<br />

D’autre part, l’administration de corticostéroïdes à dose thérapeutique, pendant une période<br />

prolongée, induit une hyperlipidémie et aggrave les troubles lipidiques préexistants (Skanse & al.,<br />

1959; Harvengt, 1973; Roux & al., 1978). Les perturbations lipidiques au cours de l’insuffisance<br />

rénale et après transplantation sont bien connues (Ibels & al., 1975). Dans une étude à court<br />

terme, Ibels & al. (1978) ont montré que 61 % des transplantés présentaient une hyperlipidémie<br />

dont le typage est hétérogène. Plus récemment, Nicolas & al. (1979) ont constaté que, si<br />

l’incidence des troubles lipidiques est de 51 % deux ans après la greffe rénale, à long terme, c’est-<br />

à-dire 10 ans après la greffe rénale, cette fréquence tombe à 25 %. L’âge et le sexe sont des<br />

facteurs qui doivent entrer en ligne de compte plus que la dose moyenne quotidienne de<br />

prednisolone reçue par les patients.<br />

L’hypothèse d’une micro-embolie graisseuse comme mécanisme de l’ostéonécrose a été avancée<br />

pour la première fois par Fisher & Bickel (1969). Cette hypothèse a été plus largement<br />

documentée par Cruess & al. (1975) et Fisher (1978).<br />

Le rôle respectif des microfractures et des micro-embolies graisseuses dans la genèse de<br />

l’ostéonécrose cortisonique de la tête fémorale reste toutefois à être précisé.<br />

Le lupus érythémateux disséminé (LED) a été considéré comme un facteur étiologique de la<br />

nécrose aseptique de la tête fémorale. Il semble bien que dans la majorité des cas, c’est le<br />

traitement aux corticostéroïdes et non l’affection lupique elle-même qui engendre la nécrose.<br />

Dubois & Cozen (1960) ont rapporté les 11 premiers cas d’ostéonécrose de la tête fémorale dans<br />

55


une série de 400 observations de LED. 10 des 11 patients avaient été traités par des<br />

corticostéroïdes avant l’apparition de la nécrose.<br />

La fréquence de l’ostéonécrose de la tête fémorale dans le LED varie de 3 à 10 %.<br />

Les cas d’ostéonécrose rapportés ont presque tous été traités par de fortes doses de cortisone; il<br />

existe une corrélation très significative entre l’apparition de la nécrose et la dose journalière de<br />

corticostéroïdes, indépendamment de la dose totale de cortisone administrée. De rares cas de<br />

LED non traités par des corticostéroïdes se sont compliqués d’ostéonécrose de la tête fémorale<br />

(Siemsen & al., 1962; Velayos & al., 1966; Ropes, 1976). Que l’ostéonécrose du LED puisse<br />

être induite par des lésions vasculaires suite à l’apparition de complexes immuns circulants est<br />

une hypothèse plausible mais non démontrée.<br />

Etiologies supposées<br />

L’hyperuricémie et la goutte, la pancréatite et l’éthylisme chroniques sont des étiologies dites<br />

« supposées » de la nécrose idiopathique de la tête fémorale.<br />

• Ethylisme<br />

L’éthylisme chronique se retrouve avec une fréquence très élevée dans les séries de nécroses dites<br />

idiopathiques de la tête fémorale : 18 % pour Serre & Simon (1962), 17 % pour Patterson & al.<br />

(1964), 40 % pour Louyot & Gaucher (1970).<br />

Outre une hyperuricémie, l’éthylisme chronique peut engendrer une hyperlipidémie et celle-ci<br />

s’observe essentiellement chez les éthyliques atteints de stéatose hépatique. La perturbation<br />

porte sur toutes les fractions lipidiques mais en particulier sur les triglycérides, dont les valeurs<br />

peuvent atteindre 10 g/dl et les chylomicrons qui sont des particules sphériques susceptibles<br />

d’obstruer les capillaires (Wilson & al., 1970). Cette hyperlipidémie est transitoire et régresse<br />

dès l’instauration d’un sevrage. En cas d’éthylisme, l’hypothèse d’une micro-embolie graisseuse<br />

proposée par Jones & al. (1968), comme mécanisme de l’ostéonécrose de la tête fémorale, paraît<br />

vraisemblable, bien que la preuve histologique n’en soit pas faite formellement. La tendance<br />

actuelle est donc d’exclure les nécroses aseptiques d’origine éthylique du cadre des nécroses<br />

idiopathiques au même titre que les nécroses aseptiques induites par les corticostéroïdes.<br />

Diagnostic différentiel<br />

56


L’algodystrophie idiopathique de la hanche.<br />

Traitement<br />

Les formes localisées en dehors du quadrant portant de la tête fémorale (rôle de l’IRM dans<br />

l’évaluation) peuvent rester stables et ne pas évoluer vers l’effondrement. Dans ces cas, le<br />

traitement sera symptomatique pendant la phase aiguë (analgésiques, décharge).<br />

Le traitement chirurgical peut avoir pour objectif de favoriser la revascularisation du séquestre<br />

(forage, greffe vascularisée), de le mettre à l’abri des contraintes mécaniques (ostéotomie fémorale<br />

de varisation ou de déflexion selon Sugioka), ou de pallier à la destruction de la hanche<br />

(arthroplastie totale).<br />

Les interventions conservatrices et en particulier les greffes vascularisées et les ostéotomies<br />

n’ont pas donné des résultats réguliers.<br />

L’arthroplastie de hanche est régulièrement la seule solution pour traiter cette pathologie, mais il<br />

s’agit souvent de patients jeunes et actifs, dont l’os n’a pas toujours une résistance mécanique<br />

idéale.<br />

P.S.: Ce chapitre sur la nécrose aseptique de la tête du fémur a fait l'objet d'une mise à jour<br />

récente qui est rédigée en anglais et est annexé.<br />

<strong>VII</strong>I. Pathologie de la cuisse<br />

A. Pathologie traumatique : la fracture de la diaphyse fémorale<br />

• Un traumatisme important est nécessaire pour fracturer le fémur d’un adulte.<br />

• Les pertes de sang sont importantes.<br />

• Il y a souvent des lésions associées (polytraumatisme).<br />

• Les lésions de voisinage sont plutôt rares (lésion du nerf sciatique et de l’artère fémorale).<br />

• Risque de complication générale : « le syndrome de l’embolie graisseuse » (cfr. vol. 1, p. 38).<br />

Traitement d’urgence<br />

Immobiliser la fracture pendant le transport (attelle de Thomas).<br />

Installer le patient en traction par broche transosseuse si on ne peut pratiquer l’ostéosynthèse<br />

d’emblée.<br />

57


Traitement<br />

Ostéosynthèse par enclouage centromédullaire verrouillé à foyer fermé.<br />

Pour limiter le risque de syndrome d’embolie graisseuse, il est préconisé d’utiliser un clou non<br />

alésé (UFN), voire un fixateur externe chez les polytraumatisés présentant soit plusieurs<br />

fractures diaphysaires, soit un traumatisme thoracique associé.<br />

B. Pathologie non traumatique<br />

La cuisse est un des sièges de prédilection des lipomes, liposarcomes et myosarcomes.<br />

IX. Pathologie du genou et de la jambe<br />

Plan<br />

A. Anatomie fonctionnelle<br />

1. L'articulation fémoro-tibiale<br />

2. L'articulation fémoro-patellaire<br />

B. Pathologie traumatique<br />

1. Fracture du fémur distal<br />

2. Fracture de la rotule<br />

3. Fracture des plateaux tibiaux<br />

4. Fracture diaphysaire de la jambe<br />

5. Les entorses du genou<br />

Entorse du LLI ou LLE<br />

Rupture du LCA<br />

Triade de O'Donoghue<br />

6. Syndrome méniscal<br />

C. Pathologie non-traumatique<br />

1. Syndrome méniscal<br />

2. Syndrome fémoro-patellaire<br />

58


Subluxation et luxation de la rotule<br />

Chondromalacie rotulienne<br />

Arthrose fémoro-patellaire<br />

3. Affections génératrices de corps étrangers<br />

L'ostéochondrite<br />

L' (ostéo)chondromatose synoviale<br />

4. Déviations angulaires du genou<br />

5. La gonarthrose<br />

6. Les hygromas<br />

A. Anatomie fonctionnelle<br />

Le genou est le complexe articulaire le plus large du corps humain.<br />

Le genou est composé de deux articulations: la fémoro-tibiale et la fémoro-patellaire.<br />

1. L’articulation fémoro-tibiale<br />

On y distingue 2 compartiments : l'externe constitué par l'articulation du condyle fémoral externe et<br />

du plateau tibial externe et l'interne constitué du condyle et plateau internes.<br />

La congruence entre le tibia et le fémur n'est réalisée parfaitement que par l'interposition de 2<br />

croissants de fibrocartilage appelés ménisques.<br />

La stabilité passive de l'articulation est assurée par de puissants ligaments. Les ligaments<br />

collatéraux interne et externe maintiennent passivement le genou dans le plan frontal tandis que les<br />

ligaments croisés, le croisé antérieur et le croisé postérieur, insérés au centre de l'articulation assurent<br />

la stabilité dans le plan sagittal. Le croisé antérieur limite l'avancée du tibia sous le fémur. Le croisé<br />

postérieur limite la course postérieure du tibia. Ces deux ligaments s'enroulent lors de l'extension du<br />

genou.<br />

La capsule articulaire est renforcée derrière à hauteur des condyles et limite l'extension du genou.<br />

La stabilité active est apportée par les muscles (quadriceps, ischio-jambiers, tenseur du fascia-lata,<br />

poplité). Seuls les muscles et en particulier le quadriceps confèrent au genou une stabilisation<br />

active. Le genou est verrouillé par l'action du quadriceps. "Pas de bon genou sans bon quadriceps".<br />

La fémoro-tibiale autorise des mouvements de flexion-extension et de rotation. Aucune rotation<br />

n'est possible sur un genou étendu (essayez de faire pivoter votre tibia sans faire bouger votre<br />

fémur, vous n'y parviendrez pas lorsque le genou est étendu. En flexion, les ligaments se détendent<br />

59


et le tibia pivote facilement). Le genou a l'apparence d'une articulation à un seule charnière.<br />

Cependant l'axe de rotation ni même celui de la flexion ne sont fixes. La structure du genou impose<br />

un mouvement de rotation interne lors des 20 premiers degrés de flexion et l'inverse lors des 20<br />

derniers degrés d'extension. Lors de la flexion, il y a un roulement des condyles sur leur plateau<br />

respectif dans les 20 premiers degrés de flexion et auquel s'ajoute un glissement des condyles pour<br />

obtenir une flexion maximale de 160°.<br />

2. Articulation fémoro-patellaire<br />

Elle est constituée par la rotule et la trochlée fémorale. La rotule est l'os sésamoïde (os situé dans<br />

l'épaisseur d'un tendon) le plus volumineux du corps et fait partie de l'appareil extenseur du genou<br />

en s'interposant entre le tendon du quadriceps et le tendon rotulien inséré sur la tubérosité tibiale<br />

antérieure.<br />

Ces deux tendons font entre eux un angle ouvert en dehors de 15°. Cet angle Q augmente en cas de<br />

genu valgum, la rotation externe du tibia. Lors de la contraction du quadriceps, l'appareil extenseur a<br />

tendance à aligner rotule et ligament (tendon) rotulien. Ceci a pour effet d'attirer la rotule vers le<br />

côté externe du genou.<br />

La rotule ne se luxe pas car elle est retenue par :<br />

• l'aileron interne, puissante formation fibreuse qui unit le rebord rotulien au condyle interne<br />

• le vaste interne, qui par sa contraction attire la rotule en interne<br />

• le relèvement (la hauteur) de la berge externe de la trochlée.<br />

L'étude cinématique des rapports entre rotule et trochlée montre qu'en extension complète, il n'y a<br />

pas de contact entre les deux surfaces articulaires. A 30°, il y a contact entre la trochlée et les deux<br />

versants de la rotule à sa partie inférieure. A 60°, le même contact existe mais avec le pôle supérieur<br />

de la rotule. Au-delà de 60°, la rotule reste en contact avec le fémur par son pôle supérieur.<br />

La rotule assure la protection du quadriceps, favorise le glissement du tendon tout en augmentant<br />

son bras de levier. Ce bras est maximal à 45° de flexion.<br />

B. Pathologie traumatique du genou<br />

1. Fracture du fémur distal<br />

60


Fracture supra- et éventuellement intercondylienne. Résulte d'un traumatisme important. Elle est<br />

favorisée par l'ostéoporose chez les personnes âgées.<br />

Le fragment distal est toujours basculé vers l'arrière suite à l'action des gactrocnémiens.<br />

Le traitement est chirurgical (lame-plaque, vis-plaque, clou verrouillé) quand elle est déplacée.<br />

2. Fracture de la rotule<br />

Elle est consécutive à une chute sur le genou fléchi. Etant une fracture articulaire, elle exige le plus<br />

souvent un traitement chirurgical (broche et cerclage) de façon à minimiser le risque d'arthrose post-<br />

traumatique. Un diastasis intraosseux peut être palpé cliniquement en cas de fracture transversale<br />

complète.<br />

3. Fracture des plateaux tibiaux<br />

Cette fracture résulte le plus souvent d'un écart forcé du genou en valgus ou varus (par ex. un piéton<br />

renversé par une voiture). La fracture produit soit une séparation soit un tassement ou les deux<br />

composantes. Une rupture du ligament latéral et/ou des ligaments croisés peut être associée en<br />

fonction de la gravité du traumatisme. Une paralysie du sciatique poplité externe (SPE ou fibulaire<br />

commun) peut également s'observer suite à une compression ou un étirement du nerf.<br />

Si la déformation est minime, un traitement conservateur (traction ou plâtre cruro-pédieux) peut être<br />

réalisé pour une durée totale de 6 semaines (à la différence d'une fracture diaphysaire, une fracture<br />

de l'os spongieux consolide plus rapidement). Si l'enfoncement est supérieur à 10 mm, une<br />

réduction chirurgicale est nécessaire.<br />

4. Fracture diaphysaire de la jambe<br />

Le tibia est l'os long le plus fréquemment fracturé. La fracture peut être causée par un traumatisme<br />

direct (coup) ou indirect (torsion, chute). C'est aussi la localisation la plus fréquente des fractures<br />

ouvertes car un tiers de sa surface est sous-cutanée et non protégée par les masses musculaires (à la<br />

différence des fractures du fémur qui est bien entouré par les muscles, ce qui explique que l'on peut<br />

perdre plus de sang dans une fracture du fémur).<br />

Chez l'enfant, le traitement est conservateur pour une durée variable entre 2 et 3 mois.<br />

Si nécessaire, une réduction orthopédique sous anesthésie peut être réalisée.<br />

Chez l'adulte, le traitement est soit chirurgical, soit conservateur.<br />

61


• Le traitement chirurgical de choix reste l'enclouage centromédullaire càd la mise en place d'un clou<br />

après avoir alésé la cavité (alésage : à l'aide d'une fraise, mise à dimension du canal médullaire pour le<br />

passage du clou).<br />

Le clou peut être verrouillé, càd que pour empêcher la rotation d'un des fragments osseux autour du<br />

clou, on peut les solidariser par une ou deux vis transfixiant le clou et l'os en passant par un ou deux<br />

orifices du clou.<br />

En cas de fracture ouverte, l'os ne sera plus alésé pour éviter d'augmenter la dévascularisation. En<br />

cas de fracture largement ouverte, un fixateur externe sera posé exclusivement.<br />

• Le traitement peut être également conservateur : réduction orthopédique si nécessaire, plâtre cruro-<br />

pédieux pour +/-4 semaines et ensuite plâtre de Sarmiento (nom du chirurgien qui a mis cette<br />

technique au point) pour 2 mois. L'appui est réalisé progressivement vers la 4-6e semaine. L'appui<br />

doit être toujours indolore.<br />

5. Les entorses du genou<br />

La pratique sportive a fait augmenter la fréquence de ce type de traumatisme. Les ligaments<br />

collatéraux et les croisés sont vulnérables aux contraintes en traction et rotation.<br />

Eléments de gravité<br />

• la non reprise du sport après quelques instants indique une lésion importante;<br />

• le traumatisme appuyé (chute d'un skieur dont les sécurités n'ont pas fonctionné) plaide<br />

également pour une lésion importante;<br />

• la sensation d'instabilité du genou est en faveur d'une entorse grave.<br />

Ponction articulaire<br />

Elle peut aider au diagnostic et soulager le patient.<br />

Repérer l'angle supéro-externe de la rotule. Marquer un trait à 1.5 cm sous cet angle.<br />

Badigeonner à l'alcool iodé et enfoncer l'aiguille à travers ce point. Un liquide séreux sera en faveur<br />

d'une lésion méniscale tandis que si il y a une hémarthrose, le diagnostic de présomption sera en<br />

faveur d'une rupture du croisé antérieur, d'une fracture ostéochondrale ou d'une luxation de rotule.<br />

62


Gravité d'une entorse<br />

Grade I : distension du ligament. Douleur sur le trajet du ligament latéral. Aucune laxité. Bandage<br />

élastique.<br />

Grade II : Rupture de quelques fibres du ligament, pouvant conduire à une laxité en flexion à 30°.<br />

Genou stable en extension. Genouillère 4 semaines.<br />

Grade III : rupture complète du ligament latéral. Laxité en flexion et extension. Application de<br />

glace. Ponction en option. Attelle cruro-pédieuse. Chirurgie en option.<br />

Il faut 6 semaines à un ligament pour cicatriser complètement.<br />

Sémiologie du genou<br />

• Signe du choc rotulien<br />

En cas d'épanchement de synoviale ou d'hémarthrose, il est possible de soulever la rotule en<br />

chassant le liquide du cul-de-sac quadricipital. La rotule est ainsi soulevée. Il est alors possible de<br />

lui imprimer une pression vers la trochlée avec laquelle elle prend contact à la manière d'un glaçon<br />

que l'on enfonce mais qui revient ensuite à la surface.<br />

• Recherche d'une laxité latérale<br />

Ces tests recherchent une distension du ligament collatéral en faisant bailler l'interligne interne ou<br />

externe fémoro-tibial. En cas de laxité, on perçoit le contact du plateau avec le condyle fémoral.<br />

En extension, il n'y a aucune laxité càd que toute latéralisation d'un genou étendu n'entraîne aucun<br />

déplacement anormal en cas d'intégrité. Il est par contre physiologique d'obtenir une petite laxité en<br />

légère flexion. Il faut donc comparer les genoux. Seule une asymétrie sera pathologique.<br />

a) Entorse du ligament latéral interne (LLI) ou externe (LLE)<br />

L'étirement voire la rupture du LLI est l'entorse la plus fréquente du genou. Elle est causée par un<br />

choc externe au niveau du genou, le pied restant bloqué dans sa position initiale, étirant le ligament<br />

par un traumatisme en valgus (par ex. piéton renversé par une voiture). Isolé, il n'occasionne qu'une<br />

douleur située sur le ligament (le patient localise précisément la douleur) et il n'y a pas en règle<br />

générale un hémarthrose associé, sauf en cas de rupture complète. La rupture complète n'est jamais<br />

isolée (cfr. infra). Une paralysie du SPE (sciatique poplité externe) peut compliquer une entorse du<br />

LLE.<br />

63


L'examen radiologique permet d'exclure une fracture épiphysaire et peut montrer l'arrachement<br />

osseux d'une insertion ligamentaire.<br />

Les lésions du 1er et 2e degrés sont traitées par une genouillère plâtrée pour 3 à 6 semaines.<br />

Une entorse du LLI non traitée peut se solder par une ossification de son insertion proximale<br />

(fémorale)(maladie de Pellegrini-Stiéda) et être source d'une gêne chronique.<br />

b) Rupture du ligament croisé antérieur<br />

Il s'agit fréquemment d'un accident sportif (hyperextension brutale telle un tir du pied dans le vide,<br />

une mauvaise réception au sol [basket] ou un faux pas). Le patient ressent un craquement audible<br />

avec parfois, une impression de déboîtement. Impotence et gonflement immédiats. La radiographie<br />

est négative et permet de différencier cette rupture avec une luxation de la rotule. La radiographie<br />

peut également montrer surtout chez les adolescents, une fracture-arrachement d'une épine tibiale.<br />

Le diagnostic est surtout clinique mais il peut être malaisé de faire le diagnostic sur un genou gonflé<br />

et aigu.<br />

Le test de Lachmann peut reproduire ce mouvement antérieur du tibia sur un genou fléchi à 10°. On<br />

empaume le fémur et on provoque un mouvement de tiroir sur le tibia. Il s'agit d'un signe sensible et<br />

spécifique d'une rupture du ligament croisé antérieur.<br />

Un tiroir antérieur peut également être recherché sur un genou fléchi à 90° mais celui-ci ne sera<br />

positif qu'en cas de lésion du ligament, associée à une atteinte de la capsule.<br />

Lorsque le diagnostic n'a pas été fait en aigu et que le patient se plaint d'une douleur chronique ou<br />

d'une instabilité, on peut tester le croisé antérieur par une manoeuvre supplémentaire : test du<br />

ressaut antéro-externe (jerk test ou pivot shift) : on met le pied en rotation interne avec une main<br />

tandis que l'autre appuie sur la partie haute et externe du tibia (étirement en valgus). En fléchissant<br />

progressivement le genou à 40°, la partie antéro-externe du tibia subluxée vers l'avant en extension se<br />

réduit en flexion avec un ressaut (= jerk). La manoeuvre peut être réalisée en partant de la flexion<br />

vers l’extension. Dans ce cas, le ressaut est perçu lors de l’apparition de la subluxation antérieure<br />

du plateau tibial externe.<br />

Le traitement est symptomatique.<br />

• Si nécessaire, ponction évacuatrice de l'hémarthrose en cas de douleur importante.<br />

64


• Immobilisation de 3-4 semaines en commençant par une attelle cruro-pédieuse provisoire et relais<br />

par une genouillère plâtrée. Rééducation ensuite du quadriceps, genou tendu. Eventuellement,<br />

orthèse de stabilisation du genou lors d'activités sportives.<br />

• Si malgré ce traitement conservateur ou si la pratique sportive du patient est exigeante, un<br />

traitement chirurgical peut alors être proposé. Il consiste à substituer le ligament croisé déficient<br />

par une autogreffe prélevée aux dépens du tiers central du tendon rotulien et comprenant une<br />

insertion osseuse à chaque extrémité (opération de Kenneth-Jones). Si ce prélèvement s'avère<br />

délicat, on peut choisir d'utiliser une allogreffe tendineuse munie de son attache osseuse (tendon<br />

rotulien ou achilléen). Quel que soit le type d'implant tendineux, celui-ci peut être implanté soit<br />

à ciel ouvert soit, et c'est mieux, par arthroscopie.<br />

A ce type d'opération qui est articulaire, il est encore possible de préférer une chirurgie extra-<br />

articulaire qui consiste à limiter la rotation interne du plateau tibial et empêcher le ressaut. La reprise<br />

du sport sera beaucoup plus rapide.<br />

L'hospitalisation est de courte durée (+/- 5 jours). La rééducation est immédiate. Reprise des<br />

activités sportives de loisir à 6 mois et de haut niveau à 1 an.<br />

c) Triade de O’Donoghue<br />

Elle est provoquée par une traumatisme appuyé et violent du genou en valgus (contact sportif,<br />

ruade etc.). Il s'agit d'une rupture complète du LLI, d'une déchirure du ménisque interne et d'une<br />

rupture du ligament croisé antérieur. Le traitement est chirurgical (à ciel ouvert ou arthroscopie).<br />

6. Syndrome méniscal<br />

Les ménisques sont deux structures semi-lunaires de fibrocartilage. Ils augmentent la surface de<br />

contact entre le tibia et les condyles et par conséquent répartissent mieux les contraintes<br />

mécaniques. A l'âge adulte, le ménisque n'est plus vascularisé que dans son tiers périphérique, là où<br />

il adhère à la capsule par son épaisseur. Son tiers interne, càd son versant articulaire est libre, non<br />

vascularisé. On considère qu'une lésion distante de plus de 5 mm de la capsule n'a aucune chance de<br />

se réparer. En dehors de ses attaches capsulaires en périphérie, les surfaces méniscales en regard du<br />

cartilage sont libres.<br />

Les lésions méniscales sont surtout l'apanage des sportifs (football) : le genou fléchi et en charge est<br />

latéralisé par une chute ou un contact alors que le pied est bloqué. La lésion méniscale peut survenir<br />

65


suite à un mouvement de flexion extension du genou lorsque la rotation physiologique du tibia sur le<br />

fémur est contrariée par le blocage du pied et/ou la dynamique du tronc. Les lésions méniscales et<br />

ligamentaires peuvent coexister. Les lésions méniscales chez le jeune sont longitudinales, alors que<br />

l'atteinte dégénérative (le vieillissement provoque une plus grande rigidité du ménisque) sera plutôt<br />

horizontale.<br />

Clinique<br />

• Douleur à l'interligne fémoro-tibiale.<br />

• Epanchement de synovie dans le décours du traumatisme.<br />

• Atrophie discrète du quadriceps si lésion chronique.<br />

• Blocage du genou en flexion. L'extension complète n'est pas possible. Le blocage peut être<br />

passager ou permanent.<br />

La manoeuvre de Mac Murray permet de reproduire la douleur et parfois le déclic dans l'interligne<br />

articulaire. Il met sous contrainte le ménisque suspect en réalisant une flexion complète du genou et<br />

en mettant le pied en rotation externe (pour le ménisque interne). En étendant progressivement la<br />

jambe (avec le pied en rotation externe), on peut reproduire la douleur ou le déclic dans l'interligne.<br />

La manoeuvre d'Apley ("le grinding test"- to grind = moudre) permet de distinguer une douleur<br />

séquellaire d'une entorse de celle d'une douleur méniscale. Le patient est couché sur le ventre. Le<br />

genou est fléchi à 90°. Dans la première partie du test, on n'appuie pas sur la jambe et on imprime<br />

une rotation externe pour tester le ménisque interne (et vice versa pour l'externe). Le test est<br />

reproduit en appuyant ensuite sur la jambe.<br />

Les mouvements de rotation sans appui testent les ligaments tandis qu'avec appui, ce sont les<br />

ménisques qui sont testés. En cas d'entorse, les deux manœuvres peuvent être positives tandis<br />

qu'avec les ménisques, ils ne peuvent produire la douleur qu'en appui.<br />

La manoeuvre de recherche du blocage méniscal (Généty)<br />

Elle permet de faire le diagnostic de blocage en flexion du genou.<br />

Patient en décubitus ventral, jambes en porte à faux. Vue de profil, la jambe du côté du genou<br />

bloqué est un peu plus haute que l'autre. Ce test n'a pas de valeur en cas d'épanchement.<br />

66


Diagnostic<br />

Une radiographie standard exclura une fracture ou une ostéochondrite fémorale.<br />

L'arthrographie du genou reste le moyen d'imagerie le plus accessible. La résonance est également<br />

très performante pour visualiser les ménisques et les croisés. L'arthroscopie permet la visualisation<br />

directe et le traitement. L'indication pour ces techniques varie d'un chirurgien à l'autre.<br />

Traitement<br />

Un traitement conservateur pourrait être proposé en cas de lésion asymptomatique et proche du<br />

tiers externe (proche de la capsule, càd susceptible de guérir spontanément).<br />

La résection partielle si possible du ménisque se fera sous arthroscopie. Elle sera proposée en cas<br />

de symptômes. Le patient est capable de marcher à nouveau endéans les 12 heures. Le bandage<br />

peut être ôté à 24 heures. Les activités sportives peuvent être reprises après 6 semaines. Dans<br />

certains cas, il est possible de réaliser une allogreffe de ménisque pour substituer le ménisque détruit<br />

et ainsi, éviter l'apparition d'une arthrose fémoro-tibiale à long terme.<br />

C. Pathologie non traumatique du genou<br />

1. Syndrome méniscal<br />

Lésion dégénérative<br />

Un dérangement interne du genou peut se produire chez la personne de plus de 50 ans sans<br />

commémoratif de chute ou d'entorse. La palpation de l'interligne est alors douloureuse et la<br />

sémiologie méniscale peut être positive. Ce sont des lésions dégénératives du ménisque qui sont<br />

très bien traitées par arthroscopie.<br />

Le ménisque discoïde externe<br />

Malformation du ménisque qui est resté sous forme embryonnaire et ne s'est pas résorbé dans sa<br />

partie centrale pour donner la forme semi-lunaire.<br />

Le ménisque discoïde se traduit par l'apparition d'un ressaut et d'un déclic audible caractéristique<br />

lors de la flexion-extension chez l'enfant ou un jeune de moins de 18 ans. Il peut être<br />

asymptomatique puisqu'il est retrouvé dans 7 % des genoux en autopsie. Les symptômes<br />

67


s'amenuisent dans les mois suivants et la résection par arthroscopie ne sera proposée que si<br />

nécessaire.<br />

2. Syndrome fémoro-patellaire<br />

(voir aussi le chapitre sur la chondropathie rotulienne, tome 1).<br />

Ce vocable regroupe un ensemble d'affections de l'appareil extenseur du genou.<br />

• Subluxation et luxation de la rotule<br />

Episodes de subluxation voire même de luxation de la rotule lors de la flexion du genou. La rotule se<br />

subluxe toujours en dehors étant donné l'angle Q. Le traumatisme initial quand il existe, est mineur.<br />

L'épisode résulte la plupart du temps d'une contraction musculaire soudaine. Cette instabilité<br />

rotulienne survient plus volontiers chez l'adolescente. A la suite d'un faux pas ou en descendant les<br />

escaliers, apparition brutale et fugace d'une sensation de décrochage avec dérobement du genou<br />

(suite à l'inhibition réflexe du quadriceps) et chute éventuelle. Cliniquement, l'angle Q est augmenté.<br />

La palpation et la translation externe de la rotule mettent en évidence une laxité rotulienne en dehors<br />

et éventuellement une appréhension (signe de Smillie). Rarement, l'examen clinique montre un choc<br />

rotulien modéré. La rotule peut être en position haute et externe.<br />

Radiologiquement, on retrouve fréquemment une dysplasie fémoro-patellaire et/ou une subluxation<br />

externe. Il faut demander une incidence axiale à 30° de flexion. Une subluxation latérale se manifeste<br />

par un élargissement de l'interligne interne et la latéralisation de la rotule sur la berge externe de la<br />

trochlée. Parfois, une ossification du rebord interne de la rotule signe un antécédent d'arrachement<br />

de l'aileron interne. La fémoro-patellaire peut également être le siège d'une dysplasie de la trochlée<br />

ou de la rotule.<br />

Traitement : genouillère plâtrée 4-6 semaines après le premier épisode. Rééducation du quadriceps.<br />

Intervention sur les tissus mous (section de l'aileron externe par arthroscopie, abaissement du vaste<br />

interne) si le cartilage de croissance est encore présent. Transposition de la tubérosité tibiale<br />

antérieure (TTA) en dedans (opération d'Emslie-Trillat) si le cartilage est fermé.<br />

• Chondromalacie rotulienne<br />

68


Il s'agit d'une maladie du cartilage de la rotule dont l'étiologie reste obscure. Les lésions peuvent<br />

évoluer depuis l'oedème, la fissuration, l'ulcération jusqu'à l'arthrose. Ces lésions font suite à la<br />

surcharge du cartilage. Cette lésion peut devenir symptomatique à la suite d'une contusion (chute<br />

sur la rotule, impaction sur le tableau de bord). Elle siège plus volontiers sur la facette interne de la<br />

rotule. Une lésion en miroir peut se retrouver sur la trochlée. L'évolution est lente et caractérisée<br />

par un syndrome fémoro-patellaire chronique (cfr. infra). Le traitement est d'abord médical, kinési-<br />

thérapeutique et éventuellement chirurgical (avancement de la TTA : opération de Maquet).<br />

• Arthrose fémoro-patellaire<br />

Elle succède en général à une subluxation rotulienne chronique (qui a pu rester indolore) ou à une<br />

chondromalacie évoluée.<br />

Cette arthrose est caractérisée par un syndrome fémoro-patellaire :<br />

− douleur à la descente des escaliers,<br />

− douleur à la flexion prolongée du genou (signe du cinéma).<br />

Cliniquement, une douleur à la pression de la rotule peut être retrouvée en appuyant la rotule sur la<br />

trochlée et en la mobilisant, genou étendu (signe du rabot).<br />

L'ascension contrariée de la rotule provoque la douleur (signe de Zöhlen). La palpation des facettes<br />

articulaires peut reproduire la douleur.<br />

Le traitement est chirurgical (prothèse, patellectomie, nettoyage articulaire sous arthroscopie)<br />

lorsque le traitement médical devient insuffisant.<br />

c) Affections génératrices de corps étrangers<br />

• L’ostéochondrite disséquante<br />

La problématique de cette affection chez l’enfant est développée au tome 1.<br />

Affection caractérisée chez l’adulte par l'individualisation plus ou moins complète d'un fragment<br />

d'os sous-chondral nécrosé et revêtu de son cartilage articulaire. Libéré dans la cavité, le fragment<br />

constitue alors une "souris articulaire" ou un corps libre dans l'articulation. L'évolution vers la<br />

libération dans l'articulation reste inconstante et des guérisons càd la cicatrisation du fragment en<br />

place peuvent s'observer chez l’enfant principalement. L'affection est parfois bilatérale mais peut<br />

exister au niveau d'autres articulations telles le coude, la cheville ou la hanche. Elle a une prédilection<br />

pour les surfaces convexes : elle intéressera au genou, la partie externe du condyle interne.<br />

69


La pathogénie reste actuellement obscure mais la majorité des auteurs s'accordent pour une origine<br />

traumatique ou microtraumatique; c’est une pathologie de surcharge.<br />

Clinique<br />

Elle dépend du stade de l'affection. Elle peut être asymptomatique ou ne causer qu'une gêne après<br />

un effort ou une instabilité ("passage à travers") ou encore une hydarthrose chronique ou à<br />

répétition. Si le fragment se libère, la douleur mécanique devient plus importante, de même que des<br />

épisodes de blocage du genou peuvent apparaître.<br />

Imagerie<br />

Il est classique de considérer 3 stades.<br />

• Stade 1 : stade de la nécrose. Ilot osseux nécrotique non isolé du voisinage.<br />

• Stade 2 : l’îlot osseux s'est isolé du socle osseux sous-jacent. Le cartilage articulaire n'est pas<br />

rompu. Stade de la séquestration. Ce stade peut encore être réversible.<br />

• Stade 3 : stade de la libération. L’îlot devient "une souris articulaire", source potentielle de<br />

blocage articulaire.<br />

La résonance permet de stadifier avec plus de précision et d'analyser l'atteinte éventuelle du<br />

cartilage.<br />

Traitement<br />

Il est rare d'observer la libération du fragment avant la fermeture du cartilage de croissance. Le<br />

traitement sera toujours conservateur chez l'enfant. Abstention d'activités sportives (pour éviter les<br />

sollicitations tangentielles du cartilage), genouillère plâtrée pour 3 semaines si nécessaire. Chez<br />

l'adolescent et l'adulte, une arthroscopie sera réalisée en cas de symptômes et le fragment sera refixé<br />

ou enlevé selon les cas.<br />

• L’(ostéo)chondromatose synoviale<br />

Affection de la synoviale qui produit par métaplasie des nodules de cartilage ou d'os. Ces nodules<br />

peuvent se détacher de la synoviale et se déplacer dans la cavité articulaire.<br />

Ils peuvent croître, nourris par la synoviale. Tant qu'il n'y a pas d'ossification, les corps étrangers<br />

produits ne sont pas visibles à la radiographie.<br />

70


Cliniquement, il y des épisodes de blocage accompagnés de douleurs chroniques et hydarthrose.<br />

Le traitement consiste à l'ablation des corps par arthroscopie.<br />

4. Déviations angulaires du genou dans le plan frontal<br />

Le fémur oblique en bas et en dedans, forme avec le tibia vertical un angle fémoro-tibial de 5 à 10°<br />

ouvert en dehors. Les contraintes mécaniques s'appliquent aux 2 membres inférieurs en charge selon<br />

l'axe mécanique de chaque membre. Celui-ci relie le centre de la tête fémorale au milieu de la<br />

mortaise tibiale, en passant par le milieu du genou.<br />

En station debout, pieds joints, les genoux et les malléoles se touchent.<br />

Le genu valgum est défini par un angle fémoro-tibial supérieur à 10° avec un axe mécanique qui<br />

passe en dehors du centre du genou. La distance entre les deux malléoles augmente et est supérieure<br />

à 10 cm. On parle de "genoux en x" ou "genoux cagneux".<br />

Le genu varum est défini par un angle fémoro-tibial inversé, ouvert en dedans. L'axe mécanique<br />

passe en dedans du milieu du genou. Les malléoles se touchent. On parle de "genoux arqués"<br />

"genoux entre parenthèses".<br />

En général, les déviations dans le plan frontal sont bien tolérées longtemps. Les patients ne<br />

consultent soit que pour raison esthétique lorsque la déviation est importante, soit que lorsque le<br />

genou devient douloureux, càd qu'au moment où se constitue l'arthrose.<br />

Les étiologies de ces déviations sont diverses.<br />

La déviation peut être physiologique : en effet, les nourrissons ont un genu varum qui peut<br />

s'observer jusqu'à 3-4 ans au plus tard. Ensuite, l'enfant développe un genu valgum qui se normalise<br />

vers 6-7 ans avec la croissance.<br />

• Genu varum pathologique<br />

Ecart intercondylien supérieur à 10 cm.<br />

Maladie de l'épiphyse tibiale interne (maladie de Blount) ou séquelle traumatique du cartilage. Le<br />

rachitisme est une autre cause classique.<br />

71


Le traitement est conservateur dans les déviations mineures, sauf si la déformation évolue après l'âge<br />

de 8 ans.<br />

• Genu valgum pathologique<br />

Ecart intermalléolaire supérieur à 10 cm. Séquelle traumatique ou rachitisme sont les causes les plus<br />

fréquentes d'un valgus pathologique.<br />

Chez l'enfant, une correction chirurgicale sera rare sauf dans les cas de tibia vara (maladie de Blount).<br />

Chez l'adolescent, un arrêt temporaire de l'activité d'un cartilage de croissance par agrafage du côté<br />

long permet de rétablir la symétrie de croissance.<br />

Chez l'adulte, une déviation angulaire provoquera une arthrose du compartiment surchargé<br />

(compartiment externe si genu valgum). Une ostéotomie de correction sur l'épiphyse tibiale ou<br />

fémorale permet d'arrêter la progression des lésions en réaxant le membre inférieur.<br />

5. La gonarthrose<br />

Etiologies<br />

Le genou est l'articulation la plus atteinte par l'arthrose. L'atteinte est primitive sans déséquilibre<br />

apparent du genou (forme essentielle) mais peut également être secondaire suite à une fracture<br />

articulaire, une ablation d'un ménisque, une déviation axiale ou encore une instabilité chronique du<br />

genou ou à toute pathologie articulaire chronique.<br />

Clinique<br />

La gonarthrose se traduit par des douleurs mécaniques (au dérouillage, à la marche, à la fatigue).<br />

Craquements et dérobements sont possibles, de même que l'atrophie du quadriceps.<br />

Traitement<br />

Le traitement dépendra de l'étiologie. L'ostéotomie sera indiquée dans les déviations angulaires.<br />

Une prothèse ne remplaçant que le compartiment atteint ou l'ensemble du genou pourra être<br />

proposée également mais plus volontiers chez les personnes de plus de 65 ans. En cas de contre-<br />

indications chirurgicales, on peut infiltrer le genou avec un dérivé de la cortisone type Lederspan.<br />

6. Les hygromas<br />

72


Il s'agit d'une inflammation des bourses séreuses qui sont nombreuses au genou.<br />

a) Le kyste poplité<br />

Il s'agit d'un kyste séreux développé aux dépens d'une des bourses postérieures du genou, soit celle<br />

du tendon poplité, soit celle du jumeau (gastrocnémien) interne ou encore une autre.<br />

Le point particulier est qu'il y a presque toujours communication entre la bourse et la cavité<br />

synoviale postérieure du genou.<br />

Le kyste peut s'étendre le plus souvent derrière le jumeau interne. Ce kyste n'est présent qu'en cas<br />

d'irritation de la synoviale et est donc une lésion "satellite" d'une pathologie intraarticulaire<br />

(problème rotulien ou méniscal, arthrose, arthrite rhumatoïde). Il est accessible à la palpation qui<br />

permet d'apprécier la fluctuation, le patient étant en décubitus ventral.<br />

Cliniquement, il peut entraîner une gêne fonctionnelle et des douleurs discrètes.<br />

L'échographie est le moyen le plus commode de le mettre en évidence. L'excision est rarement<br />

nécessaire si la cause première est traitée. Une arthroscopie-lavage peut être également efficace. Le<br />

diagnostic différentiel doit évoquer un anévrisme (masse pulsatile). Le kyste poplité rompu peut<br />

causer un oedème du mollet qui ne sera pas confondu avec une phlébite profonde.<br />

Chez l’enfant, le kyste poplité n’est généralement pas en rapport avec l’articulation du genou; il<br />

peut disparaître spontanément. Il faut donc confirmer le diagnostic par échographie et suivre<br />

simplement l’évolution clinique.<br />

b) Hygroma prérotulien<br />

Collection séreuse au devant de la rotule (genou du parqueteur). La collection est prérotulienne,<br />

extraarticulaire (absence de choc rotulien). Celle-ci est secondaire à un traumatisme le plus souvent<br />

répété de façon inhabituelle. Le traitement est conservateur.<br />

X. Pathologie de la cheville<br />

A. Pathologie traumatique<br />

73


1. Rupture du tendon d’Achille<br />

• Elle est causée par un impact violent sur un tendon sous tension. C’est souvent un accident<br />

sportif chez l’amateur d’une quarantaine d’années.<br />

• On note une douleur en coup de fouet, suivie d’une impotence fonctionnelle relative (la<br />

marche est souvent encore possible).<br />

• Il faut distinguer la rupture du tendon d’Achille du « claquage » musculaire.<br />

Signes cliniques<br />

On palpe la solution de continuité.<br />

Signe de Thompson.<br />

Impossibilité de se mettre sur la pointe du pied.<br />

Examen complémentaire : l’échographie.<br />

Traitement<br />

Bien qu’il y ait eu des écoles préconisant le traitement conservateur par immobilisation plâtrée<br />

en équin pendant deux mois, le traitement classique est chirurgical.<br />

• Soit suture tendineuse classique.<br />

• Soit suture tendineuse renforcée par le plantaire grêle.<br />

• Soit suture percutanée.<br />

2. Les ruptures ligamentaires de la cheville<br />

En bref, les « entorses » de la cheville sont fréquentes. Il faut distinguer les entorses bénignes<br />

des entorses graves entraînant une laxité articulaire.<br />

La laxité articulaire est soit la conséquence de traumatismes sportifs majeurs entraînant la rupture<br />

complète de plusieurs ligaments, soit le résultat de traumatismes itératifs chez des patients ayant<br />

une laxité articulaire constitutionnelle.<br />

Distinguer<br />

• les entorses en varus ou inversion, qui lèsent le complexe ligamentaire externe,<br />

• les entorses en valgus ou éversion, qui se compliquent souvent d’une fracture malléolaire.<br />

74


Signe clinique : l’hématome en « oeuf de pigeon ».<br />

Bilan<br />

• radiographie standard<br />

• épreuves dynamiques en varus-valgus (en l’absence de fracture)<br />

• recherche du tiroir antérieur de Castaing<br />

• (examen sous anesthésie)<br />

• (arthrographie).<br />

Traitement<br />

• entorse bénigne : strapping ou appareillage type Aircast;<br />

• entorse grave avec laxité :<br />

− immobilisation plâtrée s’il s’agit d’un premier accident,<br />

− réparation chirurgicale en cas de lésion majeure chez le jeune sportif.<br />

Instabilité séquellaire<br />

Il existe des interventions pour instabilité séquellaire en varus principalement. Il faut toujours<br />

essayer d’abord la prescription d’une semelle rétablissant le valgus de l’arrière pied et une<br />

rééducation proprioceptive.<br />

On pratique actuellement en cas d’instabilité handicapante, des interventions de remise sous<br />

tension des ligaments plutôt que des ligamentoplasties.<br />

75


Pour en savoir plus:<br />

Message d’actualité.<br />

Les entorses externes de la cheville.<br />

J.J.Rombouts<br />

Service de chirurgie orthopédique et de traumatologie des cliniques universitaires Saint-Luc, 1200 Bruxelles.<br />

Mots clés : Entorse, déchirure ligamentaire, instabilité, traumatisme, cheville, articulation tibio-tarsienne.<br />

RESUME<br />

Au cours de ces dix dernières années, l’attitude thérapeutique face aux entorses de la cheville<br />

s’est considérablement modifiée. Plusieurs études rétrospectives et quelques études prospectives<br />

ont démontré que le traitement chirurgical ou le traitement orthopédique comportant une<br />

immobilisation plâtrée prolongée n’était pas supérieur au traitement fonctionnel.<br />

Parallèlement, les moyens d’investigation et en particulier les techniques d’imagerie ont été<br />

développés. Ces examens complémentaires ont montré la grande fréquence des lésions associées<br />

aux ruptures du complexe ligamentaire externe de la cheville ont permis de démembrer ce que l’on<br />

commence à appeler le « syndrome de l’entorse externe ».<br />

Quel qu’ait été le traitement de l’accident initial, des patients développent une instabilité chronique de la cheville.<br />

Le traitement conservateur du syndrome d’instabilité chronique de la cheville a bénéficié de l’apport des techniques<br />

de rééducation proprioceptive et des progrès de l’appareillage. Le traitement chirurgical de la laxité externe<br />

chronique de la cheville a évolué vers des techniques de reconstruction ligamentaire plus anatomiques préservant les<br />

muscles longs qui sont des stabilisateurs dynamiques de la cheville .<br />

INTRODUCTION<br />

L’entorse de la cheville est un des traumatismes le plus fréquent en pratique générale comme en<br />

pratique sportive ou militaire. Des études prospectives ont démontré que les traumatismes aigus<br />

de la cheville représentaient 16 à 21 % des lésions traumatiques survenant lors de la pratique<br />

sportive (1).C’est surtout le complexe ligamentaire externe qui est vulnérable.<br />

Ce complexe ligamentaire externe de la cheville est constitué de trois ligaments: le ligament<br />

péronéoastragalien antérieur, le ligament péronéocalcanéen et le ligament péronéoastragalien<br />

postérieur. Le ligament péronéoastragalien antérieur est presque horizontal lorsque le pied est à<br />

angle droit. Par contre, il est presque vertical lorsque le pied est en équin et il a alors un rôle de<br />

ligament collatéral(2).Comme la plupart des entorses en inversion du pied surviennent en équin,<br />

c’est le ligament le plus fréquemment lésé. Près de deux tiers des entorses de la cheville<br />

concernent le ligament péronéoastragalien antérieur isolément. Si le traumatisme en inversion est<br />

plus important, le ligament péronéocalcanéen peut également être lésé. Brodström a observé des<br />

lésions combinées de ces deux ligaments chez 20% de ses patients alors qu’il n’a jamais observé<br />

de lésion isolée du ligament péronéocalcanéen(3). Des investigations plus récentes semblent<br />

démontrer que les lésions combinées sont plus fréquentes encore.<br />

CLASSIFICATION<br />

Classiquement on distingue les entorses bénignes des entorses graves. Une classification en trois<br />

niveaux de gravité s’est imposée :<br />

76


- Les entorses de grade 1 sont de simples étirements ligamentaires sans lésion<br />

macroscopiquement visible des ligaments. Il peut y avoir un gonflement et une douleur locale<br />

mais il n’y a ni déficit fonctionnel ni instabilité objective.<br />

- Les entorses de grade 2 comportent une lésion ligamentaire en continuité. Il y a généralement<br />

des signes locaux sous forme d’un gonflement et d’une douleur élective. Il peut exister une<br />

limitation de la mobilité articulaire qui est due principalement à la douleur et un certain degré<br />

d’instabilité articulaire.<br />

- Les entorses de grade 3 se caractérisent par une rupture ligamentaire complète avec<br />

gonflement, hématome instabilité et laxité articulaire.<br />

Au niveau de la cheville, l’apparition immédiate d’un hématome pré et sous malléolaire externe<br />

("hématome en œuf de pigeon") est considéré comme un signe de gravité.<br />

DIAGNOSTIC CLINIQUE<br />

L’anamnèse va permettre d’évaluer l’importance et le mécanisme du traumatisme. La position de<br />

la cheville lors de l’accident est importante à connaître pour définir la lésion. Le blessé ou son<br />

entourage signale souvent la perception d’un craquement.<br />

L’examen clinique comportera classiquement (4):<br />

-L’inspection qui permet d’observer le gonflement local et l’hématome. En cas d’entorse<br />

classique du complexe ligamentaire externe, le gonflement et l’hématome sont localisés en pré et<br />

sous-malléolaire. Un gonflement plus haut situé doit évoquer une lésion de la syndesmose. Un<br />

gonflement plus distal au stade aigu évoque une lésion sousastragalienne ou médiotarsienne.<br />

-La palpation a pour but de localiser une douleur élective ou une déformation.<br />

-Il faut toujours palper le tendon d’Achille à la recherche d’une éventuelle solution de continuité.<br />

-L’examen de la mobilité montrera une restriction de la mobilité liée à la douleur et permettra<br />

surtout de localiser plus précisément la lésion en fonction du type de mouvement qui provoque<br />

la douleur principale. Il faut en effet dépister des lésions plus rares mais aussi plus graves que la<br />

banale entorse externe comme les luxations du Lisfrancs qui peuvent survenir à l’occasion de<br />

traumatismes apparemment mineurs (comme par exemple une mauvaise réception sur la pointe<br />

du pied lors de la pratique de la danse de salon).<br />

-Divers tests cliniques peuvent être utiles, comme par exemple l’examen de la mobilité active du<br />

pied en éversion-inversion à la recherche d’une luxation des tendons péroniers et surtout<br />

l’examen de la flexion plantaire de la cheville contre résistance à la recherche d’une rupture du<br />

tendon d’Achille.<br />

-L’examen systématique comprend la palpation des pouls et des tests de sensibilité.<br />

-Les tests de stabilité articulaires sont difficiles à réaliser au stade aigu. Le test du tiroir antérieur<br />

de la cheville a été décrit par un auteur de langue allemande dès 1934(5,6). Il est connu dans la<br />

littérature française sous le nom de test de Castaing (7). C’est le ligament péronéoastragalien<br />

antérieur qui limite le déplacement vers l’avant de l’astragale dans la mortaise tibiopéronière. Une<br />

lésion associée du ligament péronéocalcanéen ne majore pas le mouvement de tiroir. L’instabilité<br />

peut également être testée par le test de bascule astragalienne (« talar tilt test »).Ce test est<br />

surtout utilisé lors du bilan radiologique pour objectiver une laxité articulaire (épreuves en varusvalgus).La<br />

bascule astragalienne en varus peut varier de 0° à 25° chez un individu normal. Il est<br />

donc important d’examiner les deux chevilles avant de conclure à une laxité posttraumatique.<br />

C’est la rupture combinée des ligaments péronéoastragaliens et péronéocalcanéens qui permet les<br />

bascules pathologiques de l’astragale dans la mortaise.<br />

BILAN COMPLEMENTAIRE.<br />

77


Tout traumatisme de la cheville justifie un examen radiographique standard (8, 9) avant des<br />

manœuvres propédeutiques appuyées et des tests d’instabilité. L’examen standard a évidemment<br />

pour objectif d’exclure une fracture. Il s’agit de rechercher les fractures malléolaires mais<br />

également des lésions plus rares comme les fractures du sustentaculum tali. En cas de douleur<br />

mal localisée ou de gonflement diffus, il faut une fois de plus examiner avec attention les<br />

articulations tarsométatarsiennes dont les luxations peuvent échapper à un examen trop rapide.<br />

Les examens spécifiques sont (4):<br />

-Les épreuves dynamiques de la cheville qui seront réalisées au stade aigu sous anesthésie locale<br />

si on suspecte une laxité majeure chez un jeune sportif (cf discussion thérapeutique).<br />

-Il n’existe malheureusement pas de test simple permettant d’évaluer la stabilité de l’articulation<br />

sous astragalienne. Si la clinique est évocatrice d’une pathologie sousastragalienne ou<br />

médiotarsienne, il faudra avoir recours à la tomographie axiale computerisée(CTScan) ou à la<br />

résonance magnétique nucléaire (IRM) (10, 11, 12).<br />

-L’arthrographie opaque de la cheville a été popularisée par Broström (3).Elle n’est plus guère<br />

utilisée au stade aigu. Il persiste comme indication de l’arthrographie de cheville l’évaluation<br />

d’une instabilité subjective lorsqu’il ne peut être démontré de laxité articulaire alors que la<br />

statique et la fonction neuromusculaire n’est pas altérée. Cet examen invasif est actuellement le<br />

plus souvent remplacé par l'IRM.<br />

-La résonance magnétique nucléaire permet de visualiser les lésions ligamentaires (10, 11) et en<br />

particulier les lésions du ligament astragalocalcanéen (12) qui constitue le pivot de l’articulation<br />

sousastragalienne dont l’évaluation clinique et radiographique est difficile. Cet examen permet<br />

également de documenter les lésions ostéochondrales qui peuvent compliquer les lésions<br />

ligamentaires.<br />

-L’échographie permet d’analyser les ligaments de la cheville et en particulier le faisceau antérieur<br />

et le faisceau moyen du plan ligamentaire latéral avec une précision de l’ordre de 2 mm (13, 14).<br />

-La scintigraphie osseuse est un examen sensible mais peu spécifique qui est indiqué en cas de<br />

douleurs persistantes inexpliquées . En cas d'hyperfixation, elle permet d'orienter un examen<br />

radiologique complémentaire.<br />

-L’arthroscopie n’a pas d’indication au moment du bilan lésionnel. Cette technique permet de<br />

traiter des lésions séquellaires et en particulier d’enlever les fragments ostéochondraux libérés.<br />

TRAITEMENT<br />

Le traitement des entorses de la cheville a fait l’objet d’un nombre considérable de recherches et<br />

de discussions au cours de ces dernières années.<br />

Il est admis que les entorses bénignes de grade 1 et 2 guérissent rapidement sans séquelle quel<br />

que soit le traitement. Par contre en ce qui concerne les entorses dites graves de grade 3,la<br />

controverse se poursuit.<br />

Traitement des entorses bénignes :<br />

Immédiatement après le traumatisme, l’application de glace et d’un bandage compressif peut<br />

diminuer les phénomènes inflammatoires et en conséquence accélérer la récupération.<br />

L’application d’un support externe sous forme d’un bandage élastique ou adhésif ou d’une<br />

orthèse peut diminuer la douleur et augmenter le confort.<br />

Enfin, après quelques jours de repos, un traitement de kinésithérapie comportant des exercices de<br />

tonifications des muscles péroniers et une rééducation proprioceptive peut accélérer la<br />

récupération du niveau de performance sportive.<br />

78


Chez les cadets de l’armée américaine, Jackson et coll.(15) font état d’une incapacité sportive de<br />

8 jours en cas d’entorses de grade 1 et de deux semaines en cas d’entorses de grade 2.<br />

Traitement des entorses graves :<br />

Le traitement des entorses graves du complexe ligamentaire externe reste très discuté. Il a été<br />

recommandé de traiter chirurgicalement les entorses graves du jeune sportif et de traiter par six<br />

semaine d’immobilisation plâtrée les déchirures ligamentaires de la cheville du sujet sédentaire.<br />

Récemment, le traitement fonctionnel par simple protection à l’aide d’une orthèse a été proposé<br />

et démontré efficace.<br />

Kannus et Renström en 1991 (1) ont revu en détail les études contrôlées comparant ces trois<br />

traitements. Je traduis ci-dessous leur discussion :<br />

-Il y a cinq études qui comparent le traitement chirurgical et l’immobilisation plâtrée. Trois<br />

auteurs (16,17,18)concluent que l’immobilisation plâtrée est le traitement de choix. Clark et coll<br />

(19) recommandent également l’immobilisation plâtrée si ce n’est chez le jeune athlète avec une<br />

bascule astragalienne de plus de 15°, qu’ils opèrent. Prins (20) recommande l’opération de façon<br />

quasi systématique.<br />

-Il y sept études qui comparent les trois types de traitement. Quatre (21,22,23,24)<br />

recommandent sans réserve le traitement fonctionnel et trois(3,25,26) font une réserve à propos<br />

des lésions majeures du jeune athlète qui reste candidat à la réparation chirurgicale..<br />

Kannus et Renström (1) concluent que, sur base de leur revue de la littérature, le traitement de<br />

choix des entorses graves de la cheville (rupture complète du complexe ligamentaire externe) est<br />

le traitement fonctionnel. Ce traitement fonctionnel comprend une brève période de protection à<br />

l’aide d’un bandage adhésif ou non ou encore d’une orthèse. La mise en charge est autorisée<br />

rapidement et un traitement de rééducation proprioceptive est prescrit. La duré de l’appareillage<br />

n’est pas précisée dans cet article qui fait état de 0 à 5 semaines. Les auteurs apportent les<br />

arguments suivants :<br />

-Le traitement fonctionnel est le moins onéreux et est celui qui permet la reprise d’activité la plus<br />

rapide.<br />

-En l’absence de différence quant à la qualité de la cicatrisation ligamentaire, le traitement<br />

fonctionnel est celui qui donne le moins de complication (la simple immobilisation plâtrée est<br />

grevée de risques propres comme les phlébothrombose et les compressions du nerf sciatique<br />

poplité externe qui ne peuvent toujours être prévenues).<br />

-Si le traitement doit se solder par une instabilité résiduelle, les interventions chirurgicales<br />

secondaires donnent actuellement de très bons résultats (cf les situations séquellaires).<br />

Ces études n’apportent cependant pas une réponse satisfaisante à certaines situations<br />

particulières comme les lésions anatomiques majeures qui restent une indication opératoire ( par<br />

exemple une avulsion ostéopériostée du complexe ligamentaire externe déterminant une<br />

subluxation rotatoire de l’astragale dans la mortaise ). En outre elle ne prennent pas en<br />

considération les lésions dégénératives survenant à très long terme chez les sportifs soumis à des<br />

lésions itératives(27).<br />

On peut conclure que, de nos jours, sauf situation particulière, le traitement des entorses graves<br />

de la cheville peut être un traitement fonctionnel. De nombreuses orthèses sont apparues sur le<br />

marché. L’efficacité de plusieurs d’entre elles a été démontrée (28,29).Des études comparatives<br />

n’ont pas jusqu’à présent démontré de supériorité définitive de l’un ou l’autre modèle<br />

(30,31,32). Nous utilisons des orthèses de protection latérale restreignant modérément la<br />

mobilité en flexion extension.<br />

79


LES SITUATIONS SEQUELLAIRES<br />

Après un traumatisme de la cheville, les principales séquelles sont à court terme les douleurs<br />

résiduelles et l’instabilité subjective. A plus long terme, il peut y avoir une dégénérescence<br />

arthrosique qui peut devenir handicapante (27).<br />

Les douleurs persistantes :<br />

Les douleurs persistantes après entorse de la cheville peuvent être dues à des lésions intra ou<br />

extraarticulaires comme des conflits cicatricels (33) des fractures ostéochondrales ou des lésions<br />

tendineuses (34).<br />

Bassett et coll. (33) ont décrit en 1999 un épaississement du fascicule antéroinférieur du ligament<br />

péronéotibial antérieur dont la résection a soulagé leurs patients. Récemment, Gerber et coll.<br />

(35) ont confirmé qu'une lésion associée de la syndesmose tibiopéronière était une cause<br />

fréquente de douleurs résiduelles.<br />

On a également décrit des lésions longitudinales des tendons péroniers (36) et même des<br />

avulsions ou des luxations de tendon du muscle jambier postérieur (37, 38).<br />

Certaines lésions intraarticulaires peuvent être traitées par endoscopie (39).<br />

L'avènement de l'imagerie en résonance magnétique nucléaire a démontré que les lésions associées<br />

étaient beaucoup plus fréquentes qu'on ne le suspectait. Il peut s'agir de lésions osseuses sévères<br />

(40) ou de simples contusions qui ne péjorent pas nécessairement le pronostic (41, 42) ou encore<br />

de lésions de l'articulation sous astragalienne ou du sinus du tarse (43). Beaucoup de douleurs<br />

résiduelles après entorses sont dues à des lésions associées.<br />

Celles-ci sont tellement fréquentes que Fallat et coll. (44) recommandent d'utiliser plutôt le terme<br />

de "syndrome de l'entorse externe". La première démarche en cas de consultation pour douleurs<br />

résiduelles est donc de rechercher une lésion associée.<br />

L'instabilité résiduelle :<br />

Quel qu'ait été le traitement initial, 20 % des patients qui ont présenté une entorse de grade 3 se<br />

plaignent d'instabilité résiduelle (45). Cette instabilité résiduelle peut être liée à une laxité de<br />

l’articulation tibiotarsienne en tiroir ou en varus et être péjorée par une instabilité<br />

sousastragalienne(46).<br />

La première étape lors d’une consultation pour instabilité de la cheville est d’évaluer le<br />

morphotype et l’état neuromusculaire. Il faut ensuite évaluer objectivement la laxité par des tests<br />

radiologiques dynamiques. Un tiroir antérieur de plus de 10 mm est pathologique. Une bascule de<br />

l’astragale dans la mortaise tibiopéronière de plus de 10 degrés est pathologique dans la majorité<br />

des cas. En cas de laxité constitutionnelle,la limite du pathologique est une différence de 5 degrés<br />

par rapport au coté non symptomatique (45).<br />

L’évaluation de la laxité sous-astragalienne est difficile (12, 43, 47). La fréquence des lésions<br />

sousastragaliennes et leur rôle dans les instabilités résiduelles a probablement été sous-estimé<br />

(48).<br />

Une instabilité subjective justifie un traitement par rééducation proprioceptive de la cheville,un<br />

rehaussement du bord externe de la semelle de la chaussure et une protection par bandage<br />

collé(« taping ») lors de la pratique sportive. Le but de la rééducation proprioceptive de la<br />

cheville est d’optimaliser l’équilibre entre les muscleséverseurs et les inverseurs du pied et<br />

d’arriver à compenser les structures ligamentaires externes déficientes par une contraction<br />

adéquate et en temps utile des éverseurs (49,50,51).<br />

Une instabilité subjective entraînant des accidents répétés associée à une laxité objectivée doivent<br />

faire considérer l’indication d’une stabilisation chirurgicale par ligamentoplastie externe.<br />

L’objectif de la ligamentoplastie est de restaurer une stabilité passive de l’arrière pied. Dans la<br />

80


majorité des cas, compte tenu du caractère complexe des lésions, il faut reconstruire<br />

fonctionnellement le ligament péronéoastragalien antérieur et le ligament péronéocalcanéen.<br />

Beaucoup de techniques anciennes sacrifiaient le court péronier latéral qui est le principal<br />

stabilisateur dynamique de la cheville (Elmslie,52 ; Evans,53 ; Watson-Jones,54 ;Castaing,55).<br />

Les techniques de réparation directe ont été popularisées par Bodström (3) et par Duquennoy<br />

(56,57). Bodström(3) réalise une suture secondaire directe des ligaments après axcision du tissu<br />

cicatriciel. Duquennoy(56,57) comme Karlsson et coll.(58) remettent le complexe<br />

capsuloligamentaire externe sous tension par réinsertion transosseuse à la malléole externe. Il est<br />

recommandé de retendre dans tous les cas les deux ligaments principaux (péronéoastragalien<br />

antérieur et péronéocalcanéen). Ces interventions ont un taux de succès supérier à 80 %. Les<br />

échecs surviennent principalement chez les patients hyperlaxes : dans cette situation,il vaut<br />

probablement mieux renforcer la suture par uneplastie à l’aide du plantaire grèle ou de fascia lata.<br />

Les indications persistantes de ligalmentoplactie au court péronier latéral concernent les laxités<br />

de la cheville observées en cas de paralysie éventuellement après arthrodèse du couple de torsion<br />

(cette situation se rencontre principalement dans les neuropathies périphériques héréditaires de<br />

type Charcot-Marie).<br />

L’arthrose posttraumatique :<br />

Il est d’observation courante que les entorses récidivantes et la laxité chronique se compliquent,<br />

principalement chez le sportif , de lésions dégénératives de la cheville. Ces arthroses après<br />

entorses constituent avec les arthroses compliquant les fractures de la cheville des indications<br />

d’arthrodèse tibioastragalienne.<br />

Il y a paradoxalement peut de publications récentes sur ce sujet. La publication classique de<br />

Harrington en 1979 fait état d’une série de 36 patients qui au stade des lésions dégénératives<br />

débutantes ont été bien soulagés par des interventions stabilisatrices. L’étude de Gross et Marti<br />

réalisée en Suisse chez des anciens joueurs de volleyball de haut niveau révèle 19 arthroses chez<br />

22 joueurs dont 8 ont étés opérés pour entorse grave. Il n’est pas démontré que le traitement des<br />

laxités chroniques de la cheville prévient la dégénérescence arthrosique mais on peut le supposer<br />

(45).<br />

PREVENTION<br />

L’étude des lésions séquellaires démontre bien que si la majorité des entorses ont une évolution<br />

bénigne il s’agit néanmoins d’une pathologie qui entraîne des incapacités de travail et dont les<br />

conséquences peuvent être handicapantes à long terme. Le port de souliers de sports<br />

adaptés(59), de protections stabilisatrices(60) et, en cas d’instabilité d’orthèses (28, 29, 30, 31,<br />

32) ou la réalisation d’un taping ainsi que le choix d’un revêtement de sol adéquat sont des<br />

mesures préventives qui relèvent de la médecine du sport. Le traitement chirurgical des laxités<br />

chroniques de la cheville devrait probablement également contribuer à réduire les séquelles<br />

tardives de ces accidents.<br />

SUMMARY<br />

The treatment of acute complete (grade III) tears of the lateral ligamants of the ankle has<br />

generated much controversy in the medical literature. The functional treatment is becomed the<br />

standard treatment as it has been shown that there is no striking difference in the long term<br />

results whatever the treatment was (operative repair and cast,cast alone,or early controlled<br />

mobilization).<br />

Functional treatment includes only a short period of protection by tape bandage,or brace,and<br />

allows early weight-bearing. Major trauma with avulsion of bone and severe ligamentous damage<br />

81


on both the medial and the lateral sides of the ankle remains however a situation in which<br />

operation should still be considered in the acute phase.<br />

Secondary operative reconstruction can be performed in case of persistant instability and laxity<br />

of the ankle. Secondary anatomic repair as proposed by Bodström,Duquennoy et al. and<br />

Karlsson et al. has a hight rate of success and avoid the potential morbidity of haversing a part of<br />

the totality of the peroneus brevis or other tendon grafts.<br />

The evaluation of the injured ankle is improving and in selected patients<br />

ultrasonography,arthrography,magetic resonance imaging or bone scintigraphy may be useful for<br />

further evaluation of the injury. The frequency of associated injuries has probably been<br />

underestimated . If the ankle sprain is often thought of as an injury involving only the lateral<br />

ankle ligaments,there are varied and multiple components to the common sprained ankle .This<br />

condition would perhaps more approprialy be designed as the sprained ankle syndrome.<br />

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54. WATSON-JONES R. – Fractures and joint injuries.Ed.4.vol.2,pp821-823,1955.<br />

84


55. CASTAING J.,FALISE B.,BURDIN P. – Ligamentoplastie au court péronier latéral dans le<br />

traitement des instabilités chroniques de la cheville.Rev.Chir.Orthop.70/653-656,1984.<br />

56. DUQUENNOY A.,LETENDARD J.,LOOCK Ph. – Remise en tension ligamentaire externe<br />

dans les instabilités chroniques de la cheville. Rev.Chir.Orthop.66 :311-316,1980.<br />

57. DUQUENNOY A.,FONTAINE C.,GOUGEON F.,<strong>DE</strong>LCOUR J.P. - Traitement des<br />

laxités chroniques de la cheville par retente ligamentaire externe. A propos de 37 cas. Acta<br />

Orth.Belg.49 :736-744,1983.<br />

58. KARLSSON J.,BERGSTEN T.,LANSINGER O.,PETERSON L. – Reconstruction of the<br />

lateral ligaments of the ankle for chronic lateral instability.J.Bone Joint Surg.70A :581-588,1988<br />

59. OTTAVIANI R.A.,ASHTON-MILLER J.A.,KOTHARI S.U.,WOJTYS E.M. – Basketball<br />

shoe height and the maximal muscular resistance to applied ankle inversion and eversion<br />

moments.Am.J.Sports Med. 23 : 418-423,1995<br />

60. SITLER M.R.,HORODYSKI M. – Effectiveness of prophylactic ankle stabilisers for<br />

prevention of ankle injuries.Sports Med.20 :53-57,1995<br />

3. Les fractures malléolaires<br />

Les fractures de cheville sont fréquentes.<br />

On observe régulièrement la combinaison de lésions ligamentaires et de fractures malléolaires.<br />

La classification des fractures malléolaires est complexe. Elle intègre le mécanisme de la fracture<br />

et la lésion.<br />

La fracture bimalléolaire classique porte le nom de fracture de DUPUYTREN.<br />

On appelle fracture de MAISONNEUVE l’association d’une lésion interne (fracture de malléole<br />

ou entorse grave à une fracture haute du péroné).<br />

En cas de lésion de la syndesmose tibiopéronière, on parle de DIASTASIS. Ce diastasis peut<br />

survenir suite à des lésions ligamentaires, mais aussi suite à des fractures déstabilisant la cheville.<br />

Traitement<br />

Les fractures malléolaires sont des fractures articulaires instables. Sauf exception, elles sont<br />

traitées par ostéosynthèse.<br />

4. Fracture du pilon tibial<br />

Fracture articulaire généralement instable.<br />

5. Fracture de l’astragale<br />

Traumatisme important.<br />

85


Risque de nécrose aseptique car le corps a une vascularisation terminale qui peut être<br />

interrompue par la fracture.<br />

Nécessité d’ostéosynthèse en cas de fracture déplacée.<br />

6. Fracture du calcanéum<br />

Chute d’un lieu élevé.<br />

Atteinte fréquente de la surface articulaire = FRACTURE TRANSTHALAMIQUE.<br />

L’enfoncement du thalamus peut être évalué en mesurant l’angle de Böhler.<br />

Ces fractures, quand elles sont déplacées, donnent des séquelles importantes que l’on peut tenter<br />

de minimiser par un traitement chirurgical.<br />

7. Luxation de Lisfranc<br />

Problème de diagnostic !!!<br />

B. Pathologie non traumatique de la cheville<br />

1. Ostéochondrite de l’astragale - ostéochondrose ou fracture ostéochondrale ?<br />

2. Ostéophytose antérieure de la cheville chez le joueur de football (« impigement »).<br />

3. Tendinopathie du jambier postérieur.<br />

4. Tendinopathie du tendon d’Achille<br />

• éviter les injections de corticostéroïdes car elles fragilisent le tendon (risque de rupture);<br />

• essayer une talonnette surélevant le talon; choisir une matière absorbante (sorbothane -<br />

podofoam).<br />

XI. Pathologie du pied<br />

A. Pathologie traumatique<br />

1. Pathologie traumatique de l’arrière pied : voir traumatismes de la cheville.<br />

2. Fractures des métatarsiens<br />

L’apophyse styloïde du 5e métatarsien peut être avulsée avec l’insertion du tendon du court<br />

péronier latéral lors d’un mouvement d’inversion du pied. En cas de déplacement peu important,<br />

c’est une lésion bénigne qui peut être traitée par un simple bandage et la protection de la marche<br />

par des cannes béquilles jusqu’à indolence.<br />

86


Il faut distinguer cette avulsion de la fracture de Jones, qui est plus distale et nécessite une<br />

immobilisation plus stricte et plus prolongée.<br />

Les fractures des métatarsiens, particulièrement si elles surviennent au niveau du col, doivent être<br />

correctement réduites et stabilisées car un cal vicieux peut entraîner des métatarsalgies.<br />

Les métatarsiens sont un des endroits de prédilection des fractures de fatigue ou « fractures de<br />

marche ».<br />

On peut observer des luxations, principalement au niveau de l’articulation métatarsophalangienne<br />

du gros orteil. Elles sont généralement stables après réduction.<br />

3. Fractures de phalange<br />

Les fractures fermées de phalange des orteils surviennent généralement à la suite d’un choc direct<br />

ou à un écrasement. Elles sont généralement stables et ne nécessitent qu’un traitement simple :<br />

soulier médical à semelle rigide (sabot) et syndactylisation par taping.<br />

Les fractures ouvertes des orteils peuvent être associées à des lésions sévères des tissus mous.<br />

Elles surviennent souvent suite à des accidents de tondeuses à gazon.<br />

Le pronostic dépend de la gravité des tissus mous. Il faut s’assurer de la prévention<br />

antitétanique et réaliser un débridement adéquat, préalablement à toute chirurgie reconstructrice.<br />

B. Pathologie non traumatique<br />

1. Le pied de l’enfant<br />

Voir vol. 1, chap. IV<br />

2. Les troubles statiques du pied chez l’adulte<br />

Le pied plat de l’adulte<br />

• peut être la conséquence d’un trouble statique de l’enfance et se compliquer d’arthrose;<br />

• peut être associé à une malformation du squelette (« barre » tarsal coalition), il se caractérise<br />

alors par sa rigidité;<br />

• peut être la conséquence d’un traumatisme et avoir été entraîné par une fracture du calcanéum<br />

par exemple;<br />

• peut être la conséquence d’une rupture dégénérative du tendon du muscle jambier postérieur;<br />

87


• s’observe en cas d’atteinte des articulations de l’arrière pied au cours de la polyarthrite<br />

rhumatoïde.<br />

Le pied creux de l’adulte<br />

La réduction des zones d’appui plantaire peut entraîner des hyperkératoses de surcharge.<br />

L’avant-pied rond<br />

C’est le trouble statique le plus fréquent chez l’adulte.<br />

Il est lié à « l’affaissement » de l’arche métatarsienne.<br />

Le trouble statique peut être complexe et comprendre<br />

• une déformation en hallux valgus du 1er rayon;<br />

• des métatarsalgies moyennes avec durillon.<br />

Il peut se compliquer<br />

• de fracture de fatigue des métatarsiens;<br />

• de luxation d’origine dégénérative des articulations métatarsophalangiennes des 2e et 3e<br />

rayons;<br />

• de névrome de Horton (compression du nerf intermétatarsien);<br />

• d’orteil en marteau.<br />

Le traitement préventif est le port de chaussures correctes ne comprimant pas l’avant-pied.<br />

Le traitement curatif est le port d’une semelle orthopédique adaptée avec appui rétrocapital.<br />

La chirurgie de l’avant-pied est délicate. Les indications doivent être posées avec circonspection<br />

en particulier chez le jeune.<br />

Certaines interventions comme les résections des têtes des métatarsiens peuvent entraîner des<br />

séquelles majeures difficilement rattrapables si elles ne sont pas réalisées à bon escient.<br />

3. Diagnostic différentiel des douleurs chez l’adulte<br />

Aigu : penser à la goutte.<br />

Subaigu : penser aux fractures de fatigue et au névrome de Morton.<br />

Chronique : les lésions de surcharge, les troubles statiques, les lésions arthrosiques.<br />

Toujours penser à éliminer<br />

• une polyneuropathie<br />

• une radiculalgie d’origine lombaire<br />

88


• un trouble vasculaire.<br />

L’épine calcanéenne, l’aponévrosite plantaire, le syndrome du sinus du tarse, les syndromes de<br />

compression de la branche talonnière du nerf tibial interne sont des diagnostics à n’évoquer<br />

qu’après avoir éliminé les principales causes évoquées d’abord.<br />

4. Les problèmes podologiques<br />

L’ongle incarné<br />

• prévention : hygiène adéquate, chaussures de largeur convenable;<br />

• prédisposition : l’ongle en tuile;<br />

• complication : le bothryomycome chronique ou le panaris périunguéal;<br />

• traitement conservateur : soins pédicures (orthonyxis), antisepsie;<br />

• traitement chirurgical : le simple désonglement n’est pas un traitement adéquat; la cure<br />

chirurgicale nécessite une technique précise et n’est justifiée qu’en cas d’échec des mesures<br />

conservatrices.<br />

Le cor au pied est un durillon (hyperkératose). Il faut le distinguer de la verrue vulgaire.<br />

L’hyperkératose est la conséquence d’une lésion de frottement qu’il faut corriger. Elle peut être<br />

éliminée par des soins pédicures (râpe) ou par de la vaseline salicylée (R/ acide salicylique 5 g,<br />

vaseline ad 30 g).<br />

Il est dangereux d’appliquer le traitement d’une verrue vulgaire à un cor au pied. Il faut donc<br />

établir le diagnostic avec précision.<br />

L’oeil de perdrix s’appelle en anglais « soft corn ». Il s’agit d’un durillon « mou » qui se<br />

développe au point de pression entre deux orteils en cas de saillie d’une joue condylienne<br />

phalangienne. Il est favorisé par les souliers étroits et pointus.<br />

XII. Pathologie de la colonne vertébrale<br />

Plan<br />

A. RAPPEL PHYSIOLOGIQUE<br />

1. Anatomie fonctionnelle<br />

2. Anatomie topographique<br />

89


3. Neuroanatomie<br />

B. PATHOLOGIE TRAUMATIQUE <strong>DE</strong> LA COLONNE VERTEBRALE<br />

1. Généralités<br />

2. Rachis cervical<br />

3. Rachis dorsolombaire<br />

C. PATHOLOGIE NON TRAUMATIQUE <strong>DE</strong> LA COLONNE VERTEBRALE<br />

1. Les cervicobrachialgies<br />

2. La myélopathie cervicale<br />

3. Les lombalgies<br />

4. Les lomboradiculalgies<br />

5. Autres irradiations dans le membre inférieur<br />

6. Le canal lombaire étroit<br />

7. Le spondylolisthésis<br />

8. Troubles statiques, cyphose et scoliose<br />

A. Rappel physiologique<br />

1. Anatomie fonctionnelle<br />

La colonne est composée de 24 vertèbres (7 cervicales, 12 dorsales, 5 lombaires), le sacrum et<br />

coccyx appartenant au bassin. La colonne ou rachis est un système complexe :<br />

• qui soutient le corps et la tête,<br />

• qui protège la moelle et les racines,<br />

• qui est maintenu par un puissant haubanage musculaire.<br />

Hormis les deux premières cervicales, chaque vertèbre comprend<br />

• un corps vertébral qui s'articule avec la vertèbre voisine par le disque intervertébral. Le corps<br />

vertébral est constitué d'os spongieux entouré d'un os cortical. Sa face supérieure et inférieure<br />

représente le plateau vertébral. Il est séparé du disque par un cartilage. C'est par cette interface<br />

que se font les échanges métaboliques du disque. Le disque intervertébral comprend en son<br />

centre le nucleus pulposus qui est un gel riche en eau. Ce noyau (sous pression) est contenu par<br />

un anneau fibreux. Ce système permet d'amortir les contraintes mécaniques de façon efficace;<br />

• deux articulations supérieures et inférieures à l'arrière, les lames, les apophyses et les pédicules;<br />

90


• le canal vertébral dans lequel se trouve la moelle épinière est circonscrit par le corps et le disque à<br />

l'avant et le pédicule et les lames derrière.<br />

Chaque pièce osseuse est unie à sa voisine par des ligaments et deux articulations, outre le disque.<br />

Les mouvements de la colonne se font dans les trois plans de l'espace :<br />

• flexion-extension<br />

• inclinaison latérale<br />

• rotation.<br />

2. Anatomie topographique<br />

Colonne cervicale<br />

Elle permet la flexion, l'extension et la rotation de la tête.<br />

Les 2 premières cervicales sont particulières. C1 ("l'atlas") n'a pas de corps et ressemble à un<br />

anneau à 2 articulations latérales. C2 ("l'axis") possède l'apophyse odontoïde qui est solidarisée à<br />

C1 par un ligament puissant, le ligament transverse. L'articulation C1-C2 permet la moitié de la<br />

rotation de la colonne cervicale, l'autre moitié se répartissant entre C2 à C7.<br />

Les autres vertèbres C3 à C7 ont un aspect similaire. Elles ont un corps qui s'articule avec le disque<br />

sus et sous-jacent. Latéralement, le corps est limité par l'apophyse unciforme. Les vertèbres<br />

s'articulent entre elles par les apophyses articulaires. Devant celles-ci, il y a les apophyses<br />

transverses dans lesquelles passe l'artère vertébrale. Les 2 artères vertébrales se rejoignent dans le<br />

crâne pour former le tronc basilaire. La flexion et l’extension sont maximales entre C4 et C6. Il n'y<br />

a presque aucun mouvement entre C7-D1.<br />

Colonne dorsolombaire<br />

Les 17 pièces osseuses augmentent de taille vers la région caudale. Les disques intervertébraux sont<br />

plus épais à chaque passage vers le niveau caudal. Seul, le disque L5-S1 est moins épais que le L4-<br />

L5, le plus large de toute la colonne.<br />

Schématiquement, le canal rachidien divise la vertèbre en une partie antérieure avec le corps et une<br />

postérieure avec les deux pédicules, lames et apophyses (transverses, articulaires et épineuse).<br />

Au thorax, les côtes limitent la mobilité de la colonne thoracique.<br />

La moelle épinière s'arrête au niveau L1-L2 et se prolonge par la queue de cheval.<br />

91


3. Neuroanatomie<br />

La moelle est en continuité avec le cerveau, s'étendant du foramen magnum jusqu'à L2. La moelle<br />

occupe 50 % du canal médullaire au niveau cervical et un peu moins plus bas. La moelle est<br />

entourée par la dure-mère. Entre les deux, circule le liquide céphalo-rachidien qui protège la moelle<br />

en amortissant les chocs. La moelle est encore protégée par la graisse épidurale qui se trouve entre<br />

la dure-mère et le canal rachidien.<br />

La moelle épinière ne descend que jusqu'à L1-L2. (En fait, la moelle a grandi moins vite que la<br />

colonne osseuse). En dessous, il n'y a plus que des racines. Les racines sont en contact des disques<br />

intervertébraux et les parois osseuses. Elles peuvent être menacées par une saillie discale ou un<br />

ostéophyte. A chaque segment, une racine sort par le trou de conjugaison. Pour les racines<br />

thoraciques et lombaires, les racines ont les noms de la vertèbre sus-jacente (ex. la racine L4 passe<br />

entre L4-L5). Pour les racines cervicales, elles ont le nom de la vertèbre sous-jacente à l'exception de<br />

C8 (7 vertèbres cervicales, 8 racines cervicales) (ex. C5 passe entre C4-C5, C8 entre C7 et D1).<br />

B. pathologie traumatique de la colonne vertébrale<br />

1. Généralités<br />

Il faut un traumatisme violent pour provoquer une lésion de la colonne.<br />

Les lésions varient en fonction de la topographie<br />

• charnière dorsolombaire : c'est le siège le plus fréquent des traumatismes et notamment des<br />

tassements<br />

• colonne cervicale : siège de luxation-fracture fréquente<br />

• colonne dorsale : siège de fracture comminutive et fréquence élevée de paraplégie.<br />

On estime à 800 cas le nombre annuel de paraplégies traumatiques en France (Argenson, 1995).<br />

2. Rachis cervical<br />

Les traumatismes de la colonne cervicale prédominent chez le sujet jeune avec un pic de 20 à 30 ans.<br />

Ce sont les accidents de voiture qui en sont la cause principale. La 2e cause est représentée par les<br />

accidents de plongée.<br />

Mécanismes des lésions<br />

92


On distingue classiquement les lésions par hyperflexion, hyperextension et des lésions en<br />

compression.<br />

On peut observer des entorses, des luxations ou des fractures.<br />

On peut individualiser certaines fractures :<br />

• fracture de Jefferson : fracture-séparation de l'atlas (C1)(compression)<br />

• "Burst fractures" : fracture comminutive du corps vertébral (compression)<br />

• fracture du pendu (hangman): fracture des pédicules de l'axis (C2) (hyperextension)<br />

• fracture en "tear drop" : fracture-luxation postérieure du corps. Un fragment antérieur est<br />

souvent repoussé prenant l'aspect d'une goutte de larme ("tear") (hyperflexion).<br />

Sur le plan ostéoarticulaire, 3 conséquences sont possibles<br />

L'instabilité qui peut apparaître d'emblée ou secondairement. Elle se traduit par un déplacement<br />

anormal qui peut menacer la moelle. Les lésions peuvent être instables d'emblée ou n'être<br />

qu'instables provisoirement càd le temps de la consolidation (90 jours environ). Si la probabilité<br />

d'une consolidation orthopédique est mince, il vaut mieux recourir à la fixation chirurgicale pour<br />

assurer cette consolidation. Enfin, les lésions instables durablement (pour lesquelles aucune<br />

consolidation spontanée ne peut être espérée) seront également fixées chirurgicalement.<br />

• Un cal devient vicieux quand l'angulation frontale est > à 10° et sagittale > 15°.<br />

• Une sténose du canal rachidien peut menacer de compression la moelle et doit être levée<br />

lorsqu'elle atteint 30 % du diamètre antéro-postérieur du canal vertébral.<br />

Lésions neurologiques<br />

Une lésion radiculaire peut être causée par une facette luxée ou fracturée ou par une fracture de<br />

l'apophyse unciforme. Ces lésions se rapprochent de celles du nerf périphérique.<br />

Les lésions médullaires peuvent être intrinsèques ou extrinsèques.<br />

Intrinsèques<br />

Possibilité d'une sidération ou commotion médullaire : il s'agit d'un bloc spinal sans lésion<br />

anatomique. Cette sidération ne dure que 48 heures maximum. Passé ce délai, le tableau est dû à des<br />

lésions anatomiques. La réapparition d'un réflexe bulbo-caverneux (voir infra) signe la fin d'une<br />

sidération éventuelle.<br />

La contusion médullaire : lésions élémentaires d'hémorragies, nécrose, oedème, thrombose.<br />

93


La rupture médullaire est rare.<br />

Extrinsèques<br />

Compressions par le disque ou l'os fracturé ou luxé.<br />

Examen clinique<br />

Ramassage et transport<br />

Sur les lieux de l'accident<br />

Dès les premières minutes, le pronostic vital et fonctionnel d'un traumatisé cervical peut être<br />

compromis par des manipulations inadéquates.<br />

Tout blessé est a priori suspect d'une lésion vertébrale.<br />

Maintien des fonctions vitales (cathéter iv, perfusion lente, atropine 0.5-1 mg iv si bradycardie <<br />

55/min, oxygène 6-9l/min., Trendelenburg 30°) pour prévenir un arrêt cardiaque. Un tétraplégique<br />

présente une bradycardie réflexe, une hypotension liées à la lésion médullaire et une hypothermie<br />

par vasodilatation périphérique.<br />

Premier examen sommaire sans bouger le malade : recherche de point douloureux, examen<br />

neurologique. Réconforter le blessé et le couvrir (risque d'hypothermie).<br />

Transport<br />

En cas de suspicion ou chez un blessé inconscient, placement d'un collier mousse si disponible<br />

(attention, ce collier peut donner un sentiment de fausse sécurité par l'immobilisation relative qu'il<br />

donne et peut être gênant en cas d'emphysème sous-cutané suite à une lésion thoracique ou<br />

trachéale) ou mieux, attelle rigide postérieure et sangle frontale.<br />

Toute manipulation du blessé se fait en monobloc avec traction douce longitudinale.<br />

Patient conscient : immobilisation en décubitus dorsal dans un matelas-coquille ou équivalent.<br />

Patient inconscient : vérifier d'abord la liberté des voies aériennes (langue, dentier, corps étranger).<br />

On considère ici que le risque de vomissement et de fausse déglutition fait préférer le décubitus<br />

latéral en maintenant une traction.<br />

Admission<br />

Maintien des fonctions vitales.<br />

Bilan clinique et ostéoarticulaire.<br />

94


Bilan neurologique.<br />

Bilan neurologique<br />

L'examen neurologique détaillé à l'admission est impératif.<br />

Examen de la motricité<br />

Flexion de hanche L2<br />

Extension du genou pour L3<br />

Flexion dorsale de la cheville pour L4<br />

Extension des orteils pour L5<br />

Flexion plantaire de la cheville pour S1<br />

Flexion du coude pour C5<br />

Extension du poignet pour C6<br />

Extension du coude pour C7<br />

Flexion des phalanges distales pour C8<br />

Abduction 5e doigt pour D1<br />

Examen de la sensibilité (tact, piqûre, sens de la position des doigts, douleur).<br />

Elle est évaluée dermatome par dermatome de C2 à S4 pour le toucher et la piqûre.<br />

Réflexes : recherche du caractère asymétrique, Babinski).<br />

Fonctions végétatives.<br />

Le niveau de la paraplégie est défini par la limite supérieure du déficit sensitif et moteur constaté.<br />

Les lésions seront classées tétraplégies complètes ou incomplètes.<br />

Le score de Frankel classe les lésions de complète (score A) à incomplète (scores B, C, D) et le<br />

score E désigne l'absence de lésion neurologique. Les chances de récupération d'une lésion complète<br />

après 48 heures sont quasi nulles.<br />

Une lésion sera incomplète (épargne d'origine sacrée : en effet, les métamères sacrés sont souvent les<br />

derniers à être épargnés) s’il persiste<br />

• une sensibilité périanale, une contraction du sphincter anal (toucher rectal);<br />

• la découverte d'un tonus anal ou d'une sensibilité transforme la paraplégie de complète en<br />

incomplète;<br />

95


• réflexe bulbo-caverneux ou clitoridoanal : la pression du gland ou du clitoris ou la traction légère<br />

sur la sonde vésicale (stimule le trigone vésical) provoque la contraction réflexe du sphincter anal.<br />

Si le réflexe est absent et le sphincter atone, une sidération médullaire ne peut pas être exclue.<br />

Après 48 heures, s’il n'y a aucune motricité ni sensibilité et que le réflexe bulbo-caverneux est à<br />

nouveau présent, le diagnostic d'une lésion complète peut être confirmé.<br />

Lorsqu'il y a une lésion médullaire traumatique, on peut protéger la moelle et améliorer le pronostic<br />

par un traitement cortisonique à haute dose de courte durée : Solu-Médrol (méthylprednisolone) IV,<br />

30 mg/kg à l'admission et endéans les 8 premières heures après le traumatisme suivi d'une injection<br />

Traitement ostéoarticulaire<br />

à 5 mg/kg/h pendant 24 heures, puis ce traitement est arrêté.<br />

Lésions non déplacées et stables : collier mousse ou minerve plus rigide selon les cas.<br />

Lésions instables : traction par halo crânien (réduction, contention) puis chirurgie ou minerve ou<br />

halo-jaquette.<br />

La chirurgie peut se faire par voie antérieure et/ou par voie postérieure (la chirurgie peut être<br />

indiquée en cas de visualisation en résonance d'un oedème avec une compression car une réversibilité<br />

peut être espérée contrairement à la visualisation d'une hémorragie intramédullaire, qui péjore le<br />

pronostic).<br />

L'objectif de la chirurgie est double :<br />

• décomprimer la moelle<br />

• stabiliser la colonne.<br />

Soins à un tétraplégique : voir syllabus de médecine physique et réadaptation.<br />

3. Rachis dorsolombaire<br />

C'est la région thoracolombaire qui est la plus exposée aux traumatismes car elle fait la transition<br />

entre une zone rigide et une zone mobile. Une hyperflexion forcée est la cause la plus fréquente. La<br />

région de D12 à L2 compte plus de 50 % des traumatismes de la colonne vertébrale. Cette zone<br />

représente environ 40 % de toutes les lésions de la moelle épinière. Dans les fractures<br />

thoracolombaires, on observe 30 % de lésions neurologiques.<br />

96


Comme pour les blessés du rachis cervical, on insistera sur la valeur de l'examen neurologique à<br />

l'admission.<br />

Il faut pouvoir répondre aux questions suivantes : y a-t-il une atteinte neurologique et si oui, est-elle<br />

complète ou partielle ?<br />

Lésions sans complications neurologiques<br />

Le blessé ne peut se plaindre que de lombalgies aiguës. On recherchera alors une douleur à la<br />

palpation des épineuses et une contracture des muscles paravertébraux.<br />

On se méfiera d'un iléus réflexe posttraumatique qui peut égarer le diagnostic vers une pathologie<br />

abdominale.<br />

(Une lésion du rachis peut simuler ou au contraire masquer une lésion viscérale associée.<br />

Une fracture d'une vertèbre dorsale peut donner un élargissement du médiastin simulant une<br />

rupture artérielle mais peut aussi s'associer à une dissection aortique. Une fracture de la<br />

colonne lombaire peut donner une défense abdominale et une dialyse rosée par le biais d'un<br />

hématome rétropéritonéal).<br />

Une radiographie complétée par un scanner ou résonance confirmera le diagnostic.<br />

La consolidation est de règle en 2 à 3 mois. Les séquelles sont dominées par les douleurs suite à<br />

l'arthrose et à une déformation résiduelle éventuelle.<br />

La majorité de ces fractures ne nécessite qu'un traitement simple : repos au lit quelques jours, suivi<br />

de kinésithérapie. Certaines fractures doivent être immobilisées dans un corset plâtré après<br />

réduction, le cas échéant. Une fracture instable, càd susceptible de s'aggraver ou de se déplacer, sera<br />

traitée chirurgicalement.<br />

Lésions avec complications nerveuses<br />

Les complications neurologiques dépendent du niveau : moelle jusqu'à L1 et queue de cheval (cauda<br />

equina), du déplacement initial et de la réserve d'espace disponible du canal rachidien. On retiendra<br />

surtout que c'est la violence du traumatisme initial qui induit en majeure partie la lésion<br />

neurologique. Nous n'avons aucune emprise sur cette "lésion primaire".<br />

• Une paraplégie complète (paralysie flasque des membres inférieurs) peut être le fait d'une<br />

sidération médullaire. Celle-ci peut être objectivée par la disparition du réflexe bulbo-caverneux.<br />

La sidération ne dure pas plus de 48 h maximum. Si le réflexe réapparaît et qu'il n'y a aucune<br />

amélioration de la sensibilité ou motricité périnéale, la paralysie est complète. Le non-retour du<br />

réflexe bulbo-caverneux a la même signification, càd que le centre médullaire de ce réflexe est lésé.<br />

97


Outre l'atteinte motrice et sensitive, il y a une atteinte des sphincters avec rétention vésicale et<br />

incontinence anale.<br />

• Une décompression chirurgicale précoce sera peut-être indiquée dans certains cas de paraplégie<br />

incomplète et compression médullaire ou radiculaire. Le traitement sera aussi chirurgical en cas<br />

de lésions déplacées ou instables. Une lésion stable avec une paraplégie complète d'emblée peut<br />

être traitée par corset.<br />

C. Pathologie non traumatique de la colonne vertébrale<br />

1. Les cervicobrachialgies<br />

Elles surviennent plus volontiers au niveau C5-C6/C6-C7, qui sont les niveaux les plus mobiles.<br />

Une hernie peut créer un conflit radiculaire et/ou médullaire, en fonction de sa localisation latérale ou<br />

centrale. Un ostéophyte peut également comprimer une racine.<br />

Clinique<br />

Douleur d'apparition progressive ou présente d'emblée au lever sous forme de raideur du cou (peut<br />

aller jusqu'au torticolis), associée à une douleur du cou irradiant dans l'épaule ou l'omoplate voire<br />

jusque dans les doigts. Des paresthésies peuvent accompagner cette douleur. La douleur est<br />

augmentée à la toux, l'éternuement (impulsivité). L'hypoesthésie est souvent présente, de même<br />

que la parésie. Une asymétrie des réflexes aide à localiser la cause : bicipitale (C5-C6), tricipitale<br />

(C7).<br />

Diagnostic<br />

La radiographie standard permet d'exclure d'autre causes de douleur cervicale mais ne peut<br />

visualiser un conflit discoradiculaire. La tomodensitométrie ou la résonance permettront de<br />

faire le diagnostic.<br />

Diagnostic différentiel<br />

• Tumeur médullaire (absence de réponse au traitement symptomatique, résonance).<br />

• Cervicarthrose (signes neurologiques absents).<br />

• Syndrome de la traversée cervicothoracique (imagerie).<br />

98


Traitement<br />

Il est conservateur dans la grande majorité des cas. Repos au lit si nécessaire, collier mousse ou<br />

minerve en plastique en fonction de l'acuité des symptômes. Antalgiques et AINS. Péridurale<br />

cervicale. En cas de douleur rebelle ou de signes déficitaires, une discectomie percutanée ou<br />

chirurgicale (abord antérieur) sera réalisée.<br />

2. La myélopathie cervicale<br />

Il s'agit d'une compression médullaire progressive suite à une diminution du canal rachidien (arthrose<br />

cervicale). Elle produit une faiblesse musculaire, une aréflexie aux membres supérieurs et une<br />

spasticité et une hyperréflexie aux membres inférieurs. Une incontinence sphinctérienne peut<br />

également être présente dans les cas évolués.<br />

Une tétraplégie peut également se produire à la suite d'un mouvement banal chez un sujet avec une<br />

cervicarthrose évoluée. La moelle étant à l'étroit, une hyperextension peut provoquer une ischémie<br />

et la paralysie.<br />

Le traitement est chirurgical et consiste à élargir le canal par un abord antérieur.<br />

3. Les lombalgies<br />

Incidence<br />

Seulement 2/10 personnes passeront leur existence sans douleur rachidienne. Les lombalgies<br />

représentent la première cause de consultation en pathologie de l'appareil locomoteur. Elles sont<br />

transitoires le plus souvent, ne persistant plus de 2 mois que chez 10 % de patients. 7 % de<br />

patients restent lombalgiques plus de 6 mois.<br />

L'identification de la structure anatomique en cause n'est pas toujours évidente.<br />

Facteurs de risque<br />

Le risque de devenir lombalgique est augmenté en cas d'antécédents de traumatisme lombaire, en cas<br />

d'arthrose des mains, genoux et hanche; l'exposition aux vibrations causées par des véhicules ou<br />

machines industrielles est aussi un facteur de risque. Néanmoins, le poids des facteurs<br />

psychosociaux apparaît encore plus important. Plus que le travail en station debout prolongée, un<br />

travail en antéflexion, les efforts de soulèvement, un travail<br />

99


monotone ou peu satisfaisant sont plus importants dans les lombalgies.<br />

Etiologies<br />

La lombalgie n'est pas une maladie mais un symptôme. Le traitement sera le plus souvent<br />

symptomatique et non causal.<br />

Il faut d'abord déterminer le caractère inflammatoire ou mécanique des douleurs.<br />

Lombalgies d'horaire inflammatoire<br />

Le caractère inflammatoire est défini par l'horaire nocturne de la douleur, réveillant le patient dans la<br />

2e partie de la nuit et se poursuivant par un dérouillage matinal de longue durée.<br />

• Lombalgies extrarachidiennes<br />

− fissuration d'anévrisme aortique,<br />

− dissection de l'aorte,<br />

− tumeurs du pelvis ou rénale...<br />

• Lombalgies rachidiennes<br />

− Infection (spondylodiscite ou spondylite. Diagnostic par ponction-biopsie.<br />

Localisation au rachis d'hémopathies malignes.<br />

− Tumeur osseuse (ostéome ostéoïde) ou nerveuse (neurinome etc., lombalgie avec grande<br />

raideur et Rx négative).<br />

− Spondylarthrite ankylosante (lombalgies inflammatoires avec fessalgies à bascule).<br />

− Après 50 ans, évoquer de principe face à une lombalgie persistante une métastase<br />

vertébrale ou un myélome.<br />

Lombalgies d'horaire mécanique<br />

Ce sont les lombalgies les plus fréquentes. Tantôt aiguës (< 3 mois), tantôt chroniques.<br />

Lombalgies aiguës<br />

C'est le lumbago ("tour de rein" en langage populaire). Douleur brutale, violente dans le bas du dos à<br />

la suite d'un effort banal et anodin. La douleur est exacerbée par le moindre effort, la toux.<br />

Sensation de blocage lombaire.<br />

100


Clinique<br />

En phase aiguë, il y a souvent une attitude antalgique avec un spasme paravertébral important<br />

consécutif à une pathologie vertébrale sous-jacente avec soit une déviation latérale du rachis<br />

lombaire dite "en baïonnette" ou une attitude en cyphose.<br />

Raideur lombaire mesurée par la distance doigts-sol lorsque cette manoeuvre peut être réalisée. Le<br />

schéma en étoile de Maigne est utile pour apprécier les mobilités et surtout l’évolution de celle-ci.<br />

L'indice de Schöber est un autre repère quantitatif mais peu reproductible. En flexion antérieure, il<br />

mesure l'allongement d'une distance de 10 cm à partir de l'interligne lombo-sacré en station verticale.<br />

Chez un sujet normal, cette distance s'allonge jusqu'à 15 cm en flexion maximale.<br />

Evolution : favorable. Guérison en une semaine. Anti-inflammatoires et décontracturants (débuter<br />

par une IM (max. 2 x/j pendant 2 j) : Voltaren [diclofenac], Rofenid [kétoprofène], Feldène<br />

[piroxicam], Tilcotil [tenoxicam] ou suppo 1 à 2 x/j : Voltaren 100 mg, Indocid ou Dolcidium 100<br />

mg ou Rofénid 100 mg). Repos si possible au lit.<br />

Les radiographies sont inutiles, sauf si le diagnostic n'est pas évident ou si le 1er épisode chez un<br />

patient de > 50 ans (suspecter une métastase).<br />

Diagnostic différentiel : tassement d'une vertèbre ostéoporotique chez une femme de > 60 ans. La<br />

douleur siège de préférence à la jonction dorsolombaire. Disparition progressive des douleurs en 3-6<br />

semaines.<br />

Lombalgies chroniques<br />

Dans plus de la moitié des cas, aucun diagnostic lésionnel précis ne sera porté.<br />

La plupart du temps, la lombalgie relève cliniquement d'une origine discale :<br />

• douleur lombaire basse, centrale ou en barre<br />

• douleur à la flexion du tronc<br />

• douleur pendant ou après un effort de soulèvement ou après vibrations (équitation, tracteur,<br />

camion)<br />

• raideur segmentaire du rachis lombaire<br />

• relèvement en s'appuyant sur les cuisses ou en fléchissant les genoux<br />

• soulagement en décubitus dorsal.<br />

Parfois, la lombalgie relève plus d'une douleur d'origine facettaire. En effet, les apophyses<br />

articulaires postérieures sont mises en charge en hyperextension du tronc. Cette origine sera<br />

suspectée lors de:<br />

101


• douleur au relèvement du tronc,<br />

• douleur latéralisée, paravertébrale et unilatérale,<br />

• douleur en décubitus dorsal (lors du changement de position),<br />

• douleur augmentée en hyperextension ou en torsion du tronc.<br />

Ces douleurs peuvent irradier dans l'aine, la fesse ou la cuisse mais plus rarement plus bas.<br />

Enfin, les lombalgies peuvent être également d'origine mixte, càd à la fois discale et facettaire chez<br />

des patients âgés de plus de 50 ans (ex. canal lombaire étroit).<br />

Le traitement sera le plus souvent symptomatique :<br />

• médicamenteux (antalgiques, AINS, antidépresseurs),<br />

• kinésithérapie (école du dos, voir Médecine physique),<br />

• physiothérapie,<br />

• lombostat (action dissuasive, plus qu'une contention mécanique vraie qui nécessiterait<br />

d'immobiliser la cuisse aussi...),<br />

• manipulations en décoaptation des facettes s’il s'agit d'un syndrome facettaire,<br />

• rhizolyse lombaire : thermocoagulation des branches nerveuses des articulaires postérieures,<br />

• chirurgie (arthrodèse, discectomie). Celle-ci n'est réalisée que dans des cas bien sélectionnés.<br />

4. Les lomboradiculalgies<br />

La sciatique et la cruralgie sont des douleurs ressenties dans un territoire radiculaire précis la plupart<br />

du temps, à la suite d'un conflit entre la racine et le disque. Ce conflit résulte le plus souvent d'une<br />

hernie discale mais peut aussi survenir sur un contact avec un ostéophyte ou résulter d'une<br />

compression du nerf par une tumeur se développant dans le bassin. Elle survient le plus souvent<br />

vers 30-40 ans et peut se voir à partir de l'adolescence et jusqu'à vers 60 ans.<br />

Symptômes<br />

• Un effort déclenchant est retrouvé dans la moitié des cas.<br />

• La radiculalgie apparaît après un épisode de lombalgies (avec souvent une diminution<br />

voire une disparition de la douleur lombaire).<br />

• Des antécédents de lombalgies ou de lumbagos sont fréquemment retrouvés.<br />

102


• La douleur est due à l'inflammation du nerf tandis que la compression est responsable de<br />

paresthésies (fourmillements, brûlure), de crampes. La douleur peut être très intense ("sciatique<br />

hyperalgique", intolérable, clouant le patient au lit).<br />

Topographie de la douleur radiculaire<br />

• L5 : fesse, zone postéro-externe de la cuisse et de la jambe, dos du pied et face dorsale du gros<br />

orteil. Une douleur en étau de la cheville est évocatrice de L5.<br />

• S1 : fesse, face postérieure de la cuisse et jambe, bord externe du pied, plante et petits orteils.<br />

La topographie n'est pas toujours aisée à localiser quand l'atteinte est incomplète.<br />

Facteurs de majoration de la radiculalgie<br />

• Impulsivité; augmente à la toux, défécation, éternuement. Signe le conflit disco-radiculaire.<br />

• Manoeuvre de Lasègue : l'élévation progressive du membre inférieur, genou tendu, réveille la<br />

douleur à partir d'un certain angle. Plus l'angle est petit, plus la sciatique est sévère. Cette<br />

manoeuvre étend progressivement la racine et permet de reproduire la douleur. Attention : au-<br />

delà de 70°, il n'y a plus de traction sur la racine, de sorte qu'une douleur apparaissant à partir de<br />

cet angle n'a plus de valeur.<br />

• Le Lasègue contralatéral : l'élévation de la jambe du côté indolore réveille la douleur du côté<br />

douloureux (ce signe est pathognomonique d'une hernie discale importante).<br />

• Apparition de la douleur radiculaire à la flexion de la nuque : signe de Néri.<br />

• Position : la sciatique typique est bien soulagée par le décubitus. (Si le patient est réveillé la nuit<br />

par la douleur, il faut penser à une tumeur ou à un syndrome facettaire).<br />

Examen neurologique<br />

Il précise la souffrance radiculaire et sa gravité.<br />

Sensibilité : rechercher une hypoesthésie superficielle (palpation symétrique)<br />

Hypoesthésie bord externe du pied, talon : S1.<br />

Hypoesthésie dos du pied, 1er espace interdigital : L5.<br />

Hypoesthésie face interne tibia : L4.<br />

Motricité : demander au patient un test simple<br />

Marche sur la pointe des pieds : S1.<br />

Marche sur les talons : L5.<br />

103


Vérifier la symétrie de la force.<br />

Réflexes : la recherche a une valeur localisatrice.<br />

Etiologie<br />

Absence ou asymétrie d'un réflexe rotulien : L4, L3.<br />

Absence ou asymétrie d'un réflexe achilléen : S1.<br />

L'atteinte de la racine est due à une hernie discale dans 95 % des cas.<br />

Tantôt, c'est le nucleus et l'anneau fibreux qui le contient qui font saillie dans le canal ("protrusion"),<br />

tantôt, c'est le nucleus seul qui fait irruption dans le canal à travers une fissure de l'anneau fibreux<br />

(hernie discale).<br />

Il ne faut cependant pas oublier que tout processus infectieux ou tumoral peut comprimer la racine<br />

ou son trajet plus distal ("atteinte tronculaire") et provoquer les mêmes symptômes. L'atteinte<br />

radiculaire peut encore être d'origine métabolique (polynévrite diabétique) ou virale (zona)<br />

Evolution<br />

On estime qu'environ 85 % des sciatiques par conflit disco radiculaire guérissent en quelques jours<br />

sans traitement ou avec un traitement symptomatique léger (repos, AINS, antalgiques). Si<br />

l'anamnèse et l'examen clinique permettent d'affirmer le diagnostic, il ne faut pas demander d'examen<br />

complémentaire (sauf si suspicion de fracture, si patient âgé ou état général altéré).<br />

Aucun signe clinique n'est prédictif de l'évolution favorable ou défavorable de la sciatique (une<br />

sciatique très invalidante, avec attitude antalgique et un Lasègue serré peut guérir totalement).<br />

Formes cliniques<br />

Il convient d'isoler des formes graves pour lesquelles un traitement chirurgical est indiqué.<br />

Sciatique hyper algique : ce qualificatif évoque le caractère intolérable de la douleur qui cloue le<br />

patient au lit et lui interdit tout effort de toux, éternuement. De plus, la douleur répond mal aux<br />

AINS voire à la cortisone (1,5 mg/Kg/j) pendant 3 jours.<br />

104


Syndrome de la queue de cheval : l'apparition brutale d'une parésie flasque des membres<br />

inférieurs, associée à des troubles sphinctériens et une anesthésie périnéale en selle réalise un<br />

syndrome complet de la queue de cheval, généralement provoqué par une hernie discale massive.<br />

L'intervention doit être réalisée le plus rapidement possible pour minimiser les séquelles sensitives<br />

et/ou motrices.<br />

L'atteinte peut être incomplète, se traduisant par une atteinte du sphincter urinaire se manifestant<br />

soit par une incontinence soit par une rétention indolore avec mictions par regorgement. Y sont<br />

associées plus ou moins une atteinte de la sensibilité périnéale, une diminution de la sensation de<br />

passage des urines et/ou matières fécales.<br />

Dans ces cas, le traitement sera également chirurgical. Le degré d'urgence sera fonction de la sévérité<br />

de l'atteinte et surtout de la rapidité de celle-ci.<br />

Sciatique paralysante : présence d'un déficit moteur égal à 3 au testing musculaire : incapacité à<br />

réaliser un mouvement complet sans résistance. Elle intéresse dans 80 % des cas la racine L5. Le<br />

déficit dans la zone S1 est plus rare et la parésie moins intense.<br />

Si l'atteinte porte sur l'ensemble des muscles dépendant de la racine lésée (L5 : extenseurs gros<br />

orteils et orteils, fibulaires), si elle s'installe en quelques heures ou si elle s'aggrave, l'indication<br />

chirurgicale sera posée. L'expectative est de mise s’il y a des signes évidents de récupération. La<br />

récupération motrice est inconstante et non prédictible. On estime qu'un déficit d'installation<br />

rapide et égal à 3 a plus de chance de récupérer avec la chirurgie.<br />

Examens complémentaires<br />

Les radiographies standard permettent d'exclure une pathologie tumorale, inflammatoire ou<br />

infectieuse. Un grand cliché de face et un profil centré sur L4-L5 suffiront. Un 3/4 sera demandé en<br />

cas de lyse isthmique (spondylolisthésis). Ces clichés permettent le comptage des vertèbres<br />

lombaires et de détecter toute anomalie de transition entre L5 et le sacrum.<br />

Un scanner ou une RMN ne seront demandés qu'en cas d'échec du traitement médical et avant un<br />

traitement chirurgical.<br />

L'EMG ne sera utile qu'en cas de doute ou d'atteinte peu typique.<br />

105


Traitement médical<br />

• Repos : il sera indiqué si cela est possible pour une huitaine de jours dans la phase aiguë. Il ne<br />

semble pas utile dans les sciatiques chroniques.<br />

• Lombostat : son action thérapeutique n'a pas été démontrée mais il a l'avantage de réduire la<br />

mobilité du patient (sa présence n'empêche pas la mobilisation des 2 derniers disques lombaires).<br />

Il peut être porté par intermittence, pour les activités contraignantes. Il peut être remplacé par<br />

un corset en plâtre ou en résine.<br />

• AINS : ils ont leur place puisqu’il y a une composante inflammatoire.<br />

• Corticothérapie :<br />

− la voie générale n'a que peu de justification sauf dans les sciatiques hyper algiques (1-<br />

1,5 mg/Kg/j prednisone);<br />

− la voie épidurale est la plus logique puisqu'elle permet d'atteindre le lieu du conflit avec<br />

un minimum d'effets généraux. L'infiltration peut être renouvelée trois fois;<br />

− l'infiltration foraminale (par le trou de conjugaison) est logique si le conflit se passe à<br />

la sortie du trou de conjugaison.<br />

• Traction lombaire : son efficacité n'a pas été démontrée. Elle oblige au repos au lit.<br />

• Manipulations vertébrales : elles sont de principe contre-indiquées en cas de hernie discale.<br />

• Kinésithérapie : elle est utile une fois passée la phase algique pour prévenir les récidives en<br />

développant les muscles para vertébraux et les lombopelviens.<br />

• Traitements percutanés : ils sont une alternative à la chirurgie classique. Ils évitent le canal<br />

rachidien.<br />

Chimionucléolyse : la chympapaïne est une enzyme végétale dérivée de la papaye et capable de<br />

digérer les glycoaminoglycanes du nucleus pulposus. L'injection se fait sous anesthésie locale et<br />

sédation. Elle donne 70 % d'efficacité. Elle peut provoquer des accidents allergiques et beaucoup<br />

plus rarement neurologiques. Elle occasionne également un pincement discal.<br />

Nucléotomie percutanée : elle réalise une décompression mécanique du disque par retrait du<br />

matériel discal à la pince. Pour accéder au nucleus, il faut réaliser une trépanation de l'annulus. Ceci<br />

permet de créer une fenêtre permanente par laquelle la pression du disque est diminuée. Elle ne<br />

cause pas de pincement discal ni de lombalgies. Elle n'a qu'une action indirecte sur la hernie qu'elle<br />

n'enlève jamais (la pression diminue). Aucune complication sérieuse n'a été rapportée. Elle est<br />

106


efficace dans 60 % des sciatiques rebelles. Dans notre expérience, un quart des patients devra avoir<br />

ensuite une intervention classique.<br />

Intervention chirurgicale classique : la discectomie chirurgicale.<br />

Patient opéré sur le ventre. Abord limité au côté douloureux. Exérèse du ligament jaune qui permet<br />

l'accession dans le canal rachidien. La racine est réclinée, la hernie est excisée et le disque est cureté<br />

localement. (Ainsi, pour une hernie refoulant la racine S1 gauche, seule la racine gauche est abordée<br />

et le disque L5-S1 sera cureté par le côté gauche). Hospitalisation : 6 jours, lever 3e jour. Reprise<br />

du travail : entre 2 à 3 mois en fonction du type d'activité. Lombostat éventuellement. L'efficacité<br />

de la chirurgie est de l'ordre de 85 % de guérison ou de bons résultats.<br />

5. Autres irradiations dans le membre inférieur<br />

Lombalgies d'origine facettaire, donnant des pseudo-sciatalgies dépassant rarement le creux poplité.<br />

La douleur diminue à la marche, à la mise en cyphose lombaire.<br />

Sciatique non discale d'origine tumorale, infectieuse.<br />

Méralgie paresthésie ou névralgie du nerf fémoro-cutané. Dysesthésie de la face externe de la cuisse<br />

(engourdissement, brûlure, picotements). Elle est liée à une atteinte tronculaire du nerf lors de son<br />

passage dans la fosse iliaque interne ou de son émergence sous le ligament inguinal. La méralgie se<br />

traite par infiltration du nerf avec un corticoïde.<br />

La cruralgie : elle est nettement moins fréquente que la sciatique.<br />

Elle survient en général plus tard que la sciatique, le plus souvent entre 50-60 ans, càd 15 ans plus<br />

tard que la sciatique.<br />

La lombalgie peut ne pas être présente mais la douleur est toujours présente dans la cuisse, à sa face<br />

antéro-externe puis, le cas échéant, croise et descend à la face antéro-interne de la jambe. La douleur<br />

est d'intensité variable mais souvent intense.<br />

Elle est objectivée par la manœuvre de Lasègue inversée (ou d'Ely) : patient en décubitus ventral.<br />

L'examinateur fléchit le genou sur la cuisse, mettant ainsi en tension le nerf crural (fémoral).<br />

L'épreuve est positive quand elle reproduit la douleur quadricipitale.<br />

Clinique<br />

Aréflexie ou hyporéflexie rotulienne si atteinte de la racine L3 ou L4.<br />

Hypoesthésie superficielle de la face antérieure de la cuisse.<br />

107


Parésie assez fréquente du quadriceps (rarement inférieure à 3, responsable alors de dérobement à la<br />

marche ou à la descente des escaliers.<br />

Amyotrophie rapide.<br />

Imagerie<br />

Scanner ou résonance qui objective un conflit entre le disque et la racine.<br />

Traitement<br />

Il est médical dans 95 % des cas et la réponse est favorable endéans les 3 mois. Il est chirurgical<br />

dans les rares formes sans réponse.<br />

6. Le canal lombaire étroit<br />

Affection se traduisant par des lombalgies et des douleurs dans les membres inférieurs.<br />

Clinique<br />

Plus fréquent chez l'homme après 40 ans. Le tableau clinique est très variable. Le plus classique est<br />

celui d'un homme ayant des douleurs fessières ou dans les membres inférieurs après la marche. Ces<br />

douleurs disparaissent en se couchant ou en se penchant en avant.<br />

Le patient peut adopter une marche de "singe" (penché en avant) pour diminuer ou retarder les<br />

douleurs. L'hypoesthésie ou paresthésie (engourdissement, sensation de "peau morte") et une<br />

faiblesse musculaire ("jambes de coton" ou vite fatigables) sont plus tenaces que les douleurs.<br />

Rouler à bicyclette ou monter une pente est plus facile. Des troubles génitosphinctériens peuvent<br />

apparaître à la marche.<br />

Les symptômes apparaissent constamment à la marche avec un périmètre remarquablement fixe<br />

chez le même patient. Dans les formes évoluées, ils peuvent être présents dès la mise en station<br />

debout ou en extension lombaire. Les symptômes disparaissent à l'arrêt et plus facilement si le sujet<br />

peut s’asseoir ou s'accroupir.<br />

La douleur a un caractère uni- ou pluriradiculaire dans une ou les deux jambes.<br />

En outre, le patient se plaint souvent de lombalgies qui sont cependant moins vives et nettes que<br />

dans un conflit disco radiculaire.<br />

Signes objectifs<br />

108


Ils sont pauvres. L'examen est souvent normal au repos, sauf une raideur lombaire variable. La<br />

manœuvre de Lasègue peut être négative ou discrètement positive. L'examen neurologique peut<br />

mettre en évidence une abolition d'un réflexe, une hypoesthésie ou une faiblesse musculaire. Ces<br />

signes sont la plupart du temps discrets.<br />

L'examen recherchera un signe de Babinski qui doit rester négatif et des pouls périphériques (exclure<br />

une artérite : la claudication ischémique apparaît plus vite à la marche et cède plus rapidement au<br />

repos. La diminution de sensibilité si elle existe, n'est pas radiculaire).<br />

Physiopathologie<br />

Il s'agit d'un rétrécissement du canal rachidien contenant le sac et les racines. Cette sténose peut être<br />

congénitale (achondroplasie) ou le plus souvent d'origine dégénérative. Expérimentalement, il faut<br />

réduire le diamètre du sac dural d'environ 40 % pour observer une stase veineuse et un trouble de la<br />

conduction.<br />

Outre le mécanisme de compression statique, une ischémie des racines peut aussi s'observer au<br />

cours de la marche, la sténose empêchant la dilatation artérielle présente normalement au cours de<br />

l'effort.<br />

Traitement<br />

Le traitement sera d'abord médical et symptomatique : AINS, lombostat, kinésithérapie, et en cas de<br />

radiculalgie invalidante : péridurale d'un corticoïde retard.<br />

La chirurgie sera indiquée dans les atteintes radiculaires et surtout lorsqu'il existe des signes<br />

neurologiques. L'âge en soi ne doit ni faire reculer ni repousser l'intervention. L'opération consiste à<br />

décomprimer les racines en travaillant sur le disque et/ou le pourtour du canal. Une arthrodèse sera<br />

réalisée dans le même temps s’il y a un risque d'une déstabilisation secondaire à la décompression.<br />

Les résultats obtenus sont bons dans 75 % des cas. La claudication et la radiculalgie déficitaire ou<br />

non répondent mieux que les lombalgies à la chirurgie.<br />

7. Le spondylolisthésis<br />

Glissement antérieur d'une partie de la vertèbre (le sens du déplacement est jugé d'après la vertèbre<br />

sous-jacente) à la suite d'une lyse bilatérale. Cette spondylolyse est une solution de continuité<br />

résultant la plupart du temps d'une fracture de fatigue au niveau de l'isthme, càd la partie située<br />

entre les apophyses articulaires (pars interarticularis). Cette fracture se constitue durant l’enfance<br />

109


ou l'adolescence. Elle est localisée la plupart du temps au niveau de L5. C'est surtout en extension<br />

lombaire que cette zone est soumise à des contraintes importantes (12 % chez les gymnastes, 5 %<br />

dans la population générale). Le listhésis est un glissement antérieur de la partie vertébrale "libérée"<br />

càd le corps, les pédicules et les apophyses articulaires supérieures et les transverses. Les lames,<br />

les articulaires inférieures et l'épineuse restent en place.<br />

L'affection est souvent latente, les individus porteurs pouvant mener une vie active et même<br />

sportive. Un petit nombre d’entre eux deviendront symptomatiques, présentant une lombalgie<br />

aiguë ou chronique. Une radiculalgie secondaire peut également s'observer : soit par hernie discale,<br />

qu'elle soit au-dessus du listhésis ou qu'elle soit plus rarement au niveau de la zone de glissement,<br />

soit par étirement ou irritation de la racine au niveau de la lyse (irritation par le cal ou la tentative de<br />

réparation).<br />

Le déplacement de la vertèbre olisthésique peut parfois être important, créant une lordose et une<br />

irritation des ischio-jambiers par bascule du bassin. Le risque de déplacement vertébral est surtout<br />

présent pendant la période de croissance.<br />

Radiologie<br />

Sur les clichés de 3/4, la perte de continuité est objectivée par l'apparition d'un collier sur le petit<br />

chien. Le déplacement quand il est présent, s'apprécie le mieux sur le profil.<br />

Traitement<br />

Il ne s’adresse qu’aux patients symptomatiques et est conservateur : kinésithérapie, port d'un<br />

lombostat en période de douleur. La suppression des sources de vibrations (équitation, moto, vélo<br />

tout-terrain etc.) est impérative en cas de lombalgies.<br />

Lorsque les lombalgies deviennent rebelles, une arthrodèse lombo-sacré L5/S1 postérolatérale ou<br />

inter somatique sera envisagée.<br />

8. Les scolioses<br />

Une scoliose est une déviation dans le plan frontal de la colonne vertébrale. C’est la déformation<br />

la plus fréquente du rachis. Elle peut être :<br />

110


• Non-structurale, posturale. On parle d’une attitude scoliotique. La vertèbre n’est pas<br />

déformée , la scoliose est souple, réductible et disparaît avec le traitement de la cause sous-<br />

jacente. Le plus souvent, cette attitude est sans cause apparente. Il s’agit alors de grands<br />

enfants qui prennent une mauvaise position avec une incurvation latérale dans une attitude<br />

asthénique comprenant très souvent une cypholordose. Les autres causes les plus fréquentes<br />

sont une inégalité de longueur des membres inférieurs, entraînant un déséquilibre du bassin<br />

(toujours vérifier l’horizontalité du bassin en mettant les mains sur les crêtes iliaques lors de<br />

l’examen d’une colonne) ou une contracture musculaire dûe à une hernie discale ou encore à<br />

une spondylodiscite et entraînant un déséquilibre du tronc.<br />

La courbure disparaît lorsque le patient se penche en avant ou que l’horizontalité du bassin<br />

est rétablie (cale sous le pied) . Radiologiquement, la vertèbre n’est pas en rotation et la<br />

scoliose disparaît sur un cliché radiologique de face en position couchée.<br />

• Structurale. La scoliose est le résultat d’une déformation tridimensionnelle de la vertèbre.<br />

Elle s’accompagne toujours d’une gibbosité plus ou moins apparente, résultant de la rotation<br />

axiale de la vertèbre. « Pas de rotation vertébrale, pas de scoliose ». La gibbosité est<br />

recherchée en faisant pencher vers l’avant le patient. Elle devient évidente lorsque<br />

l’angulation de la scoliose est supérieure à 20°. Elle est située du côté convexe de la<br />

courbure.<br />

La radiographie debout de face permet<br />

• de confirmer le diagnostic de scoliose en montrant la courbure associée à la rotation<br />

vertébrale. La rotation vertébrale s ‘apprécie en observant la position de l’épineuse ou<br />

des pédicules par rapport au corps vertébral sur un cliché de face.<br />

• de mesurer la courbure tridimensionnelle. La méthode de Cobb prolonge le plateau<br />

supérieur de la vertèbre proximale et le plateau inférieur de la vertèbre distale les plus<br />

inclinées sur l’horizontale. Une perpendiculaire à la ligne de prolongement est ensuite<br />

tracée et l’angle ouvert en haut ou en bas est ensuite mesuré. Cette méthode ne mesure<br />

que sur une seule projection la déformation et n’a donc qu’une valeur relative.<br />

111


• De déterminer les vertèbres caractéristiques.<br />

1. La vertèbre sommet est la seule vertèbre horizontale de la courbure. Elle<br />

présente le maximum de rotation. Suivant sa localisation, on distingue le plus<br />

souvent:<br />

La scoliose dorsale avec un sommet situé entre D7-D10<br />

La scoliose dorso-lombaire lorsque le sommet est entre D11-L1, à la<br />

charnière dorso-lombaire.<br />

La scoliose lombaire quand le sommet se trouve entre L2-L4.<br />

La scoliose dorsale et lombaire càd une scoliose à 2 courbures vraies<br />

associées.<br />

2. Les vertèbres limites de la courbure sont la première et la dernière vertèbre de<br />

la courbure qui présentent une rotation vertébrale.<br />

3. Les vertèbres neutres sont la dernière et première vertèbres qui ne présentent<br />

pas de rotation vertébrale.<br />

• De déterminer l’existence de contre-courbures de compensation de part et d’autre<br />

d’une courbure scoliotique. Il s’agit de courbure sans rotation vertébrale, véritables<br />

« attitudes scoliotiques » et dont le rôle est la rééquilibration du rachis permettant à la<br />

tête de se placer sur la verticale passant par le sacrum. Leur aggravation suit celle de la<br />

courbure primitive.<br />

Etiologies<br />

Scoliose idiopathique : Elle représente 70 % des cas. Cependant on retrouve une fois sur 4 une<br />

notion familiale. Toute autre cause de scoliose sera recherchée avant de faire ce diagnostic (cfr.<br />

infra).<br />

Scoliose congénitale : Elle est secondaire à une malformation vertébrale. On recherchera d’autres<br />

malformations notamment urinaire, cardiaque ou o.r.l..<br />

Scoliose paralytique : toutes les affections neurologiques de l’enfant peuvent s’accompagner<br />

d’une scoliose. L’évolutivité de la scoliose dépend de la maladie neurologique. Parmi celles-ci :<br />

112


- La poliomyélite<br />

- L’infirmité motrice cérébrale<br />

- Les myopathies avec un risque scoliogène augmenté après perte de la marche<br />

- Le spina-bifida<br />

Scoliose d’autre origine :<br />

- L’arthrogrypose<br />

- Maladie neurologique : Recklinghausen, Friedreich, Charcot-Marie<br />

- Maladie chromosomique : Trisomie 21<br />

- Maladie du tissu conjonctif : maladie de Marfan, Ehler-Danlos<br />

- Scoliose raide et douloureuse : hernie discale, tumeur médullaire,<br />

spondylodiscite.<br />

LES SCOLIOSES IDIOPATHIQUES<br />

Ce sont les plus fréquentes et leurs étiologies restent inconnues actuellement.<br />

Evolutivité<br />

L’évolution d’une scoliose idiopathique se fait vers l’aggravation. Dans un premier temps, elle<br />

est lente et puis s’accélère dès le début de la puberté et ce, jusqu’à la fin de croissance càd à<br />

l’ossification complète de la crête iliaque . [ L’âge osseux prime sur l’âge civil. Le test de Risser<br />

apprécie l’ossification de la crête iliaque sur un cliché de face. L’ossification débute à la partie<br />

antérieure de la crête vers 13 ans chez la fille et 15 ans chez le garçon et progresse vers l’arrière.<br />

La maturation osseuse est achevée lorsque l’ossification est radiologiquement complète].<br />

Après la croissance, la scoliose n’évolue plus sauf celles de plus de 50°.<br />

Retenons donc que pendant la puberté, l’angulation peut tripler ou quadrupler. Toute scoliose<br />

qui s’aggrave de 1° par mois est une scoliose évolutive. A angulation initiale identique, le<br />

pronostic dépend de l’âge de découverte et du potentiel résiduel de croissance. A âge de<br />

découverte identique, le pronostic dépend de l’angulation initiale.<br />

113


Classification chronologique<br />

L’âge de découverte a donc une importance pronostique considérable et permet de distinguer :<br />

- La scoliose du nourrisson : décelée avant l’âge de 1 an. Elle est spontanément<br />

résolutive dans la plupart des cas.<br />

Classification topographique<br />

- La scoliose infantile : elle apparaît entre 1 et 3 ans. Elle est généralement<br />

sévère, pouvant atteindre 100° d’angulation en fin de croissance.<br />

- La scoliose juvénile : elle apparaît après l’âge de 3 ans et avant la puberté.<br />

- La scoliose de l’adolescent : elle apparaît au cours de la puberté et avant la<br />

maturation osseuse complète.<br />

Dans les scolioses idiopathiques, on distingue les courbures principales ou structurales et des<br />

contre-courbures compensatrices dites courbures mineures. La courbure principale est la moins<br />

réductible en traction, elle est la plus centrale. La contre-courbure est moins structurale et plus<br />

réductible.<br />

En fonction de la vertèbre sommet, la scoliose présente des caractères particuliers:<br />

- Dorsale (25%): elle est à convexité droite en général. La gibbosité est la plus<br />

marquée dans cette variété et le risque respiratoire est majeur. En effet,<br />

lorsque la courbure est supérieure à 80°, la capacité vitale est diminuée par un<br />

syndrome restrictif important.<br />

- Dorso-lombaire (20%) : Convexité droite habituelle. Elle peut déséquilibrer le<br />

tronc.<br />

- Lombaire (25%) : Convexité gauche habituelle. Elle peut être à l’origine de<br />

lombalgie chez l’adulte.<br />

- Double courbure comprenant une dorsale droite et une lombaire gauche (30%).<br />

Elle est de diagnostic souvent tardif parce que souvent équilibrée dans chacune<br />

des courbures.<br />

- Cervico-dorsale: très rare et inesthétique par la gibbosité haute qui soulève<br />

l’omoplate.<br />

114


Traitement<br />

Attitude scoliotique<br />

Il faut corriger le trouble sous-jacent si possible, prescrire de la gymnastique de rééducation<br />

posturale lorsqu' il s’agit de mauvaises habitudes de maintien et favoriser la pratique des sports<br />

d’extension tels la natation, volley, basket etc…<br />

Scoliose structurale<br />

• Kinésithérapie : Elle permet un assouplissement du rachis et de rendre plus aisée la<br />

réduction de la déformation. A elle seule, elle n’apporte pas de correction permanente à une<br />

courbure structurale.<br />

• Traitement orthopédique : Contention par corset plâtré ou synthétique. Le choix du corset<br />

sera en fonction de la topographie de la courbure. Ainsi, pour une scoliose dorsale, un<br />

corset à têtière (type Milwaukee) est nécessaire ou encore un halo-corset (« halo-jacket »)<br />

qui permet d ‘appliquer une force de traction crânienne. Une scoliose lombaire ou dorso-<br />

lombaire peut être traitée par un corset court (type Lyonnais).<br />

Entrepris avant la fin de la croissance, le traitement orthopédique a pour but de favoriser la<br />

croissance vertébrale du côté concave de la courbure, dans l’espoir de stabiliser la courbure,<br />

voire la diminuer. Une correction de 10° peut être espérée pour une courbure inférieure à<br />

50° ou à défaut, sa stabilisation.<br />

• Traitement chirurgical : Il corrige au moins partiellement la déviation et la stabilise par une<br />

greffe vertébrale et une instrumentation (Cotrel-Dubousset, Lu que etc…) mise la plupart du<br />

temps par voie postérieure. Il se fait de préférence après la poussée pubertaire, càd vers 13<br />

ans chez la fille et vers 15 ans chez le garçon.<br />

Le traitement des scolioses idiopathiques repose schématiquement sur l’angulation, le type,<br />

l’âge de découverte et l’évolutivité de la courbure qui est surveillée tous les 6 mois ou tous<br />

les ans selon l’âge. Le schéma thérapeutique suivant peut être proposé:<br />

115


• En dessous de 30°, la moitié des scolioses est évolutive. Celle qui s’aggrave d’1°/ mois<br />

nécessite un traitement orthopédique. Pour les autres, surveillance annuelle au minimum.<br />

• Au dessus de 30°, toute scoliose est évolutive et doit être traitée<br />

- orthopédiquement jusqu’à 50°<br />

- chirurgicalement au delà de 50°<br />

Cependant, ce schéma est modifiable en fonction du type de courbure. Une scoliose<br />

dorsale de 40° peut justifier une chirurgie pour éviter une aggravation de la fonction<br />

respiratoire. A l’opposé, une scoliose à double courbure de 50° ne nécessite peut-être pas<br />

une chirurgie car elle exigerait une arthrodèse très étendue<br />

TABLE <strong>DE</strong>S MATIERES<br />

<strong>CHAPITRE</strong> <strong>VII</strong> : PATHOLOGIE PAR REGION<br />

I. Ceinture scapulaire et humérus<br />

A. Rappel physiologique<br />

B. Pathologie traumatique de l’épaule<br />

C. Pathologie non traumatique de l’épaule<br />

II. Pathologie du coude<br />

A. Traumatologie<br />

B. Pathologie orthopédique du coude<br />

III. Pathologie de l’avant-bras<br />

A. Fracture diaphysaire des deux os de l’avant-bras<br />

B. Fracture diaphysaire d’un os de l’avant-bras<br />

IV. Pathologie du poignet<br />

A. Traumatologie<br />

B. Affections non traumatiques du poignet<br />

V. Pathologie de la main<br />

A. Traumatologie<br />

B. Pathologie non traumatique de la main<br />

VI. Pathologie du bassin<br />

A. Les fractures du bassin<br />

B. Orthopédie du bassin<br />

<strong>VII</strong>. Pathologie de la hanche<br />

A. La luxation traumatique de hanche<br />

B. Fracture de l’extrémité supérieure du fémur<br />

C. La hanche non traumatique<br />

<strong>VII</strong>I. Pathologie de la cuisse<br />

A. Pathologie traumatique : la fracture de la diaphyse fémorale<br />

B. Pathologie non traumatique<br />

IX. Pathologie du genou et de la jambe<br />

A. Anatomie fonctionnelle<br />

B. Pathologie traumatique du genou<br />

C. Pathologie non traumatique du genou<br />

116


X. Pathologie de la cheville<br />

A. Pathologie traumatique<br />

Les entorses externes de la cheville 125<br />

B. Pathologie non traumatique de la cheville<br />

XI. Pathologie du pied<br />

A. Pathologie traumatique<br />

B. Pathologie non traumatique<br />

XII. Pathologie de la colonne vertébrale<br />

A. Rappel physiologique<br />

B. pathologie traumatique de la colonne vertébrale<br />

C. pathologie non traumatique de la colonne vertébrale<br />

le spondylolisthesis<br />

les scolioses<br />

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