DOSSIER SPÉCIAL | ARCHIVAGE ET CONSERVATION DES FILMS respectées) qui s’appelle la pellicule. La pellicule n’est sûrement plus le support du futur pour la projection dans les salles, elle ne va bientôt plus être le support principal de tournage <strong>des</strong> <strong>films</strong>, mais il ne faudrait pas que la chaîne du cinéma soit brisée quand, dans quelques décennies, on voudra regarder les chefs d’œuvre d’aujourd’hui pour découvrir que seul le Conservatoire <strong>des</strong> Arts <strong>et</strong> Métiers dispose d’une relique pour les lire. Gaumont peut se prévaloir d’une autre expérience très intéressante. Dès 1908, son fondateur Léon Gaumont m<strong>et</strong> au point avec Georges Eastman la trichromie (ce procédé sera développé industriellement une trentaine d’années plus tard par Technicolor). Pour revoir ces images originales, il a fallu attendre les années 1980 pour pouvoir les transposer, avec <strong>des</strong> ingénieurs hollandais, sur pellicule 35mm. A. : On dit du numérique qu’il faut le « recopier » régulièrement pour ne rien perdre de son contenu. Que cela vous inspire-t-il ? N.S. : Ma crainte est qu’à un moment donné, on oublie de le faire ! Dans le cinéma peut-être plus qu’ailleurs, la préoccupation majeure est davantage le film à faire que la préservation <strong>des</strong> <strong>films</strong> déjà faits. La « recopie permanente», c’est paraît-il, <strong>et</strong> j’espère que c’est vrai, ce que fait l’INA qui dispose, grâce à son statut, du plus grand patrimoine audiovisuel mondial. Mais j’aimerais être convaincu que cela concerne bien l’ensemble du patrimoine <strong>et</strong> pas seulement la partie qui « tourne », c’est-à-dire le matériel demandé par les chaînes de télévision françaises <strong>et</strong> étrangères. On nous avait dit que la pellicule avait une durée de vie de cent ans, on sait aujourd’hui que c<strong>et</strong>te durée peut être facilement prolongée de quelques autres centaines d’années. Le CNC devrait dégager les moyens pour assurer que tout film en salles dispose d’une copie acétate de bonne qualité. Mon conseil est : « aujourd’hui, il existe un support pérenne, surtout, gardez-le ! ». Et quand bien même vous n’auriez pas tourné sur ce support, faîtes faire une duplication sur ce support. Ce combat est le même que celui <strong>des</strong> responsables <strong>des</strong> monuments historiques à la recherche de crédits pour sauver nombre de bâtiments. Le cinéma est une denrée périssable <strong>et</strong> il faut sans cesse s’en occuper. Je me félicite que les pouvoirs publics, dans le cadre du grand emprunt, signent avec les principaux ayants-droit un accord cadre exemplaire sur la numérisation <strong>des</strong> œuvres. Les précurseurs avaient tout compris en faisant de c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> technique <strong>et</strong> technologique, la caméra, un nouveau moyen d’expression de l’imaginaire. Si vous m<strong>et</strong>tez côte à côte les frères Lumière qui inventent le documentaire, Georges Méliès la science-fiction, 26 Emile Cohl le film d’animation, Feuillade le « sérial » <strong>et</strong> Jean Durand, le western, vous avez couvert l’ensemble <strong>des</strong> genres cinématographiques qui, 117 ans plus tard… font encore rêver. Sachons entr<strong>et</strong>enir ce rêve. QUELQUES-UNS DES FILMS RÉCEMMENT RESTAURÉS ET RÉÉDITÉS PAR GAUMONT : «La Traversée de Paris» de Claude Autant-Lara «Les Yeux sans visage» de Georges Franju «Un condamné à mort s’est échappé» de Robert Bresson «Razzia sur la chnouf» d’Henri Decoin «Le Silence de la mer» de Jean-Pierre Melville «Querelle» de R-W Fassbinder «La Cité <strong>des</strong> femmes» de Federico Fellini «French cancan» de Jean Renoir «Le Général della Rovere» de Roberto Rossellini «La Peau» de Liliana Cavani «La Beauté du diable» de René Clair «E la nave va» de Federico Fellini «Du rififi chez les hommes» de Jules Dassin «Le rouge est mis» de Gilles Grangier «Un amour de Swann» de Volker Schlöndorff «La Poison» de Sacha Guitry «Le Rouge <strong>et</strong> le Noir» de Claude Autant-Lara «La Main du diable» de Maurice Tourneur «Huit <strong>et</strong> demi» de Federico Fellini... (1) 3 août 1980 (2) 20 avril 1961 "Les Maudits" de René Clément (tournage) | ACTIONS le mag’ #34-35 © Fondation René Clément
DOSSIER SPÉCIAL | ARCHIVAGE ET CONSERVATION DES FILMS Les Archives du film "LES FILMS SONT LE PATRIMOINE DES PRODUCTEURS ET DES AYANTS DROIT AVANT D’ÊTRE LE NÔTRE" BÉATRICE DE PASTRE DIRECTRICE DES COLLECTIONS DES ARCHIVES DU FILM 27 | ACTIONS le mag’ #34-35