archivage et conservation des films - Kodak
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DARIUS KHONDJI | RENCONTRE<br />
A. : Et c<strong>et</strong>te « interprétation » a lieu en majeure partie avant qu’il n’arrive<br />
sur le plateau…<br />
D.K. : En fait, je lui pose très peu de questions, nous parlons quelquefois<br />
d’une ambiance, mais c’est tout. C’est peut-être difficile à comprendre,<br />
mais on travaille assez aisément avec lui. Il faut juste accepter de ne<br />
pas lui compliquer la vie <strong>et</strong> de ne pas le surcharger de questions en lui<br />
demandant une somme d’explications psychologiques. Avec l’expérience,<br />
on sait que les m<strong>et</strong>teurs en scène envoient tous <strong>des</strong> messages plus ou<br />
moins codés qu’il faut bien écouter pour obtenir la clé de leurs <strong>films</strong>. Les<br />
clés photographiques d’un film tiennent parfois à très peu de choses.<br />
A. : Quels ont été le format <strong>et</strong> la durée du tournage ?<br />
D.K. : Nous avons tourné en sept semaines de cinq jours <strong>et</strong> en Super 1.85<br />
trois perfs. Un mois <strong>et</strong> demi après la fin du tournage, le film était monté.<br />
A. : Vu de l’extérieur, Woody Allen donne l’impression (un peu comme Godard)<br />
d’être parfois « autiste » … <strong>et</strong> pourtant, leur cinéma à tous deux est porteur<br />
d’une très forte identité…<br />
D.K. : Leur image aussi est très forte. En quelques secon<strong>des</strong>, on reconnaît<br />
un film de Godard par la radicalité de son image. C’est la patte de certains<br />
grands m<strong>et</strong>teurs en scène, je crois.<br />
A. : Prenons par exemple le repérage d’un décor. Comment cela se passe-t-il ?<br />
À quel stade intervient-il ?<br />
D.K. : À New York, je l’avais observé travailler avec son « production<br />
<strong>des</strong>igner » sur Anything else <strong>et</strong> j’ai fait en sorte de r<strong>et</strong>rouver la même<br />
chose avec Anne Seibel sur Midnight in Paris. Je les laissais parfois parler<br />
ensemble avant même d’intervenir sur ce film entièrement en décors<br />
naturels. Avec Woody, c’est simple : il regarde <strong>et</strong> nous discutons <strong>des</strong> axes<br />
mais tout reste très ouvert. Si pour telle ou telle raison, je suggère quelque<br />
chose, il en tient compte, à moins qu’il n’en comprenne pas la raison. Dans<br />
ce cas-là <strong>et</strong> comme je suis très attaché à ce qu’il réalise son film - <strong>et</strong> à sa<br />
manière - c’est à moi de le suivre. Il est très facile de travailler avec Woody,<br />
il faut simplement faire attention de ne jamais devenir « imposant » car<br />
c’est quelqu’un qui accorde sa confiance à très peu de personnes, mais il<br />
s’agit toujours d’une confiance totale. Avec ses acteurs, il est intransigeant<br />
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XXXXX<br />
Woody Allen<br />
A. : On raconte pourtant qu’il ne leur parle pas…<br />
D.K. : Ce n’est pas vrai, il leur parle. Quand il s’entend bien avec quelqu’un<br />
comme avec Owen Wilson sur Midnight in Paris, c’est merveilleux. Woody<br />
est un réalisateur qui aime tourner, mais aussi r<strong>et</strong>ourner <strong>des</strong> scènes. Sur<br />
Midnight in Paris, nous avons nous aussi eu droit à <strong>des</strong> « r<strong>et</strong>akes », mais<br />
"C’est quelqu’un qui accorde sa confiance à très peu de personnes<br />
mais il s’agit toujours d’une confiance totale."<br />
| ACTIONS le mag’ #34-35