archivage et conservation des films - Kodak
archivage et conservation des films - Kodak
archivage et conservation des films - Kodak
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
DOSSIER SPÉCIAL | ARCHIVAGE ET CONSERVATION DES FILMS<br />
rapport au pourcentage de <strong>films</strong> négatifs, positifs <strong>et</strong> de son, nous aide à<br />
cibler le nombre de boîtes à tester dans chacun <strong>des</strong> bâtiments qui abritent<br />
les collections. Cela nous perm<strong>et</strong> au passage d’avoir une « image » de<br />
l’ensemble <strong>des</strong> salles de <strong>conservation</strong>. Certaines salles sont également<br />
équipées de « nez électroniques » qui sont <strong>des</strong> capteurs réglés très bas,<br />
lesquels nous alertent dès qu’il y a un dégagement de gaz nitré ou de gaz<br />
d’acide acétique. C<strong>et</strong>te installation concerne principalement toute une<br />
série de cellules nitrate dans lesquelles sont déposées un maximum de<br />
1500 boîtes. Ce suivi plus « fin » protège également notre personnel car<br />
le nitrate, à la différence du vinaigre, ne « sent » pas. En ce qui concerne<br />
les <strong>films</strong> « saf<strong>et</strong>y », le nombre de boîtes par bâtiment est supérieur car<br />
il n’y a pas de risque d’auto-enflammement ou de contamination. Les<br />
<strong>films</strong> sont stockés en fonction de leur état car il faut surtout éviter que<br />
<strong>des</strong> boîtes atteintes par le syndrome du vinaigre ne contaminent celles<br />
d’à côté. Nos salles ont donc <strong>des</strong> taux d’acidité différents. Dès qu’un<br />
problème nous est signalé, nous alertons le déposant ou l’ayant droit<br />
pour savoir s’il prend en charge la restauration ou la sauvegarde de<br />
l’élément ou si c’est nous qui le faisons <strong>et</strong> nous intervenons alors de la<br />
même manière, qu’il s’agisse de <strong>films</strong> « nitrate » ou de <strong>films</strong> « saf<strong>et</strong>y » si<br />
ce n’est que grâce au plan de sauvegarde <strong>des</strong> <strong>films</strong> anciens, la majeure<br />
partie du nitrate a d’ores <strong>et</strong> déjà été sauvegardée.<br />
A. : Sur le problème de la pérennité, quel discours tenez-vous à vos différents<br />
interlocuteurs ?<br />
B. de P. : Nous discutons avec les organisations professionnelles pour les<br />
sensibiliser au problème. Pourquoi ne pas faire rentrer par exemple dans<br />
le budg<strong>et</strong> de production un « r<strong>et</strong>our sur film » pour conserver l’œuvre ?<br />
Après tout, les <strong>films</strong> sont le patrimoine <strong>des</strong> producteurs <strong>et</strong> <strong>des</strong> ayants<br />
droit avant d’être le nôtre. Si un film terminé « se limite » à devenir un<br />
disque sur une étagère dans un laboratoire, que se passera-t-il dans<br />
quelques années ? Les producteurs ne se posent pas suffisamment ce<br />
type de questions.<br />
A. : Qu’en est-il pour les œuvres dites « orphelines » ?<br />
B. de P. : Elles sont sauvegardées dans <strong>des</strong> conditions identiques si ce<br />
n’est que la loi ne nous perm<strong>et</strong> pas de les « exploiter », pas plus dans<br />
le cadre de dispositifs non commerciaux que de projections culturelles.<br />
Là encore, il faudrait une réflexion au niveau européen sur la nature <strong>des</strong><br />
29<br />
29<br />
œuvres orphelines car nous sommes en quelque sorte victimes d’une<br />
« double peine ». D’un côté, nous avons investi dans une restauration <strong>et</strong> de<br />
l’autre, il nous est interdit d’en faire profiter le public. Il nous tient à cœur<br />
de faire bouger le cadre réglementaire qui vise ces œuvres orphelines.<br />
A. : Quel est le pourcentage <strong>des</strong> œuvres « orphelines » inventoriées aux<br />
Archives du film ?<br />
B. de P. : Sur l’ensemble <strong>des</strong> collections, cela représente de 25 à 30%<br />
<strong>des</strong> <strong>films</strong> si l’on tient compte <strong>des</strong> corpus de <strong>films</strong> documentaires <strong>des</strong><br />
années 20 à 50 <strong>et</strong> <strong>des</strong> p<strong>et</strong>ites structures en déshérence. Pourquoi ne<br />
pas considérer qu’à partir du moment où au moins un auteur a été<br />
identifié, l’œuvre n’est plus qualifiée « d’orpheline » ? Pour l’instant, il<br />
nous faut avoir identifié, soit le producteur qui est l’ayant droit direct,<br />
soit l’ensemble <strong>des</strong> auteurs d’un film.<br />
A. : Un producteur « alerté » par vos services sur le vieillissement d’un film<br />
a-t-il la liberté d’entreprendre ses travaux de restauration là où il le souhaite ?<br />
B. de P. : Bien entendu, nous ne sommes « que » dépositaires du matériel.<br />
C’est le déposant qui conserve l’entière propriété <strong>des</strong> éléments qu’il nous<br />
a confiés, raison pour laquelle nous ne pouvons rien détruire sans son<br />
accord. Cela fait partie <strong>des</strong> droits <strong>et</strong> <strong>des</strong> devoirs qui nous lient tous les<br />
deux. Lorsque nous contribuons aux travaux de restauration, nous sommes<br />
vigilants sur les conditions dans lesquelles les opérations sont menées.<br />
A. : Comment sont financées les Archives du film ?<br />
B. de P. : Nous sommes à part entière un service du CNC. Le programme<br />
de restauration <strong>des</strong> <strong>films</strong> anciens a été financé par le Ministère de la<br />
Culture, mais depuis le 1 er janvier, c’est le CNC qui dirige les opérations.<br />
Lorsque nous entreprenons une restauration, une convention est signée<br />
avec l’ayant droit qui s’engage à nous rembourser sur ses RNPP.<br />
A. : L’obtention de son agrément de production pour le producteur pourraitelle<br />
être assuj<strong>et</strong>tie d’une obligation de r<strong>et</strong>our sur film pour la <strong>conservation</strong><br />
de l’œuvre ?<br />
B. de P. : Nous n’en sommes pas encore là, mais nous réfléchissons. Sur<br />
les gros budg<strong>et</strong>s de production , le r<strong>et</strong>our sur film pour <strong>conservation</strong><br />
| ACTIONS le mag’ #34-35