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La question du bonheur dans l'œuvre de Christian Bobin

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poids <strong>de</strong> l’espace infini [...] Il y a, sur tout cela comme<br />

sur nos lèvres, la lumière d’un matin <strong>de</strong> printemps.<br />

(ES, p. 86.)<br />

On sent, au printemps, une homogénéité onirique <strong>de</strong>s éléments : la<br />

poussière, les feuilles légères et les on<strong>de</strong>s éternelles. Ils sont associés<br />

par la force <strong>de</strong> leur mouvement aérien. Ce qui veut dire que le<br />

mouvement précè<strong>de</strong> la matière quand le rêve court à son sommet. Cela<br />

montre aussi que la lumière <strong>du</strong> printemps, en trouvant <strong>de</strong> la valeur <strong>dans</strong><br />

toutes les choses, se réjouit facilement <strong>de</strong> tout. Par exemple, les feuilles<br />

« vouées à l’adoration <strong>de</strong> ce qui les tourmente » (ES, p. 86),<br />

métaphorisant la vie illuminée d’un être enchanté sous la lumière,<br />

évoquent la célébration <strong>de</strong> toutes choses. Cette célébration, d’après<br />

<strong>Bobin</strong>, est le sens même <strong>de</strong> la vie heureuse, et elle peut continuer toute<br />

la saison et triompher la suivante.<br />

<strong>La</strong> lumière estivale<br />

En été, la lumière mûrissant, <strong>de</strong> plus en plus vive, gagne tout le<br />

ciel. Sa vivacité évolue au point qu’il gêne le rêveur <strong>du</strong> <strong>bonheur</strong>. <strong>Bobin</strong><br />

change alors d’expression : <strong>de</strong>vant l’excès <strong>de</strong> la lumière estivale, il<br />

recourt aux mots exprimant l’état d’être prisonnier. Il précise qu’il se<br />

sent « sous le joug <strong>de</strong> l’été, <strong>dans</strong> une chambre barricadée d’ombre,<br />

cernée par <strong>de</strong>s soleils casqués » (PB, p. 51).<br />

Ce sentiment <strong>de</strong> mal-à-l’aise <strong>du</strong> rêveur <strong>de</strong> <strong>bonheur</strong> est issu surtout<br />

<strong>de</strong> l’excès <strong>de</strong> lumière. Apparemment cet excès implique fortement la<br />

<strong>question</strong> <strong>du</strong> temps qui se pose comme un vrai problème : « comment<br />

occuper tout ce temps» (FV, p. 63). Les jours sont longs et « on est<br />

sous la patience <strong>du</strong> bleu » (SVL, p.93), c’est-à-dire sous un ciel bleu<br />

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