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La question du bonheur dans l'œuvre de Christian Bobin

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« Immobile sur la neige blanche, penché sur l’absence rouge, ne<br />

désirant plus rien <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> » (PRF, p. 29) le solitaire souligne l’amour<br />

caché en manque <strong>de</strong> tout, le vi<strong>de</strong> divin, le temps regagné par la lenteur<br />

<strong>de</strong> la neige et fixé en cristal, la mort et la vie enfin réconciliées en<br />

blancheur et en l’harmonie <strong>dans</strong> les flocons <strong>de</strong> neige.<br />

Dans cette scène décisive, l’être se contemple seul et heureux ;<br />

mais dès que la compagnie d’un autre se présente, le concept <strong>de</strong><br />

<strong>bonheur</strong> se développe.<br />

I.1.2. Être en <strong>bonheur</strong><br />

« <strong>La</strong> conscience d’être seul, c’est toujours, <strong>dans</strong> la pénombre, la<br />

nostalgie d’être <strong>de</strong>ux » 1<br />

: nous avons constaté que l’être heureux <strong>de</strong> la<br />

rêverie <strong>de</strong> <strong>Bobin</strong> cherchait la solitu<strong>de</strong> ; et étant donné que toute<br />

solitu<strong>de</strong> désigne au fond un état <strong>de</strong> dédoublement <strong>de</strong> l’être qui<br />

s’observe, et « si je m’observe, je est un autre » 2<br />

, on peut supposer que<br />

l’être en solitu<strong>de</strong> heureuse gardait le moi et la conscience <strong>de</strong> moi<br />

comme <strong>de</strong>ux parties <strong>de</strong> la même existence. D’où la certitu<strong>de</strong> d’avoir eu<br />

une part <strong>de</strong> soi, méditée comme une compagnie <strong>de</strong> toujours. Et cette<br />

certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> toujours dominait le temps d’être. Il s’allongeait comme si<br />

l’instant creusait sa <strong>du</strong>rée.<br />

Mais à un autre niveau <strong>de</strong> conscience <strong>du</strong> <strong>bonheur</strong>, <strong>Bobin</strong> arrive à<br />

une situation où le rêveur <strong>du</strong> <strong>bonheur</strong> aime se coaliser avec un autre<br />

contre le temps qui passe. Deux êtres en fusion <strong>dans</strong> un espace <strong>du</strong><br />

calme goûtent un nouvel état <strong>de</strong> <strong>bonheur</strong> que nous nommons être en<br />

<strong>bonheur</strong>. Le <strong>bonheur</strong> se donne ainsi un horizon plus large et veut<br />

multiplier aussi son instant d’être-au-mon<strong>de</strong>.<br />

On peut considérer ce nouvel espace en commun comme un « espace<br />

1 Gaston Bachelard, Le droit <strong>de</strong> rêver, Quadrige/ PUF, 2007 [1970], p. 235.<br />

2 Ibid.<br />

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