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La question du bonheur dans l'œuvre de Christian Bobin

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simplement blanche, <strong>Bobin</strong> voit la neige comme « une enfant en robe<br />

blanche, une petite fille qui fait ses premiers pas sur terre, une petite<br />

fille d’un an » (PV, p. 87-88). De même, il voit la mort comme une<br />

enfant (Ibid., p. 87). Donc la neige, l'enfance et la mort se ressemblent.<br />

Pour <strong>Bobin</strong>, l’enfance ne finit pas. Elle est hors <strong>du</strong> temps. Elle donne<br />

son esprit, sa joie et sa couleur à tout le paysage hivernal même au <strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> la mort.<br />

Là, en hiver, il semble que quelque chose ne puisse jamais finir,<br />

quelque chose «comme une joie irrépressible, une joie sans cause qui<br />

parle <strong>de</strong> Dieu et son absence, une lumière qui reste, comme une fleur<br />

qui n’aura besoin <strong>du</strong> support d’aucune tige» (LM, p. 151). « Cette<br />

lumière <strong>de</strong> ces jours d’hiver, si folle, si douce », « cette allure <strong>de</strong><br />

printemps, soudain » (Ibid.) signifient une existence, un <strong>de</strong>meure qui<br />

nous ravissent hors <strong>du</strong> temps.<br />

Exigeant un habitat hors <strong>du</strong> temps, léger et blanc, qui gar<strong>de</strong> sa<br />

flamme <strong>de</strong> rêve vivante, l’être en état <strong>de</strong> mort heureuse, <strong>dans</strong> la rêverie<br />

<strong>de</strong> <strong>Bobin</strong>, veut enfin « être enterré <strong>dans</strong> un flocon <strong>de</strong> neige » (PB, p.<br />

53). Car elle y voit ses états idéaux, sa vraie forme et sa matière <strong>de</strong> rêve<br />

bien construite. Bien construite, car la lumière est enfin <strong>de</strong>venue<br />

matière consolidée, tout en gardant sa part légère et aérée, son feu<br />

caché et maîtrisé, sa touche d’enfance et surtout son germe atomisé.<br />

Dans ce flocon <strong>de</strong> neige la rêverie invente une structure, claire,<br />

distincte et significative : une forme <strong>de</strong> coquille miniaturisée, contenant<br />

un être « moitié mort moitié vivant », « moitié pierre, moitié<br />

homme » 1<br />

, soli<strong>de</strong> mais prêt à éclore. Cette coquille est « le grand<br />

archétype <strong>de</strong> la vie commençante » 2<br />

.<br />

En plus, cette structure lumineuse est géométrique et cartésienne.<br />

C’est en effet une sorte d’habitat, soigneusement protégé pour mieux<br />

1 Ibid., p. 108.<br />

2 Ibid., p. 107.<br />

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