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La question du bonheur dans l'œuvre de Christian Bobin

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la lumière, rassurante, entre en action et fait <strong>de</strong> la maison une image<br />

qui plaît au mon<strong>de</strong> imaginaire <strong>de</strong> <strong>Bobin</strong>, celle <strong>de</strong> la flamme : elle<br />

éclaire la maison et puis avec <strong>du</strong> lierre au tour <strong>de</strong> la fenêtre, elle fortifie<br />

cette image. Car la présence végétale, comme l’a manifesté Novalis,<br />

« n’est rien autre chose qu’une flamme fleurissante » 1<br />

. <strong>La</strong> maison<br />

illustre ainsi la vie chantante et heureuse, toute en floraison.<br />

L’image végétale associée à la lumière d’une douce maison,<br />

désigne au fond une flamme verte. Dans cette juxtaposition <strong>de</strong>s<br />

matières, l’imaginaire réunit « l’ar<strong>de</strong>ur <strong>du</strong> feu et la puissance<br />

2<br />

patiente <strong>de</strong> la ver<strong>du</strong>re » . C’est une sorte d’image-phrase 3<br />

38<br />

qui veut<br />

parler d’une vérité <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> végétal, d’une sorte <strong>de</strong> bipolarité : là où<br />

une partie est obligatoirement enracinée <strong>dans</strong> la terre et une autre partie<br />

avi<strong>de</strong>ment attachée au ciel. Ce genre <strong>de</strong> bipolarité se sent aussi chez<br />

l’homme et il est reflété ici en flamme verte timi<strong>de</strong>ment dévoilé à<br />

travers la fenêtre d’une maison. On peut penser qu’à ce moment,<br />

<strong>Bobin</strong> est confronté à une ambiguïté. Entre le langage <strong>de</strong> l’image et<br />

celui <strong>du</strong> mot, <strong>Bobin</strong> choisit la première, tout neuve : l’image <strong>de</strong>s «<br />

flammes <strong>de</strong> la vie végétale » 4<br />

indique en même temps les attachements<br />

angoissants et les douceurs paisibles d’être là. Cette image végétale<br />

autour <strong>de</strong> la maison imagée sous l’espace automnal, montre en effet la<br />

vie humaine malgré tout heureuse sur la terre.<br />

Toujours sous l’ombre heureuse d’une maison, l’automne, avec sa<br />

pluie, « amène une <strong>de</strong>uxième maison <strong>dans</strong> laquelle on entre, plus claire<br />

que la première, plus sûre aussi, celle <strong>de</strong> l’enfance » (SVL, p. 69).<br />

Ainsi, « l’enfance + la maison » donne <strong>de</strong>ux fois plus <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong><br />

d’être heureux.<br />

1 Cité par Bachelard <strong>dans</strong> <strong>La</strong> flamme d’une chan<strong>de</strong>lle, p. 70.<br />

2 Ibid., p. 72.<br />

3 Ibid.<br />

4 Ibid., p. 72.

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